Teseo liberatore, Museo archeologico nazionale di Napoli, (inv. nr. 9043). Da Pompei, Casa di Gavius Rufus. Teseo ha appena ucciso il minotauro riverso a terra nell’ ingresso del labirinto, e viene ringraziato dai giovinetti ateniesi destinati a finire in pasto al mostro, mentre sulla destra il popolo cretese assiste sorpreso all’evento.
Dans la mythologie grecque, Thésée (en grec ancienΘησεύς / Thêseús) est un héros de l’Attique, fils d’Égée (ou de Poséidon) et d’Éthra. Son nom proviendrait de la même racine que θεσμός / thesmós, en grec « institution ».
Héros fondateur, à l’instar de Perséeou Héraclès, Thésée est vénéré par les Ioniens et est considéré par les Athéniens comme leur grand réformateur : roi mythique d’Athènes, il est rendu responsable de l’unification politique de l’Attiquesous la domination athénienne1. Son règne marque aussi une période de paix avec les Thessaliens et les Béotiens2. En tant que roi unificateur, Thésée est censé avoir construit et occupé un palais de la forteresse de l’Acropole, qui peut avoir été semblable au palais excavé de Mycènes. Le géographe Pausanias rapporte qu’après le synœcisme, Thésée a établi un culte de l’AphroditePandémos (« de tout le peuple ») et Péitho sur le versant sud de l’Acropole. Dans Les Grenouilles, Aristophane lui attribue l’invention de nombreuses traditions athéniennes, dont celle de la consécration de la chevelure des éphèbes. Son exploit le plus célèbre et sa légende donnent lieu à de nombreuses interprétations. Certains spécialistes de l’histoire des religions ont souligné l’importance de la mythologie lunaire dans les légendes de Thésée3.
Le mythe
Naissance et enfance
Égée, roi d’Athènes, n’a pas eu d’enfant avec ses différentes épouses et souhaite avoir un fils. Il consulte l’oracle de Delphes afin de mettre un terme à sa stérilité. La Pythie lui enjoint de ne délier le col de son outre en aucun cas avant d’avoir atteint le plus haut degré d’Athènes. Devant ces paroles énigmatiques, Égée se rend chez la magicienne Médée et contre une protection, elle promet de lui trouver une femme. Sous l’enchantement, Éthra, fille du roi Pitthée de Trézène, s’éprend d’Égée. Après l’étreinte, la jeune femme se réfugie dans l’île de Sphaéra, où elle s’unit au dieu Poséidon. Doublement honorée cette nuit-là, elle met au monde un fils, Thésée4.
Égée, qui doit repartir pour Athènes, n’assiste pas à sa naissance, mais recommande à Éthra de l’élever selon les normes de son rang, dépose une épée et des sandales d’or sous un rocher, insignes royaux qui lui dévoileraient le secret de sa naissance le jour où il pourrait soulever la roche. Enfant précoce et vigoureux, Thésée a aussi reçu en partage la séduction, la ruse et le courage. Émerveillée par tant de dons, sa mère le conduit devant le rocher : il le soulève facilement et comprend son identité royale. Il ignore cependant encore sa filiation avec Poséidon. Thésée prend la route vers Athènes ; en chemin, il tue Périphétès, Procuste, Sciron, Cercyon, et Sinis, brigands qui s’en prennent aux voyageurs, puis débarrasse la région de Crommyon5 d’une laie qui ravage les cultures et tue des hommes.
Arrivée à Athènes et avènement royal
Lorsque Thésée arrive à Athènes, il ne révèle pas immédiatement sa véritable identité. Égée qui l’accueille éprouve quelques soupçons à l’égard de l’étranger tandis que sa femme Médée essaie de le faire tuer en lui demandant de capturer le taureau de Marathon.
Sur le chemin de Marathon, Thésée s’abrite de l’orage dans la cabane d’une vieille femme, Hécalé. Elle promet de faire un sacrifice à Zeussi Thésée parvient à capturer le taureau. C’est ce qui se produit, mais à son retour, il trouve la vieille femme morte. En son honneur, Thésée donne son nom à l’un des dèmes de l’Attique, faisant d’une certaine manière de ses habitants les enfants adoptifs de la défunte.
De retour de Marathon en vainqueur du taureau à Athènes4, Thésée est victime d’une tentative d’empoisonnement par la reine, mais au dernier moment, il est reconnu à ses sandales, son bouclier et son épée par Égée qui écarte le vin empoisonné. Thésée partage dès lors avec lui le gouvernement de la cité.
Athènes vit un drame : depuis la mort de son fils et sa victoire sur les Athéniens, Minos, roi de Crète, exige que la ville lui envoie tous les 9 ans un tribut de sept jeunes hommes et de sept jeunes filles qu’il donne en pâture au Minotaure. Thésée décide de mettre fin à ce carnage et se rend en Crète avec les jeunes victimes afin de tuer le monstre4. Égée fait tout pour le convaincre de rester, mais Thésée reste inébranlable6.
Minos se moque de ce jeune homme qui prétend entrer dans le labyrinthe de Dédale, exterminer le monstre et en ressortir sain et sauf. C’est ne pas tenir compte de sa propre fille, Ariane qui est tombée amoureuse de Thésée et qui va lui donner une pelote de fil pour lui permettre de retrouver la sortie. Il abat le monstre avec le glaive qu’Ariane a volé à son père — glaive offert par Héphaïstos pour son mariage avec Pasiphaé — ressort du labyrinthe et se sauve en mer avec ses compagnons et Ariane qui a trahi son père à condition qu’il l’épouse. Il abandonne Ariane sur une île déserte après l’avoir endormie sur les conseils du capitaine du bateau. Il sait pourtant qu’Ariane a trahi sa famille pour lui et que si elle revient à Knossos elle se fera exécuter par son père pour trahison. Il rentre donc sans elle à Athènes. Égée attend du haut d’un promontoire le retour du bateau et guette la couleur des voiles : selon un accord passé avec son fils, elles seront blanches en cas de victoire. Mais Thésée oublie de les changer et les voyant noires, Égée se jette dans la mer qui, désormais, porte son nom7. Après ce tragique événement, Thésée devient le roi d’Athènes.
Maturité et mort
Thésée enleva Hélène, et les Dioscures lui firent une guerre pour la récupérer8. Thésée vient ensuite en aide à son ami Pirithoos lors de la bataille contre les Centaures, et lui assure la victoire7. Avec Pirithoos, ils descendent aux Enfers pour enlever Perséphone9 mais sont capturés par Hadès et entravés par un rocher. Héraclès parvient ensuite à délivrer Thésée, mais échoue à aider Pirithoos, qui reste à jamais scellé à la pierre.
Outre Ariane, Thésée a épousé Antiope ou Phèdre, et en a divorcé selon les versions. Selon la première version, il a enlevé Antiope, ce qui conduit les Amazones à envahir l’Attique, mais l’invasion est glorieusement repoussée par Thésée ; c’est ce qu’on appelle l’Amazonomachie7. Ensemble, ils ont un fils Hippolyte. Mais la femme de Thésée meurt en combattant aux côtés de son mari.
Thésée se remarie avec Phèdre, qui se montre cruelle avec Hippolytelorsqu’il s’est refusé à elle10, accusant son beau-fils d’avoir tenté de la séduire. De passage à Delphes, Thésée se coupe la chevelure et en fait don à Apollon. La coutume dans l’Athènes antique veut que les jeunes hommes de l’Antiquité consacrent également leur chevelure (gardée longue jusqu’à la puberté) à une divinité – Héraclès le plus souvent – dans les murs de leur cité ; ce rite les fait passer à l’âge adulte. Dans Les Caractères du philosophe Théophraste, le Poseur11 qu’il décrit pousse l’ostentation jusqu’à faire voyager son fils à Delphes afin d’imiter Thésée12.
Sa réforme, appelée synœcisme, c’est-à-dire réunir tous les peuples attiques en une unique entité politique, et organiser un pouvoir central établi sur l’Acropole, divisa les territoires contigus ainsi que la répartition du peuple en trois classes : les nobles, les artisans et les cultivateurs (selon Thucydide13). Ce faisant, les royautés locales furent abolies, puis une réaction contre cette nouvelle forme de pouvoir populaire valut à Thésée d’être frappé d’ostracisme, banni, victime de sa loi14,15 ; Diodore de Sicile ajoute qu’il meurt en exil. Selon la mythologie, il doit fuir à Scyros pour échapper à Ménesthée, usurpateur d’Athènes16, mais y est tué par le roi Lycomède17.
La construction du mythe
Les origines du mythe remontent au viie siècle av. J.-C., notamment d’une épopée archaïque appelée la Théséïde, transmise de manière orale, et dont les appositions par écrit ont été perdues. La première représentation découverte de Thésée est une amphore datant de 700 av. J.-C., sur laquelle il combat un Centaure18. Avant le ve siècle, Thésée est surtout représenté comme le vainqueur du Minotaure et comme l’ami du héros thessalien Pirithoos, avec qui il a combattu les centaures thessaliens. La légende de Thésée grandit vers le vie siècle av. J.-C., comme en témoignent les nombreux vases à son effigie datés de cette période, et son apparition dans les tragédies attiques. C’est dans le courant du ve siècle que le personnage de Thésée est récupéré par l’idéologie civique athénienne, qui fait de lui le fondateur de la cité, de son calendrier, de ses fêtes religieuses, et même de la démocratie. Un culte est rendu à son prétendu tombeau. En dehors d’Athènes, Thésée est surtout connu pour avoir été l’époux malheureux de Phèdre19. Plutarque, au iie siècle, fait une synthèse des récits sur le personnage de Thésée dans ses Vies parallèles. Il avait à sa disposition de nombreux écrits et poèmes qui ont aujourd’hui disparu, mais a en grande partie négligé la tradition orale du récit mythique de Thésée, et aussi les représentations faites sur les vases des vie et ve siècles av. J.-C.20.
Version d’Hérodore
Plutarque de Chéronée rapporte dans sa Vie de Thésée que d’après le mythographe Hérodore d’Héraclée, Thésée ne prit part qu’au combat contre les Centaures, et qu’il aida Adraste à ensevelir les corps après la bataille des Sept contre Thèbes — action à l’origine de l’obligation d’ensevelir des cadavres des guerres. Il épousa Antiope après une guerre ultérieure à celle des travaux d’Héraclès, qu’il ne rencontra que pendant le massacre des Centaures.
Évocations artistiques
Littérature
Théséïde, épopée archaïque apparue vers le viie siècle av. J.-C.19
Émile Chambry, Émeline Marquis, Alain Billault et Dominique Goust (trad. Émile Chambry), Lucien de Samosate : Œuvres complètes, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1248 p.(ISBN9782221109021)
Claude Calame, Thésée et l’imaginaire athénien, Payot, coll. « Sciences humaines », Lausanne, 1996 (2e édition)(ISBN2601031751)
Henri Jeanmaire, Couroi et Courètes : essai sur l’éducation spartiate et sur les rites d’adolescence dans l’Antiquité hellénique, Lille, Bibliothèque universitaire, 1939
Casque celte et gaulois d’apparat dit casque d’Agris; à coque en fer, recouverte de bronze décoré de feuilles d’or repoussées, rivetées (rivets en argent à tête sertie d’un fleuron d’or), argent et éléments décoratifs de corail sertis dans les alvéoles de certains motifs. il a été découvert à Agris, en Charente dans la grotte des Perrats en 1981 ; probablement fabriqué par des artisans de l’ouest de la gaule. C’est l’une des œuvres majeures de tout l’art gaulois. Il est conservé au musée d’Angoulême. Il est daté du second âge du fer, vers 5ème siècle avant Jésus-Christ. L’or provenait sans doute du Limousin ou du Périgord. Des motifs réalisés avec du fil d’or bouleté ornent la pièce mobile qui protégeaient la joue. Le motif principal du pare-joue représente un serpent cornu à longue tête, le monstre des enfers, attribut du dieu gaulois Cernunos. Ce casque n’a probablement eu qu’un usage cérémoniel ou est simplement une offrande. Il n’a pas été trouvé dans une sépulture mais dans une grotte-sanctuaire, brisé volontairement (plusieurs parties ont été arrachée et le timbre a été enfoncé par un coup violent).
Meule à grains en basalte de la culture de La Tène.
Les fouilles de La Tène ont débuté en 1857, avant la correction des eaux du Jura qui a abaissé le niveau du lac de Neuchâtel de près de 3 mètres. Menées par Hans Kopp, pêcheur et collecteur d’objets, et conduites par le colonel Friedrich Schwab, elles ont permis la découverte de nombreuses armes (épées) et parures.
L’archéologue suisse Ferdinand Keller interprète en 1863 les vestiges comme ceux d’un village celtique sur pilotis (influence des travaux de Pierre Jean Édouard Desor sur la « civilisation lacustre »), publiant ses conclusions en 1868 dans son premier rapport sur les palafittes suisses (Pfahlbaubericht)1. Édouard Desor, un géologue de Neuchâtel, considère le site comme une manufacture d’armes construite sur pilotis puis détruite par un ennemi. Émile Vouga met au jour quantité d’objets dans un paléochenal et publie en 1885Les Helvètes à La Tène, synthèse suivie de La Tène, un oppidum helvète de Victor Gross en 1886. Les recherches officielles de la Commission des fouilles (1907-1917), dirigées par William Wavre, puis par Paul Vouga à partir de 1909, s’achèvent avec la publication en 1923 de La Tène : monographie de la station qui propose les hypothèses d’entrepôt, de poste de contrôle ou de douane2. En 2007 un bilan documentaire financé par le Fonds de recherche suisse est réalisé et aboutit à la publication La Tène : la recherche – les questions – les réponses3.
Le musée archéologique Laténium, inauguré en 2001, a des « réserves ouvertes » pour voir les vestiges de La Tène1.
Le site a livré une importante quantité d’objets et plusieurs habitats protohistoriques. Il a donné son nom au second âge du fer en 1872, lorsque l’archéologue suédois B. E. Hildebrand élabora une chronologie de la Protohistoire européenne, tandis que l’âge du fer ancien était nommé Hallstatt.
L’interprétation qui prévaut toujours aujourd’hui est qu’il s’agit d’un site de sacrifices : deux ponts qui passaient sur l’antique rivière Thielle sont les points d’offrandes jetées directement dans l’eau d’un vaste sanctuaire de plein air, ou bien le culte fut pratiqué à partir de plates-formes sacrificielles sur les ponts et sur lesquelles ont été immolés des guerriers3.
Systèmes chronologiques
Système de Tischler
En 1881, Otto Tischler proposa de subdiviser la période de La Tène en trois phases en fonction de la forme des épées et des fibules :
phase ancienne -400 à -300 : fibule à pied libre (Duchkov) et épée à pointe effilée avec fourreau à bouterolle circulaire ;
phase moyenne -300 à -100 : fibule à pied rattaché au sommet de l’arc, épée plus longue et fourreau à bouterolle pointue ou légèrement arrondie ;
phase récente -100 à l’apogée de la République romaine préemptant du futur empire romain : fibule avec cadre en guise de porte ardillon, épée à bout arrondi, de taille uniquement.
Ce système a servi par la suite de base pour les chronologies régionales.
Systèmes allemand (Reinecke) et français (Déchelette)
La période a néanmoins été découpée à nouveau en quatre phases par Paul Reineckeen 1902 pour l’Allemagne, et par Joseph Déchelette qui corrige la chronologie de Tischler en 1914 pour la France. Déchelette ajoute notamment une phase « la Tène IV » pour les îles Britanniques :
En 1944, Paul Jacobsthal publie sa chronologie dans Early Celtic Art. Elle est fondée sur l’observation de quatre styles artistiques propres à l’espace celtique :
460 av. J.-C. – 400 av. J.-C. : La Tène A ou La Tène I précoce
400 av. J.-C. – 320 av. J.-C. : La Tène B1 ou La Tène I moyenne
320 av. J.-C. – 260 av. J.-C. : La Tène B2 ou La Tène I tardive
260 av. J.-C. – 150 av. J.-C. : La Tène C ou La Tène II
150 av. J.-C. – 30 av. J.-C. : La Tène D ou La Tène III
avec La Tène D1 : 150 – 70 av. J.-C. ; La Tène D2 : 70 – 30 av. J.-C.
La Tène D1a : 150 – 120 av. J.-C. ; La Tène D2a : 70 – 50 av. J.-C.
La Tène D1b : 120 – 70 av. J.-C. ; La Tène D2b : 50 – 30 av. J.-C.
Civilisation
Giacobbe Giusti, La Tène culture
Statue de barde datant de La Tène, découverte lors de fouilles de la forteresse de Paule.
La civilisation celtique de La Tène atteint la Gauletout entière (entre la Garonne et la Seine, v. -500), l’Espagne (Celtibères, v. -500), les Balkans, la Grèce (prise de Delphes en -279), l’Asie Mineure (Galates en -275).
Conséquence d’une crise interne, de la réorganisation des circuits commerciaux ou des luttes entre Grecs et Étrusques pour le contrôle des échanges, les citadelles des Celtes du premier âge du fer, poumon des relations commerciales sont abandonnées les unes après les autres vers -500 au profit d’un mode de vie plus rural dominé par une chefferie guerrière. Des régions se distinguent comme les nouveaux centres de la civilisation celtique au ve siècle : la Rhénanie (culture du Hunsrück–Eifel), la Bohême, la Champagne et les Ardennes. Une lente évolution se produit dans les coutumes et les productions. On trouve le stamnos étrusque (vase contenant le vin pur) dans les tombes riches du ve siècle, à la Motte-Saint-Valentin(Haute-Marne) ou à Altrier (Luxembourg). Le miroir importé d’Étrurie, ou son imitation, est fréquent dans les sépultures féminines (Uetliberg, près de Zurich, la Motte-Saint-Valentin). Les mobiliers funéraires laissent entrevoir une moindre disparité sociale entre les puissants et le reste du peuple. Les importations méditerranéennes baissent, les bijoux sont moins somptueux. Les sépultures des chefs perdent de leur monumentalité, en conservant leur mobilier type : le poignard de parade fait place à la panoplie guerrière complète, le char à deux roues, plus léger et rapide, remplace le char de parade.
Giacobbe Giusti, La Tène culture
œnochoés étrusques découverts dans des tombes du nord de la Gaule
Giacobbe Giusti, La Tène culture
Le Héros celtique de Bohème ou Tête de Mšecké Žehrovice
En Champagne, les vastes cimetières du second âge du fer comportent, signe d’un peuplement dense, des tombes plates sans tumulus, creusées dans le sol crayeux. Les tessons de céramique retrouvés présentent des caractères régionaux « marniens » (vase de la Cheppe). Des œnochoés étrusques (Somme-Bionne, Somme-Tourbe, Eigenbilzen et Sept-Saulx) attestent des relations avec l’Étrurie. Les hommes les plus importants (150 tombes) sont inhumés sur leur char à deux roues, généralement armés, et portent un casque pointu en bronze. Plus nombreux, les fantassins ne gardent que leurs armes : épées, lances et javelots. Les femmes ont des agrafes de ceinture, des fibules, des bijoux comme le torque, qui, porté dès l’adolescence, paraît investi d’une signification sacrée. Le ve siècle et le début du ive siècle jouissent d’une grande stabilité, sensible dans les productions. La société semble assez égalitaire. La prédominance nette des tombes féminines marque cependant le départ progressif des hommes. Des oppida remontant à la Tène, ont été identifiés en Belgique, en Ardenne, à Canteleux, près de Chièvres, au lieu-dit Chession, près de Han-sur-Lesse, à Belvaux, Flobecq, Gilly-Ransart, Gougnies, Orchimont, Sinsin et à la Montagne Saint-Pierre. Le centre des hauts plateaux schisteux de l’Ardenne est densément occupé vers 480/470 avant notre ère par des Celtes. Leur civilisation nous y est essentiellement connue par les vestiges funéraires (les tombelles) qui constellent l’Ardenne. Quelque 150 sites totalisant près de 600 tertres ont été repérés. Venant de la moyenne vallée du Rhin et de la rive droite au nord du Main, les Belges arrivent dans la région vers -300. Ils y supplantent les Gaulois.
La fin de la période de La Tène est marquée par le début du principat d’Auguste en 29 av. J.-C.En effet, si la guerre des Gaules (entre 58 et 51 av. J.-C.) marque le basculement des peuples de Gaule interne dans l’orbite romaine, les archéologues considèrent généralement que les véritables changements culturels n’auront lieu qu’une génération plus tard à partir du règne d’Auguste et de la réorganisation administrative des Gaules. Dans les îles Britanniques, les archéologues font même descendre la civilisation laténienne au moins jusqu’en 43 apr. J.-C., date du début de la conquête de l’île.
↑ a et b* Gianna Reginelli Servais, La Tène, un site, un mythe, vol. 1 : chronique en images (1857-1923), Hauterive, Office et Musée cantonal d’archéologie de Neuchâtel, coll. « Archéologie neuchâteloise » (no 39), , 203 p.(ISBN978-2-940347-35-3).
↑Christine Lorre et Veronica Cicolani, Golasecca : du commerce et des hommes à l’âge du fer (VIIIe–Ve siècle av. J.-C.), Paris, Réunion des musées nationaux, , 176 p.(ISBN978-2-7118-5675-6), p. 164.
↑Brigitte Postel, « Golasecca : Celtes du nord de l’Italie », Archéologia, no 476, , p. 58-65 (ISSN0570-6270).
↑Patrice Brun, Princes et princesses de la Celtique : le premier âge du fer en Europe (850-450 av. J.-C.), Paris, Errance, coll. « Hespérides », , 216 p.(ISBN2-903442-46-0), p. 27 ; 218-219.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Gianna Reginelli Servais et Arnold Béat, La Tène, un site, un mythe, Hauterive : Laténium – Parc et musée d’archéologie de Neuchâtel, 2007, Cahiers d’archéologie romande de la Bibliothèque historique vaudoise, 3 vols (ISBN9782940347353).
Olivier Buchsenschutz (dir.), L’Europe celtique à l’âge du fer : VIIIe–Ier siècles, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Nouvelle Clio », , 437 p.(ISBN978-2-13-057756-0)
Venceslas Kruta, Les Celtes, histoire et dictionnaire : des origines à la romanisation et au christianisme, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1005 p.(ISBN2-221-05690-6)
Daniele Vitali, Les Celtes : trésors d’une civilisation ancienne, Vercelli, White Star, , 207 p.(ISBN978-88-6112-467-7)
Ruth Megaw et John Megaw, Art de la Celtique : des origines au Livre de Kells, Paris, Errance, , 276 p.(ISBN2-87772-305-4)
Albert Grenier, Les Gaulois, Paris, Payot, coll. « Petite bibliothèque Payot », (ISBN2-228-88838-9)
Françoise Le Roux et Christian-Joseph Guyonvarc’h, La Civilisation celtique, Rennes, Ouest-France, , 219 p.(ISBN978-2-7373-0297-8)
John Haywood, Atlas historique des Celtes, Paris, Autrement, coll. « Atlas-mémoires », , 144 p.(ISBN978-2-7467-0187-8)
Jean-Louis Brunaux et Bernard Lambot, Guerre et armement chez les Gaulois : 450-52 av. J.-C., Paris, Errance, coll. « Hespérides », , 219 p.(ISBN978-2-903442-62-0)
Guillaume Reich, « Les armes de la Tène, ou l’art des guerriers celtes », Archéologia, no 535, , p. 48-53 (ISSN0570-6270)
Bronze fitting from France in the « vegetal » style
Giacobbe Giusti, La Tène culture
Overview of the Hallstatt and La Tène cultures. The core Hallstatt territory (800 BCE) is shown in solid yellow, the area of influence by 500 BCE (HaD) in light yellow. The core territory of the La Tène culture (450 BCE) is shown in solid green, the eventual area of La Tène influence by 50 BCE in light green. The territories of some major Celtic tribes are labelled. Map drawn after Atlas of the Celtic World, by John Haywood (2001: 30–37).
La Tène is the type site and the term archaeologists use for the later period of the culture and art of the ancient Celts, a term that is firmly entrenched in the popular understanding, but presents numerous problems for historians and archaeologists.[2] The culture became very widespread, and encompasses a wide variety of local differences. It is often distinguished from earlier and neighbouring cultures mainly by the La Tène style of Celtic art, characterized by curving « swirly » decoration, especially of metalwork.[3]
La Tène culture developed out of the early Iron Age Hallstatt culturewithout any definite cultural break, under the impetus of considerable Mediterranean influence from the Greeks in pre-Roman Gaul, the Etruscans,[4] and Golasecca culture.[5]Barry Cunliffe notes localization of La Tène culture during the 5th century when there arose « two zones of power and innovation: a Marne – Moselle zone in the west with trading links to the Po Valley via the central Alpine passes and the Golasecca culture, and a Bohemian zone in the east with separate links to the Adriatic via the eastern Alpine routes and the Venetic culture ».[6] A shift of settlement centres took place in the 4th century.
La Tène cultural material appeared over a large area, including parts of Ireland and Great Britain, northern Spain, northern-central Italy,[7]Burgundy, and Austria. Elaborate burials also reveal a wide network of trade. In Vix, France, an elite woman of the 6th century BCE was buried with a very large bronze « wine-mixer »made in Greece. Exports from La Tène cultural areas to the Mediterranean cultures were based on salt, tin, copper, amber, wool, leather, furs and gold. Although the La Tène culture had no writing of its own (rare examples of it using Greek inscriptions exist, and late Celtic coinage often uses Latin) there are several accounts of the culture and aspects of its history from classical authors, most very hostile and tending to stereotype.
History
The preceding « Halstatt D » culture, of about 650-475, was also very widespread across Europe, and the transition over this area was gradual, and is mainly detected through La Tène style elite artefacts, which first appear in the western end of the old Hallstatt region.
The establishment of a Greek colony, soon very successful, at Massalia (modern Marseilles) on the Mediterranean coast of France led to great trade with the Hallstatt areas up the Rhone and Saone river systems, and early La Tène elite burials like the Vix Grave in Burgundy contain imported luxury goods along with artifacts produced locally. Most areas were probably controlled by tribal chiefs living in hilltop forts, while the bulk of the population lived in small villages or farmsteads in the countryside.[8]
By 500 the Etruscans expanded to border Celts in north Italy, and trade across the Alps began to overhaul trade with the Greeks, and the Rhone route declined. Booming areas included the middle Rhine, with large iron ore deposits, the Marneand Champagne regions, and also Bohemia, although here trade with the Mediterranean area was much less important. Trading connections and wealth no doubt played a part in the origin of the La Tène style, though how large a part remains much discussed; specific Mediterranean-derived motifs are evident, but the new style does not depend on them.[9]
By about 400 the evidence for Mediterranean trade become sparse; this may have been because the expanding Celtic populations began to migrate south and west, coming into violent conflict with the established populations, including the Etruscans and Romans. The settled life in much of the La Tène homelands also seems to have become much more unstable and prone to wars. In about 387 the Celts under Brennusdefeated the Romans and then sacked Rome, establishing themselves as the most prominent threats to the Roman homeland, a status they would retain through a series of Roman-Gallic wars until Julius Caesar‘s final conquest of Gaul in 58-50 BCE. The Romans prevented the Celts from reaching very far south of Rome, but on the other side of the Adriatic Sea groups passed through the Balkans to reach Greece, where Delphi was attacked in 279, and Asia, where Galatia was established as a Celtic area of Anatolia. By this time the La Tène style was spreading to the British Isles, though apparently without any significant movements in population.[10]
After about 275 the relentless Roman expansion into the area occupied by La Tène culture began; it would never be complete, but lasted until the 1st century CE in Britain, leaving only the approximate areas of the modern Celtic nations(excluding Brittany) unoccupied. The Romans never attempted to invade Irelandand eventually decided that expansion into north Scotland was not worth the trouble, retreating from the line of the Antonine Wall to Hadrian’s Wall in 162 CE.[11]
Though there is no agreement on the precise region in which La Tène culture first developed, there is a broad consensus that the center of the culture lay on the northwest edges of Hallstatt culture, north of the Alps, within the region between in the West the valleys of the Marne and Moselle, and the part of the Rhineland nearby. In the east the western end of the old Hallstatt core area in modern Bavaria, Austria and Switzerland formed a somewhat separate « eastern style Province » in the early La Tène, joining with the western area in Alsace.[12]
In 1994 a prototypical ensemble of elite grave sites of the early 5th century BCE was excavated at Glauberg in Hesse, northeast of Frankfurt-am-Main, in a region that had formerly been considered peripheral to the La Tène sphere.[13] The site at La Tène itself was therefore near the southern edge of the original « core » area (as is also the case for the Hallstatt site for its core).
From their homeland, La Tène culture expanded in the 4th century to more of modern France, Germany, and Central Europe, and beyond to Hispania, northern and central Italy, the Balkans, and even as far as Asia Minor, in the course of several major migrations. La Tène style artefacts start to appear in Britain around the same time,[14] and Ireland rather later. The style of « Insular La Tène » art is somewhat different and the artefacts are initially found in some parts of the islands but not others. Migratory movements seem at best only partly responsible for the diffusion of La Tène culture there, and perhaps other parts of Europe.[15]
Extensive contacts through trade are recognized in foreign objects deposited in elite burials; stylistic influences on La Tène material culture can be recognized in Etruscan, Italic, Greek, Dacian and Scythian sources. Dateable Greek pottery and analysis employing scientific techniques such as dendrochronology and thermoluminescence help provide date ranges for an absolute chronology at some La Tène sites.
As with many archaeological periods, La Tène history was originally divided into « early » (6th century BCE), « middle » (c. 450–100 BCE), and « late » (1st century BCE) stages, with the Roman occupation greatly disrupting the culture, although many elements remain in Gallo-Romanand Romano-British culture.[16] A broad cultural unity was not paralleled by overarching social-political unifying structures, and the extent to which the material culture can be linguistically linked is debated. The art history of La Tène culture has various schemes of periodization.[17]
Ethnology
Our knowledge of this cultural area derives from three sources: from archaeological evidence, from Greek and Latin literary evidence, and more controversially, from ethnographical evidence suggesting some La Tène artistic and cultural survivals in traditionally Celtic regions of far western Europe. Some of the societies that are archaeologically identified with La Tène material culture were identified by Greek and Roman authors from the 5th century onwards as Keltoi(« Celts« ) and Galli (« Gauls« ). Herodotus (iv.49) correctly placed Keltoi at the source of the Ister/Danube, in the heartland of La Tène material culture: « The Ister flows right across Europe, rising in the country of the Celts », however, apparently misunderstanding his source,[18] he also misplaced them as « farthest to the west of any people of Europe »[19]
Whether the usage of classical sources means that the whole of La Tène culture can be attributed to a unified Celtic people is difficult to assess; archaeologists have repeatedly concluded that language, material culture, and political affiliation do not necessarily run parallel. Frey notes (Frey 2004) that in the 5th century, « burial customs in the Celtic world were not uniform; rather, localised groups had their own beliefs, which, in consequence, also gave rise to distinct artistic expressions ».
The spread of the Celtic languages before and during the period is also uncertain. In the 19th century it used to be thought that these only reached Ireland and Britain in the 1st millennium BCE, but it is now thought likely that they were dominant before the arrival of cultural styles associated with Celts, perhaps long before.[20]
La Tène metalwork in bronze, iron and gold, developing technologically out of Hallstatt culture, is stylistically characterized by inscribed and inlaid intricate spirals and interlace, on fine bronze vessels, helmets and shields, horse trappings and elite jewelry, especially the neck rings called torcs and elaborate clasps called fibulae. It is characterized by elegant, stylized curvilinear animal and vegetal forms, allied with the Hallstatt traditions of geometric patterning.
The Early Style of La Tène art and culture mainly featured static, geometric decoration, while the transition to the Developed Style constituted a shift to movement-based forms, such as triskeles. Some subsets within the Developed Style contain more specific design trends, such as the recurrent serpentine scroll of the Waldalgesheim Style [21]
Initially La Tène people lived in open settlements that were dominated by the chieftains’ hill forts. The development of towns—oppida—appears in mid-La Tène culture. La Tène dwellings were carpenter-built rather than of masonry. La Tène peoples also dug ritual shafts, in which votive offerings and even human sacrifices were cast. Severed heads appear to have held great power and were often represented in carvings. Burial sites included weapons, carts, and both elite and household goods, evoking a strong continuity with an afterlife.[22]
Site of La Tène
Giacobbe Giusti, La Tène culture
Reconstruction of one of the bridges at the La Tène site
La Tène is a village on the northern shore of Lake Neuchâtel, Switzerland, where the small river Thielle, connecting to another lake, enters the Lake Neuchâtel. It is an archaeological site and the eponymous type site for the late Iron Age La Tène culture. In 1857, prolonged droughtlowered the waters of the lake by about 2 m. On the northernmost tip of the lake, between the river and a point south of the village of Marin-Epagnier, Hansli Kopp, looking for antiquities for Colonel Frédéric Schwab, discovered several rows of wooden piles that still reached up about 50 cm into the water. From among these, Kopp collected about forty iron swords.
The Swiss archaeologist Ferdinand Keller published his findings in 1868 in his influential first report on the Swiss pile dwellings (Pfahlbaubericht). In 1863 he interpreted the remains as a Celtic village built on piles. Eduard Desor, a geologistfrom Neuchâtel, started excavations on the lakeshore soon afterwards. He interpreted the site as an armory, erected on platforms on piles over the lake and later destroyed by enemy action. Another interpretation accounting for the presence of cast iron swords that had not been sharpened, was of a site for ritual depositions.
With the first systematic lowering of the Swiss lakes from 1868 to 1883, the site fell completely dry. In 1880, Emile Vouga, a teacher from Marin-Epagnier, uncovered the wooden remains of two bridges (designated « Pont Desor » and « Pont Vouga ») originally over 100 m long, that crossed the little Thielle River (today a nature reserve) and the remains of five houses on the shore. After Vouga had finished, F. Borel, curator of the Marin museum, began to excavate as well. In 1885 the cantonasked the Société d’Histoire of Neuchâtel to continue the excavations, the results of which were published by Vouga in the same year.
All in all, over 2500 objects, mainly made from metal, have been excavated in La Tène. Weapons predominate, there being 166 swords (most without traces of wear), 270 lanceheads, and 22 shield bosses, along with 385 brooches, tools, and parts of chariots. Numerous human and animal bones were found as well. The site was used from the 3rd century, with a peak of activity around 200 BCE and abandonment by about 60 BCE.[23] Interpretations of the site vary. Some scholars believe the bridge was destroyed by high water, while others see it as a place of sacrifice after a successful battle (there are almost no female ornaments).
An exhibition marking the 150th anniversary of the discovery of the La Tène site opened in 2007 at the Musée Schwab in Biel/Bienne, Switzerland, moving to move to Zürich in 2008 and Mont Beuvray in Burgundy in 2009.
Sites
Reconstruction of a late La Tène period (1st century BCE) settlement in Altburg near Bundenbach.
Reconstruction of a late La Tène period (2nd/1st century BCE) settlement in Havranok, Slovakia.
Jump up^Or just « La Tene » in English. More rarely also spelt « Latène » (especially in French adjectival forms) or « La-Tène ». In German Latènezeit or La-Tène-Zeit equate to « La Tène culture »
Jump up^Venceslas Kruta, La grande storia dei Celti. La nascita, l’affermazione, la decadenza, (Newton & Compton), Roma, 2003 ISBN978-88-8289-851-9, a translation of Les Celtes, histoire et dictionnaire. Des origines à la romanisation et au christianisme, Robert Laffont, Paris, 2000, without the dictionary
Jump up^Lionel Pearson, « Herodotus on the Source of the Danube », Classical Philology29.4 (October 1934:328–337).
Jump up^In another place (ii.33.) Herodotus mentions the Ister, which « rising in the country of the Celts, beginning from the city of Pyrene, cuts Europe in half », which would have made it intersect with the Rhone; Pyrene is not mentioned aside from this context.
Jump up^Harding, D. W. The Archaeology of Celtic Art. New York: Routledge, 2007; other schemes of classification are available, indeed more popular; see Vincent Megaw in Garrow
Cunliffe, Barry. The Ancient Celts. Oxford: Oxford University Press. 1997
Collis, John. The Celts: Origins, Myths, Invention. London: Tempus, 2003.
Kruta, Venceslas, La grande storia dei Celti. La nascita, l’affermazione, la decadenza, Newton & Compton, Roma, 2003 ISBN978-88-8289-851-9 (492 pp. – a translation of Les Celtes, histoire et dictionnaire. Des origines à la romanisation et au christianisme, Robert Laffont, Paris, 2000, without the dictionary)
James, Simon. The Atlantic Celts. London: British Museum Press, 1999.
James, Simon & Rigby, Valery. Britain and the Celtic Iron Age. London: British Museum Press, 1997.
Reginelli Servais Gianna and Béat Arnold, La Tène, un site, un mythe, Hauterive : Laténium – Parc et musée d’archéologie de Neuchâtel, 2007, Cahiers d’archéologie romande de la Bibliothèque historique vaudoise, 3 vols, ISBN9782940347353
Giacobbe Giusti, Fresque de la Tombe du Plongeur, Paestum
Le « plongeur » (détail du couvercle).
La fresquede la Tombe du Plongeur est composée d’une série de scènes peintes dans une tombe à caisson datant de la Grande-Grèce, découverte le par l’archéologue Mario Napoli, pendant les fouilles d’une petite nécropolesituée à 1,5 km au sud de Paestum (Poseidonia, Italie), cité fondée par des colons de Sybaris.
L’appellation générique « tombe du plongeur » (en italien : tomba del tuffatore) provient de la scène peinte sur la face interne de la dalle de couverture de la tombe. Cette scène représente un athlèteplongeant dans l’eau.
Cette tombe à caisson comporte en réalité une série de cinq fresques.
Certaines des interprétations qui en ont été faites sont sujettes à caution. En revanche, les hypothèses les plus probantes énoncées par les archéologues et les spécialistes de la Grèce antique révèlent que, dans cette série de fresques, les cinq scènes représentées présentent une unité stylistique et sémantique ; il est probable qu’elles soient en lien avec la personnalité du défunt mais rien n’est sûr ; les thèmes renvoient probablement aux valeurs pythagoriciennes et orphiques1. « Pour l’homme [grec] qui n’échappe pas à sa condition, le séjour des morts est nostalgie fondamentale, regret de la vie, et c’est uniquement en ce sens qu’il importe de considérer la religion grecque, les croyances grecques de l’au-delà, sous un aspect métaphorique », rappelle Pascal Torres2.
La dalle : le motif du plongeur
La dalle de la tombe, brisée en son centre.
Ce motif, situé sur la voûte céleste et face au mort, peut éventuellement symboliser le saut vers l’inconnu3. On notera que l’homme plonge vers une étendue d’eau à surface convexe, représentant la mer (Okéanos). On remarque également la récurrence du chiffre 7, présent dans la représentation du jeu de colonnes d’où saute le plongeur ainsi que dans les branches des arbres, qui sont des oliviers. Ce chiffre symbolise la régénération. Les branches des arbres peuvent aussi témoigner d’une possible amélioration de la vie une fois le défunt dans « l’au-delà » (l’Hadès, « l’invisible ») : on peut observer que l’arbre situé à droite et localisé derrière le plongeur, connaît par endroits des cassures au niveau de ses branches tandis que l’autre arbre, situé à gauche, est entièrement redressé. Par ce saut situé sur la face intérieure du couvercle du caisson, l’artiste a voulu peut-être tout à la fois rendre hommage aux qualités athlétiques du défunt et symboliser dans un même geste le passage du temps et le changement d’état, la vie donc. L’au-delà, le monde de l’Hadès, est possiblement représenté par ce qui est sous l’eau (où est le non-visible, l’inconnu), la limite entre le monde des vivants et celui des morts étant représentée par cette colonne d’où plonge le personnage.
Les parois latérales représentent un banquet rassemblant dix personnages : elles renvoient aux joies terrestres (poésie, musique, chère, philia) et convoquent la nostalgie de ce qui a été et n’est plus. La lecture doit se faire de droite à gauche.
La paroi latérale sud : le banquet (1)
Paroi latérale côté sud.
Cette peinture représente un banquet rassemblant cinq convives masculins (les comastes) disposés en klinai (un homme seul et deux couples), buvant, se prélassant et jouant de la musique. Il s’agit plus précisément d’un symposion4. Le couple de gauche joue de l’aulos (double hautbois) et du barbitos (lyre), tandis que les deux convives du centre s’adonnent au jeu du cottabe (kottabos). On remarque que les deux visages des personnages situés à gauche convergent vers un personnage situé au centre, tandis que les deux convives de droite sont pris par la musique (on parle ici d’enthousiasme et non d’ivresse). Enfin, le personnage situé à gauche, assis seul sur un klinè, tient une lyre dans une main et de l’autre, entre le pouce et l’index, un œuf. C’est ce personnage « qui se trouve au plus près de la tête du mort » (M. Napoli). « L’œuf, offrande funéraire omniprésente [dans les tombes] symbolise non seulement la fécondité, mais plus encore la puissance vitale dans la mort et la résurrection »5.
La paroi latérale est
Paroi côté est.
Côté est, la peinture, en partie abimée, représente une scène de libation dans laquelle un éphèbeéchanson, l’œnochoé en main, tourne le dos à un cratère et s’en va servir un convive : c’est vers ce motif que la tête du défunt était tournée, le contenu du cratère symbolisant l’élixir de jouvence ou tout simplement la jeunesse et le commencement de la vie.
La paroi latérale nord : le banquet (2)
Paroi latérale côté nord.
Comme sur la paroi latérale sud, on peut voir ici cinq convives disposés en klinai et qui se distinguent des cinq précédents. Le couple situé à droite, pris dans une « scène amoureuse », renvoie peut-être à la paideia ou aux joutes érotiques. Ce couple est observé par un des personnages situés au centre, tandis que les deux autres, à gauche, s’amusent au jeu du cottabe dont le signifiant est également érotique6. C’est le « couple amoureux » qui est situé au plus près de la tête du défunt et qui s’apprête à être servi par l’œnochoé. Napoli et Rouveret notent que le dessin préparatoire est beaucoup plus soigné ici que pour la paroi latérale sud. Le jeune homme tenu par la nuque et dont l’habit est particulièrement soigné (ceinture rouge, motifs ondulés) occupe la place d’honneur selon l’ordonnancement du symposium7. On y a vu une représentation du défunt.
La paroi latérale ouest
Paroi côté ouest.
Côté ouest, un cortège d’influence étrusque montre trois personnages : un homme barbu habillé d’un manteau et s’avançant avec un bâton noueux, un éphèbeportant une chlamyde bleue et enfin l’aulétride, une jeune femme jouant de l’aulos ; elle est de petite taille, le visage pâle et habillée d’un chitonblanc8. Il pourrait également s’agir d’un jeune garçon, la scène symbolisant les trois âges de la vie. Cette scène est jugée comme la plus difficile à interpréter. Les spécialistes s’accordent pour une représentation d’un kômos, par la présence au centre du trio de l’éphèbe esquissant un pas de danse et saluant l’un des convives situés sur la paroi Nord. Selon Daisy Warland, « le cortège illustrerait l’intégration du défunt à sa nouvelle vie, après sa régénération par la mer, figurée sur le couvercle »9.
Ainsi, les cinq fresques de la tombe s’inscriraient bien à l’intérieur d’une même unité.
Constat
La fresque de la Tombe du Plongeur doit son importance au fait d’être, à ce jour, l’unique exemple de peinture pariétale décorative à sujet figuratif et humain, datée de l’époque archaïque et classique qui nous soit parvenu dans son intégrité. Cette tombe est exceptionnelle et tend à démontrer que les Grecs se sont inspirés de la civilisation étrusque et de ses tombes parées de fresques. On retrouve en effet le motif du plongeur dans la fresque de la chasse et de la pêche située dans la Nécropole de Monterozzi, proche de la ville de Tarquinia en Étrurie méridionale et datée du dernier quart du vie siècle av. J.-C.10.
Descriptions techniques
L’excavation, qui fait suite à une campagne de fouille menée dans le golfe de Salerne, date de juin 1968 et eut lieu dans une petite nécropoleutilisée entre vie siècle av. J.-C. et ive siècle av. J.-C. sur un terrain appelé « Tempa del Prete ». Les cinq fresques de cette tombe dite « à caisson » ont été peintes sur du tuf calcaired’origine locale. En 1969, après une première communication11, une étude fut publiée par l’inventeur, le professeur Mario Napoli, intitulée Le pitture greche della tomba del tuffatore12, laquelle offre une approche descriptive circonstanciée.
Les dimensions de la tombe sont de 215 × 100 × 80 cm.
Des traces de cordage à même la peinture fraîche furent découvertes par Napoli : elles prouvent qu’il s’agit là d’un travail de commande, ce qui tend à relier la personnalité du défunt et les motifs représentés. Napoli signale également que la dalle du couvercle a été brisée intentionnellement en son centre au moment de l’inhumation et donc avant le scellement des parois entre elles.
Les restes du défunt étaient majoritairement à l’état pulvérulent, transformés en poudre du fait de la sécheresse mais la tête avait été visiblement orientée vers l’est.
Dans le mobilier funéraire, on a trouvé des récipients d’offrandes qui ont permis la datation : deux aryballes et un lécythe d’époque attique vernis dans le style melanomorpha (à figures noires), tous deux servant à contenir de l’huile parfumée pour oindre le corps des athlètes. Des fragments métalliques et de carapace de tortueont été également identifiés. L’analyse des vases permet de donner un intervalle de datation situé entre 480 et 470 av. J.-C.
L’ensemble pèse plusieurs tonnes : la tombe, une fois le corps du défunt installé, était scellée et les peintures soustraites au regard.
Il ne faut pas confondre cette fresque, exemplaire à ce jour unique dans les représentations funéraires de la Grande-Grèce, avec les nombreuses fresques (plus d’une quarantaine à ce jour) découvertes dans cette même nécropole mais datant de la fin ve siècle av. J.-C. et du début du ive siècle av. J.-C., et exécutées par les Lucains13.
Représentations contemporaines
Depuis leur découvertes, certains motifs de cette tombe, dont la « scène amoureuse » du banquet mais aussi le saut du plongeur, ont été largement reprises pour illustrer le thème de l’homosexualité.
Sur les dix hommes installés en banquet, on trouve quatre couples et deux hommes seuls. Selon Daisy Warland, il y a là « une répétition des couples éraste–éromène » (trois fois), à savoir, l’adjonction d’un jeune homme (présence du duvet sur les joues) et d’un homme plus âgé (pilosité faciale avancée). Cette conjonction manifeste évoque « l’initiation sexuelle dans les sociétés d’hommes archaïques et, plus généralement, la puissance vitale »14. Il ne s’agit pas d’homosexualité au sens contemporain du terme, mais d’une sexualité ritualisée et codifiée entre hommes, qui n’exclut en rien la femme15.
Galerie
Giacobbe Giusti, Fresque de la Tombe du Plongeur, Paestum
« Scène amoureuse »
Vue générale
Références
↑« La Tombe du Plongeur » [archive] par Pierre Somville in Revue de l’histoire des religions, Année 1979, Volume 196-1, p. 41-51.
↑« Grèce ancienne » in Dictionnaire de la mortsous la direction de Philippe Di Folco, coll. « In Extenso », Paris, Larousse, 2010, p. 500.
↑Ce saut n’a rien à voir avec les Jeux olympiquesantiques, cette discipline n’y étant pas reconnue.
↑La troisième représentation de plongeur datant de cette époque est celle trouvée sur le cratère apulien en calice à figures rouges dit « du Soleil et des Heures » exposé au British Museum (D. Warland, 1999, 199).
↑Daisy Warland (1999, 196) signale cette publication : M. Napoli, « L’attività arcbeologica nelle provincie di Avellino, Benevento e Salerno », in La Magna Crecia e Roma nell’età arcaica. Atti dell’ottavo Convegno di Studi sulla Magna Crecia,Taranto, 6-11 ottobre 1968, Naples, 1969, p. 139-152.
↑(it) « Le pitture greche della tomba del tuffatore » in Le Scienze, 2, 1969, n. 8, p. 9-19.
(en) R. Ross Holloway, « The Tomb of the Diver » in American Journal of Archeology, Vol. 110, n. 3, juillet 2006 (p. 365-388) (en)(Lire en ligne (PDF) [archive]) [lien introuvable].
(it)Mario Napoli, La Tomba del Tuffatore. La Scoperta della grande pittura greca, coll. « Spazio e tempo », Bari, De Donato, 1970.
[version française] Angela Pontrandolfo – Agnès Rouveret – Marina Cipriani, Les tombes peintes de Paestum, Paestum, Éditions Pandemos, 2004 (ISBN88-87744-13-0).
Agnès Rouveret, « La Tombe du Plongeur et les fresques étrusques : témoignages sur la peinture grecque » in Revue Archéologique, 1974, Fascicule 1, p. 15-32.
Pierre Somville, « La Tombe du Plongeur à Paestum » in Revue de l’histoire de Religions, Paris, PUF, Tome 196, fascicule 1, juillet 1979, p. 41-51.
Daisy Warland, « La Tombe du Plongeur : étude de la relation entre le symposion et le plongeon » in Revue de l’histoire de Religions, Paris, PUF, Tome 213, fascicule 2, 1996, p. 143–60.
[PDF]Daisy Warland, « Que représente la fresque de la paroi Ouest de la tombe au plongeur de Poseidonia ? »] in Kernos, 1999, n. 12, p. 195-206.
Giacobbe Giusti, Mausolée d’Hadrien – Château Saint-Ange, Rome
Castel Sant’Angelo 1938
Giacobbe Giusti, Mausolée d’Hadrien – Château Saint-Ange, Rome
Roma, Castel S. Angelo ante 1901, quando era ancora una caserma. Notare l’orologio, scomparso nei restauri 1901-1906, e sulla destra, in fondo, il rione Prati in costruzione.
Giacobbe Giusti, Mausolée d’Hadrien – Château Saint-Ange, Rome
Il Castello e Ponte Vittorio Emanuele II
Giacobbe Giusti, Mausolée d’Hadrien – Château Saint-Ange, Rome
Castel Sant’Angelo and angel figure
Giacobbe Giusti, Mausolée d’Hadrien – Château Saint-Ange, Rome
Le Mausolée d’Hadrien fut commencé par l’empereur romain Hadrien en 130 et achevé par Antonin le Pieux en 139, sur la rive droite du Tibre, près du pons Ælius1. Il est encore visible à l’heure actuelle, puisqu’il correspond au château Saint-Ange.
Inspiration
L’empereur Hadrien en 130 ordonna l’édification de son mausolée, car celui d’Auguste, déjà existant, ne disposait plus de place. Les cendres de Trajan avaient été déposées sous la colonne Trajane, Hadrien devait trouver un autre emplacement2. Le bâtiment se veut le pendant du tombeau d’Auguste dans la mesure où celui-ci est situé au nord du Champ de Mars, sur la rive gauche du Tibre, alors que le mausolée d’Hadrien se place sur la rive droite, en face du Champ de Mars. En outre, l’allure générale circulaire des deux édifices est similaire. Certains comme Eisner y trouvent une inspiration de la forme de tombeaux étrusques3.
Description
Le monument construit en briques a une base carrée massive de 89 mètres de côté et 15 mètres de hauteur. Cette base constituée de pièces rayonnantes supporte une rotonde massive en travertin recouvert de marbre de 64 mètres de diamètre et 21 mètres de haut. Cette rotonde est comblée d’un tumulus de terre enfermant une chambre funéraire carrée de 8 mètres sur 8. Elle est surmontée d’un bâti carré, qui supporte un quadrige de bronze mené par l’empereur Hadrien figuré en soleil, et d’un bosquet d’arbres funéraires. On pénétrait dans le mausolée par un premier couloir d’entrée rectiligne, puis une rampe hélicoïdale de 3 m de large et 125 de long monte à l’intérieur de la rotonde en faisant un tour complet, enfin un second couloir accède à la chambre funéraire1. Cette chambre funéraire comportait trois niches. Au-dessus de ces niches, se trouvent deux autres salles sans doute destinées à des banquets funéraires. Un cône de terre encadrait ces salles et à son sommet se trouvait le quadrige triomphal d’Hadrien. La grande porte de bronze du mausolée, composée de trois baies est surmontée d’une dédicace à Hadrien et à son épouse Sabine. Autour du mausolée se trouvait une clôture à piliers de pierre supportant de grands paons de bronze doré. Le pont reliant la grande porte à l’autre rive du Tibre comportait trois arches de 18 m de diamètre. La porte du mausolée donnant sur le Tibre était surmontée d’une architrave composée d’une frise à guirlandes, têtes de taureaux et patères. La porte était également entourée par les épitaphes des empereurs.
Historique
L’urne funéraire d’Hadrien y est déposée en 139, grâce à l’obstination d’Antonin qui obtient du Sénat la divinisation d’Hadrien. L’impératrice Sabine, l’épouse d’Hadrien, son fils adoptif Lucius Aelius et ses successeurs de la dynastie des Antonins, ainsi que les Sévères jusqu’à Caracallay furent ensevelis1.
Très vite, le bâtiment est détourné de ses fins funéraires pour devenir militaire. Il est intégré à la muraille aurélienne en 403, en tant que bastion avancé. En 410, lors du sac de Rome par les Barbares, dont les Wisigoths, les tombeaux sont pillés, les urnes en or des empereurs, et autres urnes en argent des membres des familles impériales sont volées, et vidées. Quand l’OstrogothVitigès attaque Rome en 537, les soldats défendant le castellum se servent des statues de bronze qui le décorent comme projectiles. En 547, Totila inclut l’édifice dans une structure fortifiée protégeant la rive droite. Le quartier prend ainsi le nom de Borgo.
Par la suite, la structure en tour du mausolée d’Hadrien et son emplacement, proche du Vaticanet contrôlant un pont sur le Tibre, continua d’intéresser les stratèges militaires ; le bâtiment fut transformé en château fort, le château Saint-Ange, probablement au ixe siècle.
Notes et références
↑ a, b et cYves Roman, Hadrien, l’empereur virtuose, Payot, 2008, p 263-264
↑Bernard Andreae, L’art de l’ancienne Rome, Mazenod, 1973, réédité en 1988, (ISBN2-85088-004-3), p 515
↑Eisner, Zur Typologie der Mausoleen des Augustus und des Hadrian, 1979, p 320
Bibliographie
Filippo Coarelli (trad. Roger Hanoune), Guide archéologique de Rome [« Roma. Guide archeologiche »], Hachette Littérature, coll. « Bibliothèque d’archéologie », 1980 pour la version italienne, janvier 1994 pour la traduction française (réimpr. mai 1998), 349 p.(ISBN2-01-235428-9, ISSN0248-3769), p. 203-205
Nathalie de Chaisemartin, Rome, Paysage urbain et idéologie. Des Scipions à Hadrien (IIe s. av. J.-C.-IIe s. ap. J.-C.), Armand Colin, Paris, 2003
The Mausoleum of Hadrian, usually known as Castel Sant’Angelo (Italian pronunciation: [kaˈstɛl sanˈtandʒelo]; English: Castle of the Holy Angel), is a towering cylindrical building in Parco Adriano, Rome, Italy. It was initially commissioned by the Roman EmperorHadrian as a mausoleum for himself and his family. The building was later used by the popes as a fortress and castle, and is now a museum. The structure was once the tallest building in Rome.
Hadrian’s tomb
Giacobbe Giusti, Mausolée d’Hadrien – Château Saint-Ange, Rome
Castel Sant’Angelo from the bridge. The top statue is of Michael the Archangel, the angel from whom the building derives its name.
Giacobbe Giusti, Mausolée d’Hadrien – Château Saint-Ange, Rome
Castel Sant’Angelo and angel figure
The tomb of the Roman emperor Hadrian, also called Hadrian’s mole,[1]was erected on the right bank of the Tiber, between 134 and 139 AD.[2]Originally the mausoleum was a decorated cylinder, with a garden top and golden quadriga. Hadrian’s ashes were placed here a year after his death in Baiae in 138, together with those of his wife Sabina, and his first adopted son, Lucius Aelius, who died in 138. Following this, the remains of succeeding emperors were also placed here, the last recorded deposition being Caracalla in 217. The urns containing these ashes were probably placed in what is now known as the Treasury room deep within the building. Hadrian also built the Pons Aelius facing straight onto the mausoleum – it still provides a scenic approach from the center of Rome and the left bank of the Tiber, and is renowned for the Baroque additions of statues of angels holding aloft instruments of the Passion of Christ.
Decline
Much of the tomb contents and decorations have been lost since the building’s conversion to a military fortress in 401 and its subsequent inclusion in the Aurelian Walls by Flavius Augustus Honorius. The urns and ashes were scattered by Visigothlooters during Alaric‘s sacking of Rome in 410, and the original decorative bronze and stone statuary were thrown down upon the attacking Goths when they besieged Rome in 537, as recounted by Procopius. An unusual survivor, however, is the capstone of a funerary urn (probably that of Hadrian), which made its way to Saint Peter’s Basilica, covered the tomb of Otto II and later was incorporated into a massive Renaissancebaptistery.[3] The use of spolia from the tomb in the post-Roman period was noted in the 16th century – Giorgio Vasari writes:
…in order to build churches for the use of the Christians, not only were the most honoured temples of the idols [pagan Roman gods] destroyed, but in order to ennoble and decorate Saint Peter’s with more ornaments than it then possessed, they took away the stone columns from the tomb of Hadrian, now the castle of Sant’Angelo, as well as many other things which we now see in ruins.[4]
Legend holds that the Archangel Michael appeared atop the mausoleum, sheathing his sword as a sign of the end of the plague of 590, thus lending the castle its present name. A less charitable yet more apt elaboration of the legend, given the militant disposition of this archangel, was heard by the 15th-century traveler who saw an angel statue on the castle roof. He recounts that during a prolonged season of the plague, Pope Gregory I heard that the populace, even Christians, had begun revering a pagan idol at the church of Santa Agata in Suburra. A vision urged the pope to lead a procession to the church. Upon arriving, the idol miraculously fell apart with a clap of thunder. Returning to St Peter’s by the Aelian Bridge, the pope had another vision of an angel atop the castle, wiping the blood from his sword on his mantle, and then sheathing it. While the pope interpreted this as a sign that God was appeased, this did not prevent Gregory from destroying more sites of pagan worship in Rome.[5]
The view from Castel Sant’Angelo towards Vatican City.
Leo X built a chapel with a Madonna by Raffaello da Montelupo. In 1536 Montelupo also created a marble statue of Saint Michael holding his sword after the 590 plague (as described above) to surmount the Castel.[6] Later Paul III built a rich apartment, to ensure that in any future siege the pope had an appropriate place to stay.
Montelupo’s statue was replaced by a bronze statue of the same subject, executed by the Flemish sculptor Peter Anton von Verschaffelt, in 1753. Verschaffelt’s is still in place and Montelupo’s can be seen in an open court in the interior of the Castle.
The Papal state also used Sant’Angelo as a prison; Giordano Bruno, for example, was imprisoned there for six years. Another prisoner was the sculptor and goldsmith Benvenuto Cellini. Executions were performed in the small inner courtyard. As a prison, it was also the setting for the third act of Giacomo Puccini‘s 1900 opera Tosca; the eponymous heroine leaps to her death from the Castel’s ramparts.
Museum
Decommissioned in 1901, the castle is now a museum, the Museo Nazionale di Castel Sant’Angelo. It received 1,234,443 visitors in 2016.[7]
Gallery
Giacobbe Giusti, Mausolée d’Hadrien – Château Saint-Ange, Rome
Giacobbe Giusti, Mausolée d’Hadrien – Château Saint-Ange, Rome
Castel Sant’Angelo viewed from the other side of the river.
Apollon (en grec ancienἈπόλλων / Apóllôn, en latinApollo) est le dieu grec des arts, du chant, de la musique, de la beauté masculine, de la poésie et conducteur des neuf muses. Il est également le dieu des purifications et de la guérison, mais peut apporter la peste par son arc ; enfin, c’est l’un des principaux dieux capables de divination, consulté, entre autres, à Delphes, où il rendait ses oracles par la Pythie de Delphes. Il a aussi été honoré par les Romains, qui l’ont adopté très rapidement sans changer son nom. Dès le ve siècle av. J.-C., ils l’adoptèrent pour ses pouvoirs guérisseurs et lui élevèrent des temples.
Il est fréquemment représenté avec son arc et ses flèches, ou encore avec une cithare, voire une lyre : on le qualifie alors de « citharède »1. Il est également appelé « musagète » (« celui qui conduit les muses »). Le surnom de « Loxias », « l’Oblique », lui est attribué à cause de l’ambiguïté de ses oracles.
Apollon devient au Moyen Âge puis à l’époque moderne un dieu solaire, patron de la musique et des arts. Au xixe siècle, et en particulier dans La Naissance de la tragédie de Friedrich Nietzsche2, il symbolise la raison, la clarté et l’ordre, considérés comme caractéristiques de l’« esprit grec », par opposition à la démesure et à l’enthousiasme dionysiaques. Ainsi, on a pu écrire de lui qu’il est « le plus grec de tous les dieux3 » et qu’« aucun autre dieu n’a joué un rôle comparable dans le développement du mode de vie grec4 ». Il reste l’un des dieux auquel l’on a élevé le plus de temples et consacré le plus de cultes5.
La thèse d’une origine « asiatique » (c’est-à-dire anatolienne) d’Apollon et d’Artémis a été développée par des grands noms de l’hellénisme tels que Wilamowitz en 19036 ou M. P. Nilsson en 19257 avant d’être remise en cause plus récemment. Ces savants s’appuyaient sur différents éléments : le nom de Létopourrait venir du lycien, un dialecte indo-européen parlé autrefois en Anatolie, et signifierait, sous la forme Lada, « femme » (étymologie aujourd’hui contestée). L’une des épiclèses d’Apollon, Apollon Lycien, conforte cette hypothèse. Cette épiclèse est cependant plus souvent interprétée à partir du nom du « loup » (Gernet, Jeanmaire…). L’arme d’Apollon et de sa jumelle Artémis, l’arc, n’est pas grecque mais barbare (au sens grec : tous les peuples qui ne parlent pas le grec) ; il porte de plus, comme sa sœur, non pas des sandales, à l’instar des autres dieux, mais des bottines, type de chaussure considérée comme asiatique par les Anciens. En outre, il est, dans l’Iliade d’Homère, du côté des Troyens, peuple asiatique, et le rejet que subit Léto, que nulle terre grecque n’accepte, conforterait l’idée d’un dieu étranger. Cette hypothèse anatolienne n’est plus retenue par la recherche moderne8.
Un long passé grec
Inversement comme l’on fait remarquer de nombreux chercheurs[Qui ?], Apollon est paradoxalement peut-être le dieu le plus grec de tous et a une longue histoire en Grèce avant l’époque classique.
Il est aussi possible que ses origines remontent au peuple dorien du Péloponnèse, lequel honorait un dieu nommé Ἀπέλλων / Apéllôn, protecteur des troupeaux et des communautés humaines ; il semblerait que le terme vienne d’un mot dorien ἀπέλλα / apélla, signifiant « bergerie » ou « assemblée ». L’Apellon dorien serait une figure syncrétique de plusieurs divinités locales pré-grecques, de même que l’Apollon grec est la fusion de plusieurs modèles.
Lorsque son culte s’introduit en Grèce, il est déjà honoré par d’autres peuples pré-hellènes, ce que l’Hymne homérique qui lui est destiné indique en signalant que les Crétois étaient ses premiers prêtres. Son premier lieu de culte est bien sûr Délos, capitale religieuse des Ioniens ; c’est sous Périclès, au ve siècle av. J.-C., que l’île passe aux mains des Athéniens, qui confortent son caractère de sanctuaire inviolable en y faisant interdire toute naissance et toute mort. Le culte d’Apollon s’était entre-temps répandu partout dans le monde antique, de l’Asie Mineure (le sanctuaire de Didymes, près de Milet, en porte la trace flagrante : c’est l’un des plus grands temples jamais bâtis dans la zone méditerranéenne) à la Syrie, sans parler des innombrables temples qui lui sont dédiés en Grèce même. Selon Phanias, Gygès, roi de Lydie, fut le premier lui à lui consacrer des offrandes en or. Avant son règne, Apollon Pythien n’avait ni or, ni argent9.
Hypothèse d’origine gréco-celtique
Giacobbe Giusti, Apollon
Apollon de Lillebonne, bronze doré gallo-romain du iie siècle, musée du Louvre
Au rebours de la thèse traditionnelle, Bernard Sergent, spécialiste de mythologie comparée, s’attache à montrer dans Le livre des dieux. Celtes et Grecs, II (Payot, 2004) l’identité d’Apollon et du dieu celtique Lug. Pour lui, le dieu n’est pas asiatique mais gréco-celtique, et par-delà, indo-européen. Il remonte au moins à la séparation des ancêtres des Celtes et des Grecs, au IVe millénaire av. J.-C., et il est arrivé « tout d’un bloc » en Grèce : ce n’est pas une divinité composite. Il possède des homologues en domaine germanique (Wotan) ou indien (Varuna).
Apollon serait la « version divine du roi humain ». Les poèmes homériques lui donnent systématiquement l’épithète anax, qui remonte à la désignation mycénienne du roi, wanax. Or le roi indo-européen est rattaché aux trois fonctions définies par Georges Dumézil, d’où la complexité d’Apollon : il remplit toutes les fonctions que puisse avoir un dieu. La définition de Lug donnée par C.-J. Guyonvarc’h et F. Le Roux peut aussi bien s’appliquer à lui : il est « tous les dieux résumés en un seul théonyme ».
Giacobbe Giusti, Apollon
Calètes (Pays de Caux) Hémistatère « au sanglier aurige ». Date : iie et ier siècles av. J.-C.Description avers : Tête d’Apollon à droite, la chevelure ornementée en esses enchevêtrées ; la base du cou ornée et deux motifs de pomme de pin (?) devant le visage.
B. Sergent compare une à une toutes les caractéristiques connues de Lug et d’Apollon et relève de nombreux points et de nombreux attributs communs. C’est surtout à Delphes que le caractère complexe du dieu se révèle, dans son rôle d’inspirateur de la Pythie et des hommes, qu’il révèle à soi.
Le rapprochement proposé par Bernard Sergent entre Lug et Apollon n’a pas été repris par d’autres spécialistes. Pierre Sauzeau lui reproche de négliger la proximité Apollon-Rudra « reconnue explicitement » et les liens avec Artémis10. Les spécialistes actuels des études celtiques voient davantage en Lug un héritier du couple indo-européen des Dioscures, les Jumeaux divins, une des plus anciennes figures du panthéon indo-européen11.
Apollon, dieu de la nature sauvage et « loup du vent »
Dans Apollo the Wolf-god12, Daniel E. Gershenson voit en Apollon un dieu d’origine indo-européenne, dont les attributs principaux seraient rassemblés dans l’expression Apollon dieu-loup. Cet auteur s’inscrit dans la lignée des travaux de Louis Gernet (Dolon le loup) et d’Henri Jeanmaire (Couroï et Courètes).
Par là, il faut entendre non pas le culte de l’animal en lui-même, mais de son symbolisme de loup mythique, lequel n’est autre que le ventconsidéré tant par ses vertus bénéfiques que destructrices. Les vents, comme Zéphyr le vent-loup, peuvent être favorables aux semences, mais sont aussi tenus pour issus des cavernes et cette origine souterraine les mets en relation avec les Enfers. Le vent est ainsi le passage entre le chaos et le cosmos.
Ceci explique le rôle de la divinité comme tuteur des éphèbes, de jeunes guerriers qui accomplissent leur initiation d’adultes, sa fonction de protecteur du grain semé et enfin sa qualité de dieu de la prophétie qui révèle les mystères et initie les musiciens et les poètes. Le Lycée(Λύκειον / Lukeion), rendu célèbre par Aristote, est placé dans un gymnase jouxtant le temple d’Apollon Lykeios. Apollon Lykeios, le dieu-loup, serait le maître des passages, dieu qui transforme les forces chaotiques des confréries de loups-garous de l’adolescence vers l’âge adulte, qui dévoile par la prophétie ou la Pythie le monde caché vers le découvert.
Gershenson présente de nombreux témoignages dans le monde européen qui pourraient montrer que ce dieu-loup et dieu-vent remonte à une période antérieure à la séparation des peuples européens qui ont pénétré en Europe centrale et méridionale. Ses déductions sont en accord avec celles d’autres spécialistes, qui ont notamment souligné le lien d’Apollon avec les loups et son rôle joué dans les initiations. Apollon est particulièrement associé à Borée, le Vent du Nord.
Jean Haudry rejoint également les conclusions de Gershenson. Comme le dieu védique Rudra, Apollon est un dieu du vent et de la nature sauvage à l’origine: C’est en s’opposant à Dionysos qu’il a développé des caractères « civilisés ». Face à un Dionysos « feu sauvage », il est devenu, contrairement à sa nature première, dieu du foyer delphique. Au feu hivernal de Dionysos, il s’est opposé comme dieu estival et comme dieu solaire. Il s’est ainsi affirmé comme dieu de la sagesse face à la folie dionysiaque. Et si Dionysos, dieu subversif a pu être considéré comme indésirable dans la société aristocratique, Apollon est devenu le dieu civique et national par excellence13.
Un dieu solaire ?
L’identification d’Apollon avec le soleil n’apparaît dans aucune source avant le ve siècle av. J.-C. — à l’époque archaïque, ce sont Hélios ou Hypérion qui représentent le feu solaire14 ; la première mention attestée remonte à Euripide, dans un fragment de la tragédie perdue Phaéton15,14. L’assimilation s’explique par l’épithète φοῖϐος / Phoibos, littéralement « le brillant », qui est associée à Apollon chez Homère16. Elle rencontre un grand succès parmi les poètes, milieu où le nom d’« Apollon » est souvent employé, par métonymie, pour désigner le soleil, de même que « Déméter » pour le pain ou « Héphaïstos » pour le feu. On en trouve peu d’écho dans le culte d’Apollon.
Apollon Soleil tout comme Artémis Lune se sont éloignés de leur caractère primitif de dieux sauvages en rejoignant la sphère cosmique de la religion 17.
Synthèse de plusieurs mythologies
Dans l’Iliade, Apollon est décrit comme un dieu lunaire : son arc est d’argent, couleur liée à la nuit et à la lune. Ensuite, de multiples évolutions l’amèneront à devenir un dieu solaire (son épithète Phœbus, la lumière), son arc et ses flèches renvoient d’ailleurs aux rayons solaires. Toujours dans les poèmes homériques, il y est perçu comme un dieu-vengeur, menaçant, porteur de peste. Dans le chant I de l’Iliade, ses surnoms sont les suivants : toxophore, Seigneur archer, argyrotoxos, à l’arc d’argent, etc. Cette attitude vengeresse est accompagnée de traits de caractère belliqueux : Homère l’y décrit comme un dieu orgueilleux, emporté par ses sentiments et par la violence. Rappelons que les poèmes homériques (Iliade) écrits dans le ixe siècle avant Jésus-Christ narrent une histoire antérieure de près de quatre siècles (Troie a été détruite dans les années 1280 ACN). Le dieu Apollon n’a pas encore subi les influences qui l’amèneront à devenir le dieu complexe qu’il est dans la Grèce classique.
Sa naissance est contée en détail dans l’Hymne homérique à Apollon19 : sur le point d’enfanter, Léto parcourt la mer Égée, cherchant un asile pour son fils et pour fuir Héra qui la chasse par jalousie. Pleines de terreur, «car nulle d’entre elles n’eut assez de courage, si fertile qu’elle fût, pour accueillir Phoibos»20, îles et presqu’îles refusent l’une après l’autre d’accueillir Apollon. Léto gagne finalement l’île de Délos, qui refuse d’abord, de peur que le dieu ne la méprise ensuite à cause de l’âpreté de son sol. Léto jure par le Styxque son fils y bâtira son temple et l’île accepte aussitôt.
Toutes les déesses, dont Dioné, Rhéa, Thémis et Amphitrite, viennent assister Léto pendant sa délivrance. Par jalousie, Héra ne prévient pas Ilithyie, déesse des accouchements, qui reste sur l’Olympe. Après neuf jours et neuf nuits, les déesses ordonnent à Iris, messagère des dieux, de prévenir Ilithyie et de lui remettre un collier d’or pour la faire venir. Dès que celle-ci arrive à Délos, Léto étreint un palmier qui deviendra sacré et donne naissance à Apollon, en un jour qui est le septième du mois. Aussitôt, les cygnes sacrés font sept fois le tour du rivage en chantant21. Puis Thémis offre à Apollon le nectar et l’ambroisie. Dans l’Hymne homérique, Artémis ne naît pas en même temps que son frère, mais à Ortygie22 — nom qui désigne peut-être l’emplacement du temple d’Artémis à Éphèse23. Dès sa naissance, Apollon manifeste sa puissance d’immortel ; il réclame ses attributs, la lyre et l’arc, et affirme ses pouvoirs.
Giacobbe Giusti, Apollon
Tétradrachme de la région Illyro Péonienne représentant Apollon
Version de Pindare
Chez Pindare, Artémis et Apollon naissent, jumeaux, à Délos24. Délos est une île errante avant l’arrivée de Léto, métamorphose de sa sœur Astéria ; après la délivrance d’Apollon, quatre colonnes surgissent du fond de la mer et viennent l’ancrer solidement25. Chez Hygin, le serpent Python prédit sa propre mort des mains d’Apollon et poursuit Léto enceinte pour l’empêcher d’accoucher26. Parallèlement, Héra décrète qu’aucune terre sous le soleil ne pourra accueillir Léto. Zeus demande donc à Borée, le vent du Nord, d’amener Léto à Poséidon, qui installe la parturiente sur l’île d’Ortygie, qu’il recouvre sous les eaux. Python finit par abandonner ses recherches et Léto peut accoucher. Aussitôt, Poséidon fait sortir des eaux Ortygie qui prend le nom de Délos, « la visible ». On trouve chez Apollodore l’idée qu’Artémis naît la première et sert de sage-femme à Léto pour la naissance de son frère27.
Chez les Hyperboréens
Peu après la naissance d’Apollon, Zeus lui remet un char tiré par des cygnes et lui ordonne de se rendre à Delphes28. Le dieu n’obéit pas immédiatement, mais s’envole à bord de son char pour le pays des Hyperboréens qui, selon certaines versions, est la patrie de Léto29. Là vit un peuple sacré qui ne connaît ni la vieillesse, ni la maladie ; le soleil y brille en permanence30. Apollon y reste pendant un an avant de partir pour Delphes. Il y revient tous les dix-neuf ans, période au bout de laquelle les astres ont accompli une révolution complète (un cycle métonique)29. De l’équinoxe de printemps au lever des Pléiades, il y danse chaque nuit en s’accompagnant de la lyre29. Selon d’autres légendes, il y passe chaque année les mois d’hiver31, ne revenant dans son lieu de culte — Delphes ou Délos — qu’avec le printemps32.
L’arrivée à Delphes
Giacobbe Giusti, Apollon
Apollon sauroctone, représentant peut-être le meurtre du serpent Python, musée du Louvre
Les premiers exploits du dieu sont décrits dans l’Hymne homérique à Apollon pythien. À la recherche d’un lieu où fonder son oracle, Apollon s’arrête d’abord à la source Telphouse, près de l’Hélicon. Ne souhaitant pas partager le lieu avec quiconque, elle lui suggère d’aller plutôt à Crisa, près de Delphes. Là, Apollon établit son temple, après avoir tué le serpent femelle, la Δράκαινα / drákayna, enfant de Gaïa, qui garde les lieux. La dépouille du serpent reçoit le nom de Πυθώ / Puthố, « la pourrissante » (de πύθειν / púthein, « pourrir »), Apollon prend le titre de Pythien et sa prêtresse celui de Pythie. En colère contre Telphouse, Apollon rebrousse chemin et ensevelit la source sous une pluie de pierres. Il bâtit un sanctuaire à sa place et prend le nom de Telphousien. Le dieu cherche ensuite un moyen de faire venir des prêtres à son temple pythien. Il aperçoit alors un navire de Crétois voguant vers Pylos. Prenant la forme d’un dauphin (δελφίς / delphís), il les mène jusqu’à Crisa. Il se transforme ensuite en jeune homme et conduit les Crétois jusqu’au sanctuaire dont ils deviendront les desservants. Crisa prend alors le nom de Delphes (Δελφοί / Delphoí).
L’arrivée à Delphes fait l’objet de variantes. Chez Pindare, le dieu prend contrôle du lieu par la force (on ne précise pas comment), ce qui pousse Gaïa à vouloir le jeter au Tartare33. D’autres auteurs mentionnent également les répercussions du meurtre de Python : chez Plutarque, Apollon doit se purifier dans les eaux du Tempé34. Chez Euripide, Léto amène Apollon à Delphes où il tue le serpent Python. En colère, Gaïa envoie aux hommes des rêves prophétiques. Apollon se plaint de cette concurrence déloyale à Zeus, qui met fin aux rêves35. Chez Hygin, Apollon tue Python pour venger sa mère, que le serpent a poursuivie pendant sa grossesse26.
Dans d’autres traditions, la prise de Delphes est pacifique. Ainsi, chez Eschyle, Gaïa donne l’endroit à sa fille Thémis, laquelle le donne à son tour à sa sœur Phébé, qui le remet ensuite à Apollon36. Chez Aristonoos, Apollon est conduit à Delphes par Athéna et persuade Gaïa de lui donner le sanctuaire37.
La guerre de Troie
Dans la guerre de Troie, Apollon se range aux côtés des Troyens, qui lui consacrent un temple sur leur acropole38. Comme le font Poséidonet Athéna pour les Achéens, il intervient aux côtés des troupes qu’il défend pour les encourager39. Il prend les traits de mortels pour conseiller Hector ou Énée40. Il soustrait Énée aux coups de Diomède41, intervient en personne pour repousser le guerrier grec quand il se fait trop pressant42 puis sauve Énée en le remplaçant par un fantôme sur le champ de bataille43. De même, il dérobe Hector à la rage d’Achille44. Inversement, il se sert d’Agénor pour éloigner Achille et empêcher la prise de Troie45. Il intervient directement en frappant et désarmant Patrocle, laissant le héros sans défense face aux Troyens qui le tueront46. Selon les versions, il aide Pâris à abattre Achille47, ou prend la forme du prince troyen48 pour le tuer.
Défenseur des Troyens, il a pour principal adversaire sa demi-sœur Athéna49. Non content de l’affronter sur le champ de bataille par mortels interposés, il veut empêcher Diomède, le protégé d’Athéna, de remporter l’épreuve de course en chars lors des jeux funéraires de Patrocle ; la déesse intervient à son tour pour faire gagner son champion50. Néanmoins, Apollon sait se retenir face à son oncle Poséidon et lui propose de laisser les mortels régler eux-mêmes leurs querelles51.
On ignore pourquoi Apollon prend aussi activement parti pour les Troyens, ou inversement contre les Grecs. Son seul lien avec Troie remonte à sa servitude auprès de Laomédon, mais cette histoire devrait plutôt l’inciter à soutenir les Grecs, comme le fait Poséidon52.
Un dieu vengeur
Apollon est un dieu vindicatif, prompt à punir ceux qui le défient en commettant par ailleurs deux fratricides (Tityos et Amphion). Il tue le serpent Python et, aidé de sa sœur, il élimine son demi-frère Tityos, qui a tenté de s’en prendre à Léto53. Toujours avec Artémis, il massacre de ses flèches ses neveux et nièces, les fils et filles de Niobé, qui a osé se moquer de sa mère54. Il tue aussi son demi-frère Amphion qui tente de piller son temple pour venger les Niobides. Il fait périr les Aloades quand ceux-ci entreprennent d’escalader l’Olympe et de défier les dieux55. Il écorche vivant le satyreMarsyas, amateur de flûte, qui lui a lancé un défi musical56. Le roi Midas, qui avait préféré le son de la flûte à celui de la lyre, est doté d’une paire d’oreilles d’âne57.
La confrontation ne tourne pas toujours à l’avantage du dieu. Quand Héraclès s’empare du trépied de Delphes pour faire pression sur la Pythie, Apollon accourt à la rescousse de la prêtresse. Le héros se serait enfui avec le trépied si le dieu n’avait pas appelé à l’aide son père Zeus, qui intervient en envoyant un trait de foudre58.
Dans son Hymne à Apollon, Callimaque lui prête un rôle de bâtisseur, de fondateur et législateur. Il conseillait les représentants de diverses cités grecques quant à la fondation de cités nouvelles : « Ô Phébus ! sous tes auspices s’élèvent les villes ; car tu te plais à les voir se former, et toi-même en poses les fondements59. »
Platon60 reconnaît également ce rôle à Apollon et conseille à tout fondateur d’un état de se référer aux lois établies par le dieu : il s’agit des lois « qui regardent la fondation des temples, les sacrifices, et en général le culte des dieux, des démons et des héros, et aussi les tombeaux des morts et les honneurs qu’il faut leur rendre afin qu’ils nous soient propices… ».
Réputé pour sa grande beauté, Apollon est paradoxalement assez malheureux dans ses amours61,62. Celles-ci ont pour objet des nymphes, des mortels/mortelles, mais très rarement des divinités majeures63.
Il s’éprend de la nymphe Cyrène en la voyant combattre un lion qui menace les troupeaux de son père64. Il fait part de ses sentiments au centaureChiron, qui les approuve. Encouragé, Apollon se déclare à la jeune fille, qu’il emmène en Libye. Là, elle reçoit du dieu la souveraineté sur la région, la Cyrénaïque, et donne naissance à Aristée, qui enseignera aux hommes l’apiculture.
Les autres amours du dieu sont moins heureuses. Il enlève Marpessa, fille d’Événos, alors qu’elle est fiancée à l’ArgonauteIdas65. Ce dernier réclame sa promise les armes à la main, et Zeus doit séparer les deux adversaires66. Le roi des dieux demande à Marpessa de choisir entre ses deux soupirants ; la jeune fille opte pour Idas, de peur d’être abandonnée par Apollon l’âge venant66.
Il poursuit de ses ardeurs la nymphe Daphné ; pendant sa fuite, la jeune fille invoque son père, un dieu fleuve, qui lui substitue un laurier67 ou la transforme en cette plante68. Ses amours avec Coronis, fille de Phlégias, roi des Lapithes, ne finissent pas mieux : enceinte du dieu, elle le trompe avec le mortel Ischys69. Apollon, maître de la divination, perçoit la vérité, qui lui est également rapportée par un corbeau69. Il envoie alors sa sœur Artémispourfendre l’infidèle de ses flèches, mais pris de pitié pour l’enfant à naître, il arrache ce dernier du ventre de sa mère qui se consume sur le bûcher69. Il porte le jeune Asclépios chez le centaureChiron, qui l’élève et lui enseigne l’art de la médecine69. Apollon s’éprend également de la princesse troyenneCassandre, fille du roi Priam : elle promet de se donner à lui en échange du don de prophétie, mais, après avoir obtenu satisfaction, elle revient sur ses dires. Furieux, Apollon la condamne à ne jamais être prise au sérieux70.
De nombreuses autres aventures sont attribués à Apollon. Souvent, les récits se concentrent sur la progéniture divine plutôt que sur la mère, dont le nom change suivant la version : il ne s’agit pas de véritables histoires d’amour, mais d’un moyen de rattacher un personnage à Apollon. Ainsi des musiciens Linos et Orphée, du devin Philamnos, d’Ion, éponyme des Ioniens ou de Delphos, fondateur de Delphes.
Apollon est aussi le dieu qui compte le plus d’aventures avec des jeunes garçons71. Il s’éprend de Hyacinthe, fils d’un roi de Sparte. Alors qu’ils s’entraînent au lancer du disque, le hasard — ou Zéphyrjaloux — fait que le disque frappe Hyacinthe à la tempe. Désespéré, Apollon fait jaillir du sang du jeune homme une fleur, le hyakinthos, qui n’est sans doute pas la jacinthe actuelle72. L’histoire de Cyparisse, fils de Télèphe, se termine également de manière tragique. Aimé d’Apollon, il a pour compagnon un cerf apprivoisé. Il le tue un jour par mégarde ; désespéré, il demande au dieu la mort, et la grâce de pouvoir pleurer éternellement. Ainsi est-il changé en cyprès, symbole de la tristesse73. Apollon s’éprend également d’Hyménaios, fils de Magnès ; absorbé par sa passion, le dieu ne voit pas le jeune Hermès lui dérober ses troupeaux74. On ignore la fin de l’histoire75.
Figurent également parmi ses amants Hélénos, frère de Cassandre76 ; Carnos, fils de Zeus et d’Europe, qui reçoit du dieu le don de divination77 ; Leucatas qui, pour échapper au dieu, se jette du haut d’une falaise et donne son nom à l’île de Leucade78 ; Branchos, aimé d’Apollon alors qu’il garde ses troupeaux, puis fondateur de l’oracle du dieu à Didymes79.
Fonctions et culte
Giacobbe Giusti, Apollon
Statue cultuelle archaïque d’Apollon, musée archéologique du Pirée.
Apollon est un dieu jeune pour les Grecs. Seul entre tous les Olympiens, son nom n’apparaît pas sur les tablettes mycéniennes en linéaire B80. Le premier culte de Délos concerne Artémis et non son frère81. Il est possible que les Karneia, les Hyacinthies et les Daphnephoria célèbrent, à l’origine, d’autres divinités qu’Apollon. Cependant, son culte est solidement ancré dans l’ensemble du monde grec dès le viiie siècle av. J.-C., au moment où apparaissent les premières sources littéraires grecques.
Chez Homère
Apollon joue un rôle majeur dans l’Iliade : selon Homère, c’est lui qui est à l’origine de la dispute d’Agamemnon et Achille et donc de l’ensemble des événements narrés par le poème82. Animé du souffle prophétique, Xanthos, le cheval d’Achille, le nomme « le premier des dieux83 ». De fait, aucun n’est mentionné plus souvent que lui dans le poème, à l’exception de Zeus84. Chacune de ses apparitions est terrifiante. Quand il veut venger son prêtre Chrysès, bafoué par Agamemnon :
« Des cimes de l’Olympe il descendit, plein de courroux,
Portant son arc et son carquois étanche sur l’épaule.
Les traits sonnèrent sur l’épaule du dieu courroucé,
Quand il partit, et c’était comme si la nuit marchait85. »
Le son de son arc est terrible et sa voix gronde comme le tonnerre quand il arrête le guerrier Diomède dans son élan86. C’est aussi un dieu jaloux de ses prérogatives : face à Diomède, il rappelle qu’« il n’est rien de commun / entre les Immortels et ceux qui marchent sur la terre87. » Il reproche à Achille de ne pas l’avoir reconnu sous les traits du Troyen Agénor :
« Pourquoi me poursuis-tu, Achille, avec tes pieds rapides,
Mortel courant après un dieu ? N’aurais-tu pas encore
Reconnu qui je suis, que tu t’obstines dans ta rage88 ? »
Pendant les jeux funéraires de Patrocle, il ôte la victoire à l’archer Teucros, qui a omis de lui promettre une hécatombe89.
Homère présente avant tout Apollon comme un dieu archer. Là où sa sœur emploie l’arc pour la chasse, son domaine est plutôt la guerre : il donne leur arme aux deux meilleurs archers de la guerre de Troie, le Troyen Pandaros et le Grec Teucros90. Ses flèches sont porteuses de mort : elles sèment la peste dans le camp grec, tuant hommes et bêtes. Le seul remède réside alors dans la prière, la purification et le sacrifice : lui seul peut écarter la maladie qu’il apporte91.
L’hymne à Apollon pythien commence par l’apparition d’Apollon dans l’Olympe, la phorminx (lyre) à la main : « aussitôt les Immortels ne songent plus qu’à la cithare et aux chants92. » Les Muses chantent en chœur les dieux et les hommes ; les dieux de l’Olympe, Arès compris, se donnent la main pour danser et Apollon lui-même, tout en jouant, se joint à eux. La scène résume l’un des domaines majeurs d’Apollon : la μουσική / mousikē, c’est-à-dire la combinaison du chant, de la musique instrumentale et de la danse93.
En tant que tel, Apollon est le patron des musiciens : « c’est par les Muses et l’archer Apollon qu’il est des chanteurs et des citharistes », dit Hésiode94. Il inspire même la nature : à son passage « chantent les rossignols, les hirondelles et les cigales28 ». Sa musique apaise les animaux sauvages95 et meut les pierres96. Pour les Grecs, musique et danse ne sont pas seulement des divertissements : elles permettent aux hommes de supporter la misère de leur condition97.
Jacqueline Duchemin, spécialiste de poésie grecque et de mythologie comparée, a émis l’hypothèse selon laquelle les prérogatives d’Apollon dans le domaine de la musique et de la poésie se rattacheraient à sa nature de divinité pastorale, l’une des fonctions originelles du dieu étant la protection des troupeaux98. Selon l’auteur de La Houlette et la lyre, ce seraient les bergers et les pâtres qui auraient inventé l’art musical au cours de leurs longues veillées solitaires. Elle affirme ainsi : « Le poète et le berger sont bien une même personne. Et ses dieux sont à son image99. » Et aussi : « Les divinités des pâtres et des bêtes furent, au sein d’une nature pastorale, dans les temps les plus anciens, celles de la musique, de la danse et de l’inspiration poétique100. »
Dieu des oracles
Le temple d’Apollon à Delphes
Après avoir réclamé l’arc et la lyre, Apollon, dans l’hymne homérique qui lui est consacré, nomme son troisième domaine d’intervention : « je révélerai aussi dans mes oracles les desseins infaillibles de Zeus101. » Si Zeus et quelques héros, comme Trophonios, possèdent leurs oracles, Apollon est la principale divinité oraculaire des Grecs102. Il le déclare lui-même quand son frère Hermès essaie d’obtenir aussi le don de divination : « j’ai engagé ma parole, et juré par un serment redoutable que nul autre que moi, parmi les Dieux toujours vivants, ne connaîtrait la volonté de Zeus aux desseins profonds103. »
À partir de l’époque classique, tous les sites oraculaires de grande envergure appartiennent à Apollon, à l’exception de l’oracle de Zeus à Dodone et, plus tard, de celui de Zeus Ammon à Siwa104. Interrogé sur la disparition des oracles liés aux sources sacrées ou aux vapeurs émanant de la terre, Apollon répond au iie – iiie siècle ap. J.-C. :
« […] la terre elle-même s’entr’ouvrit et reprit les uns dans ses entrailles souterraines, tandis qu’une éternité infinie anéantit les autres. Mais seul Hélios [Apollon] qui brille pour les mortels possède encore dans les gorges divines de Didymes les eaux de Mykalè, et celle qui court en bordure de Pythô sous la montagne du Parnasse, et la rocailleuse Claros, bouche rocailleuse de la voix prophétique de Phoibos105. »
Le principal oracle d’Apollon est celui de Delphes, qui est probablement fondé entre 900 et 700 av. J.-C106. Dès l’époque archaïque, Apollon delphien est omniprésent dans la vie des cités : il approuve leurs lois, comme la Grande Rhêtra de Sparte ou la constitution de Clisthène à Athènes, et donne sa bénédiction aux expéditions coloniales. Il apparaît dans les mythes héroïques comme celui d’Œdipe ou de Thésée. Les Jeux pythiques, en l’honneur d’Apollon, sont le concours public le plus important après les Jeux olympiques. À l’époque hellénistique, il conseille le Sénat romain. Après une période de déclin au ier siècle av. J.-C., le sanctuaire est détruit au ive siècle par les chrétiens.
Représentations artistiques
Dans l’art antique
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Apollon est toujours représenté dans la fraîcheur d’une éternelle jeunesse. C’est une caractéristique typique d’un dieu vent qui ne vieillit jamais107.
Il est représenté les cheveux longs, conformément à l’une de ses épithètes homériques108. La coiffure est typique des jeunes gens ou kouroi, terme dérivé de la racine ker-, « tondre, couper » (sous-entendu : les cheveux)109. Le passe-temps typique du jeune homme étant l’athlétisme, pratiqué nu, l’offrande typique à Apollon prend la forme, à l’époque archaïque, d’un jeune homme debout, nu, les cheveux longs, type statuaire que les historiens de l’art appellent le kouros.
En 2013, on trouve une représentation à Gaza : l’Apollon de Gaza.
À l’époque moderne
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Dans le château de Versailles, le salon d’Apollon, ou salle du trône, était réservé à la réception des ambassadeurs. Le dieu des arts semblait également patronner les spectacles de danse et de musique qui s’y déroulaient.
Les jardins de Versailles offrent de nombreuses représentations du dieu solaire :
Le bassin d’Apollon est situé dans la grande perspective, à proximité du Grand Canal. Une statue monumentale d’Apollon a été réalisée par Tuby. Apollon sort de l’eau conduisant un char tiré par des chevaux.
Il est un personnage de la série de livres de Rick Riordan.
Références
↑La cithare des Grecs et des Romains est une forme de lyre, et non une cithare moderne ; les deux mots sont employés indifféremment par les poètes pour parler de l’instrument d’Apollon.
↑Première mention dans l’L’Éthiopide, citée par Gantz, p. 625. L’Énéide est la première à indiquer explicitement que Pâris tire la flèche meurtrière, qui est guidée par Apollon (VI, 56-58) ; repris ensuite par Ovide, Métamorphoses [détail des éditions] [lire en ligne [archive]], XII, 598-606. Cf. Gantz, p. 625.
↑Porphyre de Tyr F322 Smith = Eusèbe de Césarée, Préparation évangélique, V, 16. Traduction citée par Aude Busine, Paroles D’apollon: pratiques et traditions oraculaires dans l’Antiquité tardive (iie – vie siècles), Brill, 2005, p. 419.
J. Chevalier et de A. Gheerbant (s. dir.), Dictionnaire des symboles, Mythes, rêves, coutumes, gestes, formes, figures, couleurs, nombres, Robert Laffont, Aylesbury, 1990.
Georges Dumézil, Apollon sonore et autres essais. 25 esquisses de mythologie, Gallimard, Paris, 1982 et 1987.
Walter Otto (trad. Claude-Nicolas Grimbert et Armel Morgant), Les Dieux de la Grèce (Die Götter Griechenlands), Payot, coll. « Bibliothèque historique », 1993 (édition originale 1929) (ISBN2-228-88150-3), p. 79-98.
Bernard Sergent, Homosexualité et initiation chez les peuples indo-européens, Payot coll. « Histoire », Paris, 1996 (1res éditions 1984 et 1986) (ISBN2-228-89052-9), notamment p. 99-65.
Marcel Detienne, Apollon le couteau à la main, Gallimard, coll. « Bibliothèque des sciences humaines », Paris, 1998 (ISBN2070733718)
Jean Gagé, Apollon romain : Essai sur le culte d’Apollon et le développement du ritus Graecus à Rome des origines à Auguste, de Boccard, coll. « Bibliothèque des Écoles Françaises d’Athènes et de Rome » (no 182),
Jacqueline Duchemin, La Houlette et la lyre. Recherche sur les origines pastorales de la poésie : Hermès et Apollon, Paris, Les Belles Lettres, 1960.
Henri Grégoire, avec la collaboration de R. Goossens et de M. Mathieu, Asklépios, Apollon Smintheus et Rudra. Études sur le dieu à la taupe et le dieu au rat dans la Grèce et dans l’Inde, Bruxelles, 1950.
(en)Walter Burkert (trad. John Raffan), Greek Religion[« Griechische Religion des archaischen und klassichen Epoche »], Oxford, Blackwell, 1985 (éd. orig. 1977) (ISBN978-0-631-15624-6), p. 143-149.
(en) Daniel E. Gershenson, « Apollo the Wolf-god », dans Journal of Indo-European Studies, Monograph no 8, 1991.
(en) Timothy Gantz, Early Greek Myth, Johns Hopkins University Press, [détail de l’édition], p. 87-96.
Theodoric’s Palace – Sant’Apollinare Nuovo – Ravenna
Giacobbe Giusti, Théodoric le Grand
Ravenna, sant’apollinare nuovo cristo divide le pecore dai capretti (inizio del VI secolo)
Giacobbe Giusti, Théodoric le Grand
Ravenna, sant’apollinare nuovo, il porto di classe (inizio del VI secolo
Giacobbe Giusti, Théodoric le Grand
Basilica di Sant’Apollinare Nuovo a Ravenna: « Il palazzo di Teodorico ». Mosaico di scuola ravennate italo-bizantina, completato entro il 526 d.C. dal cosiddetto « maestro di Sant’Apollinare ». Dopo la sconfitta del re goto Teodorico, i mosaici murali del suo palazzo e questi della cattedrale furono rifatti dai bizantini per cancellare ogni traccia dei precedenti dominatori. I dignitari Goti di questo mosaico furono frettolosamente rimpiazzati da tende, probabilmente per mancanza di tempo. Rimangono diverse tracce del mosaico precedente: per esempio un pezzo di un braccio sulla terza colonna da sinistra.
Giacobbe Giusti, Théodoric le Grand
Giacobbe Giusti, Théodoric le Grand
La pierre de Rök nous parle de Théodoric chef des guerriers de la mer, de sa famille et de son peuple.
Théodoric dit le Grand ou l’Amale(en latin : Flāvius Theodoricus, en grec: Θευδερίχος, parfois en français Thierry1) né vers 455 et mort le à Ravenne, est un roi des Ostrogoths.
Giacobbe Giusti, Théodoric le Grand
La pierre de Rök nous parle de Théodoric chef des guerriers de la mer, de sa famille et de son peuple.
Théodoric, membre de la dynastie des Amales, est le fils de Thiudimir qui avait pour frère aîné Valamir et pour frère cadet Vidimir. Tous trois étaient fils de Vandalarius(es) et cousins du roi Thorismod2. Thiudimir3règne conjointement avec ses deux frères et s’affirme comme un fidèle vassal d’Attila, roi des Huns.
Valamir participe aux opérations menées par les Huns, ainsi en 447 lors des raids d’Attila dans les provinces du Danube ou en 451 lors de la bataille des champs Catalauniques, durant laquelle il exerce le commandement de ses troupes4. Après la mort d’Attila en 453, Valamir s’affirme comme le chef des Goths installés en Pannonie. Il mène ainsi la lutte contre les Huns affaiblis, en 456 et 457. Lors de cette guerre, il met en déroute les fils d’Attila, à la bataille de la Nedao5,6.
Jeunesse
En vert, l’origine, le Götaland et en rose l’île de Gotland. Le rouge correspond à la zone d’extension de la culture de Wielbark en Pologne au iiie siècle et l’orange à celle de culture de Tcherniakov. En violet, l’Empire romain.
Né vers 455 sur les bords du lac de Neusiedl près de Carnuntum7 en Pannonie, le fils de Thiudimir et d’Ereuleva, encore enfant, est envoyé à Constantinople et sert d’otage pendant neuf ans, en garantie du traité conclu par son père avec l’Empire byzantin8. Élevé comme un Romain pendant 10 ans, bien traité par les empereurs Léon Ier et Zénon, il apprend beaucoup sur le gouvernement et la conduite militaire d’un empire (Aspar aurait été son professeur)9. « Les premières années de Théodoric rappellent le nourrisson des forêts, l’habitant nomade des basternes10 plutôt que le fils des rois. Point d’autre pompe autour de lui que l’attirail du camp de son père Théodemir ; point d’autre cortège que sa mère Erelieva qui, par sa tendresse vigilante et ses mœurs simples, prépara ou même hâta le développement de son heureuse constitution »11. En 471, pour contrebalancer le pouvoir de Théodoric Strabon sur l’empire d’Orient, l’empereur Léon Ier renvoie à son père Théodoric, âgé de 18 ans.
Théodoric reconquiert pour le compte de l’empire d’Orient la Mésie en combattant le chef sarmateBabaï qui a traversé le Danube et pris Singidon. A l’insu de son père, il rassemble 6 000 volontaires, rejoint Babaï, le vainc, le tue et reprend Singidon. Couvert de gloire, il rentre auprès de son père avec l’intention de rendre la Mésie à l’empire, mais son père récupère cette terre et l’empereur s’en accommode, préférant l’amitié de ce puissant roi12. Il devient magister militum en 483 et consul l’année suivante.
Âgé d’une trentaine d’années, Théodoric est envoyé en Italie par Zénon pour destituer Odoacre, roi des Hérules, qui, ayant renversé le dernier dépositaire de la charge impériale en Occident en 476, s’affirme comme un vassal de plus en plus remuant. Frédéric, roi des Ruges, se réfugie en Mésie où il incite le roi à se poser en adversaire d’Odoacre. La campagne de Théodoric commence en 488 : l’empereur Zénon concède l’Italie à Théodoric par un brevet solennel13.
Les Ostrogoths battent les Gépides, envahissent la Pannonie et pénètrent en Italie du Nord. Les deux armées se rencontrent sur le fleuve Isonzo et Odoacre, vaincu, se réfugie à Vérone puis à Ravenne14.
Théodoric marche sur Milanoù le maître des soldats d’Odoacre, Tufa, se livre avec une partie de son armée. En 493, Théodoric occupe l’Italie du Nord avec Milan et Pavie, mais Odoacre contre-attaque avec l’aide de Frédéric, roi des Ruges. Tufa, envoyé se battre contre Odoacre, livre les comtes ostrogoths de son armée à Odoacre à Faenza15.
Théodoric, enfermé dans Pavie, réussit à se libérer de ce siège et fait pendant trois ans le siège de Ravenne où s’est réfugié Odoacre. Il envoie en ambassade le chef du sénat Festus à l’empereur Zénon en espérant recevoir son accord pour être proclamé roi. À la fin du siège, il prend en otage Thélanès, fils d’Odoacre, avant d’entrer dans Ravenne. Il tue lui-même Odoacre ainsi que tous les membres de son armée et leur famille, lors d’un banquet, dix jours après la fin du siège15,14.
L’ambassade de Festus revient après l’annonce de la mort de Zénon— remplacé par Anastase — et les Goths confirment Théodoric comme leur roi sans l’accord du nouvel empereur.
Théodoric fonde un royaume autonome, accordant néanmoins aux Romains la possibilité d’être soumis aux lois et juridictions romaines, tandis que les Goths conservent leurs propres coutumes. L’empereur Anastase Ier le reconnaît comme maître des soldats, investi du gouvernement de l’Italie, mais Théodoric ne veut pas porter le titre de patrice ni celui de maître des soldats. Cependant il porte la pourpre et le diadème, se fait appeler « très glorieux » et est parfois désigné comme Auguste16,17. Il fait frapper des monnaies aux effigies de l’empereur d’Orient. De rares médailles le représentent avec le titre de « prince ».
La culture antique se maintient durant son règne. Le philosophe Boèce entre en 507 au conseil de Théodoric. Il devient consul en 510et sera bientôt la figure la plus en vue du Sénat romain. En 522, il prononce un éloge du souverain, mais finira en prison, deux ans plus tard, accusé de liens avec la cour de Constantinople18.
Un royaume divisé par la religion
Théodoric est de foi arienne. Il mène tout au long de son règne une politique de tolérance, assortie d’une stricte séparation des peuples goths ariens et des Italiens (ou Romains) catholiques. Les mariages entre les deux populations sont interdits. Il organise une hiérarchie militaire gothique sur le modèle de la hiérarchie civile romaine et maintient le système administratif romain19.
Sa politique intérieure navigue entre une bienveillance générale pour le monde romain et une certaine rigueur contre l’opposition orientale derrière le chef du Sénat, Symmaque et Boèce.
Il ne contrôle pas l’élection du pape, mais en 498 il intervient dans le conflit entre Symmaque et Laurent et met fin au conflit au profit du pape Symmaque16.
En 500, il visite Rome pendant six mois et montre de la bienveillance envers les Romains : il va au Sénat, fait des discours au peuple et promet de protéger la civilisation romaine. Il confère le titre de patriceau préfet du prétoire Libérius et donne son poste à Théodorus, fils de Basilius. Il fait décapiter le comte Odoin à l’origine d’une conspiration contre lui20.
Vers 523–525, à la suite d’un schisme avorté entre Rome et l’Église de Constantinople, Boèce et plusieurs sénateurs sont suspectés de communiquer avec l’empereur byzantinJustin Ier, chrétien nicéen, tandis que Théodoric est arien. Boèce défend ouvertement le sénateur Albinus, accusé d’avoir adressé à l’empereur Justin un écrit dénigrant le règne de Théodoric. Albinus et Boèce sont condamnés et tués. Peu après, Symmaque, beau-père de Boèce, est conduit à Ravenne et mis à mort.
Le pape Jean Ier et de nombreux évêques sont envoyés à la cour de Justin pour tenter de ramener à l’arianisme les ariens convertis pendant les persécutions de l’empereur byzantin Justin Ier. Justin refuse et, à son retour, Théodoric rompt avec le pape Jean Ier, le jette en prison et le laisse mourir de faim21. Il persécute alors les catholiques.
Il noue des alliances matrimoniales avec tout le monde barbare. Alaric II, roi des Wisigoths, épouse une de ses filles, Téodegonde Amalasunta des Amales, Ostrogotho Areagni épouse Sigismond, roi des Burgondes. En 500, il donne sa sœur Amalafride au roi des VandalesThrasamund, lors de son voyage à Rome.
Théodoric meurt de dysenterie en 526. Il laisse derrière lui le souvenir de trente ans de paix pour l’Italie, événement heureux qui ne se répétera pas avant des siècles. Il est enterré à Ravenne, où son tombeau constitue l’un des plus intéressants monuments de la ville (il est couvert d’une énorme coupole monolithe). Après lui, sa fille Amalasonte devient régente pour son petit-fils Athalaric24.
Témoignages contemporains
L’historien et chroniqueur byzantin Procope de Césarée25, qui accompagna pourtant le général Bélisaire lors des guerres contre les Goths, en fait un éloge univoque qui montre probablement la considération dont il jouissait aux yeux de ses sujets italiens : « Il commanda seul sur les Italiens et sur les Goths avec une puissance absolue. Il ne prit néanmoins ni le nom, ni l’habit d’empereur des Romains ; il se contenta de la qualité de roi qui est celle que portent les capitaines des Barbares. Il faut pourtant avouer qu’il a gouverné ses sujets avec toutes les vertus qui sont dignes d’un grand empereur. Il a maintenu la justice, il a établi de bonnes lois, il a défendu son pays de l’invasion de ses voisins, et a donné toutes les preuves d’une prudence et d’une valeur extraordinaire. Il n’a fait aucune injustice à ses sujets ni permis que l’on leur en fît, si ce n’est qu’il a souffert que les Goths aient partagé entre eux les terres, qui avaient été distribuées par Odoacre à ceux qui suivaient son parti. Enfin, quoique Théodoric n’eût que le titre de roi, il ne laissa pas d’arriver à la gloire des plus illustres empereurs qui aient jamais monté sur le trône des Césars. Il fut également chéri par les Goths et par les Italiens, ce qui n’arrive pas d’ordinaire parmi les hommes, qui ont coutume de n’approuver dans le gouvernement de l’État que ce qui est conforme à leurs intérêts, et qui condamnent tout ce qui y est contraire. Après avoir régné trente sept ans, et s’être rendu formidable à ses ennemis, il mourut de cette manière »26.
Amalasonte (494–535)31qui épouse le prince amaleEutharic. Ce prince meurt bientôt, laissant un jeune fils nommé Athalaric, dont Théodoric fait son héritier. Amalasonte, jeune veuve depuis 522/523, gouverne pendant la minorité d’Athalaric (à partir de 526), et se remarie avec Théodat, qui, l’année suivante, la fait étrangler sur une île du lac de Bolsena.
Avec une certaine Theodora, Théodoric a une fille :
Théodoric le Grand est une figure légendaire dans la mythologie germanique, connu sous le nom de Dietrich de Berne (Bern est le nom en haut-allemand médiéval de la ville de Vérone où il avait une de ses résidences). Roi légendaire de Vérone, ses premiers exploits sont rapportés dès le ixe siècle dans la Geste d’Hildebrand (Hildebrandliedvers 830).
Le cycle de Dietrich ou Dietrichsage est écrit en haut-allemand. Il comprend deux groupes de textes : des épopées historiques comme Alpharts Tod, Dietrichs Flucht ou Ornit, et des épopées d’aventures surnaturelles comme Dietrich und Fasold ou Sigenot. Dietrich apparaît également dans le Nibelungenlied, où il combat Siegfried trois jours durant, et dans la sagascandinaveThidreksaga, où Dietrich rassemble une dizaine de chevaliers et accomplit de nombreux exploits grâce à son cheval Falke, et ses épées Nagelring, puis Eckenlied. Dietrich, exilé par son oncle, se réfugie chez Attila. Lors de son bannissement, Dietrich est suivi par le fidèle Hildebrand, son maître d’armes. Après un long exil et de nombreuses aventures, Dietrich revient chez lui et retrouve son royaume33.
Dans la littérature contemporaine
Jean d’Ormesson écrit en 1990 une Histoire du Juif Errant, dans laquelle le héros rencontre Odoacre puis Théodoric et tente de les faire pacifier jusqu’au massacre de Ravenne.
↑A.H.M. Jones & J.R. Martindale, The Prosopography of the Later Roman Empire, Vol. II (AD 395 – 527) (1971 – 1980).
↑Edward Gibbon, Leclerc de Sept-Chênes, Histoire de la décadence et de la chute de l’empire romain, tome 9, Paris, Moutard, , 476 p. (lire en ligne [archive]), p. 200.
↑J.R. Martindale, The Prosopography of the Later Roman Empire, volume 2, AD 395-527 p. 1069. Ouvrage partiel en ligne [archive].
↑Patrick Périn, « Fin de l’Empire romain d’Occident », Encyclopædia Universalis.
↑Litière portée par deux mulets et, plus tard, char à bœufs mérovingien.
↑L. M. Du Roure, Histoire de Théodoric le Grand, roi d’Italie, précédée d’une revue …, 1846, librairie Téchener, p. 83.
↑Charles Le Beau, Saint-Martin, Marie-Félicité Brosset, Histoire du Bas-Empire… (lire en ligne [archive]).
↑André Chastagnol, La fin du monde antique, Nouvelles Éditions Latines, Paris, 1976. « Pendant 15 ans, dans le royaume wisigoth, les actes sont datés par l’année du règne de Théodoric alors qu’en Italie, on date encore d’après les consuls. »
L’empire barbare (tome 2), Théodoric Le Grand, de Gary Jennings, roman historique prenant des libertés, bien assumées par son auteur, avec le déroulement chronologique des événements.