Giacobbe Giusti, La Maestà au musée du Louvre (Cimabue)
Cenni di Pepo[N 1] dit Cimabue[N 2] (vers 1240[N 3], Florence[N 4] – 1302[N 5], Pise [N 6]?) est un peintre italien majeur, l’une des plus grandes figures de la pré-Renaissance.
Cimabue assure le renouvellement de la peinture byzantine en rompant avec son formalisme et en introduisant des éléments de l’art gothique, tels que le réalisme des expressions des personnages. De ce point de vue, il peut être considéré comme l’initiateur d’un traitement plus réaliste des sujets traditionnels, ce qui en fait le précurseur du réalisme de la Renaissance florentine.
« [Cimabue] triompha des habitudes culturelles grecques qui semblaient passer de l’un à l’autre : on imitait sans jamais rien rajouter à la pratique des maîtres. Il consulta la nature, corrigea en partie la raideur du dessin, anima les visages, plia les tissus, plaça les personnages avec beaucoup plus d’art que ne l’avaient fait les Grecs. Son talent ne comportait pas la grâce ; ses Madones ne sont pas belles, ses anges dans un même tableau sont tous identiques. Fier comme le siècle où il vécut, il réussit parfaitement les têtes des hommes de caractère et spécialement celles des vieillards, leur imprimant un je ne sais quoi de fort et de sublime que les modernes n’ont pu dépasser. Large et complexe dans les idées, il donna l’exemple des grandes histoires et les exprima en grandes proportion. »
— L. Lanzi , Storia pittorica della Italia (1795-1796)[1]
Son influence est immense dans toute l’Italie centrale entre 1270 et 1285 environ[N 7] :
« Avec ses surprenantes capacités d’innovation et avec la puissance imaginative qui lui a permis les grands effets d’Assise, Cimabue fut de loin le peintre le plus influent de toute l’Italie centrale avant Giotto ; mieux : il en fut le point de référence. »
— L. Bellosi, Cimabue (1998)[2]
Développée et éclipsée par ses deux géniaux disciples Duccio et Giotto, son impulsion réaliste innerve ainsi le cœur de la peinture italienne et plus généralement occidentale.
Notre perception de Cimabue a cependant été faussée pendant des siècles par le portrait qu’en a donné Vasari dans sa première Vie, biographie s’inscrivant dans une vision campaniliste à la gloire de Florence (écartant de facto Giunta Pisano) et dont le principal objectif est de servir d’introduction et de faire-valoir à celle de Giotto. Le simple fait qu’il soit dans les Vite a longtemps rendu inacceptable sa formation pisane, les biographies continuant systématiquement à le rattacher à Coppo di Marcovaldo – le florentin le plus illustre le précédant. Et le retrait de la Madone Rucellai du catalogue de Cimabue en 1889 – œuvre clef du dispositif vasarien – a même un temps remis en cause la véracité de son existence.
La ré-évaluation de Cimabue s’est aussi heurtée à une malédiction persistante dont souffre le maigre corpus d’œuvres parvenues jusqu’à nous : la céruse (blanc de plomb) utilisée dans les fresques de la basilique supérieure Saint François d’Assise est, par oxydation, devenue noire, transformant les œuvres en un négatif photographique déroutant voire illisible; le sublime Crucifix de Santa Croce a subi des dommages irréversibles lors de l’inondation de Florence en 1966, et enfin le tremblement de terre de 1997 a fortement endommagé la voûte des quatre évangélistes – la partie jusqu’alors la mieux préservée des fresques de la basilique supérieure de Saint François d’Assise, pulvérisant notamment le saint Matthieu.
La Maestà (ou La Vierge et l’Enfant en majesté entourés de six anges) est une tempera sur bois, une peinture religieuse de Cimabue, une de ses Maestà réalisées au XIIIe siècle, vers 1280. Celle-ci est conservée au Musée du Louvre à Paris et a été confisquée comme prise de guerre en 1813 par Napoléon Ier pendant l’occupation en Italie.
Historique
La peinture, initialement dans l’église San Francesco de Pise, fut spoliée par les troupes napoléoniennes et emmenée à Paris par Jean Baptiste Henraux intéressé pour les collections françaises des peintures des primitifs italiens. Malgré les restitutions effectuées aux pays d’origine, ce tableau fait partie de ceux de grandes dimensions les rendant intransportables sans dommages. Il est donc resté au musée du Louvre.
Thème
Le thème est religieux. La signification du titre nous est donnée par Cennino Cennini dans son Traité sur la peinture : pour lui, est dite « en majesté » une figure vue de front. À partir du IVe siècle, on représentait ainsi le Christ, mais au XIIIe siècle, avec l’intensification du culte marial, c’est la Vierge qui est représentée « en majesté », et qui devient la « Majesté » par antonomase.
Une Maestà est donc une représentation de la Vierge à l’Enfant en Majesté soit de face, avec une attitude hiératique, sur un trône, entourée d’anges et des saints apôtres.
Description
La Vierge, avec l’Enfant Jésus dans les bras, assise sur un grand trône architectural, est entourée de sa cour céleste d’anges.
Le fond est d’or ainsi que les auréoles circulaires suivant l’esthétique encore médiévale de la peinture byzantine.
La Vierge est vêtue de bleu, symbole de la royauté. Elle a une attitude de mère soutenant l’Enfant sur ses genoux, de ses bras. Son regard est triste.
Les anges ont des visages similaires aux longs cheveux bouclés et des expressions d’une douceur voilée de tristesse. Ils sont alignés verticalement, trois de chaque côté. Ceux du bas regardent vers l’extérieur tandis que le regard de ceux du haut est tourné vers l’intérieur. La couleur de leurs ailes alterne entre le rouge et le bleu.
Les vêtements de l’Enfant sont somptueux ; il porte une fine tunique rouge recouverte d’une cape de couleur claire aux nombreux plis. Sa main gauche tient un phylactère.
On peut voir aussi que l’Enfant fait le geste de la bénédiction.
Le cadre est orné de vingt-six médaillons représentant le Christ, des anges, des prophètes et des saints.
Vasari fait une description de ce retable dans son ouvrage Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes.
Analyse
La pseudo-perspective frontale est la même que celles des autres tableaux de Cimabue, un des changements ayant amené les représentations plus terrestres et humanistes de la pleine Renaissance.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cimabue
https://fr.wikipedia.org/wiki/Maest%C3%A0_du_Louvre_(Cimabue)
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