Le lion est fils d’Orthos, le chien de Géryon, et de la Chimère ou d’Échidna1,2, à l’instar du Sphinx de Thèbes. Une tradition minoritaire lui attribue pour père Typhon, sans que la mère ne soit précisée3 ; une autre encore mentionne Séléné, déesse de la lune, comme sa mère4. Élevé par Héra5, il fait régner la terreur dans la région de Némée, en Argolide. Il présente la particularité d’avoir une peau impénétrable6.
Tuer ce monstre et le ramener à Eurysthée constitue le premier des douze travaux qu’Héraclès doit accomplir7. À son arrivée à Cléones, le héros s’arrête dans la hutte d’un laboureur, nommé Molorchos, qui veut lui offrir un sacrifice, comme à un dieu. Refusant pareil honneur, Héraclès lui demande d’attendre un mois. Ce mois écoulé, ou bien il méritera un sacrifice au titre de héros mort, ou bien il aura tué la bête, auquel cas Molorchos pourra alors offrir le sacrifice à Zeus. Un soir, Héraclès surprend le lion sur le versant d’une colline, après le repas de la bête. Dissimulé, il tire sur elle à coup de flèches. Mais il s’aperçoit rapidement que le monstre est invulnérable. Ses flèches, offertes pourtant par Apollon, rebondissent sur son cuir. Le lion charge, Héraclès évite l’assaut. Il combat armé seulement de sa massue en bois d’olivier. Il en frappe le lion, puis l’étouffe, brisant sa massue dans la mêlée.
Une autre version veut qu’Héraclès parvient à enfermer le lion dans son antre, et l’étouffa de ses deux mains. Il l’écorche en utilisant les propres griffes du monstre pour entamer la peau coriace. Il nettoie la peau (que ni le feu, ni le fer ne peut entamer) et s’en revêt8. Zeus met le lion dans le firmament, au nombre des constellations. Molorchos est en train de sacrifier au héros lorsqu’Héraclès arrive à Cléones. À son retour à Tirynthe, le héros lance la peau aux pieds d’Eurysthée, qui en est si terrifié qu’il saute dans une jarre pour s’y cacher. Il ordonne à Héraclès de déposer dorénavant ses trophées à l’extérieur de la ville et de ne communiquer avec lui que par l’intermédiaire de Coprée, son héraut.
Représentations artistiques
Durant l’Antiquité romaine, masques acrotères avec la tête d’Hercule coiffée de la peau du lion sur certains mausolées de la Gaule Narbonnaise.
↑Suivant la manière dont l’on interprète le pronom personnel du début du vers 326 — « elle enfanta encore… » —, qui peut renvoyer à Échidna, dont on parle tout au long du passage, ou à la Chimère, sujet du vers 319.
Teseo liberatore, Museo archeologico nazionale di Napoli, (inv. nr. 9043). Da Pompei, Casa di Gavius Rufus. Teseo ha appena ucciso il minotauro riverso a terra nell’ ingresso del labirinto, e viene ringraziato dai giovinetti ateniesi destinati a finire in pasto al mostro, mentre sulla destra il popolo cretese assiste sorpreso all’evento.
Dans la mythologie grecque, Thésée (en grec ancienΘησεύς / Thêseús) est un héros de l’Attique, fils d’Égée (ou de Poséidon) et d’Éthra. Son nom proviendrait de la même racine que θεσμός / thesmós, en grec « institution ».
Héros fondateur, à l’instar de Perséeou Héraclès, Thésée est vénéré par les Ioniens et est considéré par les Athéniens comme leur grand réformateur : roi mythique d’Athènes, il est rendu responsable de l’unification politique de l’Attiquesous la domination athénienne1. Son règne marque aussi une période de paix avec les Thessaliens et les Béotiens2. En tant que roi unificateur, Thésée est censé avoir construit et occupé un palais de la forteresse de l’Acropole, qui peut avoir été semblable au palais excavé de Mycènes. Le géographe Pausanias rapporte qu’après le synœcisme, Thésée a établi un culte de l’AphroditePandémos (« de tout le peuple ») et Péitho sur le versant sud de l’Acropole. Dans Les Grenouilles, Aristophane lui attribue l’invention de nombreuses traditions athéniennes, dont celle de la consécration de la chevelure des éphèbes. Son exploit le plus célèbre et sa légende donnent lieu à de nombreuses interprétations. Certains spécialistes de l’histoire des religions ont souligné l’importance de la mythologie lunaire dans les légendes de Thésée3.
Le mythe
Naissance et enfance
Égée, roi d’Athènes, n’a pas eu d’enfant avec ses différentes épouses et souhaite avoir un fils. Il consulte l’oracle de Delphes afin de mettre un terme à sa stérilité. La Pythie lui enjoint de ne délier le col de son outre en aucun cas avant d’avoir atteint le plus haut degré d’Athènes. Devant ces paroles énigmatiques, Égée se rend chez la magicienne Médée et contre une protection, elle promet de lui trouver une femme. Sous l’enchantement, Éthra, fille du roi Pitthée de Trézène, s’éprend d’Égée. Après l’étreinte, la jeune femme se réfugie dans l’île de Sphaéra, où elle s’unit au dieu Poséidon. Doublement honorée cette nuit-là, elle met au monde un fils, Thésée4.
Égée, qui doit repartir pour Athènes, n’assiste pas à sa naissance, mais recommande à Éthra de l’élever selon les normes de son rang, dépose une épée et des sandales d’or sous un rocher, insignes royaux qui lui dévoileraient le secret de sa naissance le jour où il pourrait soulever la roche. Enfant précoce et vigoureux, Thésée a aussi reçu en partage la séduction, la ruse et le courage. Émerveillée par tant de dons, sa mère le conduit devant le rocher : il le soulève facilement et comprend son identité royale. Il ignore cependant encore sa filiation avec Poséidon. Thésée prend la route vers Athènes ; en chemin, il tue Périphétès, Procuste, Sciron, Cercyon, et Sinis, brigands qui s’en prennent aux voyageurs, puis débarrasse la région de Crommyon5 d’une laie qui ravage les cultures et tue des hommes.
Arrivée à Athènes et avènement royal
Lorsque Thésée arrive à Athènes, il ne révèle pas immédiatement sa véritable identité. Égée qui l’accueille éprouve quelques soupçons à l’égard de l’étranger tandis que sa femme Médée essaie de le faire tuer en lui demandant de capturer le taureau de Marathon.
Sur le chemin de Marathon, Thésée s’abrite de l’orage dans la cabane d’une vieille femme, Hécalé. Elle promet de faire un sacrifice à Zeussi Thésée parvient à capturer le taureau. C’est ce qui se produit, mais à son retour, il trouve la vieille femme morte. En son honneur, Thésée donne son nom à l’un des dèmes de l’Attique, faisant d’une certaine manière de ses habitants les enfants adoptifs de la défunte.
De retour de Marathon en vainqueur du taureau à Athènes4, Thésée est victime d’une tentative d’empoisonnement par la reine, mais au dernier moment, il est reconnu à ses sandales, son bouclier et son épée par Égée qui écarte le vin empoisonné. Thésée partage dès lors avec lui le gouvernement de la cité.
Athènes vit un drame : depuis la mort de son fils et sa victoire sur les Athéniens, Minos, roi de Crète, exige que la ville lui envoie tous les 9 ans un tribut de sept jeunes hommes et de sept jeunes filles qu’il donne en pâture au Minotaure. Thésée décide de mettre fin à ce carnage et se rend en Crète avec les jeunes victimes afin de tuer le monstre4. Égée fait tout pour le convaincre de rester, mais Thésée reste inébranlable6.
Minos se moque de ce jeune homme qui prétend entrer dans le labyrinthe de Dédale, exterminer le monstre et en ressortir sain et sauf. C’est ne pas tenir compte de sa propre fille, Ariane qui est tombée amoureuse de Thésée et qui va lui donner une pelote de fil pour lui permettre de retrouver la sortie. Il abat le monstre avec le glaive qu’Ariane a volé à son père — glaive offert par Héphaïstos pour son mariage avec Pasiphaé — ressort du labyrinthe et se sauve en mer avec ses compagnons et Ariane qui a trahi son père à condition qu’il l’épouse. Il abandonne Ariane sur une île déserte après l’avoir endormie sur les conseils du capitaine du bateau. Il sait pourtant qu’Ariane a trahi sa famille pour lui et que si elle revient à Knossos elle se fera exécuter par son père pour trahison. Il rentre donc sans elle à Athènes. Égée attend du haut d’un promontoire le retour du bateau et guette la couleur des voiles : selon un accord passé avec son fils, elles seront blanches en cas de victoire. Mais Thésée oublie de les changer et les voyant noires, Égée se jette dans la mer qui, désormais, porte son nom7. Après ce tragique événement, Thésée devient le roi d’Athènes.
Maturité et mort
Thésée enleva Hélène, et les Dioscures lui firent une guerre pour la récupérer8. Thésée vient ensuite en aide à son ami Pirithoos lors de la bataille contre les Centaures, et lui assure la victoire7. Avec Pirithoos, ils descendent aux Enfers pour enlever Perséphone9 mais sont capturés par Hadès et entravés par un rocher. Héraclès parvient ensuite à délivrer Thésée, mais échoue à aider Pirithoos, qui reste à jamais scellé à la pierre.
Outre Ariane, Thésée a épousé Antiope ou Phèdre, et en a divorcé selon les versions. Selon la première version, il a enlevé Antiope, ce qui conduit les Amazones à envahir l’Attique, mais l’invasion est glorieusement repoussée par Thésée ; c’est ce qu’on appelle l’Amazonomachie7. Ensemble, ils ont un fils Hippolyte. Mais la femme de Thésée meurt en combattant aux côtés de son mari.
Thésée se remarie avec Phèdre, qui se montre cruelle avec Hippolytelorsqu’il s’est refusé à elle10, accusant son beau-fils d’avoir tenté de la séduire. De passage à Delphes, Thésée se coupe la chevelure et en fait don à Apollon. La coutume dans l’Athènes antique veut que les jeunes hommes de l’Antiquité consacrent également leur chevelure (gardée longue jusqu’à la puberté) à une divinité – Héraclès le plus souvent – dans les murs de leur cité ; ce rite les fait passer à l’âge adulte. Dans Les Caractères du philosophe Théophraste, le Poseur11 qu’il décrit pousse l’ostentation jusqu’à faire voyager son fils à Delphes afin d’imiter Thésée12.
Sa réforme, appelée synœcisme, c’est-à-dire réunir tous les peuples attiques en une unique entité politique, et organiser un pouvoir central établi sur l’Acropole, divisa les territoires contigus ainsi que la répartition du peuple en trois classes : les nobles, les artisans et les cultivateurs (selon Thucydide13). Ce faisant, les royautés locales furent abolies, puis une réaction contre cette nouvelle forme de pouvoir populaire valut à Thésée d’être frappé d’ostracisme, banni, victime de sa loi14,15 ; Diodore de Sicile ajoute qu’il meurt en exil. Selon la mythologie, il doit fuir à Scyros pour échapper à Ménesthée, usurpateur d’Athènes16, mais y est tué par le roi Lycomède17.
La construction du mythe
Les origines du mythe remontent au viie siècle av. J.-C., notamment d’une épopée archaïque appelée la Théséïde, transmise de manière orale, et dont les appositions par écrit ont été perdues. La première représentation découverte de Thésée est une amphore datant de 700 av. J.-C., sur laquelle il combat un Centaure18. Avant le ve siècle, Thésée est surtout représenté comme le vainqueur du Minotaure et comme l’ami du héros thessalien Pirithoos, avec qui il a combattu les centaures thessaliens. La légende de Thésée grandit vers le vie siècle av. J.-C., comme en témoignent les nombreux vases à son effigie datés de cette période, et son apparition dans les tragédies attiques. C’est dans le courant du ve siècle que le personnage de Thésée est récupéré par l’idéologie civique athénienne, qui fait de lui le fondateur de la cité, de son calendrier, de ses fêtes religieuses, et même de la démocratie. Un culte est rendu à son prétendu tombeau. En dehors d’Athènes, Thésée est surtout connu pour avoir été l’époux malheureux de Phèdre19. Plutarque, au iie siècle, fait une synthèse des récits sur le personnage de Thésée dans ses Vies parallèles. Il avait à sa disposition de nombreux écrits et poèmes qui ont aujourd’hui disparu, mais a en grande partie négligé la tradition orale du récit mythique de Thésée, et aussi les représentations faites sur les vases des vie et ve siècles av. J.-C.20.
Version d’Hérodore
Plutarque de Chéronée rapporte dans sa Vie de Thésée que d’après le mythographe Hérodore d’Héraclée, Thésée ne prit part qu’au combat contre les Centaures, et qu’il aida Adraste à ensevelir les corps après la bataille des Sept contre Thèbes — action à l’origine de l’obligation d’ensevelir des cadavres des guerres. Il épousa Antiope après une guerre ultérieure à celle des travaux d’Héraclès, qu’il ne rencontra que pendant le massacre des Centaures.
Évocations artistiques
Littérature
Théséïde, épopée archaïque apparue vers le viie siècle av. J.-C.19
Émile Chambry, Émeline Marquis, Alain Billault et Dominique Goust (trad. Émile Chambry), Lucien de Samosate : Œuvres complètes, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1248 p.(ISBN9782221109021)
Claude Calame, Thésée et l’imaginaire athénien, Payot, coll. « Sciences humaines », Lausanne, 1996 (2e édition)(ISBN2601031751)
Henri Jeanmaire, Couroi et Courètes : essai sur l’éducation spartiate et sur les rites d’adolescence dans l’Antiquité hellénique, Lille, Bibliothèque universitaire, 1939