マルケッルス劇場(マルケッルスげきじょう、ラテン語: Theatrum Marcelli、イタリア語: Teatro di Marcello)は、共和政ローマ末期からローマ帝国初期にかけて建設された古代の屋根のない劇場である。マルケルス劇場とも表記する[1]。演劇や歌などの上演をローマ市民や旅行者が観覧できた。現在は、古代建築としてローマの観光名所の1つになっている。皇帝アウグストゥスの甥マルクス・マルケッルスの名を冠しているが、当人は劇場が完成する5年前に亡くなっている。この劇場の建設予定地はガイウス・ユリウス・カエサルが整地させたが、建設を始める前に暗殺された。アウグストゥスが紀元前13年に完成させ、紀元前12年に正式に利用開始となった[2]。
^ abcLeland M. Roth 1993 Understanding Architecture: Its Elements, History and Meaning Westview Press: Boulder, CO ISBN 0-06-430158-3 and Cassius Dio 53.30.5., pp 230-31
Giacobbe Giusti, マルケッルス劇場, 马切罗剧场, Théâtre de Marcellus, Rome
马切罗剧场(拉丁語:Theatrum Marcelli, 意大利語:Teatro di Marcello)是意大利罗马的一座露天剧院,建于罗马共和国的最后几年。当地人和游客在剧院观看戏剧和歌曲演出。今天这座古建筑 位于罗马的圣天使区, 再次成为该市的一处热门旅游景点。它是以皇帝奥古斯都的侄子马库斯·马切罗命名,马切罗在剧场完成前五年死去。凯撒清理出剧场的空间,他在开工前遭到谋杀。它完成于公元前13年,由奥古斯都在公元前12年正式揭幕[1]。
^ 跳转至:1.01.11.2Leland M. Roth 1993 Understanding Architecture: Its Elements, History and Meaning (Westview Press: Boulder, CO ISBN 0-06-430158-3 and Cassius Dio 53.30.5., pp 230-31
Le théâtre de Marcellus est un monument antique de Rome, construit par l’empereur Auguste et l’a offert à son gendre Marcus Claudius Marcellus, d’où le nom.
Théâtre de Marcellus
Giacobbe Giusti, マルケッルス劇場, 马切罗剧场, Théâtre de Marcellus, Rome
Situation du théâtre sur le plan de Rome d’Italo Gismondi.
Situé au Champ de Mars, c’est l’un des plus anciens théâtres en pierre de Rome, après le théâtre de Pompée construit entre 61 et 55 av. J.-C. Il est le seul édifice de ce type à Rome conservé en élévation, grâce à sa transformation en forteresse au Moyen Âge, puis en palais.
Localisation
Le théâtre est situé à proximité immédiate du temple d’Apollon Sosianus, du temple de Bellone et du portique d’Octavie, au sud du Champ de Mars, à une extrémité du cirque Flaminius, en bordure nord du forum Holitorium. Il fait partie d’un complexe dynastique plus vaste conçu par Auguste, comprenant le temple d’Apollon qui célèbre sa victoire sur Marc Antoineet Cléopâtre et le portique d’Octavie, sa sœur, malgré un manque d’alignement de l’ensemble1. Néanmoins, le théâtre a été construit de telle façon que l’axe de la valva regia correspond à l’axe du temple d’Apollon2. Cette association d’un théâtre, d’un temple et d’un portique rappelle le complexe pompéien sur le Champ de Mars, réalisation architecturale monumentale que Jules César puis Auguste ont peut-être voulu concurrencer3.
Selon Tite-Live, un premier théâtre en bois (theatrum et proscaenium ad apollinis) est construit à l’emplacement du futur théâtre de Marcellusa 1,4. Les travaux commencent en 179 av. J.-C. après que les censeursMarcus Aemilius Lepidus et Marcus Fulvius Nobilioraient établi les différents contrats. Les sources antiques mentionnant cet édifice sont très rares. Ce premier théâtre a pu se limiter à une scène en bois démontable4,5, utilisant les escaliers des temples avoisinant (le temple d’Apollon et le temple de Bellone) comme gradins pour les spectateurs6,7, à moins que ces derniers ne doivent demeurer debout8. Ce premier théâtre a pu avoir un caractère temporaire et n’être monté que pour la célébration des ludi apollinarescréés en 202 av. J.-C. et dont la date est fixée au 13 juillet9.
La reconstruction augustéenne
Giacobbe Giusti, マルケッルス劇場, 马切罗剧场, Théâtre de Marcellus, Rome
La construction du théâtre est déjà planifiée sous Jules César qui acquiert et libère en 44 av. J.-C., en préparation des travaux, une zone au sud du Champ de Marsentre le portique d’Octavie, les temples d’Apollon et de Bellone et le Tibre10,a 2. Cet aménagement provoque l’expulsion de nombreux habitants et la destruction de leurs maisons et des temples avoisinants, ce qui entraine une vague de mécontentement11,a 3.
Les travaux débutent la même année et les fondations sont peut-être terminées lors de l’assassinat de Jules César10. Les travaux ne reprennent à l’instigation d’Auguste qu’en 23 av. J.-C., après la fondation du principat et le retour d’une situation politique plus stable. Il est possible qu’Auguste rachète de nouveaux terrains aux alentours et fasse réaplanir l’ensemble de la zone pour construire un édifice de plus grandes dimensions que ce qui était prévu initialement11.
Les travaux, de grande ampleur, entraînent un réaménagement de toute la zone avoisinante. Certains temples sont reconstruits à la même place12, d’autres sont complètement démantelés et déplacés, comme le temple de la Piété13 ou le temple de Diane14 qui ont pu être intégrés au théâtre dans des dimensions plus petites, à moins que le culte de Diane n’ait été accueilli dans le temple d’Apollonm 1.
Les plus grandes avancées sont réalisées entre 23 et 17 av. J.-C.15, date à laquelle l’édifice est presque terminé puisqu’il accueille les ludi saeculares. À cette époque, le théâtre est baptisé dans les sources antiques theatrum quod est in Circo Flaminio16. La construction ne s’achève qu’entre 13 et 11 av. J.-C.10,a 4 Finalement, le théâtre est dédié le 7 mai 11 av. J.-C.16 à son neveu et gendre Marcellus, fils de sa sœur Octavie et époux de sa fille Julie, mort en 23 av. J.-C. Sa mort prématurée a plongé la cour dans la consternation. À l’occasion de la dédicace, quelque 600 bêtes sauvages venues d’Afrique sont massacrées lors des spectacles. C’est aussi à cette occasion que les premiers tigres sont montrés en cage au peuple romain16,a 5.
Période impériale
Après la mort d’Auguste, Livie et Tibère dédient une statue à l’empereur déifié près du théâtre16.
L’édifice est certainement endommagé lors du grand incendie de 64 ou lors de l’incendie du Capitole en 69 puisqu’une nouvelle scène est dédiée par Vespasien16. Sous Trajan, les arcades extérieures abritent des boutiques (tabernae). En 104, des fournisseurs d’équipements aux armées lui dédient une base en marbre placée dans le théâtre17.
Au début du iiie siècle, Sévère Alexandre projette la réparation du théâtre et lève de nouvelles taxes pour financer les travaux mais il n’est pas certain qu’ils aient été réalisés17. Quoi qu’il en soit, le théâtre est décrit comme commençant à tomber en ruine au ive siècle. Lors de la réparation du pont Cestius par le préfet de la VilleLucius Aurelius Symmachus en 365, pont de nouveau dédié à l’empereur Gratien en 370, des blocs de travertin sont prélevés de la façade du théâtre. Toutefois, selon Ausone, le théâtre est toujours fonctionnel à la fin du ive siècle et en 421, le préfet de la Ville Petronius Maximus s’y intéresse toujours puisqu’il fait réorganiser la statuaire17.
Moyen Âge
Au début du Moyen Âge, le théâtre commence à s’effondrer. Les inondations du Tibre charrient du sable et de la boue qui comblent les passages et s’accumulent contre la façade, lui donnant l’apparence d’une petite montagne17. Toutefois, l’édifice n’est pas laissé totalement à l’abandon du fait de sa position intéressante, dominant le Tibre et un point de traversée. Le théâtre se transforme en forteresse contrôlée par la famille des Faffi ou Fabiim 2.
Renaissance
En 1532, l’architecte italien Baldassare Peruzzi prend appui sur les vestiges du théâtre pour la construction du palais de la famille des Savellim 3.
Les salles de ce palais conventionnel sont disposées autour d’une cour centrale du côté de l’orchestre du théâtre antique. Le niveau du sol se situe juste au-dessus du premier étage. Le palais devient en 1712 la propriété de la famille des Orsini17. C’est la construction puis l’utilisation ininterrompue de ce palais qui a permis de sauvegarder le théâtre, le seul à Rome à subsister sous une forme reconnaissable, alors qu’il ne reste des théâtres de Pompée et de Balbus que quelques fondations et les traces de leur empreinte urbaine dans le tracé courbe de certaines rues.
Giacobbe Giusti, マルケッルス劇場, 马切罗剧场, Théâtre de Marcellus, Rome
Giacobbe Giusti, マルケッルス劇場, 马切罗剧场, Théâtre de Marcellus, Rome
« Théâtre de Marcellus », Bilderbuch für Kinder, 1810.
Giacobbe Giusti, マルケッルス劇場, 马切罗剧场, Théâtre de Marcellus, Rome
Palazzo Savelli prenant appui sur des passages du théâtre.
Giacobbe Giusti, マルケッルス劇場, 马切罗剧场, Théâtre de Marcellus, Rome
Fenêtres du Palazzo Savelli-Orsini au-dessus du deuxième étage.
Fouilles archéologiques
Les premiers projets pour libérer l’édifice de l’ensablement apparaissent au début du xixe sièclemais il faut attendre 1932 et la destruction de la Piazza Montanaraadjacente pour voir le théâtre totalement dégagé et isolé. Le palais renaissance est préservé18. Les vestiges du théâtre sont restaurés et consolidés sous la direction des archéologues italiens Alberto Calza Bini et Paolo Fidenzoni19,20.
Description
L’orientation et les dimensions
La taille, la position et l’orientation du théâtre ont été imposées par l’espace restreint choisi pour sa construction, sur les rives du Tibre9. L’orientation du théâtre ne correspond pas aux orientations des édifices voisins, même si la cavea, tournée vers le sud-sud-ouest, est presque dans l’alignement du portique de Metellus. Cette orientation découle certainement d’un choix délibéré des architectes et des commanditaires qui veulent construire le théâtre le plus grand possible. Les arcades du théâtre se trouvent à seulement 6 mètres du podium du temple d’Apollon dont la façade a été reculée lors de sa reconstruction et pour lequel des escaliers d’accès au pronaos ont été aménagés sur les côtés afin de gagner encore en espace. De même, le passage entre le théâtre et le portique d’Octavie se réduit à 2,4 mètres seulement16.
Le théâtre combine la forme semi-circulaire des gradins à la forme rectangulaire de la scène à laquelle sont accolées deux salles absidales disposées à chaque extrémité21. La fonction de ces deux halls, dont l’axe est perpendiculaire au front de scène du théâtre, reste inconnue22. Avec ces 129,80 mètres de diamètre et presque 32 mètres de hauteur, le théâtre reste plus petit que le théâtre de Pompée mais il semble disposer d’une plus grande capacité d’accueil puisque les Régionnairesdu ive siècle font état de 20 500 pieds de places assises (environ 15 100 places) contre 15 580 pour le théâtre de Pompée (soit environ 11 600 places)11.
Giacobbe Giusti, マルケッルス劇場, 马切罗剧场, Théâtre de Marcellus, Rome
Proximité entre le théâtre, le portique et le temple d’Apollon.
Le palais, les arcades et les colonnes du temple d’Apollon.
Dessin du fragment de la Forma Urbis où apparaît le théâtre et où est représenté le portique à l’arrière du théâtre contenant deux petits sanctuaires (non visibles).
Les fondations
Le théâtre de Marcellus illustre l’art des constructeurs romains dans le maniement du mortier de chaux, sorte de béton romain, déjà connu depuis le iie siècle av. J.-C.23L’édifice, de dimensions imposantes, est construit sur les rives du Tibre, ce qui a nécessité de larges et profondes fondations. Il prend appui sur une structure annulaire de béton épaisse de 6,35 mètres24. Des murs de fondations rectilignes complètent cette structure pour supporter les parties internes du théâtre24.
La façade
La façade du temple, entièrement en travertin, se compose de trois étages aux ordres différents : le premier étage est d’ordre dorique (9,53 mètres de hauteur), le deuxième est d’ordre ionique (10,35 mètres de hauteur) et le dernier, qui a aujourd’hui disparu, est d’ordre corinthien (12,12 mètres de haut). En tout, la façade atteint 32 mètres de hauteur25. Les deux premiers étages se composent de 41 arches encadrées de colonnes engagées tandis que le dernier étage est un mur plein décoré de colonnes corinthiennes engagées. Les pierres en clé de voûte des arches des deux premiers étages sont ornées de grands masques en pierre19.
Le premier étage dorique
Les piliers du premier étage mesurent 2,23 mètres sur 2,06 mètres pour 5,375 mètres de haut, au niveau du départ des arches. Ces dernières ont une ouverture de 2,73 mètres et la voûte atteint une hauteur de 6,74 mètres au-dessus du niveau du sol26.
Les demi-colonnes doriques aux fûts lisses sont hautes de 7,68 mètres avec un diamètre à la base de 0,90 mètre. Elles dépassent des piliers de 0,53 mètres. Elles supportent un entablement comprenant une architrave, une frise avec métopes et une corniche avec denticules de 1,85 mètre de haut.
Giacobbe Giusti, マルケッルス劇場, 马切罗剧场, Théâtre de Marcellus, Rome
Fragment d’un masque de théâtre sculpté.
Le deuxième étage ionique
Les piliers du deuxième étage mesurent 2,00 mètres sur 1,84. Ils se dressent sur un podium avec plinthes de 1,23 mètre de haut. Les piliers, hauts de 4,76 mètres, supportent des arches de 2,90 mètres d’ouverture atteignant 6,275 mètres en hauteur. Les demi-colonnes d’ordre ionique reposent sur des bases attiques de 1,09 mètre de large. Elles dépassent des piliers dans lesquels elles sont engagées de 0,637 mètre. Elles mesurent 7,17 mètres de haut avec un diamètre à la base de 0,815 mètre. Les chapiteaux de style ionique classique supportent un entablement (architrave à trois bandes, frise et corniche avec oveset denticules) de 1,95 mètre de haut25,19.
Le dernier étage, dont il ne reste quasiment rien, devait être d’ordre corinthien avec des colonnes engagées dans un mur plein. Seuls quelques fragments de chapiteaux, de 0,86 mètre de hauteur, ont été préservés19. La reconstitution de cet étage, basée sur une comparaison avec le quatrième étage du Colisée27,28, reste hautement hypothétique29.
Giacobbe Giusti, マルケッルス劇場, 马切罗剧场, Théâtre de Marcellus, Rome
Détail de l’arcade et des deux ordres superposés : premier étage dorique et deuxième étage ionique.
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Fragment d’un chapiteau corinthien.
La structure interne
Les arcades intérieures et l’ambulacre extérieur sont en opus quadratum tandis que le reste du soubassement est en blocs de tuf disposés en opus reticulatum. Le passage circulaire derrière l’ordre dorique, l’ambulacre, large de 3,5 mètres, est percé de 41 passages voûtés menant vers l’intérieur du théâtre et qui soutiennent la cavea, correspondant aux 41 ouvertures de la façade, dont deux plus larges : les aditi maximin 1,30. Sept de ces passages mènent en pente douce vers un passage circulaire interne, qui circule sous le praecinction 2 qui sépare l’ima cavean 3 de la media cavean 4,30. Six des passages voûtés permettent d’accéder en pente douce et par quelques marches à l’ambulacre de l’étage ionique. Les vingt autres ouvertures sont en fait fermées et sont utilisées comme pièce de stockage ou comme boutique (taberna). Enfin, le passage voûté central débouche dans une salle dont le plafond est richement décoré de stucs datés de 17031. Il pourrait s’agir d’une salle de culte dédié à Dea Carmenta ou aux Mânes de Marcellus30.
L’ambulacre de l’étage ionique est large de 3,7 mètres. Il dessert une série de passages voûtés menant vers l’intérieur de l’édifice et correspondant aux passages de l’étage inférieur. D’après Fidenzoni, le passage correspondant à l’aditus maximus est fermé. Certains de ces passages mènent vers un couloir semi-circulaire qui passe sous le praecinctio séparant la media caveade la summa cavea. Cinq ou six vomitoria permettent d’accéder aux places de la media cavea32. D’autres passages débouchent directement sur le praecinctio via des ouvertures pratiquées dans le podium soutenant la summa cavea. Les derniers passages, contenant des escaliers, permettent d’accéder à l’étage supérieur27.
Concert de piano sous les arcades.
Ambulacre du théâtre.
Voûte de l’ambulacre.
Les gradins
Du passage circulaire intérieur s’ouvrent six vomitorian 5 qui desservent les places de l’ima cavea. Selon Calza Bini, les accès de ces vomitoria sont reliés par un petit praecinctio qui divise l’ima cavea en 11 rangées de sièges en dessous et 7 rangées au-dessus33. Selon Findezoni, l’ima caveacomprend 14 rangées de sièges dont le locus senatorius avec trois grandes marches destinées à recevoir les bisellian 6, les places d’honneur spacieuses34. Calza Bini divise l’ima cavea en six grands cunei avec deux plus petits sur les côtés quand Fidenzoni n’en reproduit que cinq grands, avec des escaliers descendant depuis les vomitoria35,30.
Les sièges de la summa cavea, section des gradins la plus haute située au-dessus de la media cavea, sont disposés sur une pente plus forte que le reste des gradins. Ils s’élèvent jusqu’à une hauteur correspondant à la base de l’ordre corinthien. Au-dessus, cinq rangées de sièges supplémentaires sont abritées sous un portique qui suit la courbe de l’édifice27. Toutefois, cette reconstitution paraît improbable étant donné qu’il existe déjà une summa cavea et qu’il est rare de trouver des rangées de sièges supplémentaires dans ce cas de figure36.
Le front de scène
La scène dont la longueur est inférieure à 87 mètres est environ deux fois plus longue que l’orchestre qui la précède, de 37 mètres37. Selon Vitruve, des machines permettant de changer le décor en fonction du type de pièce jouée (comique, tragique ou satirique) sont placées dans trois salles qui ont été aménagées sous la scène20.
Le front de scène en arrière (frons scaenae) est décoré avec trois ordres de colonnes superposés portant la structure à une hauteur équivalente aux gradins. Les colonnes et ornements sont en marbre38. Selon la Forma Urbis, le front de scène est rectiligne contrairement à celui du théâtre de Pompée, plus élaboré37.
Notes et références
Notes
↑Aditus maximus : couloir voûté permettant aux notables d’accéder à leurs sièges dans les gradins.
↑Praecinctio : large couloir séparant deux sections des gradins.
↑Ima cavea : première section des gradins, plus proche de la scène, réservée aux sénateurs et aux chevaliers.
↑Media cavea : section médiane des gradins réservée au peuple.
↑Vomitorium : couloirs donnant accès aux gradins, débouchant sur les praecinctiones.
↑Bisellium : siège à deux places donné par honneur à une personne.
(en) Samuel Ball Platner et Thomas Ashby, A topographical dictionary of Ancient Rome, Oxford University Press,
(de) Harald Mielsch, Römische Stuckreliefs, Heidelberg,
(en) Lawrence Richardson, A New Topographical Dictionary of Ancient Rome, Johns Hopkins University Press, , 488 p.(ISBN0801843006)
Nathalie De Chaisemartin, Rome. Paysage urbain et idéologie : Des Scipions à Hadrien (iie siècle av. J.-C. – iie siècle), Armand Colin, , 270 p.
(en) Filippo Coarelli, Rome and environs : an archaeological guide, University of California Press, , 555 p.(ISBN978-0-520-07961-8)
Ouvrages sur le théâtre
(it) L. Pernier, « Studi sul Teatro di Marcello », Bullettino Commissione Archeologica Comunale, no 55, , p. 5-40
(it) Alberto Calza Bini, Il teatro di Marcello : forma e strutture, Centro di Studi per la Storia dell’Architettura,
(it) Paolo Fidenzoni, Il Teatro di Marcello, Rome, Edizioni Liber,
Bruno Poulle, « Le théâtre de Marcellus et la sphère », Mélanges de l’École française de Rome. Antiquité, t. 111, no 1, , p. 257-272 (lire en ligne [archive])
(it) Paola Ciancio Rossetto, « Theatrum Marcelli », dans Eva Margareta Steinby (dir.), Lexicon Topographicum Urbis Romae : Volume Quinto T – Z, Edizioni Quasar, , 376 p.(ISBN88-7140-162-X), p. 31-35
(en) Frank Sear, Roman theatres : an architectural study, Oxford University Press, coll. « Oxford monographs on classical archaeology », (lire en ligne [archive])
(it) Massimo Vitti, « Note di topografia sull’area del Teatro di Marcello », Mélanges de l’École française de Rome – Antiquité, nos 122-2, (lire en ligne [archive])
(en) M.D. Jackson, P. Cianco Rossettoet al., « Building materials of the theatre of Marcellus, Rome », Archaeometry, vol. 4, no 53, , p. 728-742 (lire en ligne [archive])
Il est à Rome le premier théâtre construit de façon durable en maçonnerie et de dimensions monumentales, « prototype absolu […] mais en même temps héritier d’une tradition déjà ancienne, tant italique que gréco-orientale » selon l’universitaire français Pierre Gros2. Modèle pour des édifices ultérieurs et issu d’inspirations multiples, il constitue « une rupture dans l’histoire des édifices de spectacles du monde romain »3 et « une étape dans l’histoire de l’architecture romaine publique »4.
Le complexe pompéien ne comprenait pas seulement un théâtre, « le plus grand théâtre bâti à Rome et dans le monde antique »selon Jean-Claude Golvin5, mais également un vaste portique monumental pourvu d’une curie, salle de réunion destinée à abriter les séances du Sénat romain qui a été le lieu de l’assassinat de Jules César aux ides de mars44 av. J.-C.Il abritait en outre un sanctuaire dédié à Vénus et des chapelles annexes vouées à des divinités de moindre importance. Ces éléments lui confèrent selon l’expression de Pierre Gros un statut de « ville dans la Ville »6.
L’objectif du commanditaire était politique et obéissait à un programme. L’espace sur lequel est construit cet ensemble a une signification religieuse et l’allotissement de ce secteur de Rome débute avec le complexe bâti sous l’impulsion d’un Pompée auréolé de victoires militaires importantes. Premier théâtre en dur suivi d’autres bâtis non loin, il garda pendant toute l’Antiquité une aura particulière comme en témoignent les nombreux travaux menés jusqu’au ve siècle. Le complexe est détruit à partir du Moyen Âge et jusqu’à l’époque moderne, et ses matériaux sont largement réemployés dans les nouvelles constructions, car la zone du Champ de Mars devient un des quartiers les plus peuplés à cette époque. Le complexe monumental disparaît alors. Il n’en subsiste, au début du xxie siècle, que de maigres vestiges visibles sous les immeubles du quartier, qui ont parfois conservé la forme caractéristique en hémicycledu grand bâtiment de l’époque républicaine. Cette configuration étonnante est un « aspect paradoxal et passionnant de la situation archéologique du théâtre de Pompée »2.
Histoire
Le Champ de Mars avant Pompée
Plan de Rome à l’époque de Servius Tullius, au vie siècle av. J.-C.Le pomerium est indiqué en rouge. Le Champ de Mars est clairement hors de la ville de Rome, tout comme le Capitole et l’Aventin.
Le Champ de Mars est un espace public depuis le début de la République romaine, conséquence directe de la confiscation à la chute de la monarchie d’un secteur de chasse réservé précédemment aux monarques. Depuis la date traditionnelle de cette chute, 509 av. J.-C., cet espace est consacré au dieu Mars7 et possède une grande valeur religieuse et militaire8, qui est liée à sa localisation à l’époque républicaine hors du pomerium de la Ville, frontière à la fois juridique et religieuse. Cette zone n’est annexée à la ville de Rome qu’ultérieurement, lors de la vaste réorganisation de la ville par l’empereur Auguste.
Le Champ de Mars était sous la République romaine un secteur dédié aux déploiements militaires. Filippo Coarelli a émis l’hypothèse d’une localisation d’un espace dénommé Textrinum nauibus longuis, consacré à la marine de guerre, sur cet emplacement entre le iiie et la moitié du ier siècle av. J.-C.9. La zone était également dédiée aux triomphes car le départ des processions était situé à proximité du Circus Flaminius9.
Maquette de la Rome archaïque au musée de la Civilisation romaine, Rome. L’étendue d’eau à l’arrière-plan est située sur la zone du champ de Mars
En dépit de la valeur religieuse du lieu, de son usage militaire et de la « concession au peuple romain de l’ensemble de la zone »10, le champ de Mars se trouve peu à peu privatisé11. Alors qu’auparavant les constructions étaient difficiles et soumises à autorisation du Sénat, elles se seraient accélérées après la Guerre sociale et l’apparition de difficultés financières rendant nécessaire la vente de terrains publics10. En conséquence, les « interdits liés à la forte empreinte religieuse et civique du secteur » se trouvent abolis12, les terrains sont vendus aux enchères et acquis par un groupe de proches de Sylla, bénéficiaires des confiscations des proscrits. Pompée, partisan de Sylla, a pu faire partie de ces bénéficiaires12.
Le Champ de Mars avait une faible densité de construction, liée à la proximité du Tibre, susceptible de l’inonder13 et surtout à la relative insalubrité due à la présence d’une partie marécageuse appelée palus capræ14 (marais aux chèvres). L’assèchement du marécage lors de la construction du complexe de Pompée n’est pas certain et, même si cet aménagement avait déjà eu lieu, il est à douter que Pompée aurait choisi de localiser son vaste complexe sur un espace relativement instable15. Des édifices publics couvrent peu à peu le Champ de Mars, temples, enclos destinés aux élections, portiques, thermes et édifices de spectacles7.
Les moyens de la politique édilitaire de Pompée
Buste de Pompée, marbre, début du ier siècle av. J.-C., Inv. No 733, Copenhage, Ny Carlsberg Glyptotek
Au ier siècle av. J.-C. de nombreux lieux de spectacles sont construits par « l’ambition des hommes providentiels »16. Le théâtre fut construit par Pompée, « seul général toujours revenu victorieux de ses différentes campagnes »17sur un terrain lui appartenant, sans doute entre 61 av. J.-C., année de son triple triomphe18 et 55 av. J.-C., année de son second consulat19. Il était alors au sommet d’une gloire procurée par ses nombreuses victoires, notamment sur Mithridate, et donc en position d’imposer sa volonté20. Cependant, à partir de 62 av. J.-C., le Sénat tend à s’opposer aux volontés du général en dépit des services rendus21, le « coup de force » qu’est la construction du théâtre se place dans un contexte tendu avec les sénateurs22. Le triomphe de Pompée se déroule le 30 septembre 61 av. J.-C. et ses victoires font entrer dans le giron de Rome la Bithynie, le Pont et la Syrie23. Il triomphe sur trois continents différents, ce qui ne manque pas d’impressionner ses contemporains24,20. Le territoire de Rome augmente et de ce fait ses revenus fiscaux également1. Les actions menées par Pompée permettant d’asseoir la puissance de Rome, le général apparaît comme « un homme providentiel, gardien des intérêts de Rome »20.
Le butin amassé par le général, objets de valeur ou prisonniers1, aurait permis de financer le complexe projeté sur le Champ de Mars23, « témoignage durable de sa propre gloire »25. La question des sources du financement du projet n’est pas complètement résolue, la construction a peut-être été réglée sur les ressources propres du général ou sur le produit du butin, considérable26 rapporté par ce dernier au trésor public12. On sait que Pompée a utilisé le butin de la guerre contre les pirates pour élever un temple à Minerve. Les campagnes menées ont pu procurer les ressources pour le complexe pompéien du Champ de Mars27. Le financement posait questionnement dès l’Antiquité, Dion Cassiusévoquant une rumeur de financement par un affranchi du général28, donc un homme de paille.
Peu d’informations sont malheureusement disponibles sur le projet et sa construction29. Les travaux débutent sans doute en 61 av. J.-C.30. La zone concernée par la voie consacrée aux triomphes doit être modifiée et déplacée au moment de la construction de son complexe par Pompée15.
Vue du complexe dans son quartier sur le plan de Rome de l’université de Caen, avec l’arrière du temple de Vénus Victrix
À la suite des accords de Lucques, Pompée ne pouvait avoir une activité dans le pomerium après son consulat27 au moment de la création du complexe et disposait, avec le complexe placé sous son patronage, d’« une réduction de la ville » disposant d’un lieu de rencontre, le portique, d’un lieu de réunion du public, les gradins et d’une curie31.
Les jardins de Pompée, localisés au Champ de Mars selon l’interprétation par Coarelli d’un récit de Plutarque32, y étaient situés avec sa villa « à quelques dizaines de mètres » du théâtre11, probablement à l’endroit utilisé par la suite pour y bâtir l’odéon de Domitien33.
Le commanditaire pouvait utiliser son terrain à sa convenance, du fait de sa localisation hors du pomerium. Il le rendit à l’usage public12. Il dut cependant rendre compte de sa décision de construire un théâtre permanent à Rome34.
Ce fut à Rome le premier théâtre bâti en maçonnerie (theatrum marmoreum)19, alternative aux constructions provisoires en bois dont on avait dû jusqu’alors se contenter. Une loi interdisait en effet la construction de théâtres permanents à Rome : on avait toujours maintenu, jusque par la loi, l’idée que le théâtre, en accord avec les conceptions grecques, devait conserver son caractère de spectacle sacré, donné dans des constructions provisoires associées à des cultes religieux. Avant l’inauguration du théâtre de Pompée mais après le début du chantier, Aemilius Scaurus offre à Rome un théâtre temporaire en 58 av. J.-C35.
Pour contourner cette loi, Pompée fit édifier au sommet des gradins un temple à Vénus Victrix, divinité à laquelle il fut attaché toute sa vie durant36 : on pouvait alors considérer la cavea du théâtre comme une sorte d’exèdre donnant accès au temple37.
L’inauguration du théâtre a probablement eu lieu en 55 av. J.-C., peut-être le 29 septembre, « jour de l’anniversaire de Pompée »19, ou fin septembre-début octobre30, car de manière générale les spectacles avaient lieu du printemps au mois d’octobre38.
Des jeux somptueux ont lieu à cette occasion selon Cicéron18 dont des venationes exceptionnelles30,39. Le temple a pour sa part été consacré le 12 août52 av. J.-C.19, selon Filippo Coarelli37 et un texte d’Aulu-Gelle40,41. Le commanditaire se fit sans doute construire une maison non loin du théâtre18.
La cérémonie a permis aux spectateurs de bénéficier de spectacles diversifiés : théâtre, chasses, « jeux à la grecque » et musique42. Parmi les pièces représentées sont connues Clytemnestre43 et le Cheval de Troie44, prétexte pour exposer les richesses rapportées lors des guerres45. La Clytemnestre est probablement celle d’Accius46,43, l’autre pièce est issue du répertoire de Livius Andronicus ou de Naevius44, des auteurs romains47.
Les venationes de durèrent cinq jours et plusieurs centaines d’animaux sauvages furent tués48. Selon Cicéron deux chasses se déroulèrent chaque jour, faisant intervenir des éléphants le dernier jour49. Des animaux rares furent également intégrés aux spectacles50. Ce fait est un signe de l’attrait du public pour des spectacles sanglants qui eurent lieu en partie au Circus Maximus, tout comme des courses de chevaux eurent lieu au même endroit ; des animaux en cage ont pu être exposés au forum51. Une partie des processions d’animaux ont pu également avoir lieu dans le quadriportique52. Il y eut en outre des spectacles musicaux et des concours de gymnastique, qui n’obtinrent que peu de succès auprès du public et également du commanditaire53.
Lors de l’inauguration de le théâtre n’aurait pas possédé de mur de scène, un mur bas étant mis en place en , offrant la possibilité d’embrasser du regard depuis la Curie le complexe jusqu’au temple de Venus Victrix52. Cette même année le temple de Vénus Victrix est inauguré et des spectacles sont donnés, y compris avec des éléphants54.
La Curie du portique de Pompée est le lieu de l’assassinat de Jules César le 15 mars 4456,57, selon le récit traditionnel, aux pieds de la statue de Pompée, son adversaire politique. Le lieu frappé d’infâmie a peut-être été incendié par la foule lors des funérailles de la victime, ce qui motiverait la restauration qui débuta en 32 av. J.-C58.
Le théâtre fut entretenu et resta en usage tout au long de l’Empire : il est restauré en 32 av. J.-C. sous Octavien57,41, qui ferme la Curie et place la statue de Pompée sur la scène59, devant la porte royale du front de scène56,60, un peu comme la statue d’Auguste au théâtre antique d’Orange61. Ce déplacement change radicalement le sens du complexe architectural voulu par le commanditaire, les statues de la divinité, Venus Victrix et celle du triomphateur en position de cosmocrator (maître du monde) ne se répondant plus comme dans la configuration initiale aux deux extrémités du complexe62,63. La statue du général sur scène est un honneur qui lui est fait, mais en même temps le déplacement retire au complexe monumental le sens politique que Pompée avait souhaité lui apporter.
Par la suite, la Curie de Pompée est transformée en latrines57. Le théâtre prend son aspect définitif, en particulier l’élévation du mur de scène au même niveau que la cavea, lors des travaux augustéens2. Les travaux importants dès Octave-Auguste peuvent aussi être imposés par des problèmes structurels, et le restaurateur ne fait pas inscrire son nom pour garder sa place au commanditaire initial, soit par respect pour les actes de ce dernier et ses services rendus à l’État, soit par une action de propagande visant à récupérer à son profit l’héritage politique64.
Le mur de scène du théâtre d’Orange avec la statue d’Auguste
L’édifice subit des dommages en 21 ap. J.-C. lors d’un incendie56 sous Tibère41,64,65. La restauration est l’occasion d’ériger une statue à Séjan car son action comme préfet de la garde prétorienne aurait limité le sinistre66. Tibère ordonne une réfection de la scène, achevée seulement sous Caligula selon Madeleine67 et sous Claude selon Coarelli59. Selon Richardson la dédicace seule a lieu sous Claude41. Claude fait poser une inscription nommant les travaux réalisés sous Tibère sur la scène, et lui dédie un arc érigé à proximité du théâtre68.
Des concours musicaux eurent lieu dans le théâtre durant le règne de Néron53. Celui-ci y accueille des souverains étrangers par deux fois selon les sources conservées, dont Tiridate69,70. Durant cette cérémonie, la scène fut peinte et le velum fut couvert d’une peinture représentant l’empereur sur un char, tel Hélios71.
Des incendies ont lieu sous Claude, en 80, sous Philippe l’Arabe, puis en 28267. Domitien fait effectuer des réparations à la suite de l’incendie de 8059 qui toucha un grand nombre d’édifices du Champ de Mars72.
Sous les Sévères un procurator operis theatri pompeiani est connu, Quintus Acilius Fuscus72,70. Un « service d’entretien permanent »était peut-être présent dans l’édifice73. Pour les jeux séculairesde 204, le théâtre de Pompée présente trois jours de pantomime74.
L’incendie survenu sous le bref règne de Carin, en 28273, semble causer des dommages à l’ouvrage, car Dioclétien et Maximien19effectuent des réparations d’importance en 28573, les deux parties du portique portant désormais en l’honneur de ces souverains les noms de Iovia et Herculea59. Constance II visite l’édifice en 357 ap. J.-C., ce qui témoigne de la popularité du lieu quatre siècles après son édification69. Entre 395 et 402 Honorius et Arcadius réparent le théâtre dont une partie de la caveas’était effondrée75,76.
L’édifice, considéré comme l’un des plus prestigieux de la Ville56,77, est encore cité et utilisé au ve siècle78. Il bénéficie de travaux jusqu’au ve siècle par le roi ostrogothThéodoric23, dont un des chanceliers ne tarit pas d’éloges pour le théâtre de Pompée, ses marbres, ses sculptures, ses fresques et ses grottes à pendentifs du plus bel effet. Cela démontre « la volonté de préserver le monument »75. Quintus Aurelius Memmius Symmachus consolide l’ouvrage de 507 à 51178, peut-être en particulier la cavea79. L’édifice semble encore en bon état au viiie siècle car il est cité sur une liste de constructions antiques à visiter79.
Effacement de l’édifice
Au Moyen Âge, et contrairement à d’autres zones de la ville de Rome qui sont abandonnées, le Champ de Mars devient une zone très densément peuplée. La période fait du complexe monumental une inépuisable carrière de matériaux de construction23, dont sont faites, entre autres, les maisons des Orsinisur la Piazza di Grotta Pinta80 et l’église de Santa Barbara dei Librai. La ville de Rome connaît au milieu du xvie siècle son plus bas niveau de peuplement avec 45 000 habitants du fait des conflits, en particulier le sac de Rome de 1527 et de la peste, mais elle double à la fin du même siècle, ce qui occasionne des besoins importants en constructions.
L’arc de Tibère situé dans le portique de Pompée est cité au xive siècle81.
Le temple de Vénus Victrix n’existe sans doute plus au début du xve siècle82. L’édifice est décrit en ruines au milieu du xve siècle par Flavio Biondo, cependant l’auteur a peut-être confondu avec les restes de l’odéon de Domitien ou du théâtre de Balbus83. L’emplacement du théâtre est occupé par des constructions privées de façon attestée en 80. Des ruines importantes sont indiquées en et avec pour cette dernière une mention d’une maison qui pourrait être celle de Pompée84.
Le lieu a peut-être servi de fortification, avant l’édification du palais Orsini. Cette utilisation défensive de ruines de monuments antiques est bien attestée, à Rome même il faut citer le Colisée ou le mausolée d’Auguste. Le théâtre a également pu servir de lieu d’habitations ou être dédié au commerce, du fait de l’importante densité de population de la zone à l’époque médiévale, avec le Vaticanlocalisé de l’autre côté du Tibre85.
Des rues ont été créées au travers du portique. Le remploi des matériaux est massif, soit les éléments sculptés telles les colonnes, soit par une destruction des marbres dans des fours à chaux. Sous Jules II — pape de 1503 à 1513 —, Bramante s’empare de 44 colonnes de granite rouge de l’Hecatostylum, portique bordant le complexe. Il ne faut pas négliger dans le processus de destruction de l’édifice d’éventuelles inondations ou des faiblesses structurelles de l’édifice ayant causé l’effondrement de la cavea86.
Redécouverte, études modernes et sources antiques
Redécouverte
Redécouverte de la statue d’Hercule en 1864 sur une photographie ancienne
L’urbanisation a entièrement recouvert le site du complexe bâti par Pompée, cependant des recherches archéologiques ont eu lieu depuis le xixe siècle87. Des relevés archéologiques ont lieu en , en puis en 88. Baltard en effectue des relevés archéologiques sur l’espace du sanctuaire de Vénus Victrix89. Entre et un gradin est dégagé par Gabet90.
Des fouilles effectuées en sur via de Chiavari permettent de mettre au jour deux fragments de colonnes identifiés comme des éléments des deux premiers niveaux du mur de scène91.
Selon Coarelli, le complexe pompéien, tout comme d’autres édifices majeurs de Rome comme le Colisée, a manqué jusqu’assez récemment d’une « étude complète et synthétique »92.
Rodolfo Lanciani tente une restitution2. Sophie Madeleine soutient à l’université de Caen en 2006 une thèse sur « Le complexe pompéien du Champ de Mars, une « ville dans la Ville » : reconstitution virtuelle d’un théâtre à arcades et à portique au ive siècle p. C. »93. Antonio Monterroso Checa publie en 2010 une monographie remarquée sur le sujet, « Theatrum Pompei. Forma y Arquitectura de la génesis del modelo teatral de Roma »94.
Sources antiques
Les sources archéologiques permettant de connaître le complexe sont maigres, et les sources textuelles peu prolixes sur le plan de l’édifice.
La Forma Urbis, plan de marbre du début du iiie siècle érigé sur le Forum de la Paix, qui est conservé sur environ 10 % de sa surface, constitue une « source iconographique de première importance »95. Bigot, auteur du plan de Rome, a identifié un fragment de la Forma Urbis, dont les premiers éléments sont retrouvés au xve siècle, comprenant l’angle sud-est du portique du complexe pompéien96.
Onze éléments de la Forma Urbisreprésentant le complexe sont connus, dont huit sont conservés97. Le plan d’ensemble du complexe pompéien est connu par le plan sévérien mais l’élément original représentant le théâtre stricto sensuest perdu et n’est connu que par un dessin sur codex98. Cette source est tardive et peut ne pas refléter la configuration primitive car le complexe architectural voulu par Pompée a été à de nombreuses reprises restauré99. L’élévation de l’édifice est méconnue même si certains éléments ont pu être utilisés en remploi dans des bâtiments proches comme le palais de la Chancellerie2.
Les fragments de la Forma Urbis ne font pas l’objet d’un consensus en ce début du xxie siècle, l’appartenance ou non de fragments au complexe induisant des interprétations différentes, comme c’est le cas pour la question de l’appendice considéré comme la plate-forme du temple de Vénus Victrix mais considéré par Monterroso Checa comme un escalier axial du fait de l’incapacité des éléments internes d’assurer la circulation des spectateurs100.
Description
Théâtre et portique de Pompée, avec le temple de Vénus, sur la Forma Urbis.
Le plan du complexe est connu par la Forma Urbis mais reste imprécis du fait de sa disparition à peu près complète et d’une connaissance basée sur les traces laissées dans le tissu urbain101. Le complexe pompéien mesurait 320 × 150 m23. La partie de la Forma Urbis comportant le complexe pompéien du Champ de Mars en « illustre l’agencement »18et la planimétrie d’ensemble102. Madeleine propose de placer la domus de Pompée à l’emplacement de l’odéon de Domitien85. La maison de Pompée complétait le complexe, « comme une barque remorquée par un navire » selon Plutarque87. Au sud du complexe on trouvait des boutiques103.
Le complexe pompéien du Champ de Mars suit à peu près l’orientation de l’aire sacrée du Largo Argentina, bâtie entre le milieu du iie et la moitié du ier siècle av. J.-C.15 Il suit aussi les préconisations de Vitruve, à savoir un lieu salubre et non orienté au sud, une orientation à l’est convenant pour les villes et les habitations104. Il utilise au maximum l’espace dont disposait le bâtisseur105.
La construction du complexe est le point de départ d’autres projets de constructions sur le Champ de Mars qui devient par la suite « le quartier de la ville le plus monumental et cohérent »29. Dans un espace alors peu urbanisé, le complexe pompéien constitue alors une « colline architecturée »92.
L’édifice bénéficie du mode de construction des arcades en opus caementicium avec un revêtement de pierres, technique de construction déjà utilisée au tabularium92. La technique était intéressante pour les bâtisseurs car réalisable par du personnel peu qualifié106. Elle reprend celle utilisée en Italie centrale et en Campanie, même si l’échelle est inédite107.
Le théâtre de Pompée est « une démonstration souveraine » d’un caractère essentiel des théâtres romains, le fait de l’édifier hors des espaces facilité par la configuration du terrain108. D’une capacité de 40 000 spectateurs selon Pline109,18 mais plus vraisemblablement environ 20 000 places23,110 ou 18 000 spectateurs selon Fleury19, 17 580 selon les régionnaires18,56ou même 11 000 selon Richardson70, le théâtre mesurait 150 mètres de diamètre56 selon une thèse répandue à partir du xixe siècle revue à 165,60 mètres environ selon Monterroso Checa111, pour une hauteur de 36 mètres112. Les fouilles effectuées dans les années 2000 publiées en envisagent un diamètre de 158 mpour le théâtre et de 44 m pour l’orchestra. Madeleine considère que le diamètre du théâtre était de 532 pieds soit 157,31 m113. Selon la même source, la largeur d’assise disponible pour chaque spectateur était de 2,5 pieds (environ 74 cm), et la pente des gradins suivait un angle de 28°114. Madeleine pense que le théâtre possédait 61 rangs de gradins, tandis que Monterroso Checa estime pour sa part que l’édifice en comprenait 64112.
Selon Madeleine, il n’y a pas d’escalier axial dans le théâtre de Pompée, alors que les édifices similaires de taille bien moindre en possédaient plusieurs. Elle considère que les spectateurs accédaient aux parties hautes par les arcades et que cet accès difficile a entraîné la création de deux balcons (maeniana) au lieu des trois habituels dans les grands édifices115.
L’édifice dominait le Champ de Mars à 45 m19, en effet le temple intégré au théâtre était aussi haut que la colline de l’Arx23,116. Le temple surplombait la plaine de 35 m selon Madeleine105.
Masque de théâtre du théâtre de Pompée en remploi sur un mur d’angle de la piazza Pollarola.
La cavea haute de 36,13 m117 était complétée par un espace scéniquefermé par un mur monumental richement décoré de plusieurs étages de colonnades, long d’environ 90 mètres, universellement repris, ainsi que le plan général, dans toutes les constructions de théâtres de la période impériale romaine. La scène, longue de 95 m selon Guerber et alii56, possédait plusieurs niveaux. Trois gradins ont été retrouvés lors de fouilles, dont deux font 0,38 m de haut118. Des mâts étaient situés en haut de la cavea pour soutenir le velum, 58 pour l’édifice selon Madeleine119. La cavea se prolongeait au-delà de la scène par un quadriportique monumental de 180 × 135 m19,18.
La scène était en pierre dès l’origine vu le luxe déployé dans tout le complexe120, mais possédait de nombreux éléments en bois qui furent souvent touchés par des incendies121. Gros en 2009 évoque un bâtiment primitif ne possédant qu’un pulpitum et un mur de scène démontable et conçu en bois2. Le frons scaenae, connu par la Forma Urbis avec une forme spécifique composée d’une niche centrale rectangulaire et deux niches latérales semi-circulaires, date peut-être des rénovations consécutives aux incendies du ier siècle ap. J.-C122. Deux fragments de colonnes attribués à cette partie de l’édifice sont conservés117, l’un en marbre blanc et l’autre en granite gris123. Le pulpitum mesurait 1,50 m de haut selon Madeleine et 20 m de large124. Un toit couvrait la scène125. La scène est refaite et transformée126, quatre fois au moins jusqu’au ive siècle, et dans cet état Madeleine évoque trois niveaux de colonnes même si l’édifice a pu avoir deux niveaux à l’origine127. La colonnade avait une hauteur totale de 27,80 m, le premier niveau en granite gris, le second en marbre blanc et le troisième en granite rouge128. Sur le mur de scène se trouvaient des statues, œuvres de Coponius129, chargées de représenter les 14 nations orientales vaincues par Pompée130.
Statue monumentale de Melpomène provenant du théâtre. Paris, musée du Louvre
Les gradins étaient orientés vers l’est131. L’orientation permet aux spectateurs du théâtre d’être protégés des grosses chaleurs des après-midi, protection accentuée par la présence d’un velum132. L’orientation du théâtre de Pompée est optimale pour une prise mineure au vent pour les périodes habituelles des jeux romains, le printemps et l’été. En effet, pendant ces saisons, les vents soufflent de l’ouest à Rome. Les vents soufflant de l’est étaient arrêtés par le frons scænæ133. L’orientation adoptée est « réfléchie et pertinente : elle allie les avantages d’un bon éclairage à la possibilité de déployer un velum »8, dont la prise au vent était optimale durant la saison des jeux132.
La façade de travertin avait des arcades ouvertes. Les différents niveaux présentaient peut-être des ordres architecturaux superposés19, comme au Colisée et aussi au théâtre de Marcellus56. Les décors intérieurs étaient de marbre ou de stuc, complétés de nombreuses œuvres d’art dont quelques-unes ont été retrouvées au fur et à mesure des découvertes.
Systèmes mécaniques utilisés au théâtre de Pompée
Représentation du théâtre et du portique de Pompée sur une restitution numérique
Sophie Madeleine a consacré une partie de sa thèse à l’étude des systèmes mécaniques présents dans l’édifice, le rideau de scène, le système d’aspersion d’eau parfumée (sparsiones) et le système de protection contre les rayons du soleil (velum). L’intégration de cette problématique est inédite134.
Le rideau de scène du théâtre de Pompée n’est pas évoqué mais son existence très probable. Il était déployé du bas vers le haut135. La proposition de restitution évoque plusieurs bandes de tissu placées sur des cylindres ainsi qu’un système de contre-poids. Le système a été étudié au théâtre antique de Lyon, et la restitution virtuelle a permis de mettre en évidence l’efficacité du système, sauf pour les spectateurs placés sur les côtés de la cavea dans l’hypothèse d’une hauteur de rideau semblable à Rome et à Lyon136.
Les sparsiones destinées à rafraichir se faisaient soit vers les spectateurs soit vers la scène137. Le système était considéré initialement comme alimenté par des canaux, ce qui pose le problème de l’alimentation car aucun aqueduc n’existait dans la zone à l’époque de Pompée. L’eau selon Madeleine coulait de l’est vers l’ouest du portique en provenance de canaux issus du Tibre138. L’eau vaporisée était parfumée parfois au safran, usage qui existait avant le théâtre de Pompée, apportant au spectacle un effet visuel et olfactif. Les coloris des brumisations pouvaient être divers et certaines étaient incolores, telles celles destinées aux spectateurs139. Le système, outre son coût, était une « prouesse technique ». L’eau était élevée à l’aide d’une pompe à pistons à air comprimé qui permettait une brumisation continue selon les travaux menés par Philippe Fleury140.
Les consoles de soutien des mâts destinés au velum au théâtre d’Orange
Le velum était un système coûteux et non systématique141. Il est attesté au théâtre de Pompée par des textes de Martial, Dion Cassiuset peut-être d’Ovide142. Des mâts supportaient la toile qui était sans doute en lin, tissu noble, résistant, coûteux et de forme rectangulaire143. Madeleine a testé de manière virtuelle deux modes de restitution, l’un avec un système à vergues l’autre avec un système à cordes144. Pour le système à vergues, les toiles auraient été pourvues d’anneaux de bronze et les mâts d’épicéa pouvaient mesurer 30 m145. La restitution a été effectuée avec Autodesk 3ds Maxpour permettre une étude à différentes heures et jours146, et aboutit à un rejet de cette solution vu l’inefficacité globale de la protection offerte par ce système147. Le système de fixation du velum a pu être assuré par des cordes et un demi-anneau de cordes centrales qui laissait passer le soleil148. Le déploiement du velum était spectaculaire, en une minute seulement149 et replié en deux minutes environ150. La manœuvre était assurée par des hommes installés dans un chemin de ronde en bois au-dessus du toit du portique151. Les restitutions virtuelles permettent de relever que le système à cordes est beaucoup plus efficace pour protéger les spectateurs du Soleil qu’avec le système à vergues152. En cas de vent du sud, le velum était replié afin d’éviter d’endommager le système150. Selon Sophie Madeleine, « la prouesse technologique faisait peut-être aussi partie de la magie du spectacle »153.
Espaces cultuels
La chapelle Saint-Hubert du Château d’Amboise avec un renfort placé sur le rempart semble conforter la faisabilité de la thèse d’un temple en saillie
Traditionnellement il y avait des représentations théâtrales sur le Palatin, devant le temple de Cybèleou dans la zone du Circus Flaminius, près du temple d’Apollon30. Selon Tertullien154, « cet ouvrage condamné et condamnable, il [Pompée] le couvrit ainsi du titre de temple et il se servit de la superstition pour bafouer la morale ». L’écrivain chrétien est un polémiste et se sert de l’exemple du théâtre de Pompée pour lutter à la fois contre le paganisme et contre la supposée absence de moralité de Pompée. La présence de temples plaide en faveur d’une influence hellénistique pour la construction du complexe30. Outre le sanctuaire dédié à Vénus Victrix, dont la localisation est encore l’objet de débats et de thèses opposées, quatre autres sanctuaires étaient présents, dédiés à la Vertu, à l’Honneur, à la Félicité25 et à la Victoire.
Temple de Venus Victrix
La localisation du temple de Vénus n’est pas assurée et plusieurs spécialistes sont en désaccord. L’abside visible sur le plan de la Forma Urbis est considérée de manière traditionnelle comme la localisation du temple mais cette interprétation n’est pas acceptée par tous, certains plaçant le sanctuaire à un autre endroit quoique toujours in summa cavea.
Selon Madeleine, le temple en saillie permettait de présenter les gradins comme un escalier d’accès au temple155. La cavea était pourvue d’un renfort pour supporter la structure du temple156. Une structure haute soutenait le podium du temple en saillie du théâtre, disposition repérée par les archéologues à Cherchell dans l’axe du théâtre157.
Dans cette interprétation, le sanctuaire, pourvu d’une abside89, était monumental et pourvu de fondations puissantes158. La forme de l’édifice est comparable à un temple bâti par César à Vénus Genitrix sur son forum et cette similitude a pu être expliquée par un contexte de rivalité politique entre les deux commanditaires89. Le temple de Vénus Victrix aurait mesuré environ 26 m de long pour environ 17 m de large, avec une hauteur estimée à 13 m par Madeleine159. Le temple aurait placé la hauteur totale de l’édifice pompéien à 39 m159. L’édifice dominait le Champ de Mars de 45 mselon Sauron87.
Monterroso Checa pour sa part considère que le temple ne dépassait pas de la cavea et que la structure en arrière de cette dernière est un escalier155« à plusieurs volées, rejoignant, depuis l’extérieur du théâtre, les gradins les plus élevés »100, tout comme Gros160. Pour ce dernier la hauteur du podium, d’environ 35 m, ne peut être compatible avec la largeur des murs de soutènement et il adhère à la thèse de Monterroso Checa161. Selon le même auteur, le temple était un « temple à cella barlongue avec le sanctuaire de Vénus au centre et les autres chapelles dans les ailes »161.
Le temple possédait une statue cultuelle de Vénus Victrix à laquelle répondait une autre statue située 200 m à l’est au sein de la Curie de Pompée et représentant le commanditaire162.
Plusieurs sanctuaires existaient selon Suétone163 qui évoque des superiores aedes. Madeleine considère que le sanctuaire central était dédié à Vénus Victrix et deux autres structures aux extrémités de la cavea, comme au théâtre d’Herculanum164. Les deux structures se seraient placées sur le portique supérieur large de 7 m et auraient été modestes car les sources les évoquent peu165.
Selon Madeleine le temple de Venus Victrix était complété par deux éléments consacrés l’un à Honos et Virtus et l’autre à Felicitas et Victoria166, tout comme Coarelli167. Cette organisation architecturale est peut-être calquée sur un temple accompagné de deux éléments construit à l’emplacement du tabularium par Sylla9, mentor de Pompée168. Monterroso Checa considère que les personnifications des vertus sont honorées dans des absides.
Honos et Virtus sont les « qualités du général romain », liant succès politique et valeur au combat, sans lien avec une noblesse de naissance. Marius appréciait ce couple de divinités. Felicitas est la chance qui est un don des divinités et était appréciée par Sylla. La tétralogie serait complétée par Victoria, la victoire169,41, « conséquence de la Felicitas »167. Pompée se présente comme héritier de Marius et Sylla, tout en prenant distance avec le second, il place au-dessus Vénus Victrix, « garante de la victoire et de la domination universelle »170.
Le portique et la Curie de Pompée
Le théâtre était complété par un quadriportique et une curie dans l’axe du temple30. Contrairement aux portiques ayant été érigés précédemment, le portique de Pompée n’est pas isolé mais un élément d’un ensemble hiérarchisé à finalité idéologique171.
Le portique aux colonnes de graniterouge23 (portique de Pompée) s’étendait du mur de scène jusqu’à l’aire sacrée du (it) (ou (it)). L’espace enserré faisait 180 × 135 m56 et sa surface était trois fois supérieure à la superficie du Forum romain de l’époque républicaine120. Les portiques possédaient deux nefs, une zone centrale était couverte et deux zones étaient des jardins56. Madeleine évoque un portique à une seule nef172. Quatre entrées permettaient d’accéder au portique, deux à l’est et deux à l’ouest, toutes symétriques mais pas centrées173. Les entrées permettaient d’accéder au portique couvert ou aux boutiques pour deux d’entre elles. L’élévation du portique n’est pas connue mais un long texte de Vitruve sur les portiques liés aux théâtres permet de proposer une restitution174,175. La largeur de l’édifice est égale à la hauteur de la colonnade soit 9,50 m. Les colonnes étaient d’ordre ionique ou corinthien et sans doute corinthien au ive siècle176. Des fûts de granite rouge appartenant au portique ont été découverts au xixe siècle : les bases et les chapiteaux étaient en marbre blanc177.
Selon Madeleine, au sud du portique se trouvaient des tabernædont, d’après Appien, les marchandises furent pillées lors de l’assassinat de Jules César178. Ces boutiques permettaient aux spectateurs de procéder à des achats divers. Cette thèse n’est pas partagée par Monterroso Checa179.
Plan de l’aire sacrée du (it). En rouge, les temples A, B, C, D ; 1. Porticus Minucia ; 2. Hecatostylum ; 3. Soubassement de la Curie de Pompée jouxtant l’aire sacrée ; 4. et 5. Latrines de l’époque impériale ; 6. Bureaux et dépôts de l’époque impériale.
À la façade nord du portique de Pompée s’adossait un portique appelé Hecatostylum ou portique des cent colonnes ou portique des Lentuli dont subsistent des vestiges près du temple A de l’area sacra du (it). L’édifice est à peu près contemporain ou un peu plus récent que le portique de Pompée59, le débat étant difficile à trancher vu l’état du dossier15.
Au milieu du portique, derrière le temple circulaire de l’area sacra du (it), se dressait la Curie de Pompée, grande exèdre rectangulaire180 où se tenaient les séances du Sénat lorsque des jeux avaient lieu au théâtre selon Appien181. L’emplacement de la Curie présentait un caractère sacré car choisi après consultation des augures et comportant devant son entrée un autel destiné aux sacrifices181,89. La Curie était séparée du portique soit par une grille, soit par une palissade, clôture du pronaos selon Madeleine182. En dépit de ce caractère sacré, César y fut poignardé aux ides de mars44 av. J.-C., au pied même de la statue monumentale de son ancien adversaire183,18. La statue, découverte au xvie siècle, est aujourd’hui exposée au palais Spada. L’évènement des ides de Mars a connu une large évocation par les sources antiques mais surtout anecdotiques et non descriptives d’un bâtiment qui a radicalement changé du fait de cet épisode184. Auguste, en , fit murer la Curiecomme locus sceleratus, mais il restaura le théâtre et fit réériger la statue de Pompée sur la scène même37. La fonction civique souhaitée par Pompée fut définitivement perdue185. Le soubassement en tuf de l’exèdre a été retrouvé lors des fouilles du (it)à l’arrière du temple B58. L’élément devait mesurer 24 × 21 m et était surélevé de 4 m par rapport au portique184. Sauron donne pour l’édifice 25 × 15 m donc une superficie supérieure à 400 m287. Ce positionnement en hauteur, parallèle au temple de Vénus Victrix, souligne le côté sacré de cette partie du complexe pompéien et son unité jusqu’à la mort de César186. L’espace est transformé en latrines selon les sources anciennes183. La Curie aurait été remplacée par des latrines selon l’interprétation de certains fragments de la Forma Urbis d’époque sévérienne et rasée. Une exèdre aurait fermé alors le côté est du portique187. L’espace fouillé au (it) fait apparaître des vestiges de ces latrines (nos 4 et 5 du plan), dont la première est datable du règne de Domitien.
Au centre du portique se trouvaient deux rectangles de 100 × 23 m et au milieu un espace large de 12 m188. Cet espace était un jardin, au centre du portique, orné de fontaines dont des vestiges ont été retrouvés sous le Teatro Argentina180 lors de sondages archéologiques18. Le jardin possédait des alignements de platanes et des fontaines18. Les fontaines étaient distantes de 4 mseulement les unes des autres sur le plan de marbre sévérien et ont peut-être été décrites par Properce189,190. Les rectangles sont un double bois de platanes taillés190. Ce jardin fut selon Golvin le « premier jardin public » de Rome et « un véritable musée »23. Les fontaines étaient ornées de statues191 et alimentées par les eaux de l’aqueduc de l’Aqua Virgo et une dérivation du Tibre à l’origine192. Ces fontaines ne sont pas acceptées par tous les chercheurs. Il y avait deux sols différents, un en terre à côté du bois de platanes et un autre dallé dans les allées, séparés par une marche de 0,25 m193. Dans la situation initiale une seule fontaine alimentait les canaux du portique et l’eau était évacuée à l’ouest par une bonde194.
À l’ouest des fontaines se situait un arc dédié à Tibère, érigé sur l’ordre de Claude195. Madeleine propose pour cet arc, dont il ne reste rien, une taille d’environ 24 × 10 m196.
Usages du lieu
Champ de Mars à Paris avec deux alignements de platanes comme au portique de Pompée
Le portique a eu des usages très diversifiés. Il servait parfois pour l’activité judiciaire62. Il est considéré en -55 comme un lieu de promenade pour les habitants de Rome privés d’espaces verts197 car ceux-ci constituaient jusqu’alors un luxe inaccessible aux communs des mortels198. Il servait également pour déposer les accessoires et décors nécessités par les spectacles56 et abriter les spectateurs du théâtre en cas de pluie197. Le lieu abritait des gladiateurs au moment de l’assassinat de César, servant d’abri dans les jours précédant les combats de gladiature56. C’était aussi un lieu de commerce199. L’espace était également beaucoup utilisé comme lieu de séduction, de rencontres amoureuses, voire de relations tarifées. La réputation du lieu comme simple lieu de promenade a pu pâtir d’une médiocre réputation200.
Musée
Statue dite anciennement Uraniemais museÉrato. Collection Farnèse, Musée archéologique national de Naples
De nombreuses œuvres d’art décoraient les espaces tant les portiques que les jardins56. Le portique était orné de statues grecques180. Les œuvres présentées dans le complexe obéissaient à un programme iconographique précis et cohérent120. Le portique de Pompée est un lieu de transition entre la ville et « l’univers intérieur », tout le complexe voulu par le commanditaire démontrant « la mise en scène d’un pouvoir sacralisé »201.
Le portique, « véritable musée »197, abritait en particulier des peintures murales grecques et des statues hellénistiques23. Parmi les peintures trois tableaux sont cités par Pline l’Ancien et étaient disposées, sous un portique couvert, des œuvres de Polygnote, Pausias et Antiphile202.
Les œuvres d’art auraient été choisies par Atticus, ami de Cicéron, et avaient comme point commun d’être en relation avec le monde du théâtre ou dans une thématique liée à Vénus18. Étaient présentes trois séries de statues féminines, des hétaïres, des poétesses et des « femmes connues pour leur accouchement extraordinaire »203. Cette présence serait une évocation des Enfers décrits dans le chant XIde l’Odyssée56, plus précisément de « la visite du héros encore vivant aux Enfers »197, un « voyage initiatique » où Pompée était un héros semblable à Hercule ou Dionysos204. Il y avait là une métaphore des Champs Élysées62. Le commanditaire était représenté dans la pose de la nudité héroïque avec un globe dans la main gauche.
Persistance dans la ville
Vestiges
Les vestiges du complexe voulu par Pompée sont très ténus et rares en dépit de l’importance de l’édifice dans l’histoire de la ville. Les vestiges des maçonneries en opus reticulatum et des voûtes du théâtre apparaissent çà et là dans les caves et les soubassements des édifices voisins180,23,70. Des éléments de corridors en opus reticulatum sont visibles dans des restaurants du quartier, Pancrazio et Grotte di Pompeo2. Le complexe était localisé à proximité du Campo dei Fiori et de l’église Sant’Andrea della Valle56. Le palais Righetti (Campo dei Fiori) occupe quant à lui l’exact emplacement du temple et possède des substructions du sanctuaire de Vénus180,59. Il ne reste plus de traces du portique, si ce n’est l’extrémité est qui est visible à l’arrière des temples de l’area sacradu Largo di Torre Argentina18,180,23. Des restes de l’exèdre ont été conservés180 de même que des traces en opus quadratum de la Curie56.
Continuité dans la topographie urbaine
Via di Grottapinta : immeubles construits sur la face interne de la cavea du théâtre
Superposition du plan du théâtre et des rues actuelles
Aujourd’hui, le théâtre a complètement disparu, mais on peut encore évaluer ses proportions imposantes à la forme incurvée des façades d’immeubles construits sur les gradins, dans la via di Grotta Pinta pour la partie interne180, « un des cas les plus remarquables de continuité urbaine » selon Coarelli59et dans la via del Biscione et la via dei Giubbonari pour les parties extérieures23. Le palazzo Righettiproche du Campo dei Fiori est construit sur les fondations du temple de Vénus59.
Le portique a également marqué la topographie urbaine, les proportions en étant conservées entre le Largo Argentina et la via dei Chiavari et la via del Sudario et la via di S. Anna18.
Une statue haute de 3 m185 et conservée au palais Spadareprésente Pompée dans la nudité conventionnelle des héros, vêtu d’un paludamentum et tenant un globe dans la main : c’est donc l’image d’un cosmocrator20. Il est également porteur d’une épée185 et des « attributs du héros homérique »205. La statue, retrouvée dans la via dei Leutari en 1500185, intègre les collections de Bernardino Spadaaprès un imbroglio juridique entre les deux propriétaires des terrains sur lesquels elle fut retrouvée206. En marbre pentélique, elle est identifiée comme représentant Pompée dès 1658205. Coarelli estime que la statue est celle aux pieds desquels tomba César, alors que Faccena estime que l’œuvre date des Flaviens ou de l’époque de Trajan. Le globe serait une métaphore des conquêtes de Pompée. Selon Sauron, la statue aurait porté dans sa main droite une statuette de Victoire en bronze, tout comme la statue de Vénus Victrix située dans le temple situé en haut de la cavea. Madeleine pense que la statue découverte n’est pas l’originale mais une réplique207.
Il y avait une tradition reliant théâtre et temples depuis le iie siècle av. J.-C.18.
Raisons de l’opposition sénatoriale
Théâtre de Syracuse du ve siècle av. J.-C.
Les théâtres en dur existaient dans d’autres villes d’Italie méridionale208, en particulier à Pompéi209 ou Syracuse210. Seul le théâtre de Teanum, du iie siècle av. J.-C. possédait des substructions avant l’édifice construit par Pompée211 : dans ce monument, d’un diamètre de 85 m, le public circulait dans la structure de soutien du bâtiment212. Cependant une telle construction dans la ville de Rome était « un fait relativement nouveau et traumatisant »33.
Les jeux dits ludi megalenses sont introduits vers et avaient lieu dans des théâtres provisoires bâtis devant les temples. D’autres spectacles avaient lieu lors d’autres jeux introduits antérieurement, au milieu du iiie siècle213. Les théâtres étaient auparavant en bois et amovibles, cette tradition selon Tite-Liveremontait à 364 av. J.-C209. C’est aux environs de que les bancs de bois à l’attention du public apparaissent16.
Un premier précédent de construction de théâtre en pierre, en , avait échoué33. Les censeurs souhaitent alors bâtir un théâtre sur le flanc du Palatin, détruit par le Sénat qui interdit de surcroît la construction de gradins 1 000 pas autour de Rome214. Le consul Scipion Nasica, considérant l’édifice comme « inutile et [nuisible] à la moralité publique » convainquit le Sénat de mettre fin au projet215.
Le grand théâtre de Pompéi du iie siècle av. J.-C.
Lucius Mummius Achaicus fait construire le premier théâtre en bois complet agencé selon la tradition grecque214 en , avec des gradins improvisés216. Les théâtres en bois, même richement décorés, n’ont alors qu’une durée de vie brève25 et sont offertes par les édiles31. Le coût des installations temporaires était considérable, même si les matériaux étaient utilisés après-coup dans les maisons privées des financeurs216. À la fin de la République, ces édifices, bien que provisoires, étaient cependant richement ornés et décorés afin de « créer l’illusion d’un univers palatial proche de celui des souverains hellénistiques ». Les spectateurs étaient abrités du soleil par des toiles et les spectateurs étaient aspergés d’eau safranée23.
Les conservateurs considéraient le théâtre comme « une cause de dégénérescence » et les citoyens ne devaient pas s’asseoir pour regarder, comme les Grecs217. Les jeux avaient lieu pendant la journée et avaient un lien avec la religion : le fait de s’asseoir d’emblée sur des gradins estompait la connexion avec le monde religieux et poussait à l’oisiveté le peuple218, selon Tacite219.
Les théâtres étaient destinés en Grèce non seulement aux spectacles mais aussi aux assemblées politiques, cette expression démocratique faisait peur également aux sénateurs de la Ville220. Le lieu pouvait aussi être « un lieu propice à l’agitation politique »208. La plèbe aurait pu avoir un lieu de réunion adapté à une nombreuse assistance221, et de ce fait le risque était grand d’« assemblées séditieuses »16. Le théâtre, avec son acoustique, pouvait permettre à des orateurs d’être entendus par toutes les personnes assises, contrairement au Forum ou au Circus Maximus222. Lors des réunions politiques des comices, l’assistance était debout31.
Sophie Madeleine a repéré deux débordements populaires dont le théâtre de Pompée fut le siège. L’un de ces deux mouvements d’émeute se produisit au moment du décès de Sextus Pompée, lorsque son meurtrier donna des jeux223. D’autres lieux de communication politique existaient, comices et autres réunions politiques, mais avec une très faible possibilité d’expression populaire224. Du fait des qualités des théâtres, les jeux organisés dans ces lieux étaient limités à certains jours224. Les agitations n’étaient pas seulement politiques, elles pouvaient également être dues à une prestation artistique médiocre ou à la présence dans les lieux d’une personne n’ayant rien à y faire selon l’assemblée225. Le théâtre était « l’endroit idéal pour faire entendre la voix du petit peuple »226, et selon Nicolet« un moyen et un champ d’action politique »227. Les théâtres localisés dans les villes de province risquaient moins de se transformer en lieux de sédition du fait de leur taille moindre. Le théâtre de Pompéi pouvait accueillir 2 000 spectateurs. La cité campanienne fut cependant le lieu d’une rixe aux abords de l’amphithéâtre en 228,229.
Une autre raison à l’opposition des sénateurs de Rome semble avoir été un rejet du modèle architectural grec218.
La dernière raison est le rejet d’un système de construction financé par des ambitieux soucieux de progresser dans leur cursus honorum218.
Audace du commanditaire
Le théâtre de Pompée est une première car son commanditaire « brave (…) l’interdiction du Sénat de construire à Rome en théâtre en pierre »23 et « nul ne pouvait être dupe » du caractère artificiel du motif religieux230. L’audace du général tend à discréditer le Sénat et porte en quelque sorte ce qui fut un caractère de la fin de la République romaine, « l’arrivée au pouvoir d’hommes audacieux et populaires qui centraliseraient l’autorité »216. Pompée offre au peuple un lieu de rassemblement afin de s’assurer ses faveurs, avec le théâtre et le portique adjoint22. Le rapport de force tend en faveur du général victorieux et la construction avait pour objet de pérenniser sa marque dans la Ville afin de ne pas sombrer dans l’oubli21. La construction du complexe du Champ de Mars est pour Pompée « le couronnement de [sa] propagande [et] la mise en scène architecturale et décorative de ses thèmes les plus audacieux »231. La présence d’une statue du commanditaire dans la Curie parallèle à la statue de Vénus située à l’autre extrémité du complexe souligne l’héroïsation souhaitée du général et « le simulacre divin »186. Selon Coarelli la statue dans l’axe donnait à la bâtisse « des allures d’hérôon » et bénéficiait du charisme de Vénus Victrix89. Le complexe voulu par Pompée constitue « une rupture, un tournant dans l’exaltation du pouvoir personnel »153.
Intérieur reconstitué du théâtre de Pompée, donnant accès au temple de Vénus Victrix
Pompée aurait, par ruse232, prétexté que « la cavea n’était qu’un escalier devant le temple de Vénus victorieuse »233,18,31. Cette interprétation de l’édifice cultuel est « tendancieuse » selon Duret et Néraudau25. Gros considère que l’association théâtre-temple « désignait le lieu du spectacle comme une aire cultuelle dépendant du sanctuaire »234. Pour Coarelli le temple est l’élément principal, et le théâtre est « un appendice fonctionnel »213. Le commanditaire a peut-être été guidé par Varronpour le choix des divinités honorées, car il a fait réaliser un édifice à Cassino, reconnu comme un temple235. Gros considère que l’édifice cultuel est prééminent et que le complexe construit s’inspire du sanctuaire de Préneste, en dépit de la fiction de l’escalier menant au sanctuaire, du fait de la hauteur des gradins52.
Le complexe pompéien avec des fonctions politiques et judiciaires outre le théâtre était une annexe du domicile du commanditaire qui ne pouvait entrer dans le pomerium du fait des pouvoirs proconsulaires236. César a tenté vainement de réaliser un théâtre sur les pentes du Capitole avec une appropriation du temple de Jupiter Capitolin qui aurait dans ce cadre servi de temple in summa cavea selon Coarelli237. Cette construction aurait été une appropriation d’un lieu de culte vénérable aux fins de vénérer le dictateur de son vivant, « solution outrancière » abandonnée par Auguste qui met en place le culte des empereurs après leur mort par l’apothéose238.
Modèles et inspirations
La question des modèles pour le complexe pompéien est très importante et problématique239, il faut sans doute évoquer à propos du projet de Pompée au Champ de Mars « une multitude d’influences »240.
Modèle hellénistique
Vestiges du théâtre de Mytilène, modèle pour le théâtre de Pompée selon Plutarque
Plutarque signale que Pompée prend comme modèle le théâtre de Mytilène18, à Lesbos239, « ravi de la beauté du théâtre, il en fit lever le plan en 62 av. J.-C. et prendre le dessin, pour en élever un pareil à Rome, mais plus grand et plus important »241. Cet édifice, dans lequel Téophane (ancien historien et ami de Pompée242,243) avait célébré le général vainqueur244, est malheureusement mal conservé sauf l’orchestra245. L’édifice primitif, daté du iiie siècle av. J.-C. a été d’autre part largement modifié à l’époque julio-claudienne160. Coarelli apporte crédit au texte de Plutarque, aux « sources excellentes »33 en 1997, un plan italique n’étant pas incompatible selon lui avec une adaptation d’un modèle grec, à l’exemple des adaptations réalisées dans la villa Hadriana246. Richardson considère le récit antique comme ne concernant pas l’édifice effectivement construit41, tout comme Sauron qui considère l’affirmation de Plutarque comme une intention non suivie d’effets107. Selon Gros l’anecdote est un signe du « climat de gestation caractéristique de l’époque », à la recherche de la synthèse entre l’architecture grecque et l’urbanisme romain247.
La présence en un même lieu d’un temple et d’un théâtre n’est pas une innovation de Pompée25. Au bouleutérion (en grec ancienβουλευτήριον) de Milet sont regroupés un temple, un portique et un monument en forme de théâtre qui est le bouleutérion stricto sensu : selon Madeleine il y a là une « idée de complexe architectural ». Le thersilion de Megalopolis, lieu de réunion de la Ligue achéenne, comprenait également trois éléments240.
La nouveauté est la disposition ascendante des éléments d’inspiration pergaméenne30. La forme du théâtre avec une caveasemi-circulaire et un frons scænærectiligne est à chercher en particulier dans les sites grecs de Sicile selon Sauron107. Le site religieux situé au-dessus de la cavea est un prototype asiatique selon le même auteur248 et selon Coarelli, qui voit dans le portique la même source d’inspiration249. À Pergame le siège des jeux était également le lieu du culte dynastique et de la célébration des victoires militaires250.
Le portique a pu bénéficier d’influences diverses : l’influence hellénistique, avec la présence de niches et d’exèdres, celle de l’architecture des palestres et des paradis orientaux selon Grimal, faisant de ce lieu « un complément idéal pour le théâtre qui lui était accolé »251. Monterroso Checa considère que l’édifice possède un « caractère globalement hellénisant »252.
Le temple de Venus Victrix, « alibi religieux », est placé dans le complexe pompéien au sommet des gradins, « escalier d’accès au sanctuaire »23, « caution religieuse de Pompée »230. Les théâtres-temples sont perçus par certains auteurs dont Hanson comme le « produit exclusif de la culture italique » avec l’usage de « l’axialité et la frontalité », cependant Coarelli considère cette hypothèse exclusive comme suspecte, car les complexes italiques datent du iie siècle av. J.-C.alors que des structures semblables datent du iiie siècle av. J.-C. comme l’Asklepeion de Cos253. Les théâtres-temples doivent être appréhendés dans le contexte religieux qui prévalait aux représentations théâtrales et aux ludi en Grèce et à Rome254.
Le complexe a pris comme modèles les complexes religieux du Latium35des iie – ier siècle av. J.-C., comme le Sanctuaire de la Fortuna Primigeniaà Préneste, le sanctuaire d’Hercule Vainqueur à Tibur23 daté de 70-60 av. J.-C. ou Gabies25. Les complexes possèdent des hémicycles pourvus de gradins dont l’utilisation n’est pas claire, pour les rites religieux ou des spectacles, mais qui leur donnent une unité architecturale230.
Le sanctuaire de Préneste, daté de 150-125 av. J.-C., possédait le sanctuaire dans sa partie supérieure et le forum dans sa partie inférieure. En outre, il comprenait une vaste place à portique et le sanctuaire possédait une cavea et une tholos. Pompée a sans doute utilisé cette structure pour son complexe, structure dont la popularité ne s’est pas démentie jusqu’à la christianisation au ive siècle255.
Le sanctuaire de Junon de Gabiesdont la genèse remonterait au ive siècle av. J.-C., possédait un oracle sous le temple. La situation du complexe au iie siècle laisse apparaître un portique avec jardin et également des boutiques sur trois côtés, le dégagement étant orné de nombreuses statues. Coarelli évoque un syncrétisme entre le culte de Junon et celui accordé à Vénus à partir de l’époque de Sylla256. Le dernier côté était occupé par une cavea dont l’axe central des gradins indique le centre de l’édifice cultuel, comme à Tibur257.
Forum triangulaire de Pompéi et quartier des théâtres
Forum triangulaire
Palestre
Temple d’Isis
Temple de Jupiter Meilichios
Théâtre et caserne des gladiateurs
Odéon
Le rassemblement en un lieu unique de fonctions différentes est présent dans les cités d’Italie. Ainsi, le forumde Pompéi édifié au iie siècle av. J.-C. présente un portique avec sur les deux petits côtés un temple, le Capitole et l’autre côté des édifices civiques258.
Premier d’une série et exemple le plus abouti
Ce premier théâtre romain en dur, le plus important de Rome41 fut bientôt suivi d’édifices conçus sur le même modèle : un hémicycle sur voûtes et murs rayonnants. Le théâtre de Pompée était « une réalisation prestigieuse, très en avance sur son temps » qui bénéficiait d’avancées techniques259.
Postérité à Rome
Le complexe pompéien est la première étape d’un profond renouvellement de l’architecture de la ville, les techniques permettent désormais des constructions beaucoup plus importantes. L’œuvre commandée par Pompée a amorcé ce qui sera développé par la suite par Auguste et Agrippa232. L’emploi massif du marbre dans la construction concourt à « consacrer l’invincible supériorité de la nouvelle construction sur les réalisations les plus audacieuses des années précédentes »260.
L’innovation en Italie que constituait le jardin public du portique de Pompée fut reprise par César qui offre ses jardins au peuple en 45 av. J.-C., par Auguste qui offre la possibilité aux Romains de se promener dans la zone de son mausolée en -28, et enfin dans les jardins d’Agrippa en -12 et au portique de Livie en -7198. Le portique, par sa taille et la fonction muséale, a eu selon Gros« une influence durable sur la première architecture impériale »171.
Le théâtre de Marcellus
Les édifices de théâtre en dur sont construits alors que le répertoire ne se renouvelle plus, les spectateurs s’attachant aux mises en scène209. Ce fut d’abord le théâtre de Marcellus (-30 à -13), dont les travaux débutèrent sous l’impulsion de César et dont la dédicace date de 13 av. J.-C.209. L’inauguration de l’édifice date de 17 av. J.-C. et, avec 130 m de diamètre et 33 m de haut, il pouvait accueillir 15 000 spectateurs4. Cet édifice a été bâti à peu près à l’emplacement d’un ancien théâtre en bois, le théâtre ad aedem Apollinis. L’espace était déjà occupé et l’édifice est limité par la présence du Tibre261. Le théâtre de Marcellus est suivi de celui de Balbus dédié en 13 av. J.-C.. D’un diamètre de 90 m, ce dernier édifice pouvait accueillir 11 500 spectateurs261. Muni d’un portique, la Crypta Balbi, l’édifice est orienté de la même manière que l’édifice pompéien69. Les trois édifices sont tous groupés dans le même quartier et à peu de distance. Ces constructions qui se succèdent sont peut-être à relier à une croissance démographique importante de Rome dont la population double entre le dernier tiers du iiie siècle av. J.-C. et et à un exode rural vers la Ville le dernier siècle de la République35. Des distributions de blé et des jeux contribuent alors au contrôle de la population de Rome21. Pour une prise en compte des questions de prise au vent et de luminosité l’orientation à l’est a été adoptée pour d’autres édifices de spectacles, le théâtre de Balbus et l’odéon de Domitien133. On n’eut à construire sous l’Empire que l’odéon de Domitien (fin ier siècle), ainsi qu’un éphémère théâtre de Trajan, également sur le Champ de Mars(début iie siècle), démoli après quelques années, sous le règne d’Hadrien262. Cependant le complexe pompéien resta le plus prestigieux par sa taille et les conditions de son édification, « aucune structure comparable ne viendra jamais s’implanter à Rome »263.
Le projet pompéien du Champ de Mars fut le complexe architectural le plus vaste conçu et réalisé à Rome jusqu’aux Forums impériaux11. Le complexe de Pompée a servi de modèle également au forum de César, dans le contexte de rivalité des deux hommes politiques. Les espaces cultuels sont dédiés à Vénus et centrés dans les deux cas264. Des statues des deux dédicants sont présents dans les deux cas et dans l’axe des sanctuaires, accentuant la « dimension idéologique indiscutable »265. Les changements opérés après 32 av. J.-C. visent à modifier le sens du complexe architectural et l’axe initial de ce dernier58. La finalité politique du positionnement des statues est reprise dans les forums impériaux à l’exception du Forum de la Paix266. La disposition est reprise après la destruction de la Curie et l’arc consacré à Tibère change le point de vue à adopter par les visiteurs dont le regard est tourné vers l’est et non plus vers l’ouest : les changements opérés sur le contexte permettent de changer le sens et la « lecture idéologique » de la construction267 et de le transformer en « édifice de spectacle ordinaire »2.
Le théâtre de Pompée fut aussi le modèle de tous les théâtres romainsédifiés dans les villes de province, jusqu’aux confins de l’Empire, même s’il demeura le plus important de tous30.
Le théâtre de Césarée de Maurétanie édifié par Juba II prend également comme modèle le complexe pompéien. Ce souverain a été élevé à Rome et s’en inspire pour le théâtre édifié dans sa ville, qui possédait également un portique et un temple dans sa partie supérieure. Le théâtre de Césarée Maritime édifié par Hérode a peut-être aussi pris le complexe de Rome comme modèle268. L’installation de temples dans les parties hautes de la cavea est avérée de façon assurée dans 10 cas par Madeleine dont à Leptis Magna et Dougga, les temples de ces deux édifices étant dédiés à Cérès269. Un portique annexé à un théâtre est attesté à Volterra, Trieste et Mérida270.
Le complexe a servi de modèle pour les forums provinciaux et aurait été « le premier des forums impériaux »avec un espace politique et un espace cultuel, « ensemble destiné à se substituer aux sièges traditionnels de la politique »62. La présence d’un temple, d’un portique et d’une curie se retrouve aussi dans des forums de ville hors d’Italie, dont celui d’Augusta Raurica, daté de 15 à 10 av. J.-C271.
Postérité du mode de construction et d’organisation de l’espace
La construction est faite sur des fondations artificielles et ne s’appuie pas au relief du terrain, c’est « une des innovations les plus extraordinaires du théâtre de Pompée »252. Certains aspects, en particulier le côté inachevé de certains éléments essentiels au fonctionnement du théâtre font dire à Gros que la construction appartenait à « une phase expérimentale »161.
La circulation des spectateurs se faisait rapidement à l’intérieur d’une cavea creuse. La même technique permettait des constructions sur des terrains plats libres. En outre, elle plaisait au tempérament romain empli de « volonté de dompter la nature plutôt que de la subir »272.
Vue panoramique du Colisée, qui reprend la technique des arcades en façade
La présence d’arcades en façade de l’édifice permet de créer des escaliers et des voies de circulation n’empiétant pas sur la cavea, ouvrant la voie selon l’expression de Bernard à une architecture « à la fois urbaine, fonctionnelle, prestigieuse, monumentale et de grande capacité »273.
Le système de façade sur arcades a été largement repris dans les édifices de spectacles construits ultérieurement. Outre les deux théâtres bâtis à Rome de Marcellus et de Balbus, la technique est reprise également dans l’amphithéâtre« le plus monumental de Rome », le Colisée273.
Le frons scaenae du théâtre de Pompée avec niche rectangulaire centrale et deux niches semi-circulaires a été repris entre autres à Bénévent, au théâtre inauguré en 126 et Taormine, rénové au iie siècle de notre ère274.
Le complexe pompéien du Champ de Mars correspond aux canons de la beauté urbaine, et à un « beau modèle architectural » issu du modèle de Pergame comme d’exemples hellénistiques, avec une « valeur esthétique ancestrale », mais il est aussi le résultat d’un pari architectural et politique275. Cependant, après le théâtre de Pompée, et au théâtre de Marcellus de prime abord, le lieu de culte n’est pas intégré au complexe architectural et la solution retenue est celle d’un lieu de culte antérieur situé à proximité276.
Notes et références
Notes
↑Seule une partie des gradins et des escaliers d’accès sont représentés de manière détaillée, mais le même dispositif se répétait sur l’ensemble de la cavea.
↑Cités par l’inscription AE1932, 00070 [archive] ; Franz Cumont, « Les actes des jeux séculaires de Septime Sévère », Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, no 1, 76ᵉ année, 1932, p. 120-124 [1] [archive]
↑Paul Pédech, « Deux Grecs face à Rome au Ier siècle av. J.-C. : Métrodore de Scepsis et Théophane de Mitylène. », Revue des Études Anciennes, vol. Tome 93, nos 1 et 2, , p. 71 (DOI10.3406/rea.1991.4450, lire en ligne [archive]).
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Localisation du Champ de Mars sur une carte topographique simplifiée de la ville de Rome antique avec, à titre indicatif, les empreintes des principaux monuments et les tracés des murs servien et aurélien.
Le Champ de Mars (en latin : Campus Martius, en italien : Campo Marzio) est une vaste plaine de près de deux kilomètres carrés située au nord-ouest du centre historique de Rome, sur la rive gauche du Tibre, et constituant un domaine public de la Rome antique. À l’origine, la région s’étend hors des murs de la ville et c’est donc dans cette région qu’est consacré le premier sanctuaire de Mars de Rome. Au Moyen Âge, le Champ de Mars devient la région la plus peuplée de la ville. Il se situe aujourd’hui en partie dans le rioneCampo Marzio R.IV qui, bien que portant le même nom, couvre une zone un peu plus petite.
Topographie
Le Champ de Mars est une plaine inondable située à l’origine à l’extérieur des limites sacrées de la ville de Rome (pomerium) , à l’extérieur du mur servien du début de la République. Ce vaste espace relativement plat et encore peu encombré de construction sous la République est régulièrement inondé par les crues du Tibre1. Il est encadré à l’ouest par la boucle du Tibre, au sud par le relief du Capitole, à l’est par le Pincio et le Quirinal qui rejoint le Capitole. On peut y accéder au sud depuis le Vélabre par un passage étroit entre les pentes du Capitole et le Tibre et par le nord par un passage entre le fleuve et les pentes du Pincio2. La région couvre une zone d’environ 250 hectares s’étendant sur un peu plus de deux kilomètres du Capitole au sud à la Porta Flaminia au nord, et sur un peu moins de deux kilomètres du Tibre à l’est au Quirinal à l’ouest sur sa plus grande largeur. L’altitude antique de la plaine est de 5 à 10 mètres au-dessus du niveau de la mer (3 à 8 mètres par rapport au Tibre), contre 13 à 20 mètres aujourd’hui. Les auteurs antiques relèvent quelques points naturels remarquables comme un bois de chêne au nord de l’Île tibérine (Aesculetum), le Lucus Petelinus et une étendue marécageuse au centre de la région, le Palus Caprae, essentiellement alimentée par le cours d’eau Petronia Amnis qui prend sa source sur le Quirinal (Cati fons)3.
Dès le ve siècle av. J.-C., la partie sud de la plaine est baptisée Prata Flaminiaa 1 ou Campus Flaminiusa 2, une zone plus tard occupée par le Circus Flaminius qui sert de référence topographique pour localiser les monuments construits aux alentours (in Circo)4. Le nom de Campus Martius sert alors à désigner la région qui s’étend plus au nord5. Au début du ier siècle, Augusteentreprend une réorganisation administrative de la ville de Rome qui est découpée en quatorze nouvelles régions. Le Champ de Mars est annexé à la ville à cette occasion, constituant deux régions, la Regio IX à l’ouest et la Regio VII à l’est6. Le nom de Campus Martius n’est alors plus utilisé que pour désigner la partie de la Regio IX Circus Flaminius qui s’étend à l’ouest de la Via Flaminia. Cette zone est elle-même découpée en deux parties distinctes dont les limites sont repérées par un cippea 3 : la partie méridionale qui est couverte de monuments et la partie septentrionale où la densité des constructions est plus faible et où il y a encore quelques espaces libres qui constituent sous l’Empire le « Champ de Mars » proprement dit7.
La partie sud du Champ de Mars, dite Prata Flaminia ou Campus Flaminius.
Le Campus Martius (littéralement « Champ de Mars ») doit son nom à la présence d’un autel dédié à Mars dès la plus haute antiquité, selon Festus l’autel est mentionné dans une loi de Numa Pompilius, ou plus simplement au fait que cette région est entièrement consacrée à Mars. Durant la royauté romaine, la plaine est utilisée comme pâture pour les moutons et les chevaux, comme zone de culture et comme espace pour l’entrainement athlétique et militaire des jeunes Romainsa 4. Selon une version de la tradition antique rapportée par Tite-Livea 5, la région a appartenu aux rois étrusques de la dynastie des Tarquins et c’est seulement après leur expulsion qu’elle est retombée dans le domaine public et a été dédié par la même occasion à Mars. Selon Denys d’Halicarnasse, la consécration de la région à Mars est antérieure aux règnes des Tarquins et leur appropriation du domainea 6.
Le Champ de Mars demeure un domaine public pendant toute la République et ce n’est qu’au début du ier siècle av. J.-C. que les premières parcelles sont vendues à des propriétaires privés afin de financer la guerre menée par Sylla contre Mithridate VI8. Les habitations privées ne commencent à apparaître que sous l’Empire mais se multiplient rapidement et les Régionnaires donnent pour le ive siècle un total de 2 777 insulae et 140 domus pour la Regio IX9.
La plupart des évènements qui se déroulent sur le Champ de Mars est étroitement associée à la guerre dont Mars est la divinité principale. C’est en effet dans cette région que le peuple romain en armes se rassemble et que sont célébrés les évènements à caractère militaire. Les troupes y sont entrainées et les généraux victorieux y exposent le butin rapporté des territoires conquis. De manière générale, le Champ de Mars est utilisé pour les évènements qui ne peuvent pas, pour des raisons religieuses, se dérouler dans les limites du pomerium. Les citoyens s’y rassemblent pour voter au sein des comices centuriates et des comices tributes, pour élire les magistrats et lors du census10,6. C’est dans cette zone que sont reçus les ambassadeurs étrangers qui ne peuvent pas pénétrer dans la ville. C’est également dans un édifice du Champ de Mars que se réunit le Sénat lorsqu’il s’agit de traiter d’affaires liées à la guerre comme décerner un triomphe à un général victorieux et de traiter d’affaires liées à la politique étrangère.
La région tient une place importante dans la religion romaine. Le Champ de Mars abrite principalement des cultes qui sont exclus des limites sacrées de la ville comme les cultes étrangers (celui d’Apollon Medicus par exemple) et les cultes liés aux divinités guerrières et infernales (ceux de Mars, Bellone et Dis Pater par exemple). Aux ides d’octobre (le 15 octobre) s’y déroule la principale fête religieuse célébrée en l’honneur de Mars, October equus. Selon la tradition, cette fête est instaurée durant le vie siècle av. J.-C. et est censée protéger les prochaines récoltes et les soldats qui sont revenus à Rome après une campagne militaire. Les festivités comprennent des courses de chars et le sacrifice d’un cheval11.
Monuments
Époque républicaine
Bien que n’étant pas intégré officiellement dans la ville de Rome sous la République, le Champ de Mars est considéré comme le quatrième quartier de la ville avec le Palatin, le Forum et le Capitole, comme l’atteste la construction de nombreux édifices publics (civils comme religieux) dans la partie méridionale dès l’époque républicaine (le Forum Holitorium et la zone du Circus Flaminius)6.
Fin de la République et principat d’Auguste
Au début de l’Empire, le Champ de Mars perd son rôle politique avec la disparition de la censure et la perte de pouvoirs puis la suppression des comices, mais la région n’est pas délaissée pour autant étant donné le potentiel en matière d’urbanisme qu’offre l’espace encore disponible au nord du Campus Flaminius12. Cet espace est déjà convoité et utilisé dès la fin de la République par Pompée qui construit un grand complexe comprenant un théâtre, un temple, des portiques et une curie et par César qui projette de construire de grandes Saepta monumentales13. C’est sous l’impulsion conjointe d’Auguste et d’Agrippaque l’espace libre se couvre véritablement de monuments publics avec le Panthéon, les thermes d’Agrippa, le temple de Bonus Eventus, les Saepta Iulia, le Diribitorium ou encore le portique Vipsania. Auguste choisit le nord du Champ de Mars pour établir l’autel de la Paix et son mausolée13.
Les monuments augustéens sont régulièrement restaurés et reconstruits par les différents empereurs. Le Panthéon notamment est transformé par Hadrien pour adopter la forme qu’on lui connaît aujourd’hui. Mais les successeurs d’Auguste ne se contentent pas seulement de maintenir en état ou de faire évoluer les monuments existants, ils en construisent de nouveaux14, le Champ de Mars restant la seule région où l’urbanisme impérial peut encore librement s’exprimer12. Les empereurs érigent de nombreux arcs de triomphe, Néron fait construire de vastes thermes, Domitien, un stade et un odéon, Antonin le Pieux un temple dédié à Hadrien divinisé et une colonne sur le modèle de la colonne Trajane à l’instar de Marc-Aurèle quelques années plus tôt15. Tous ces monuments dédiés aux loisirs ou abritant des activités commerciales sont construits en parallèle avec de grands jardins qui transforment la région en un « quartier de plaisance » qui occupe une place importante dans la vie quotidienne des citoyens romains16. L’empereur Valentinien III fut assassiné sur le Champ de Mars le 16 mars 455[réf. nécessaire].
Giacobbe Giusti, Champ de Mars (Rome)
La Piazza Navona a conservé la forme du stade antique.
Contrairement à d’autres quartiers de la Rome antique, le Champ de Mars n’a pas été abandonné au Moyen Âge. Le tracé des rues antiques a donc survécu, notamment celui de la Via Flaminia dont la portion à l’intérieur du mur d’Aurélien devient la Via Lata qui correspond à l’actuelle Via del Corso.
La région antique est aujourd’hui en partie incluse dans le rione Campo Marzio, un des 22 rioni de la ville moderne de Rome. Il est désigné dans la nomenclature administrative par le code R.IV.
La famille Borghèse y construisit un très important palais au début du xviie siècle.
Localisation du rione Campo Marziosur une carte du Municipio I de Rome.
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View of the Great Bath, part of the Roman Baths complex, a site of historical interest in the city of Bath, England. The baths, based on the local hot springs, were built during the Roman occupation of Britain and has become a major touristic site.
Mosaïque de bains publics (Sabratha, Libye) dont l’inscription, SALVOM LAVISSE, peut se traduire par « se laver est bénéfique ».
Les thermes romains (en latinthermæ, du grecthermos, « chaud ») sont des établissements abritant les bains privés ou publics (en latin : balnea) de la Rome antique qui participent au maintien de la santé publique en permettant aux populations de se laver dans de bonnes conditions d’hygiène. Leur ouverture progressive à toutes les couches sociales en fait des lieux de grande mixité. Durant l’Empire romain, la pratique du thermalisme dans des établissements dédiés accessibles à tous et offrant plus de services que la simple fonction de bain devient une caractéristique de la culture romaine.
Le terme latin thermae, qui dérive du grec θέρμαι1, semble apparaître assez tardivement pour désigner les grands établissements à double circulation2 ayant acquis les fonctions traditionnelles de la palestre grecque et dont les thermes de Néron sont le premier exemple à Rome3. Les sources antiques ne commencent à l’utiliser qu’après la construction des thermes de Titus, vers la fin du ier siècle, et des auteurs comme Cicéron ou Tite-Live ne l’emploient pas4. Avant cette évolution des dimensions pour accueillir davantage de baigneurs, les établissements de bains romains sont désignés par les termes balneae, balnea ou balinea (issus du grec βαλανειον), laconicuma 1 ou gymnasiuma 2,5. Ces termes ne disparaissent pas pour autant au profit du terme thermae et il semble se faire une distinction entre thermae et balnea, certaines installations comportant les deux comme les bains de Pompéi du consul de 64, Marcus Licinius Crassus Frugi6,a 3,n 1.
De manière générale, il semble que ce soit la taille et l’intégration de l’établissement dans le paysage urbain qui soient les critères permettant de distinguer les balnea des thermae après le ier siècle. Les premiers sont des établissements privés mais ouverts au public, de taille réduite et qui s’intègrent tant bien que mal dans les espaces réduits du tissu urbain. Au contraire, les thermaesont des établissements de grande taille qui sont construits au sein de vastes parcs et jardins entourés de portiques qui les séparent nettement des quartiers avoisinants. La construction de tels établissements est souvent prise en charge par l’État7.
Histoire
Les premiers bains romains
Plan des premiers thermes de Pompéi.
La pratique du bain chez les Romains s’inspire de celle attestée en Grèce depuis la fin du ve siècle av. J.-C. Les thermes de Stabies de Pompéi, fonctionnels dès le ive siècle av. J.-C., s’organisent autour d’une palestre centrale, élément typiquement grec, mais ne se composent au départ que de bains froids alimentés avec l’eau d’un puits8. Les premiers bains tièdes et chauds apparaissent durant la deuxième moitié du iie siècle av. J.-C. avec la diffusion du principe de l’hypocauste dans le monde romain que Pline l’Ancien attribue à Caius Sergius Orataa 4,8. Les premiers bains sont peu éclairés et lugubres7, le nombre et la taille des fenêtres étant réduits au minimum afin d’éviter les déperditions de chaleur. Ce problème est partiellement résolu avec l’apparition des tegulae mammatae (littéralement « tuiles à mamelons »). Ces tuiles plates équipées de pattes coniques permettent la création d’une cloison creuse où circule l’air chaud provenant de l’hypocauste. Ce principe est par la suite amélioré avec l’utilisation de conduits tubulaires dissimulés qui permettent une récupération de la chaleur plus efficace. Cette évolution technique, associée à l’invention des fenêtres en verre, entrainent une rapide transformation architecturale des bains qui deviennent plus vastes et plus lumineux à partir du ier siècle9.
L’ouverture au public et l’évergétisme impérial
Les premiers thermes sont privés et seules les villas des classes aisées disposent de bains et de latrines. Les premiers thermes publics n’apparaissent qu’au ier siècle av. J.-C. lorsque des particuliers commencent à proposer des bains froids et chauds et parfois des massages. Mais il faut attendre 19 av. J.-C. pour voir apparaître des thermes pensés pour accueillir un large public avec ceux construits sur l’ordre de Marcus Vipsanius Agrippa, proche conseiller et gendre de l’empereur Auguste. Peu à peu, aux bains froids s’ajoutent des salles tièdes et chaudes et les thermes se répandent dans toutes les provinces de l’Empire10. La pratique thermale devient caractéristique de la culture romaine et même les villes romaines les plus modestes s’équipent en établissements thermaux comme la colonie de vétéran de Timgad qui ne compte que 5 à 6 000 habitants mais qui possèdent huit établissements balnéaires11. Parfois, de riches citoyens font construire des thermes luxueux qu’ils mettent gratuitement à la disposition du public, une pratique qualifiée d’évergétisme par les historiens modernes. Dès le ier siècle, les premiers empereurs romains s’approprient cette pratique et font construire de grands thermes, à Rome et dans les provinces, dont l’accès est gratuit et ouvert à tous, considérés comme un cadeau de l’empereur à son peuple7.
Vers la fin du ier siècle av. J.-C., Rome compte environ 200 balnea11. Pour le ive siècle, les Régionnaires de Rome donnent un total de 856 bains pour la ville de Rome, dont la plupart sont de dimensions modestes mais dont certains rivalisent avec la magnificience des dix ou onze thermes impériaux recensés5. Si toutes les villes romaines possèdent des bains privés ou publics (certaines comme Trèves, Lutèce, Carthage, Éphèse ou Antioche possèdent des établissements rivalisant en taille et en luxe avec ceux de Rome11), cette profusion reste caractéristique de la ville de Rome. Par exemple, Pompéi et Ostie ne comptent que trois grands thermes et quelques balnea. Ces derniers sont toutefois plus luxueux que la plupart des balneade Rome5.
Pour les Romains, le bain représente à la fois un luxe et une nécessité. Ils se rendent aux bains ou aux thermes pour soigner leur hygiène corporelle grâce à des soins complets du corps. Le prix d’entrée dans les bains publics est généralement modique (un quadrans à l’époque de Cicéron), permettant l’accès à une grande partie du peuple. Toutefois, le prix d’entrée peut être très variable en fonction des services mis à disposition dans l’établissement12. L’accès est généralement gratuit pour les thermes impériaux7. Les thermes ne sont pas mixtes et les plus vastes voient certaines de leurs salles dédoublées afin de permettre un accès simultané aux hommes et aux femmes13. Toutefois, la plupart des thermes romains n’atteignent pas de telles proportions et pratiquent des horaires alternés pour chaque sexe, le matin étant généralement réservé aux femmes, tandis que les hommes en profitent tout l’après-midi et même en soirée14.
Les thermes, lieux de mixité sociale (toutes les strates de la société s’y retrouvent, même si elles ne se fréquentent pas nécessairement)m 1, ont aussi une fonction sociale importante : ils font partie intégrante de la vie urbaine romaine. Les Romains s’y lavent mais ils y rencontrent également leurs amis, font du sport, jouent aux dés, se cultivent dans les bibliothèques et peuvent aussi y traiter des affaires ou se restaurer.
La gestion des établissements de bains, surtout les plus modestes, est un métier peu réputé, difficile et peu rentable. Les quelques riches tenanciers représentés sur des mosaïques constituent une exception dans la profession12.
Si les thermes sont censés favoriser l’hygiène, la qualité des eaux peut laisser à désirerm 2. De plus, ils sont un lieu de propagation des nombreuses maladies qui sévissent dans la Rome antique (tuberculose, typhoïde, lèpre, malaria)15. Les thermes sont en effet recommandés par les médecins romains comme Celse, Galien ou Hippocrate qui les prescrivent pour soigner la tuberculose, la rage, les diarrhées ou les furoncles. Or, si les plus riches peuvent s’offrir un iatralipta (terme qui peut s’interpréter comme un médecin masseur) voire un chirurgien16, les autres citoyens, installés sur des banquettes le long des murs du laconicum ou du tepidarium, raclent la sueur avec un strigile. Les moins riches se frottent le dos et les membres contre la pavé ou les murs, ce qui peut favoriser la contagion de maladies infectieuses, notamment celles apportées par les commerçants, migrants et soldats. Les médecins romains, adeptes de la théorie des miasmes d’Hippocrate, ne réalisent pas que de nombreuses maladies sont causées par des microbes et que les thermes sont une source importante de ces germes infectieux17.
Architecture
Les plans-type
Les thermes impériaux
Avant l’avènement des grands thermes impériaux, les établissements balnéaires ne suivent pas de plan précis. Sous l’Empire, grâce à l’utilisation du béton, du verre et de nouvelles techniques de circulation de la chaleur, les thermes construits par les empereurs et les riches citoyens romains gagnent en taille et en luminosité. Les thermes impériaux deviennent de véritables complexes comprenant des équipements balnéaires chauds et froids, des piscines, des équipements sportifs (pistes de course, palestres) et des annexes dédiées à la culture et aux loisirs (auditoriums, bibliothèques)18. Se dessine alors progressivement un plan-type dont les bases sont posées avec la construction des thermes de Néron : une symétrie axiale avec dédoublement de certaines salles et une orientation selon un axe nord-sud19. Ce plan évolue au cours du ier siècleet acquiert ses traits définitifs avec la construction des thermes de Trajan. Le plan des thermes impériaux construits ultérieurement ne varie plus que sur certains détails et sur les dimensions toujours plus imposantes20.
Dans les provinces orientales, plus particulièrement en Asie Mineure, les thermes évoluent en un type de bâtiment complexe qualifié de thermes-gymnases21 issu de l’adaptation des pratiques thermales romaines aux installations grecques pré-existantes22. Certains de ces complexes se sont formés par simple accolement de thermes aux gymnases qui comportent déjà des installations balnéaires22. D’autres, dès l’époque républicaine, comportent une grande partie thermale et une palestre. Qualifiés de gymnasium ou de thermae, il s’agit en fait de thermes-gymnases23.
Les salles balnéaires
Les établissements thermaux se divisent en plusieurs salles aux fonctions proprement balnéaires. Les plus petits établissements ne proposent que le minimum de services et ne disposent que des principales salles (bains froids et chauds) dans des dimensions parfois très modestes12. Au contraire, les grands thermes impériaux se composent de très nombreuses salles, de grandes dimensions et souvent dédoublées.
Il s’agit d’une salle où les visiteurs se déshabillent et qui peut également faire fonction de vestiaires. Les baigneurs déposent leurs vêtements et affaires personnelles dans des niches, des casiers ou sur des étagères. Les vêtements sont parfois placés sous la surveillance directe d’un esclave24.
Cette piscine d’eau à température ambiante peut accueillir plusieurs baigneurs. Dans les petits établissements, la piscine (piscina) se trouve dans le frigidarium. Dans les établissements de plus grande importance, la piscine (natatio) occupe une salle indépendante, creusée au centre d’une cour à ciel ouvert qui peut être entourée d’un portique25.
Le tepidarium, cella tepidaria ou cella media est le nom donné à la pièce dite tiède. L’hypocauste n’est pas chauffé directement par son propre foyer mais par communication avec les salles chaudes situées à proximité. La pièce n’est pas équipée de dispositifs hydrauliques et devait servir de salle de transition entre les salles froides et les salles chaudes évitant aux baigneurs un changement trop brutal de température26. Dans les établissements balnéaires de dimensions modestes, le tepidarium sert également de salle de massages et est associé à l’unctuarium, une salle annexe où sont entreposés les huiles et les parfums26.
Le laconicum désigne l’étuve sèche, probablement chauffée à l’aide d’un brasero. Le sudatoriumcorrespond à l’étuve humide qui est chauffée par hypocauste. Ces deux salles, plus chaudes que le caldarium, permettent de provoquer une forte sudation nécessaire pour que le baigneur puisse se nettoyer la peau en profondeur27.
Il s’agit de la salle chaude équipée d’un hypocauste en sous-sol dont l’air est chauffé par un foyer. Les baigneurs peuvent simplement s’asperger d’eau chaude ou s’immerger dans les piscines14 dont l’eau est chauffée par une chaudière ou directement par le foyer de l’hypocauste27. Les thermes impériaux ne contiennent qu’un seul caldarium, placé généralement au centre de l’aile méridionale afin de profiter au mieux de la chaleur dispensée par les rayons solaires. Certains thermes romains en province peuvent contenir deux ou trois pièces de ce type28. Dans les bains de l’époque républicaine, le caldarium comprend une piscine d’eau chaude (alveus) à une extrémité de la pièce et une vasque d’eau froide (schola labri) à l’autre extrémité, placée au centre d’une abside29.
Restitution du caldarium des thermes de Pompéi avec la schola labri au centre.
Les salles sportives et culturelles
Les thermes complètent souvent leurs équipements proprement balnéaires avec une palestre pour l’exercice physique. Les grands thermes de l’époque impériale constituent de véritables complexes de loisirs avec des jardins, des salles de spectacle, des auditoriums où on peut écouter des orateurs14 et des bibliothèques. Ces espaces dédiés au sport et à la culture offrent la possibilité de prolonger le bain par un moment de détente pour le corps et l’esprit selon le célèbre précepte de Juvénal : « un esprit sain dans un corps sain » (en latin : mens sana in corpore sano).
Le sol recouvert de mosaïques est chauffé par un système de chauffage par le sol et de réservoirs, l’hypocauste, alimenté par un foyer attenant, le praefurnium. Les fumées du foyer sont évacuées par des conduites (tubuli) situées dans l’épaisseur des murs qui sont chauffés par la même occasion. L’approvisionnement en eau est effectuée grâce aux aqueducs.
L’apparition du verre permet aux architectes romains d’équiper les thermes de grandes fenêtres fermées pour limiter les déperditions de chaleurs mais le verre romain n’étant pas assez transparent pour laisser passer toute la lumière du Soleil ou pour profiter du paysage, les ouvertures pratiquées sur les façades donnant vers le sud sont laissées libres et sont équipées d’un système de volets amovibles qui s’ouvrent plus ou moins afin de contrôler plus efficacement la température intérieure7.
Des femmes se servent de strigiles et d’éponges pour se nettoyer la peau, Lawrence Alma-Tadema, 1879.
Après leur matinée de travail, les Romains vont couramment aux thermes pour se détendre et suivent un parcours d’échauffement progressif puis de refroidissement. Les premiers itinéraires sont rétrogrades, c’est-à-dire que le baigneur passe par les mêmes pièces à l’aller et au retour. Il a ensuite évolué afin de ne pas faire repasser le baigneur par les mêmes salles et de limiter les croisements entre baigneurs. L’itinéraire est devenu circulaire pour les grands thermes et semi-circulaire pour les installations plus petites.
Tout d’abord, le baigneur dépose ses vêtements dans les vestiaires (apodyterium ou spoliatorium), puis s’échauffe en faisant du sport pour transpirer : jeux de balles, course à pied ou haltérophilie. Celui qui ne souhaite pas réaliser un effort physique se rend dans le tepidarium, la salle tiède, puis dans la salle plus chauffée du laconicum (étuve sèche) ou du sudatorium (étuve humide) afin de transpirer10. Il passe ensuite aux bains chauds, se racle la peau à l’aide d’un ustensile appelé le strigile, sorte de racloir en fer recourbé puis il pénètre dans l’étuve (caldarium). Le bain de propreté est alors terminé. Après s’être reposé dans le caldarium, le baigneur passe aux bains tièdes, aux bains froids, pour enfin aller se faire masser, épiler ou encore parfumer. Généralement, les Romains s’enduisent le corps d’huile dans le destrictarium (les Romains n’utilisent pas le savon, cependant connu des Gaulois). Les huiles et parfums sont conservés dans un unctuarium, une salle présente et identifiée dans les thermes romains de Glanumpar exemple.
Littérature
Dans ses Lettres à Lucilius (livre VI, lettre 56), le philosophe romain Sénèque se plaint du bruit montant des bains publics au-dessus desquels se trouve son logis au moment où il écrit. Source de nombreux détails de la vie quotidienne aux bains, son texte forme une réflexion sur l’évolution de l’architecture et de l’usage des thermes au fil du temps, mais aussi plus généralement sur le thème de l’agitation quotidienne opposée au calme que recherche le philosophe.
Bande dessinée
Le manga japonais Thermae Romae, publié par Mari Yamazaki de 2008 à 2013, relate les aventures d’un architecte romain spécialisé dans les thermes qui se retrouve régulièrement propulsé dans des onsen, des bains japonais, au xxe siècle. L’intrigue est le prétexte à des aventures comiques et pédagogiques qui dressent un parallèle entre les cultures des bains des deux pays et des deux époques.
Notes
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René Ginouvès, Dictionnaire méthodique de l’architecture grecque et romaine : Tome III. Espaces architecturaux, bâtiments et ensembles, Rome, École française de Rome, coll. « Publications de l’École française de Rome » (no 84), , 492 p.
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Ouvrages sur les thermes
Collectif, Les thermes romains. Actes de la table ronde organisée par l’École française de Rome (Rome, 11-12 novembre 1988), Rome, Collection de l’École française de Rome, n°142, 1991, 221 pages, (ISBN 2-7283-0212-6) édité erroné (notice BnFnoFRBNF35469779).
(en) Fikret K. Yegül, « Roman Imperial Baths and Thermae », dans Roger B. Ulrich et Caroline K. Quenemoen (dir.), A Companion to Roman Architecture, Blackwell Publishing, coll. « Blackwell companions to the Ancient World », , p. 299-323
Alain Bouet, « Thermes et pratique balnéaire en Gaule romaine », Les dossiers d’Archéologie, no 323,
Yvon Thébert, Thermes romains d’Afrique du Nord et leur contexte méditerranéen : études d’histoire et d’archéologie, École française de Rome, , 733 p.
Luc Duret et Jean-Pierre Néraudau, Urbanisme et métamorphoses de la Rome antique, Les Belles Lettres,
(en) Katherine M. D. Dunbabin, « Baiarum grata voluptas : pleasures and dangers of the Baths », Papers of the British School at Rome, vol. 57, , p. 6-46 (DOI10.1017/S0068246200009077)
(en) Garrett G. Fagan, Bathing in Public in the Roman World, University of Michigan Press,
(de) M. Wissemann, « Das Personal des antiken römischen Bades », Glotta, vol. 62,
Localisation du point d’entrée de la voie dans le Forum Romain,
de la Summa Sacra Via et de l’extrémité orientale du « tracé court » dans la Rome antique (en rouge)
La Voie Sacrée(en latin : Sacra Via, plus rarement Via Sacra) est la plus ancienne et la plus célèbre des ruesde la Rome antique. Avec la Nova Via, ce sont les deux seules rues de la ville à être qualifiées de viaeavant l’avènement de l’Empire et l’apparition de nouvelles viae comme la Via Tecta sur le Champ de Mars.
Localisation
La voie traverse plusieurs quartiers du centre historique de Rome, reliant les Carinae sur les pentes occidentales du mont Oppius, quartier à la mode à la fin de la République1, au Forum Romain et l’Arx. Elle est placée dans la Regio IVpar les catalogues régionnaires2.
Fonction
Pierre Grimal voit dans son tracé un decumanus, un des axes traditionnels de toute fondation de cité romaine3.
Aux ides de chaque mois, consacrés à Jupiter, des prêtres sacrificateurs emportent les idulia sacra nécessaires à l’accomplissement du rite, dont un bélier (idulis ovis)4, de l’autel de Strenia jusque sur l’Arx en empruntant la Sacra Via, voie que les augures inaugurent depuis la colline2,5. Les entrailles du bélier castré sacrifié par le Flamen Dialis sont déposées devant le temple de Jupiter Capitolin, situé sur l’autre sommet du Capitole. Si la procession passe par l’Arx auparavant, c’est peut-être en souvenir d’un culte plus ancien rendu à Jupiter sur le plus haut des deux sommets du Capitole4. La voie pourrait tirer son nom de ces idulia sacra transportés mensuellement tout au long de son parcours5.
Histoire
Son origine, très ancienne, pourrait remonter à la fondation de Rome. Il ne s’agit alors que d’un chemin longeant le cours d’eau qui descend la vallée séparant la Velia du Palatin, vers la dépression plus tard occupée par le Forum, une zone dans laquelle on retrouve trois murs construits entre le viiie et le vie siècle av. J.-C. qui devaient servir à délimiter les zones habitées. Avec les travaux de drainage et d’assainissemententrepris par les Tarquins, il est devenu possible de transformer ce chemin en véritable via, une des plus anciennes routes de Rome6 avec la Nova Via dont le tracé est quasiment parallèle et qui remonte également à l’époque royale7. Par extension, le terme Sacra Via désigne aussi le quartier qui se développe le long de la rue et dont les habitants sont appelés Sacravienses8.
Description
Tracé court
Établir le tracé de la Voie Sacrée dans Rome demeure problématique pour les archéologues et les historiens étant donné que pour le décrire, les auteurs antiques utilisent des monuments comme points de repère dont on ne connaît pas la localisation avec précision, comme le temple de Jupiter Stator, la Porta Mugonia et l’autel de Strenia. De plus, la topographie entre le Forum et le Colisée a fortement changé au cours de l’histoire de Rome, surtout après le règne de Néron9. Du fait de nombreuses incertitudes, plusieurs hypothèses ont été proposées. Toutes ont en commun un « tracé court » d’environ 70 mètres qui débute au sommet de la Velia, près d’un temple dédié au culte des Lares, de la résidence du Rex sacrorum, du temple de Jupiter Stator et du plus tardif arc de Titus10. Cette section de la rue est appelée Summa Sacra Via. La voie conduit ensuite jusqu’à l’extrémité orientale du Forum Romain, section appelée Sacer Clivus, jusqu’à la Regia ou à l’arc de Fabius. Le fait d’emprunter cette rue dans ce sens se dit Sacra Via descenderea 1 ou deducerea 2,11. La Sacra Via pourrait porter ce nom car elle borde des lieux de cultes qui occupent une place importante dans la religion romaine comme les sanctuaires des Lares, de Jupiter et de Vesta, d’où un caractère éminemment sacré2.
Tracé étendu communément admis
Selon Varrona 3 et Festusa 4, la Sacra Via est plus étendue12. La voie aurait été dès son origine le chemin emprunté par les processions religieuses. Son point de départ coïnciderait avec l’autel de Strenia (sacellum Streniae), dont on ne connaît rien sinon qu’il se situerait dans la région des Carinae, quelque part au nord-est du site plus tard occupé par le temple de Vénus et de Rome9. La voie monterait ensuite jusqu’au sommet de la Velia puis redescendrait jusqu’au Forum qu’elle traverserait d’est en ouest, jusqu’au Comitium, puis monterait vers le Capitole et mènerait sur l’Arx par le Gradus Monetae, plus tard remplacé par l’escalier des Gémonies2. Toutefois, Varron précise que l’usage commun limite la voie au « tracé court » décrit précédemment, de la Velia à la Regia13. De nos jours, le terme de Sacra Viahérité de Festus et Varron englobe tout le trajet, depuis les Carinae jusqu’à l’Arx13, qui pourrait correspondre à la voie mise au jour en 1901 par Giacomo Boni.
« À ce mont [Caelius] touchent les Carènes […] Ce lieu, d’abord appelé Carènes à cause de sa contiguïté, fut ensuite nommé Cerolia, parce que c’est là, près de l’oratoire de Strénia, que commence la voie Sacrée, qui aboutit à la citadelle [Arx], par où les sacrificateurs passent tous les mois pour se rendre à la citadelle, et par laquelle les augures, venant de la citadelle, ont coutume d’inaugurer. On ne connaît communément de la voie Sacrée que la partie où l’on commence à monter en venant du Forum. »
« Quelques-uns pensent que la voie Sacrée fut ainsi nommée parce que l’alliance entre Romulus et Tatius y fut conclue. Selon d’autres, ce nom lui est venu de ce que les prêtres y passent pour aller faire les sacrifices iduliens. Il ne faut donc point, comme le vulgaire le suppose, l’appeler Sacrée depuis le palais du roi jusqu’à la maison du roi des sacrifices, mais aussi depuis la maison du roi jusqu’à l’oratoire de Strenia, et encore depuis la maison du roi jusqu’à la citadelle. Verrius dit qu’il ne faut pas l’appeler Sacravia d’un seul mot, mais séparer les deux mots, comme on le fait pour les autres voies, Flaminia, Appia, Latine de même qu’il faut écrire Nova via (la voie Neuve, en deux mots), et non Novavia (en un seul mot). »
Depuis les années 80, l’archéologue italien Filippo Coarelli propose une refonte complète de la topographie de la zone comprise entre le Forum et le Colisée, dite « révolution coarellienne ». En s’appuyant sur les descriptions de Varron et Festus et en identifiant la domus regis sacrificuliévoquée par Festus à la domus publica qui agrandit la Maison des vestales vers l’est, il montre que les informations données par les deux auteurs concordent9. Il émet de plus l’hypothèse que toutes les mentions de la Sacra Via dont on dispose dans les sources littéraires et épigraphiques se réfèrent au « tracé court ». Selon Coarelli, le tracé de la Sacra Via s’écarte du tracé communément admis à hauteur de la basilique de Maxence. La voie bifurquerait vers le nord avant de se diriger vers l’est et d’atteindre les Carinae situées sur la Via dei Fori Imperiali, derrière le portique du temple de Vénus et de Rome. Selon cette hypothèse, le temple de Romulus et le temple de Jupiter Stator ne font qu’un, une théorie qui ne fait pas l’unanimité étant donné que le temple est traditionnellement placé au sud de la Sacra Via tandis que le temple dit « de Romulus » longe son côté nord14.
Le tracé proposé par l’archéologue Maria Antonietta Tomei reste commun au tracé de Giacomo Boni de la Regia jusqu’à l’arc de Titus. Elle situe le sacellum Streniae sur le Palatin, dans la zone occupée plus tard par le temple d’Élagabal et identifie le temple de Jupiter Stator avec les vestiges d’un podium situé le long du Clivus Palatinus. Ainsi, selon son hypothèse, la Sacra Via tourne vers le sud juste avant d’atteindre l’arc de Titus, suit le Clivus Palatinussur une centaine de mètres puis tourne vers l’est une fois dépassés les vestiges du podium14.
The road was part of the traditional route of the Roman Triumph that began on the outskirts of the city and proceeded through the Roman Forum. In the 5th century BC, the road was supported by a super-structure to protect it from the rain.[citation needed]Later it was paved and during the reign of Nero it was lined with colonnades.
The road provided the setting for many deeds and misdeeds of Rome’s history, the solemn religious festivals, the magnificent triumphs of victorious generals, and the daily throng assembling in the Basilicas to chat, throw dice, engage in business, or secure justice. Many prostitutes lined the street as well, looking for potential customers.
Course
While the western stretch of the Via Sacra which runs through the Forum follows the original ancient route of the road, the eastern stretch between the end of the forum and the Colosseum, which passes underneath the Arch of Titus, is a redirection of the road built after the Great Fire of Rome in AD 64.[1] In the Republic and Early Empire, the route forked to the north near the House of the Vestals and passed through a saddle in the Velian Hill, now occupied largely by the Basilica of Maxentiusand the modern Via dei Fori Imperiali. As part of his rebuilding program following the fire, Nero essentially straightened the road by redirecting it between the Velian and Palatine Hills, creating grand colonnades on either side for shop stalls and commerce.[2]
Sources
Filippo Coarelli (2014). Rome and Environs. University of California Press. p. 81-82.
Fragmentary statue of Aphrodite, type of the “Esquiline Venus”. Roman copy of the Imperial Era (2nd century CE) after an Hellenistic Venus Anadyomenes.
The sculpture is thought to have been based on an original Hellenistic statue from the Ptolemaic Kingdom. It possibly depicts Venus-Isis, a conflation of Venus with the goddess Isis. The copy was likely commissioned by emperor Claudius to decorate the Horti Lamiani. [2] The vase depicted next to the female figure includes an asp or uraeus, depictions of the Egyptian cobra.[3]
In style the Esquiline Venus is an example of the Pasitelean « eclectic » Neo-Atticschool, combining elements from a variety of other previous schools – a Praxiteleanidea of the nude female form; a face, muscular torso, and small high breasts in the fifth-century BC severe style; and pressed-together thighs typical of Hellenisticsculptures.[8] Its arms must have broken off when the statue fell after the imperial park in which it stood fell into neglect after antiquity. They have been frequently restored in paintings (see below), but never in reality.
The statue’s subject has variously been interpreted, as the Roman goddess Venus (possibly in the form Venus Anadyomene), as a nude mortal female bather, a female version of the diadumenos tying up the hair with a fillet (see below). The Esquiline Venus is generally thought to be a mid-1st-century AD Roman copy of a 1st-century BC Greek original from the school of Pasiteles.[1] Its provenance has been characterized both as a Ptolemaic-Egyptian commission or as a copy of one, perhaps a copy commissioned by Claudius himself for the imperial gardens. This identification is based on the statue’s Egyptian-style robe, descending over a vase, the asp or uraeusEgyptian cobra on the vase, and curly hair; if correct, these features could make it a cult statue of the goddess Isis, or an image (perhaps that set up by Julius Caesar) of Cleopatra VII as Isis or Venus-Isis (the two were frequently conflated). This view is backed by the Italian philologist Licinio Glori in 1955. Or she could be a copy of the statue of Cleopatra set up by Caesar in the temple of Venus Genetrix, a view supported by Bernard Andreae.[9] In addition to hairstyle and facial features, the apparent royal diadem worn over the head is also an indication that it depicts Cleopatra.[10][1]Detractors of this theory argue that the facial features on the Berlin bust and coinage of Cleopatra differ and assert that it was unlikely she would be depicted as the naked goddess Venus (i.e. the Greek Aphrodite).[10][1] However, she was depicted in an Egyptian statue as the goddess Isis.[11]
In modern art
Giacobbe Giusti, Esquiline Venus
« Diadumene », by Poynter
The sculpture inspired many artistic reconstructions in the decade after its discovery. Chief among these are Sir Lawrence Alma-Tadema‘s A Sculptor’s Model (1877) and Edward Poynter‘s Diadumene (1884).[12] These both portrayed the statue’s model binding her hair with a strip of fabric (as with the statue type diadumenos) in preparation for modelling for the sculptor or for taking a bath respectively. Poynter believed this to be the correct reconstruction partly because the remains of the little finger of her left hand are visible on the back of her head, suggesting that her left arm was raised to hold her hair in place, whilst the right hand wound the fabric. At the Museo Centrale Montemartini, the Esquiline Venus is now usually displayed behind a ‘pool’ (actually a glass floor panel) in tribute to this rendering.
From December 2006 to February 4, 2007 the sculpture was the centrepiece of the exhibition « Cleopatra and the Caesars » at the Bucerius Kunst Forum at Hamburg,[14]following which, from March to June 2007, she was at the Louvre for the Praxiteles exhibition.
Jump up^« The identification is attractive, but not certain, according to Lawrence Richardson, A new Topographical Dictionary of Ancient Rome,s.v. « Horti Lamiani ».
Jump up^Robinson: « the Esquiline Venus is an anomalous work, for while the body is modelled with a voluptuousness that almost oversteps the line dividing the nude from the naked, the head is treated with archaic severity, in the style of the first half of the fifth century », quoted in Edmund von Mach, A Handbook of Greek and Roman Sculpture 1905, plate 318 and p 348f.
Jump up^Poynter worked from the cast of the original in the Sculpture Court of the Victoria and Albert Museum, according to the reviewer in Blackwood’s Edinburgh Magazine, « The Decline of Art: the Royal Academy and Grosvenor Gallery », July 1885, in an extended justification of nudity in art: « Slightly, however, he has seen fit to modify the head: archaic curls are relaxed into flowing locks, and severe features relent into society smiles » (p. 13).
Mary Beard, ‘Archaeology and Collecting in late-nineteenth century Rome’, from exhibition catalogue to the Royal Academy exhibition « Ancient Art to Post-Impressionism – Masterpieces from the Ny Carlsberg Glyptotek, Copenhagen »
La basilique souterraine de la porte Majeure(en italien : Basilica sotterranea di Porta Maggiore) est un édifice antique construit selon un plan basilical située à Rome, dans le quartierPrenestino-Labicano, près de la porte Majeure.
Localisation
Les vestiges de l’édifice ont été découverts par hasard en 1917, à la suite de l’effondrement de l’une des voûtes du vestibule qui se trouve sous le viaduc qui supporte les voies ferrées menant à la gare centrale (stazione Termini) et, au niveau du sol du viaduc, la ligne de tramway qui dessert le quartier de la Via Praenaestina1.
Fonction
La fonction précise de l’édifice demeure inconnue et fait l’objet de plusieurs hypothèses. Il peut s’agir d’un tombeau ou d’une basilique funéraire, d’un nymphée, d’un temple néopythagoricien2 comme semble l’attester la nature du décor, ou plus simplement d’un endroit dont la fraîcheur est appréciée en été sans fonction religieuse (specus aestivus)3.
Description
La structure souterraine présente d’abord un vestibule ou pronaos carré de petites dimensions dont l’ouverture du plafond constitue l’unique source d’éclairage de tout l’édifice. On accède à ce vestibule depuis la Via Praenaestina par une volée de marches. On pénètre ensuite dans une grande salle rectangulaire de 12 × 9 m4 dont le sol se situe à environ 7 mètres sous le niveau de la rue. Elle est agencée selon un plan basilical : la salle est divisée en trois nefs voûtées séparées par deux lignes de trois gros piliers supportant des arches1. La nef centrale, plus large, se termine en une abside centrale5.
Les parois et les voûtes des deux salles sont couvertes de décors élaborés de stucs blancs représentant des scènes mythologiques qui ont pour thèmes la destinée de l’âme et les secrets de l’initiation aux Mystères. On y voit notamment Zeus enlevant Ganymède, Médée présentant une potion au dragon qui garde la Toison d’or afin que Jason puisse s’en emparer, la poétesse Sapphose jetant dans la mer (bien que cette interprétation ne fasse pas l’unanimité5), ainsi que des Victoiresailées, des têtes de Méduses, des enfants qui jouent, des âmes conduites aux Enfers, un rite de mariage, des objets de culte, des animaux et un pygmée revenant à sa case après la chasse, et bien d’autres sujets encore.
Selon une théorie récente, proposée par H. van Kasteel, tous ces tableaux mythologiques correspondraient plus exactement à des passages de l’Énéide de Virgile, dont le contenu se rapprocherait significativement de celui du mythe grec supposément illustré. Ainsi, derrière la figure de Sappho descendant dans une barque à Leucade, se cacherait Cléopâtre s’embarquant à Leucade (cf. chant VIII de l’Énéide); derrière Ganymède enlevé par un homme ailé, se situerait Palinure enlevé par le Sommeil ailé (chant V); la magicienne Médée occulterait en réalité Didon se livrant à des rites magiques (chant IV); etc.
La conservation exceptionnelle des décors de stucs est due au temps très bref d’utilisation du lieu4, construit vers le milieu du ier siècle et abandonné moins d’un demi-siècle plus tard3. En raison de la fragilité des structures et des décors, l’accès au site a été longtemps fermé au public, mais après les récents travaux de restauration, le monument devrait être durablement accessible dès le centenaire de sa découverte (à partir d’avril 2017).
Franz Cumont, « La basilique souterraine de la Porta Maggiore », Revue Archéologique, vol. II, , p. 51-73
Franz Cumont, « La basilique souterraine découverte près de la Porta Maggiore, à Rome », Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 62, no 4, , p. 272-275 (lire en ligne [archive])
H.M.R. Leopold, « La basilique souterraine de la Porta Maggiore », Mélanges de l’école française de Rome, vol. 39, , p. 165-192 (lire en ligne [archive])
Jérôme Carcopino, « La Basilique pythagoricienne de la Porte majeure », Bibliothèque de l’École des Chartes, vol. 88, , p. 315-316 (lire en ligne [archive]).
Filippo Coarelli, Guide archéologique de Rome, Hachette, (ISBN2012354289), p. 161-164
The Porta Maggiore Basilica is an underground basilica[1] discovered in 1917 near Porta Maggiore in Rome. It is dated to first century BC [2]. It is believed to the meeting place of the neo-Pythagoreans, and is the only historical site that has been associated with the neo-Pythagoreanmovement. This school of mystical Hellenistic philosophy preached asceticism and was based on the works of Pythagorasand Plato.[3] It was a precursor to the basilicas built during the Christian period, centuries later. It was opened to small groups of visitors only in April 2015.
Discovery
It is 12 m (40 ft) below the street level. The underground chamber was discovered accidentally in 1917 during the construction of a railway line from Rome to Cassino. An underground passage caved in, revealing the hidden chamber.[4]
History
The structure is thought to have been constructed by the Statilius family. The then head of the family, Titus Statilius Taurus, was accused by the Senate for what Tacitus in his Annals called “addiction to magical superstitions”. He protested his innocence but eventually committed suicide in CE53.
Architecture
The basilica has three naves lined by six rock pillars and an apse. [5][6]They are decorated with stucco images of centaurs, griffins and satyrs. Classical heroes such as Achilles, Orpheus, Paris and Hercules are also represented.[7][8]
Originally the basilica was entered through a long downhill entrance from the Prenestina Street, and through a vestibule.[9]
Opening
It has undergone a restoration that has taken several years. In 1951 a concrete shell was constructed that enclosed the entire basilica. Air purifiers have been installed to combat radon gas.
The 40ft-long basilica is now opened to visitors. The visiting groups are kept small because of the fragility of the monument. The temperature and humidity must be kept within a narrow range. It is open during 2nd and 4th Sunday of every month, and the tour must be prearranged.[10]
Les thermes de Constantin (en latin : Thermae Constantinianae ou Constantinianum lavacruma 1) sont les derniers grands thermes impériauxconstruits à Rome, sur le Quirinal, à l’instigation de Constantin Ier.
Localisation
Les Régionnaires de Rome situent les thermes dans la Regio VI, dans la partie méridionale du plateau occupant le sommet du Quirinal. Ils occupent l’espace restreint délimité par le Vicus Longus, l’Alta Semita, le Clivus Salutis et le Vicus Laci Fundani1. Comme les thermes sont construits sur les pentes de la colline, il a été nécessaire d’aménager auparavant une large plate-forme artificielle recouvrant les ruines des habitations plus anciennes des iie, iiie et ive siècle2.
Histoire
Les thermes sont gravement endommagés lors d’un incendie puis d’un tremblement de terre. Ils sont remis en état en 443 par le préfet de la Ville Petronius Perpenna Magnus Quadratianusa 2,1. D’importants vestiges sont encore visibles au début du xvie siècle, permettant aux architectes et artistes de cette époque d’établir des relevés. Ces ruines sont entièrement détruites entre 1605 et 1621 pour libérer l’espace nécessaire à la construction du Palazzo Rospigliosi3.
Description
Étant donné les contraintes topographiques du site choisi pour la construction, le plan des thermes de Constantin diffère sensiblement du plan-type adopté par les autres thermes impériaux. L’édifice est orienté selon un axe nord-sud avec des entrées principales au centre du côté nord et sur le côté ouest. Comme les salles principales occupent tout l’espace entre les deux rues latérales, il n’y a pas de péribole comme pour les autres thermes impériaux. Il est remplacé par une enceinte qui s’étend plus loin que les salles balnéaires et qui se rejoignent au nord par un mur courbe. L’entrée occidentale est précédée d’une large volée de marches qui mènent du sommet de la colline jusqu’au Champ de Mars en contrebas. Le fait que le frigidarium soit construit sur un axe nord-sud et non est-ouest est une autre conséquence de l’adaptation à un espace limité. Le caldarium et le tepidarium, placés derrière le frigidarium, sont tous deux de formes circulaires2.
Les deux statues colossales sur une gravure du Piranèse.
Giacobbe Giusti, Thermes de Constantin (Rome)
Une des statues sur la Fontana del Quirinale.
Quelques statues qui faisaient partie de la décoration de l’établissement balnéaire ont été retrouvées sur place, comme les statues colossales des Dioscures avec leurs chevaux qui ornent aujourd’hui la Piazza del Quirinale. Ces statues ont probablement été placées dans les thermes lors de la restauration de 4431. On peut également citer les statues en bronze d’un pugiliste et d’athlètes exposées de nos jours dans le Palais Massimo alle Terme et deux statues de Constantin, l’une placée actuellement dans la basilique Saint-Jean-de-Latran et l’autre Piazza del Campidoglio avec une statue de son fils Constant Ier2.
(en)Samuel Ball Platner et Thomas Ashby, A topographical dictionary of Ancient Rome, Londres, Oxford University Press, , 608 p.
(en)Lawrence Richardson, A New Topographical Dictionary of Ancient Rome, Johns Hopkins University Press, , 488 p.(ISBN0801843006)
Giacobbe Giusti, Baths of Constantine (Rome)
Remains of the Baths of Constantine in the 16th century
Baths of Constantine (Latin, Thermae Constantinianae) was a public bathing complex built on the Quirinal Hill in Rome by Constantine I, probably before 315.[1]
Ancient Constantinople and Arles also had complexes known as Baths of Constantine.
History
Construction and plan
The last of Rome’s bath complexes, they were constructed in the irregular space between the vicus Longus, the Alta Semita, the clivus Salutis and the vicus laci Fundani, and as this was on a side-hill, it was necessary to demolish 4th-century houses then on the site (beneath which are ruins of second- and third-century houses) and make an artificial level over their ruins.[2] Because of these peculiar conditions these thermae differed in plan from all others in the city – no anterooms were provided on either side of the caldarium, for instance, since the building was too narrow. The building was oriented north-south so as to heat it using the sun, with principal entrances on the west side, with a flight of steps down from the hill’s summit to the campus Martius, and on the middle of the north side.
As the main structure occupied all the space between the streets on the east and west, the ordinary peribolus was replaced by an enclosure across the front which was bounded on the north by a curved line, an area now occupied by the Palazzo della Consulta. The frigidarium seems to have its longer axis north and south instead of east and west, and behind it were tepidarium and caldarium both circular in shape.
Enough of the structure was standing at the beginning of the sixteenth century to permit of plans and drawings by the architects of that period, and these are the chief sources of our knowledge of the building.[6] The remains were almost entirely destroyed in 1605‑1621 during the construction of the Palazzo Rospigliosi, but some traces were found a century later,[7] and since 1870.[8] Some of these can now be seen beneath the Palazzo’s casina.
Art works
Notable art works were found on the site of these thermae, among them
For the thermae in general, see H. Jordan, Topographie der Stadt Rom, pp. 438‑441; Rheinisches Museum fur Philologie, Neue Folge, 1894, 389‑392; Jord. II.526‑528; O. Gilbert, Geschichte und Topographie der Stadt Rom in Altertum (Leipzig 1883-1890), vol. III p. 300; Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft, vol. IV, 962‑963; Reber, Die Ruinen Roms, 2nd ed. (Leipzig, 1879), pp. 496‑500; Canina Ed. iv. pls. 220‑222; Memorie della Classe di Scienze Morali, Storiche e Philologiche della R. Accademia dei Lincei, series 5, 17 (1909), pp. 534, 535.
Jump up^Mitteilungen des Deutschen Archaologischen Instituts, Romische Abteilung, 1898, pp. 273‑274; 1900, pp. 309‑310
Jump up^See especially Serlio, Architettura iii.92; Palladio, Le Terme, pl. XIV.; Dupérac, Vestigii, pl. 32; R. Lanciani, Storia degli Scavidi Roma(Rome, 1902-12), Vol. III, pp.196‑197; Ant. van den Wyngaerde, Bullettino della Commissione Archeologica Comunale di Roma 1895, pls. VI.-xiii.; H. Jordan, Topographie der Stadt Rom in Altertum (Berlin: 1906), Vol. I Part 3, p. 439 n 131
Jump up^Bullettino della Commissione Archeologica Comunale di Roma, 1895, p. 88; H. Jordan, Topographie der Stadt Rom, Vol. I, Part 3, p. 440, n133
Jump up^Notizie degli Scavi di Antichita comunicate alla R. Accademia dei Lincei 1876, 55, 99; 1877, 204, 267; 1878, 233, 340
Jump up^CILVI, 1148, CILVI, 1149, CILVI, 1150; F. Matz and F. von Duhn, Antike Bildwerke in Rom (1881-1882), p. 1346; W. Helbig, Fuhrer durch die offentlichen Sammlungen Roms, Third edition 3 (revised by Amelung), Vol. I p. 411
Jump up^Matz-Duhn, p. 4110; Papers of the British School at Rome Vol. VII, pp. 40‑44; Mitteilungen des Deutschen Archaologischen Instituts, Romische Abteilung, 1911, p. 149
Konstantinsthermen (Rom)
Überreste der Thermen im 16. Jahrhundert
Die Konstantinsthermen waren die letzten großen Thermen, die im antiken Rom erbaut wurden. Sie wurden möglicherweise von Kaiser Maxentius begonnen und unter Konstantin dem Großen vollendet.
Konstruktion und Architektur
Über die Thermen, die in der Regierungszeit Konstantins im Juli 315 n. Chr., als dieser sich in Rom aufhielt, eingeweiht wurden, ist nur wenig bekannt. Sie wurden auf dem unregelmäßigen freien Raum zwischen dem Vicus Longus, der Alta Semita, dem Clivus Salutis und dem Vicus laci Fundani erbaut. Da das Gelände hügelig war, wurden die bereits auf dem Gelände stehenden Wohnhäuser aus dem 3. Jahrhundert als Unterbau verwendet, um eine Ebene zu erhalten, auf der die Thermen errichtet wurden.[1] Aufgrund der verfügbaren Grundstücksfläche unterscheiden sich die Thermen von allen anderen in Rom. So wurde beispielsweise auf beiden Seiten des Caldariums auf Vorräume verzichtet, da der verfügbare Platz zu schmal war. Die Anlage war von Norden nach Süden ausgerichtet, um die Sonne zur Erwärmung zu nutzen. Die Haupteingänge lagen in der Mitte der Nordseite und im Westen, von wo aus eine Freitreppe vom Hügelgipfel zum Marsfeld (Campus Martius) hinunterführte.
Da das Hauptgebäude sämtlichen Raum zwischen den Straßen im Westen und Osten einnahm, wurde auf den üblichen Peribolos verzichtet und nur der Vorderteil der Anlage mit einer halbkreisförmigen Umfassungsmauer umgeben, wo heute der Palazzo della Consulta steht. Das Frigidarium scheint seine längere Achse in Nordsüdausrichtung besessen zu haben statt in Ost-West-Ausrichtung. Dahinter befanden sich das Tepidarium und das Caldarium, jeweils in runder Form.
Zwei Erwähnungen der Thermenanlage in antiken Quellen finden sich bei Aurelius Victor[2], und bei Ammianus Marcellinus[3]. Der von ihm angesprochene Versuch einer Brandstiftung gehört ins Jahr 367. Eine weitere Beschädigung mag während der Besetzung Roms durch die Westgoten des HeerkönigsAlarich I. im August 410 vorgekommen sein. Darüber hinaus wird die Anlage im 9. Jahrhundert im Itinerarium Einsidlense[4] genannt.
Die Bäder litten im Jahrhundert nach ihrer Errichtung stark durch Feuer und Erdbeben und wurden 443 n. Chr. vom Stadtpräfekten Petronius Perpenna Magnus Quadratianus renoviert, was inschriftlich belegt ist.[5] Zu dieser Zeit könnten die beiden Dioskurenstatuen, die sich jetzt auf der Piazza del Quirinale befinden, in den Thermen aufgestellt worden sein.[6]
Wiederentdeckung
Zu Beginn des sechzehnten Jahrhunderts waren noch genügend Mauerreste der Anlage vorhanden, die es den damaligen Architekten ermöglichten, Grundrisse und Zeichnungen anzufertigen, von denen das meiste heutige Wissen über die Anlage stammt.[7] Die Überreste wurden zwischen 1605 und 1621 während des Baus des später so genannten Palazzo Pallavicini Rospigliosi im Auftrag von Kardinal Scipione Borghese beinahe vollständig zerstört. Allerdings wurden ein Jahrhundert später einige Reste[8] wiederentdeckt[9]. Sie können nun in der Nähe des Casinos des Palazzos besichtigt werden. Weitere Ruinenteile wurden beim Bau der Via Nazionale1876–1897 gefunden, aber weitgehend zerstört.
Faustkämpfer vom Quirinal
Kunstwerke
Auf dem Gelände der Thermen wurden mehrere bekannte Kunstwerke gefunden, darunter:
Jürg Schweizer: Baukörper und Raum in tetrarchischer und konstantinischer Zeit. Der Außenaspekt der weströmischen Architektur im 4. Jahrhundert, Frankfurt am Main u.a. 2005, ISBN 3-03-910640-6, S. 148–158.
Hochspringen↑Bullettino della Commissione Archeologica Comunale di Roma. 1876, 102–106; siehe auch Domus T. Avidii Quieti (b), Muciani.
Hochspringen↑Aurelius Victor, Caesares 40, 26 f.: A quo etiam post circus maximus excultus mirifice ad lavandum institutum opus ceteris haud multo dispar
Hochspringen↑Ammianus Marcellinus, Historia Romana27, 3, 8: Hic praefectus exagitatus … cum collecta plebs infima domum eius prope Constantinianum lavacrum iniectis facibus incenderat et malleolis, ni vicinorum et familiarium veloci concursu…saxis et tegulis abscessisset.
Hochspringen↑Mitteilungen des Deutschen Archäologischen Instituts, Römische Abteilung 1898, 273–274; 1900, 309–310.
Hochspringen↑Insbesondere Serlio, Architettura iii 92, 1; Andrea Palladio, Le Terme pl. XIV; Etienne Dupérac: Vestigi dell’ antichità di Roma. 1557, Taf. 32; LS III 196–197; Anton van den Wyngaerde in: Bullettino della Commissione Archeologica Comunale di Roma. 1895, Taf. VI–XIII; HJ 439, n131.
Hochspringen↑Bullettino della Commissione Archeologica Comunale di Roma. 1895, 88; HJ 440, n133
Hochspringen↑Notizie degli scavi di antichità 1876, S. 55. 99; 1877, S. 204. 267; 1878, S. 233. 340.
Hochspringen↑Friedrich Matz, Friedrich von Duhn: Antike Bildwerke in Rom. 1881, Nr. 4110; Papers of the British School at Rome. Bd. 7, 1914, S. 40–44; Mitteilungen des Deutschen Archäologischen Instituts. Römische Abteilung. 1911, S. 149.