Giacobbe Giusti, Maître de Calci: Tête de Christ, Avignon, Musée du Petit Palais
Tête de Christ, Avignon, Musée du Petit Palais
Le Maître de Calci (en italien, Maestro di Calci ou Maestro della croce di Calci) est un peintreanonyme, actif à Pise entre 1240 et 1260 environ, de facture essentiellement lucquoise (Berlinghieri), mais influencée par la peinture pisane (Giunta Pisano)1
Ragghianti est à l’origine de sa définition en 19552, le dénommant d’après un fragment de crucifix conservé en l’église paroissiale de Calci, près de Pise.
L’Œuvre
D’abord considéré comme un maître de stricte facture lucquoise3, « personnalité anonyme de l’entourage des Berlinghieri »4, une partie de la critique récente insiste désormais sur le fait que son style tient compte des leçons du pisan Giunta Pisano5,6. Ainsi, pour Burresi-Caleca1, l’œuvre réuni sous son nom se définit à partir d’une interprétation des formes et des modulations lumineuses de Giunta : l’accentuation par des traits lumineux du clair-obscur renforcent ses effets plastiques et expressifs, amenant d’ailleurs des résultats assez similaires aux dernières œuvres de Berlinghiero Berlinghieri (par exemple dans le Crucifix de Fucecchio, lui-même vraisemblablement influencé par Giunta7).
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Berlinghiero Berlinghieri, Crucifix de Lucques
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Berlinghiero Berlinghieri, Crucifix de Fucecchio
Son traitement du thème traditionnel du Christus triumphans, en particulier celui du visage du Christ, s’appuie sur des procédés caractéristiques, qui ont servi de critères au regroupement effectué par Ragghianti8 : fort contrastes de lumière sur le visage, l’oreille gauche en forme de demi-lune, la barbe finement ondulée en traits fins mais fortement différenciés, les ondulations ligneuses des cheveux, la raie et les petites mèches à la racine de celle-ci…
Crucifix (fragment) – Tête de Christ, Calci
Garrison9 publie pour la première fois cette œuvre en 1949, l’attribuant à un artiste de facture lucquoise du milieu du xiiie siècle. En 1955 elle devient l’œuvre éponyme du maître de Calci, autour de laquelle Ragghianti regroupe des œuvres berlinghiesques similaires.
Carli en 195810 et, plus près de nous, Ferretti en 198711 confirment l’attribution, ainsi que Burresi et Caleca en 19936, ces derniers rapprochant plus précisément l’œuvre de celles de Bonaventura Berlinghieri, le fils de Berlinghiero Berlinghieri.
Tartuferi5 souligne le caractère « indéniablement pisan » de l’œuvre12, qui s’inspire selon lui directement de Giunta Pisano.
Crucifix (fragments d’Avignon et Rio)
Pour E. Garrison13, la Tête de Christd’Avignon est une œuvre lucquoise, ou pisane sous influence lucquoise, de l’école des Berlinghieri, exécutée vers 1245-1255, œuvre que selon une suggestion de Federico Zeri4, il rapproche d’un autre fragment un bras gauche du Christ avec saint Jean, autrefois dans la collection Sterbini à Rome, et aujourd’hui au Museu Nacional de Belas Artes de Rio de Janeiro. Les deux fragments proviennent effectivement d’un même crucifix, très proche de celui signé par Berlinghieri (Pinacothèque de Lucques). Cette attribution sera entérinée par les catalogues successifs du Musée du Petit Palais (1977, 1987, 20054) qui attribuent l’œuvre à l’École des Berlinghieri.
Alors qu’en 1955, Ragghianti8 l’ajoute au corpus du Maître de Calci, E. Carli (1958), quant à lui, y reconnaît la main d’un autre brillant élève de Berlinghiero, maître anonyme dénommé le Maître (du crucifix) de Castelfiorentino d’après le Crucifix de Santa Chiara à Castelfiorentino (aujourd’hui au Musée d’Art sacré de Volterra).
Dans son index des œuvres du duecento, Marques répertorie l’œuvre sous la rubrique « Lucca/Atelier ou entourage local des Berlinghieri »14 et y voit surtout le point de départ d’un deuxième moment « dans la production de cet ensemble d’ateliers lucquois au xiiie siècle […] qui s’affirmerait pleinement avec des œuvres du troisième quart du siècle, parmi lesquelles les diptyques de l’Académie de Florence15, les tabernacles de Cleveland16 et Frick17, les crucifix du palais Barberini à Rome, et du musée Bandini de Fiesole (Garrison no 468)18, la crucifixion du Getty Museum de Malibu19, le triptyque de Bilthoven20, etc. »21.
Ferretti en 198722 réaffirme l’attribution de Ragghianti au Maître de Calci; avis repris depuis par A. Tartuferi23, M. Boskovits24 et Carletti25.
Le Crucifix de San Paolo a Ripa d’Arno
Du crucifix du xiiie siècle n’a été préservée que la tête du Christ, le reste du corps ayant été repeint au xvie siècle ou xviie siècle26. Signalée par Garrison27comme œuvre berlinghiesque, ajoutée par Ragghianti8 au catalogue du Maître de Calci, la restauration de l’œuvre en 1975-77 a permis de reconnaître encore plus nettement l’auteur du Crucifix de Calci26.
- SUPINO 1894] (it) I. B. Supino, Catalogo del Museo Civico di Pisa, Pisa,
- [BELLINI PIETRI 1906] (it) A. Bellini Pietri (A cura di), Catalogo del Museo Civico di Pisa, Pisa,
- [SIREN 1914] (it) O. Sirén, « Maestri Primitivi. Antichi dipinti nel Museo civico di Pisa, », Rassegna d’Arte, Pisa, vol. XIV,
- [COLETTI 1941] (it) L. Coletti, I Primitivi. I. Dall’arte benedettina a Giotto,
- [LONGHI 1948] (it) R. Longhi, « Giudizio sul Duecento », Proporzioni, vol. II, , p. 5-54
- [GARRISON 1949] (en) E. B. Garrison, Italian Romanesque Panel Painting. An Illustrated Index, Firenze,
- [VIGNI 1950] (it) G. Vigni, Pintura del Due e Trecento nel Museo Civico di Pisa, Pisa,
- [RAGGHIANTI 1955] (it) C. L. Ragghianti, Pittura del Dugento a Firenze, Firenze,
- [CARLI 1958] (it) E. Carli, Pittura Medievale pisana, Milano,
- [CALECA 1986] (it) « Pittura del duecento e del trecento a Pisa e a Lucca », dans La Pittura in Italia. I. Il duecento e il trecento, p. 233-264
- [FERRETTI 1987] (it) P. Ferretti, « Problemei della Pittura pisana del Duecento: un Crocifisso inedito a Pisa e il Maestro della croce Di Calci », Arte Christiana, no LXXV, , p. 307-316
- [MARQUES 1987] L. C. Marques, La peinture du Duecento en Italie centrale, Picard, , 287 p.
- [TARTUFERI 1990] (it) A. Tartuferi, La pittura a Firenze nel Duecento, Firenze, (ISBN 978-8885348011)
- [BURRESI-CALECA 1993] (it) M. Burresi et A. Caleca, Le Croci dipinte, Pisa,
- [BURRESI-CALECA 1999] (it) M. Burresi et A. Caleca, « Le antichità pisane dall’erudizione alla collezione », dans M. Burresi (a cura di), Alla ricerca di un’identita. Le pubbliche collezioni d’arte a Pisa fra Settecento e Novecento, Pontedera, , p. 21-120
- [BOSKOVITS 2003] (it) M. Boskovits, A corpus of Florentine painting, Ornamental painting in Italy (1250-1310), Firenze,
- [BURRESI-CALECA 2003] (it) A. Burresi et M. Caleca, Affreschi medievali a Pisa, Cassa di Risparmio di Pisa,
- [BAY 2005] (it) C. Bay, « Scheda cat.52 – Dipinto murale, Crocifissione e Santi », dans Cimabue a Pisa (2005), p. 195
- [BURRESI-CALECA 2005] (it) M. Burresi et A. Caleca, Cimabue a Pisa : la pittura pisana del duecento da Giunta a Giotto, Pacini Editore SpA, (ISBN 88-7781-665-1)
- [BURRESI-CALECA 2005.1] (it) M. Burresi et A. Caleca, « Pittura a Pisa da Giunta a Giotto », dans Cimabue a Pisa (2005), p. 65-89
- [CARLETTI 2005.1] (it) L. Carletti, « Scheda cat.47 – Volto di Cristo [Calci] », dans Cimabue a Pisa (2005), p. 188
- [CARLETTI 2005.2] (it) L. Carletti, « Scheda cat.48 – Christus Triomphans [San Paolo a Ripa d’Arno] », dans Cimabue a Pisa (2005), p. 189
- [CARLETTI 2005.3] (it) L. Carletti, « Scheda cat.49 – Christus Triomphans [San Michele degli Sclazi] », dans Cimabue a Pisa (2005), p. 190
- [CARLETTI 2005.4] (it) L. Carletti, « Scheda cat.50 – Braccio del Cristo e San Giovanni [Rio] », dans Cimabue a Pisa (2005), p. 191
- [CARLETTI 2005.5] (it) L. Carletti, « Scheda cat.51 – Santa Caterina con storie della sua vita », dans Cimabue a Pisa (2005), p. 192-194
- [LACLOTTE-MOENCH 2005] (it) M. Laclotte et E. Moench, Peinture italienne Musée du Peti Palais Avignon, RMN, (ISBN 2-71184995-3)
Notes et références
- [Burresi-Caleca 2005.1], p. 82
- [Ragghianti 1955], p. 110-124
- depuis [Garrison 1949]
- [Laclotte-Moench 2005], p. 75
- [Tartuferi 1990], p. 21-22
- [Burresi-Caleca 1993], p. 32
- [Burresi-Caleca 2005], p. 128
- [Ragghianti 1955], p. 12
- [Garrison 1949], no 598
- [Carli 1958], p. 44
- [Ferretti 1987], p. 307-316
- « opera inequivocabilmente pisana » ([Tartuferi 1990], p. 21)
- [Garrison 1949], no 596
- [Marques 1987], p. 293-294
- Diptyque avec Vierge à l’Enfant entre huit saints et la Crucifixion entre deux scènes de la christologie, 103 × 61 cm, Florence, Accademia no 8575/8576; Cf. [Marques 1987], p. 294
- Triptyque: Madone avec l’Enfant entre l’Annonciation, le Christ à la colonne et la Crucifixion, 33 × 20 cm, Cleveland Museum of Art. Cf. [Marques 1987], p. 294
- Triptyque: Madone avec l’Enfant entre la Capture du Christ, le Christ à la colonne, la déposition de Croix et la Mise au tombeau, 126 × 101 cm, New York, Frick Collection, Cf. [Marques 1987], p. 294
- Crucifix, 140 × 110 cm, Fiesole, Museo Bandini, vers 1250-60
- Crucifixion Malibu, Getty Museum, inv. 70 PB 46. Cf. [Marques 1987], p. 294
- Triptyque : Madone à l’enfant entre saint François et saint Antoine, 90 × 168 cm, Bilthoven, Collection C.J. Veder; Cf. [Marques 1987], p. 294
- [Marques 1987], p. 72-73
- [Ferretti 1987], p. 307-309
- [Tartuferi 1990], p. 13
- [Boskovits 2003], p. 91-92
- [Carletti 2005.4], p. 191
- [Carletti 2005.2]
- [Garrison 1949], no 593
- [Carletti 2005.3]
- [Burresi-Caleca 2003], p. 58-59
- [Caleca 1986], p. 235-238
- [Carletti 2005.5], p. 192