Localisation du point d’entrée de la voie dans le Forum Romain,
de la Summa Sacra Via et de l’extrémité orientale du « tracé court » dans la Rome antique (en rouge)
La Voie Sacrée(en latin : Sacra Via, plus rarement Via Sacra) est la plus ancienne et la plus célèbre des ruesde la Rome antique. Avec la Nova Via, ce sont les deux seules rues de la ville à être qualifiées de viaeavant l’avènement de l’Empire et l’apparition de nouvelles viae comme la Via Tecta sur le Champ de Mars.
Localisation
La voie traverse plusieurs quartiers du centre historique de Rome, reliant les Carinae sur les pentes occidentales du mont Oppius, quartier à la mode à la fin de la République1, au Forum Romain et l’Arx. Elle est placée dans la Regio IVpar les catalogues régionnaires2.
Fonction
Pierre Grimal voit dans son tracé un decumanus, un des axes traditionnels de toute fondation de cité romaine3.
Aux ides de chaque mois, consacrés à Jupiter, des prêtres sacrificateurs emportent les idulia sacra nécessaires à l’accomplissement du rite, dont un bélier (idulis ovis)4, de l’autel de Strenia jusque sur l’Arx en empruntant la Sacra Via, voie que les augures inaugurent depuis la colline2,5. Les entrailles du bélier castré sacrifié par le Flamen Dialis sont déposées devant le temple de Jupiter Capitolin, situé sur l’autre sommet du Capitole. Si la procession passe par l’Arx auparavant, c’est peut-être en souvenir d’un culte plus ancien rendu à Jupiter sur le plus haut des deux sommets du Capitole4. La voie pourrait tirer son nom de ces idulia sacra transportés mensuellement tout au long de son parcours5.
Histoire
Son origine, très ancienne, pourrait remonter à la fondation de Rome. Il ne s’agit alors que d’un chemin longeant le cours d’eau qui descend la vallée séparant la Velia du Palatin, vers la dépression plus tard occupée par le Forum, une zone dans laquelle on retrouve trois murs construits entre le viiie et le vie siècle av. J.-C. qui devaient servir à délimiter les zones habitées. Avec les travaux de drainage et d’assainissemententrepris par les Tarquins, il est devenu possible de transformer ce chemin en véritable via, une des plus anciennes routes de Rome6 avec la Nova Via dont le tracé est quasiment parallèle et qui remonte également à l’époque royale7. Par extension, le terme Sacra Via désigne aussi le quartier qui se développe le long de la rue et dont les habitants sont appelés Sacravienses8.
Description
Tracé court
Établir le tracé de la Voie Sacrée dans Rome demeure problématique pour les archéologues et les historiens étant donné que pour le décrire, les auteurs antiques utilisent des monuments comme points de repère dont on ne connaît pas la localisation avec précision, comme le temple de Jupiter Stator, la Porta Mugonia et l’autel de Strenia. De plus, la topographie entre le Forum et le Colisée a fortement changé au cours de l’histoire de Rome, surtout après le règne de Néron9. Du fait de nombreuses incertitudes, plusieurs hypothèses ont été proposées. Toutes ont en commun un « tracé court » d’environ 70 mètres qui débute au sommet de la Velia, près d’un temple dédié au culte des Lares, de la résidence du Rex sacrorum, du temple de Jupiter Stator et du plus tardif arc de Titus10. Cette section de la rue est appelée Summa Sacra Via. La voie conduit ensuite jusqu’à l’extrémité orientale du Forum Romain, section appelée Sacer Clivus, jusqu’à la Regia ou à l’arc de Fabius. Le fait d’emprunter cette rue dans ce sens se dit Sacra Via descenderea 1 ou deducerea 2,11. La Sacra Via pourrait porter ce nom car elle borde des lieux de cultes qui occupent une place importante dans la religion romaine comme les sanctuaires des Lares, de Jupiter et de Vesta, d’où un caractère éminemment sacré2.
Tracé étendu communément admis
Selon Varrona 3 et Festusa 4, la Sacra Via est plus étendue12. La voie aurait été dès son origine le chemin emprunté par les processions religieuses. Son point de départ coïnciderait avec l’autel de Strenia (sacellum Streniae), dont on ne connaît rien sinon qu’il se situerait dans la région des Carinae, quelque part au nord-est du site plus tard occupé par le temple de Vénus et de Rome9. La voie monterait ensuite jusqu’au sommet de la Velia puis redescendrait jusqu’au Forum qu’elle traverserait d’est en ouest, jusqu’au Comitium, puis monterait vers le Capitole et mènerait sur l’Arx par le Gradus Monetae, plus tard remplacé par l’escalier des Gémonies2. Toutefois, Varron précise que l’usage commun limite la voie au « tracé court » décrit précédemment, de la Velia à la Regia13. De nos jours, le terme de Sacra Viahérité de Festus et Varron englobe tout le trajet, depuis les Carinae jusqu’à l’Arx13, qui pourrait correspondre à la voie mise au jour en 1901 par Giacomo Boni.
« À ce mont [Caelius] touchent les Carènes […] Ce lieu, d’abord appelé Carènes à cause de sa contiguïté, fut ensuite nommé Cerolia, parce que c’est là, près de l’oratoire de Strénia, que commence la voie Sacrée, qui aboutit à la citadelle [Arx], par où les sacrificateurs passent tous les mois pour se rendre à la citadelle, et par laquelle les augures, venant de la citadelle, ont coutume d’inaugurer. On ne connaît communément de la voie Sacrée que la partie où l’on commence à monter en venant du Forum. »
« Quelques-uns pensent que la voie Sacrée fut ainsi nommée parce que l’alliance entre Romulus et Tatius y fut conclue. Selon d’autres, ce nom lui est venu de ce que les prêtres y passent pour aller faire les sacrifices iduliens. Il ne faut donc point, comme le vulgaire le suppose, l’appeler Sacrée depuis le palais du roi jusqu’à la maison du roi des sacrifices, mais aussi depuis la maison du roi jusqu’à l’oratoire de Strenia, et encore depuis la maison du roi jusqu’à la citadelle. Verrius dit qu’il ne faut pas l’appeler Sacravia d’un seul mot, mais séparer les deux mots, comme on le fait pour les autres voies, Flaminia, Appia, Latine de même qu’il faut écrire Nova via (la voie Neuve, en deux mots), et non Novavia (en un seul mot). »
Depuis les années 80, l’archéologue italien Filippo Coarelli propose une refonte complète de la topographie de la zone comprise entre le Forum et le Colisée, dite « révolution coarellienne ». En s’appuyant sur les descriptions de Varron et Festus et en identifiant la domus regis sacrificuliévoquée par Festus à la domus publica qui agrandit la Maison des vestales vers l’est, il montre que les informations données par les deux auteurs concordent9. Il émet de plus l’hypothèse que toutes les mentions de la Sacra Via dont on dispose dans les sources littéraires et épigraphiques se réfèrent au « tracé court ». Selon Coarelli, le tracé de la Sacra Via s’écarte du tracé communément admis à hauteur de la basilique de Maxence. La voie bifurquerait vers le nord avant de se diriger vers l’est et d’atteindre les Carinae situées sur la Via dei Fori Imperiali, derrière le portique du temple de Vénus et de Rome. Selon cette hypothèse, le temple de Romulus et le temple de Jupiter Stator ne font qu’un, une théorie qui ne fait pas l’unanimité étant donné que le temple est traditionnellement placé au sud de la Sacra Via tandis que le temple dit « de Romulus » longe son côté nord14.
Le tracé proposé par l’archéologue Maria Antonietta Tomei reste commun au tracé de Giacomo Boni de la Regia jusqu’à l’arc de Titus. Elle situe le sacellum Streniae sur le Palatin, dans la zone occupée plus tard par le temple d’Élagabal et identifie le temple de Jupiter Stator avec les vestiges d’un podium situé le long du Clivus Palatinus. Ainsi, selon son hypothèse, la Sacra Via tourne vers le sud juste avant d’atteindre l’arc de Titus, suit le Clivus Palatinussur une centaine de mètres puis tourne vers l’est une fois dépassés les vestiges du podium14.
The road was part of the traditional route of the Roman Triumph that began on the outskirts of the city and proceeded through the Roman Forum. In the 5th century BC, the road was supported by a super-structure to protect it from the rain.[citation needed]Later it was paved and during the reign of Nero it was lined with colonnades.
The road provided the setting for many deeds and misdeeds of Rome’s history, the solemn religious festivals, the magnificent triumphs of victorious generals, and the daily throng assembling in the Basilicas to chat, throw dice, engage in business, or secure justice. Many prostitutes lined the street as well, looking for potential customers.
Course
While the western stretch of the Via Sacra which runs through the Forum follows the original ancient route of the road, the eastern stretch between the end of the forum and the Colosseum, which passes underneath the Arch of Titus, is a redirection of the road built after the Great Fire of Rome in AD 64.[1] In the Republic and Early Empire, the route forked to the north near the House of the Vestals and passed through a saddle in the Velian Hill, now occupied largely by the Basilica of Maxentiusand the modern Via dei Fori Imperiali. As part of his rebuilding program following the fire, Nero essentially straightened the road by redirecting it between the Velian and Palatine Hills, creating grand colonnades on either side for shop stalls and commerce.[2]
Sources
Filippo Coarelli (2014). Rome and Environs. University of California Press. p. 81-82.
Monumento dei Parti, oggi presso il Museo di Efeso di Vienna): Antonino Pio (al centro) con Lucio Vero di sette anni (a destra) e Marco Aurelio di diciassette anni (a sinistra, alle spalle). All’estrema destra, sembra esserci Adriano.
Giacobbe Giusti, Marc Aurèle
Ephesos-Museum – War Scene
Giacobbe Giusti, Marc Aurèle
La Colonna di Marco Aurelio, monumento di Roma eretto tra il 176 e il 192 per celebrare, forse dopo la sua morte, le vittorie dell’imperatore romano Marco Aurelio (161-180) ottenute su Germani e Sarmati stanziati a nord del medio corso del Danubio. Si trova ancora nella sua collocazione originale, davanti a Palazzo Chigi, e dà il nome alla piazza nella quale sorge, piazza Colonna.
Giacobbe Giusti, Marc Aurèle
Il miracolo della pioggia sulla Colonna di Marco Aurelio
Marcus Annius Verus (initialement Marcus Catilius Severus) prend, après son adoptionpar l’empereur Antonin le Pieux, le nom de Marcus Ælius Aurelius Verus. En tant qu’empereur, il se fait appeler Caesar Marcus Aurelius Antoninus Augustus. En tant que philosophe stoïcien, il est notamment connu pour sa politique favorable aux écoles philosophiques, à l’éducation des femmes et pour avoir écrit Pensées pour moi-même.
Biographie
Marc Aurèle, « qui cultiva pendant toute sa vie l’amour de la lecture, et l’emporta sur tous les empereurs par la pureté de ses mœurs, était le fils de Marcus Annius Verus, lequel mourut préteur »2.
Marc Aurèle naquit à Rome le six des calendes de mai (26 avril121), dans les jardins du Caelius, sous le second consulat de son aïeul et sous celui d’Augur, au sein d’une famille italienne qui vécut longtemps en Espagne. Il fut élevé à l’endroit même où il naquit, et dans la maison de son aïeul Verus, près du palais de Latran. Il eut une sœur plus jeune que lui, nommée Annia Cornificia.
À sa naissance, il porta d’abord une partie du nom de son aïeul Marcus Annius Verus et de son bisaïeul maternel Lucius Catilius Severus. Après la mort de son père en 124, il fut élevé et adopté par son aïeul paternel. C’est sous le nom de Marcus Annius Verus qu’il fut gouverneur de Rome après avoir pris la toge virile dans sa quinzième année. L’empereur Hadrien le prit sous sa protection, le nomma Annius Verissimus (Annius « le plus sincère ») et demanda, en 138, à son fils adoptif, Antonin, de l’adopter à son tour (procédure d’adrogation) ainsi que Lucius Aurelius Verus, le fils de celui qu’Hadrien avait d’abord choisi comme héritier et qui venait de mourir. Après son adoption il devint Marcus Aelius Aurelius Verus6.
Giacobbe Giusti, Marc Aurèle
Portrait de Marc-Aurèle adolescent, type dit « de l’adoption ». Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, musée du Louvre.
L’historien Dion Cassius porte un jugement particulièrement révélateur sur le personnage de Marc Aurèle. Il écrit en effet :
« Ce que j’admire le plus en lui, c’est que dans des difficultés extraordinaires et hors du commun, il parvint à survivre et à sauver l’empire. »
Ce jugement est parfois contesté par certains historiens modernes dont Paul Petit et Lucien Jerphagnon, qui font de Marc Aurèle un empereur assez quelconque et qui, dépassé par les difficultés de sa tâche, aurait trouvé dans la philosophie un dérivatif, une consolation. Cette opinion est vigoureusement battue en brèche à la fois par le jugement des historiens antiques, quasi unanimes pour louer le personnage, et par la majorité des historiens actuels qui, sans nier les très nombreuses difficultés de son règne, admettent la grande rigueur morale du personnage.
Il fut très tôt initié à la philosophie. C’est notamment à l’instigation d’un de ses maîtres Diognetus, qu’il prit en avril 132 la tunique rêche du stoïcien et se mit à dormir à même le sol jusqu’à ce que sa mère parvienne à le convaincre de dormir dans un lit5.
Ses maîtres furent, pour la philosophie, Apollonios de Chalcédoine7 ; pour la littérature grecque, Sextus de Chéronée, petit-fils de Plutarque de Chéronée ; pour les lettres latines et la rhétorique, Fronton, le plus fameux orateur de ce temps-là qui échoue à le détourner du stoïcisme. Il échangea avec ce dernier une correspondance8 qui s’étendit de 139, époque où Marc-Aurèle devint son élève, à 166, année de la mort de Fronton. Cette correspondance est intéressante car elle fournit de précieux détails sur la vie personnelle et familiale de Marc Aurèle et sur la cour d’Antonin. Elle révèle aussi la forte amitié qui lia les deux hommes, amitié parfois ternie par quelques brouilles comme en 146/147 quand Marc Aurèle se « convertit » à la philosophie.
Hérodien affirme dans son Histoire romaine (livre I) que « de tous les princes qui ont pris la qualité de philosophe, lui seul l’a méritée ». Il ne la faisait pas consister seulement à connaître tous les sentiments et à savoir discourir de toutes choses, mais plutôt dans une pratique exacte et sévère de la vertu. Les sujets se faisant un honneur d’imiter leur prince, on ne vit jamais tant de philosophes que sous son règne.
L’historien Dion Cassius nous apprend dans son Histoire romaine(livre 71) que Marc Aurèle « était faible de tempérament et donnait à l’étude presque tout son temps ; on dit que, même étant empereur, il ne rougissait pas de se rendre chez ses professeurs, qu’il fréquentait le philosophe Sextus de Béotie et qu’il ne craignait pas d’aller écouter les leçons du rhéteur Hermogène de Tarse ; d’ailleurs il était surtout attaché à la secte stoïcienne ».
En avril 145, après qu’Antonin eut fait annuler les fiançailles de Marc Aurèle avec Ceionia Fabia, fille de Lucius Aelius Caesar, il épousa sa cousine germaine Annia Faustina (Faustine la Jeune), la fille d’Antonin, dont il aura quatorze enfants, la plupart morts en bas âge. Gendre d’Antonin il en est désormais l’héritier désigné. L’Histoire Auguste s’est plu à rapporter les rumeurs d’adultère de Faustine la Jeune avec un gladiateur9, mais il est certain que le couple fut uni et que Marc Aurèle fut profondément affecté par le décès en 176 à Halala en Cappadoce de celle que les soldats appelaient affectueusement, du fait de sa présence aux côtés de son époux dans les campagnes militaires, Mater castrorum (la Mère des camps)5.
Empereur
Ses qualités morales et l’excellence de son éducation le font remarquer par Hadrien, à qui il était apparenté, qui reconnaît en lui un successeur possible. Trop jeune en 138 pour monter sur le trône, il est, comme César, associé au pouvoir impérial quelques années plus tard, en 140, et accède au plein exercice du pouvoir à la mort d’Antonin le . Il associe alors son frère d’adoption Lucius Aurelius Verus à l’Empire qui pour la première fois est dirigé par deux Augustes.
L’Empire romain à son apogée pendant la Pax Romana.
Son règne fut marqué par la recrudescence des guerres sur tous les fronts. Pour l’empereur philosophe converti au stoïcisme, régner consista surtout à tenter de colmater les brèches qui s’ouvrent dans les frontières d’un Empire immense et attaqué de toutes parts. Par contre, il entretint la longue période de paix imposée par l’Empire romain sur les régions qu’il contrôlait, période connue sous le nom de Pax Romana.
L’année de son accession au trône les Parthes envahirent les provinces orientales de l’empire (notamment le royaume d’Arménie, protectorat romain) et l’armée romaine connut un premier désastre. Lucius Aurelius Verus est envoyé en urgence en Orient. Mais l’essentiel de la direction des opérations est confié à deux excellents généraux, Statius Priscus et surtout Avidius Cassius. Lucius Vérus installe sa cour à Antioche, ce qui lui valut des accusations de débauche et d’incompétence militaire. Entre 162 et 166, les Romains reprennent l’avantage et pillent les deux grandes villes du royaume parthe, Séleucie du Tigre et surtout la capitale Ctésiphon.
Représentation du martyre de Blandine de Lyon, lancée en l’air par un taureau alors qu’elle était emprisonnée dans un filet. Gravure de Jan Luyken, xviie.
Sur le plan intérieur, il accomplit une œuvre législative importante. Sous son règne les chrétiens subissent d’importantes persécutions. Ainsi en 165, Justin meurt martyr à Rome et en 177 une persécution a lieu à Lugdunum (martyrs de Lyondont Blandine).
Les deux empereurs célèbrent leur triomphe en 166 mais le retour de l’armée romaine à Rome correspond au déclenchement de la peste antonine, terrible épidémie qui fait de tels dégâts dans la population que certains historiens en ont fait abusivement la cause décisive de la décadence romaine (survenue deux siècles plus tard). Les conséquences sociales et économiques de cette épidémie furent cependant très graves. Le début du règne connut aussi de grandes catastrophes naturelles qui marquèrent fortement les esprits, comme les inondations du Tibre en 161 ou le tremblement de terre de Cyziquequi se produit également en 161.
Guerres marcomanes
À peine la guerre contre les Parthes est-elle terminée qu’une nouvelle menace apparaît aux frontières. Les peuples barbares installés dans les régions danubiennes, les Quades et les Marcomans, menacent directement le nord de l’Italie. La menace est si forte que les deux empereurs se rendent personnellement sur place en 168/169 et passent l’hiver en Aquilée. En janvier 169Lucius Aurelius Verus meurt épuisé et malade, laissant ainsi Marc Aurèle comme seul empereur. Il faut plus de cinq années (169/175) à l’empereur pour venir à bout de cette menace. Il s’appuya alors sur des généraux compétents comme son gendre Claudius Pompeianus ou encore Pertinax, le futur empereur.
C’est alors qu’une rumeur de la mort de Marc Aurèle conduit Avidius Cassius, gouverneur d’une large partie de l’Orient, à se proclamer empereur. La fidélité du gouverneur de Cappadoce, Publius Martius Verus, laisse le temps à Marc Aurèle de lever des troupes et de se préparer à marcher sur le rebelle. Mais en juillet 175 celui-ci est assassiné et sa tête envoyée à Marc Aurèle. Ce dernier juge plus prudent d’effectuer cependant un voyage en Orient avec sa femme, qui meurt en chemin, et son fils Commode. Il visite la Cilicie, la Syrie, l’Égypte, puis s’en retourne par Smyrne et Athènes où, avec son fils, il est initié aux mystères d’Éleusis en 176.
Le 23 novembre176 à Rome ont lieu les fêtes du triomphe sur les peuples germaniques. Éphémère triomphe car dès 177 Marc Aurèle doit repartir guerroyer sur la frontière danubienne.
C’est lors d’une de ses campagnes sur le Danube, que Marc-Aurèle tomba malade, en Pannonie. Il meurt le 17 mars180, peut-être frappé par la peste antonine à Vindobona (aujourd’hui Vienne en Autriche). L’historien Dion Cassius écrit que Marc-Aurèle fut empoisonné par ses médecins sur ordre de son fils ambitieux Commode10.
L’empire revenait alors à Commode.
Doctrine
Aureus de Marc Aurèle.Date : 165 Description revers : Felicitas (la Félicité) drapée debout à droite, le pied droit posé sur un globe, tenant un caducée de la main droite tendue et une corne d’abondance de la main gauche.Description avers : Buste lauré, drapé et cuirassé de Marc Aurèle à gauche, vu de trois quarts en arrière.
À travers les douze livres qui composent les Pensées, plusieurs thèmes, souvent sous forme de maximes récurrentes. On a ainsi :
Toutes les choses participent d’un Tout (qu’il nomme parfois L’Un, Dieu, Nature, Substance, Loi, Raison). Nous, les hommes, sommes des parties de ce Tout.
Nous devons vivre selon la Nature, c’est-à-dire en suivant la Loi de la Nature et celle-ci procède de la Providence, donc tout ce qui arrive est nécessaire et utile au monde universel, dont tu fais partie(Livre II).
Cela veut dire aussi vivre en conformité avec la Nature de l’homme qui est raisonnable et sociable. Il faut tendre vers ce qui est utile et bien approprié à la communauté (Livre VII)
La mort fait partie de la Nature, car tout change, tout se transforme, tout, depuis l’éternité, semblablement se produit et se reproduira sous d’autres formes semblables à l’infini (Livre IX).
Ce qui importe c’est le présent, ce n’est ni le futur, ni le passé qui te sont à charge, mais toujours le présent.
Apport philosophique
« Réfléchis souvent à l’enchaînement de toutes choses dans le monde et à leurs rapports réciproques, elles sont pourrait-on dire entrelacées les unes aux autres et, partant, ont les unes pour les autres une mutuelle amitié, et cela en vertu de la connexion qui l’entraîne et de l’unité de la matière. »
Marc-Aurèle s’inscrit dans un « stoïcisme abouti », c’est-à-dire que l’empereur avait suffisamment intégré l’enseignement d’Épictète, Sénèque et Zénon pour prolonger avec adresse la connaissance de cette maîtrise des passions que formule l’enseignement du stoïcisme. Appliquant cette philosophie, quand il assistait aux jeux du cirque, ostensiblement il ne regardait pas le spectacle et lisait11. On disait de Marc-Aurèle qu’il était « la philosophie (stoïcienne) assise sur un trône »12.
La reconnaissance de l’harmonie du pneuma, de ce souffle chaud qui traverse notre être pour le mener vers le mouvement de la vie et de son équilibre avec le destin, n’implique aucun fatalisme mais demande une certaine pratique.
C’est à cet art praxis que s’exerce Marc-Aurèle. C’est de lui, en effet, que nous tenons « cette matière pour la conduite », éthique en réalité très éloignée de l’aspect manichéen qu’impose souvent la morale collective, éthique proche au contraire d’un juste discernement dans nos actes : « la meilleure manière de se venger, c’est ne pas se rendre semblable à ceux qui t’ont fait mal ».
Marc-Aurèle aura toujours à cœur de reconnaître au sein de la complexité des relations humaines et des formations même physiques ce que l’homme peut apporter en termes d’équilibre autant pour lui-même que pour le monde. La conduite s’inscrit donc dans une dynamique qui dépasse l’être humain afin de se lier plus étroitement à l’harmonie d’un seul et même monde : « Toutes choses sont liées entre elles et d’un nœud sacré, et il n’y a presque rien qui n’ait ses relations. Tous les êtres sont coordonnés ensemble, tous concourent à l’harmonie du même monde ».
L’entendement de l’empereur philosophe vient donc promettre un certain accord entre ce qu’il nomme « le génie (ou démon) intérieur », la possibilité d’appréhender la nature par la création, et ce que la nature à son tour crée et détermine. De cette relation naît une certaine sagesse et manière de vivre, une idée de ce que peut apporter l’univers à l’individu, comme ce que l’individu peut apporter à l’univers : « Souviens-toi de la matière universelle dont tu es une si mince partie ; de la durée sans fin dont il t’a été assigné un moment si court, et comme un point ; enfin de la destinée dont tu es une part et quelle part ! ».
L’empereur philosophe confronte ses obligations politiques avec les valeurs que ses maîtres stoïciens lui ont enseignées, mais aussi avec d’autres références : l’apport philosophique de Platon, Épicure, Démocrite, Héraclite. C’est en ce sens que les textes de Marc Aurèle gardent un intérêt certain. Ils mettent effectivement en exergue une justesse éthique au sein d’une politique où l’art de décider doit toujours s’articuler à cette interrogation : veux-tu le pouvoir pour le pouvoir ou l’exercice du pouvoir ? Autrement dit, ton ambition est-elle d’obtenir la puissance, ou d’être capable à travers elle de réfléchir, dire et agir afin qu’un chemin vertueux soit tracé pour la cité ?
Loin d’être simple à mettre en pratique, cette interrogation souligne le souci d’un empereur qui, détenant le pouvoir suprême, continue à s’interroger sur ses propres motivations et intentions plus enfouies. Le fait de s’arrêter de polémiquer pour se demander si ce que l’on essaie de créer relève d’une certaine ‘bonté’ et d’un désir d’aider, ou d’une ambition toute personnelle, conduit l’homme politique à se recentrer et marquer un temps nécessaire dans sa prise de décision.
Marc Aurèle souligne tout au long de ses écrits les plus hautes valeurs de l’être humain : Prudence, Justice, Courage et Tempérance, qui depuis Platon sont les quatre vertus principales du Philosophe, celles qui assurent la cohérence et la force de ses actions. L’originalité de son œuvre réside dans le ton personnel des « Pensées pour moi-même », qui témoigne d’une attention aiguë à l’urgence de « vivre pour le bien », c’est-à-dire vivre dignement dans un monde plein de troubles, à l’urgence d’accomplir son rôle d’homme possesseur d’un « génie intérieur » : forme d’intelligence pour situer la raison et élever son jugement. La précarité de l’existence humaine, la fugacité du temps, de la mémoire, qui engloutit tous les hommes, grands ou petits, dans l’oubli et la mort ; la petitesse de l’homme et de la terre dans l’infini de l’univers : tels sont les grands thèmes de la philosophie de Marc Aurèle. Cette insistance si moderne n’a rien de tragique car l’homme a sa place dans cet univers où chaque être est situé de façon ordonnée. Par son « génie intérieur », son esprit raisonnable (il ne s’agit pas encore de rationalité), l’homme participe de ce cosmos divin. Il comprend son éternelle transformation. Cette vision élimine donc la peur de la mort qui n’est pas anéantissement mais changement, renouvellement de l’univers. Il faut donc accepter sereinement cet événement naturel. Le but de l’homme est alors de vivre dignement le présent, de jouer son rôle qui est d’être utile au bien commun, car tous les hommes sont liés à la Nature : « Que l’avenir ne te trouble pas car tu viendras à lui, quand il le faudra, avec la même raison que tu utilises pour les choses présentes ».
Marc-Aurèle manifeste un sens très haut de sa responsabilité dans l’État, et se critique sévèrement lui-même tout en interrogeant sans cesse la finalité de l’action politique : « Prends l’habitude autant que possible, de te demander à quelle fin se rapporte cette action, que désire l’homme qui veut agir ? ». Dans tous les cas, le philosophe insiste très longuement sur l’idée que la vision du Tout, de ses éternelles transformations, élève notre âme. Prendre part à l’équilibre naturel en faisant de sa pensée un moyen pour être en harmonie avec le monde participe à notre propre équilibre. « La vision du Tout » va même au-delà de cette conception de l’équilibre, elle place l’individu dans un rapport complexe avec l’ensemble de l’univers et l’oblige à penser la multiplicité des relations entre un homme et « la totalité de l’existence » (ce qui implique toute vie mais aussi toute durée). C’est pourquoi le destin ne nous est pas si étranger. Certes, il peut parfois nous dominer mais il n’existe pas sans ses « acteurs » et les hommes en font partie.
Cette vision du tout élimine les fausses représentations, les passions (au sens de la souffrance), en particulier l’ambition, l’orgueil, la colère, et nous amène à être modestes, justes et bienveillants envers chaque homme, notre égal en tant qu’être raisonnable et sociable, qu’il faut écouter en « entrant dans son âme ». L’homme qui suit la raison en tout est « tranquille et décidé à la fois, radieux et en même temps consistant ». En ce sens, l’empereur était un précurseur du siècle des Lumières spécifiant (comme Kant) la Raison comme meilleur guide pour la compréhension et le jugement de l’être humain.
La raison humaine qui est donc « génie intérieur » de l’homme devient cette parcelle de la finalité universelle divine qui est providence et à laquelle l’homme doit agréer car il est, nous l’avons compris, comme une partie dans un tout particulièrement significatif. L’originalité et la modernité de la pensée de Marc-Aurèle réside également dans la distinction radicale et déjà « cartésienne » (anachronisme voulu) de l’intelligence humaine, non seulement d’avec le corps, mais aussi d’avec l’âme d’essence matérielle. C’est d’ailleurs à partir de cette conception physique que l’empereur philosophe parle ensuite de ses considérations éthiques qui sont : « principe des fonctions vitales, maîtrise des passions » et « marque de l’esprit du temps ».
Marc-Aurèle se considère comme un « progressant », c’est-à-dire comme celui qui progresse peu à peu sur le chemin de l’ordre universel en vivant justement selon la Nature, mais aussi celui qui détient son directeur de conscience toujours confronté à la dure réalité des évènements. Par conséquent, l’exigence stoïcienne face aux décisions que l’homme doit prendre va en progressant et ne saurait atteindre totalement la perfection mais seulement une certaine sérénité : l’ataraxie.
Ainsi le bonheur est possible dans ce qui rend la Nature contente d’elle-même, il ne dépend d’aucun bien extérieur mais d’un état d’esprit où l’individu se sent sensiblement capable d’être en paix avec lui-même et avec le monde. Il faut donc suivre son « génie intérieur » et ne considérer comme bien et mal que ce qui dépend de nous car, en réalité, l’on ne peut juger véritablement et avec justice que sa propre conduite. Ce souci éthique d’une « morale individuelle désirée » et naturellement articulée à la collectivité semble être l’apport majeur de la philosophie de Marc-Aurèle.
Il est également central de rappeler l’importance d’une notion chère à l’empereur : l’harmonie, la potentialité d’adjoindre aux manifestations incertaines de l’existence individuelle ou collective, un équilibre menant à une part relative de stabilité, elle-même nous laissant la possibilité de comprendre la Nature et de réfléchir sur notre conduite. Si le philosophe stoïcien souligne l’impact de cette harmonie tout en signifiant le propre, selon lui, de la justesse éthique, ce n’est que pour asseoir davantage son interrogation plus profonde de l’universalité, de ce qui, comme il le précise souvent dans ses Pensées, est marqué par le sceau d’une intrication perpétuelle, c’est-à-dire par la présence constante du lien qui unit chaque élément à tous les autres. Marc-Aurèle est un penseur de la liaison, d’une relativité de liens s’inscrivant dans l’absolu d’une unification donnant sens à nos actions.
Nombre de philosophes ont été et sont encore influencés par la vision très moderne et à la fois antique de Marc-Aurèle et beaucoup ont vu en lui un apport pragmatique et avant tout une justesse dans l’affirmation et l’action, c’est-à-dire dans les deux manières de décider et de garder sa détermination.
La philosophie de Marc-Aurèle n’est pas un système, et si elle n’est pas très complexe, elle demeure cependant fondamentale pour toute construction éthique13.
Les grands actes politiques de Marc Aurèle
Entre 175 et 176 apr. J.-C., l’empereur fait un voyage à Athènes et devient protecteur de la philosophie.
Marc Aurèle donne un traitement fixe aux rhéteurs et aux philosophes, assure le recrutement des maîtres, assure au Sénat et avec les plus grands sénateurs « un conseil de réflexion pour la cité », crée quatre chaires d’enseignement pour les grandes écoles philosophiques : l’Académie platonicienne, le Lycée aristotélicien, le Jardin épicurien et le Portique stoïcien. L’empereur est déjà partisan d’une pensée pour la complémentarité des disciplines scientifiques.
L’empereur, soucieux et inquiet des questions de santé publique, fait au mieux pour empêcher la terrible progression de la peste. Également concerné par les problèmes que posent l’exclusion et l’indigence, il fonde plusieurs établissements éducatifs pour cinq mille jeunes filles pauvres et annule les dettes envers le trésor impérial.
Pour avoir favorisé le développement de la philosophie, il ne supporte pas « le fanatisme des chrétiens » et ne peut tolérer leur « fétichisme » pour le Christ. Conservateur, il les persécute, jugeant qu’ils sont une menace pour l’unité de l’Empire (ils refusent notamment de brûler de l’encens devant les statues de l’empereur et de prier par les dieux de l’Empire). Selon Marc Aurèle, le christianisme se sert des passions pour installer une morale sans lien avec la Nature, mais surtout aucunement réfléchie.
Malgré sa modestie et sa soif de réflexion, Marc Aurèle sera obligé de guerroyer à travers tout l’empire et ne connut que quatre ans de paix sur vingt-cinq. Soucieux de sa sécurité, il renforça la garde prétorienne(la garde de l’Empereur). Il dut plusieurs fois repousser les envahisseurs et mourut à Vindobona (Vienne, Autriche) après être tombé malade lors d’un combat sur le Danube.
Le 20 août 2008, une équipe d’archéologues belges et turcs a exhumé les restes d’une statue géante représentant l’empereur Marc Aurèle dans les thermes romains de Sagalassos, l’actuel Ağlasun (province de Burdur) dans l’Ouest de la Turquie.
La découverte a permis de retrouver une tête à l’effigie de Marc Aurèle, haute d’environ 90 cm, de même que le bras droit tenant un globe dans la main, les deux en très bon état, a souligné le conservateur du musée de Burdur, Haciali Ekinci. Selon les estimations la statue devait être haute de 4,5 mètres. Les deux jambes ont également été exhumées par l’équipe dirigée par le professeur belge Marc Waelkens de l’Université catholique de Louvain.
La même équipe d’archéologues avait déjà découvert sur ce même site les restes d’une statue colossale de l’empereur Hadrien : la tête, le tibia et un pied.
La ville d’Avenches en Suisse possède le seul buste romain en or de l’empereur Marc Aurèle. Il fut découvert par hasard en 1939 dans les égouts du temple de Jupiter et des empereurs divinisés, probablement caché en cet endroit lors des invasions germaniques.
↑« On sent en soi-même un plaisir secret lorsqu’on parle de cet empereur ; on ne peut lire sa vie sans une espèce d’attendrissement ; tel est l’effet qu’elle produit qu’on a meilleure opinion de soi-même, parce qu’on a meilleure opinion des hommes », Montesquieu.
Légionnaires en formation de tortue, représentés sur la colonne Trajane
Giacobbe Giusti, Roman legion
Signa (insegne) della legione nei rilievi dell’epoca di Marco Aurelio, presenti nell’arco di Costantino; tra l’altro è possibile notare la damnatio memoriae che colpì il ritratto di Commodo (primo in basso) nel vessillo centrale.
Top: the visit of the “prince of the host of the Lord” to Joshua before the conquest of Jericho (5:13-15). Bottom: Rahab the Prostitute helping an Israelite spy climb down the wall (Joshua 2). Roman / Early Christian Nave Mosaics, Santa Maria Maggiore, Rome, Italy
Giacobbe Giusti, Roman legion
Die Autorenschaft wurde nicht in einer maschinell lesbaren Form angegeben. Es wird Gaius Cornelius als Autor angenommen (basierend auf den Rechteinhaber-Angaben). – Die Autorenschaft wurde nicht in einer maschinell lesbaren Form angegeben. Es wird angenommen, dass es sich um ein eigenes Werk handelt (basierend auf den Rechteinhaber-Angaben).
Roman soldiers: cornicen — players of the cornu (horn). From the cast of Trajan’s column in the Victoria and Albert museum, London.
Reconstitution moderne de l’équipement de légionnaires romains. Roman Army Tactics, Scarborough Castle, Royaume-Uni, août 2007. On peut voir le javelot romain (pilum) et les plaques de protection de l’époque impériale (lorica segmentata).
La légion — legio, du verbe legere, lever (une troupe) — est l’unité de base de l’armée romaine de l’époque de la Rome antique jusqu’à la fin de l’empire romain.
Grâce à ses très nombreux succès militaires que ce soit à l’époque républicaine ou plus tard à l’époque impériale, la légion a longtemps été considérée comme un modèle à suivre en matière d’efficacité et du potentiel en termes de tactiques militaires.
Selon la tradition, Romulus aurait créé la légion romaine en se servant comme modèle de la phalange grecque1. Il commença par diviser la population qui était apte aux armes, en contingents militaires. Chaque contingent militaire était formé de 3 000 fantassins et 300 cavaliers, choisis parmi la population, et il nomma les contingents militaires du nom de légion2.
Les 3 000 fantassins (pedites) et 300 cavaliers (equites) étaient enrôlés parmi les trois tribus (1 000 fantassins et 100 cavaliers dans chaque tribu), qui formaient la population primitive de Rome3 : les Ramnes (qui tirent leurs noms de Romulus), les Tities (de Titus Tatius) et les Luceres. À l’époque monarchique, les légions étaient composées de citoyens dont l’âge était compris entre 17 et 46 ans, et qui pouvaient payer le coût de leur armement4.
La légion est disposée en trois lignes dans le style des phalanges traditionnelles5, avec la cavalerie sur les flancs. Chaque ligne de 1 000 hommes était commandée par un tribun militaire, tandis que les escadrons de cavalerie dépendaient du tribun celeres, pendant que le Roi assumait le commandement de l’armée entière. En outre, il avait le devoir de dissoudre l’armée à la fin d’une campagne6.
Aujourd’hui sur la base des découvertes archéologiques récentes, on a pu remarquer que la première armée romaine, celle de l’époque de Romulus, était constituée par des fantassins qui avaient pris la manière de combattre et l’armement de la culture de Villanova, des voisins étrusques. Les guerriers se battaient pour la plupart à pied, avec des lances, des javelots et des épées (les lames étaient généralement en bronze et en de rares cas en fer, d’une longueur variant de 33 à 56 cm7), des poignards (avec des lames de longueur comprise entre 25 et 41 cm8) et des haches. Seuls les plus riches pouvaient se permettre une armure composée d’un casque et d’une cuirasse, les autres se contentaient d’une petite protection rectangulaire sur la poitrine, devant le cœur, de dimensions d’environ 15 × 22 cm9. Les boucliers étaient de dimensions variables, mais souvent comprises entre 50 et 97 cm10) et de forme généralement ronde, appelée clipeus qui fut délaissée selon Tite-Live à la fin du ve siècle av. J.-C.5. Plutarque raconte qu’une fois les Romains et les Sabins réunis, Romulus introduisit les boucliers de type sabin, en abandonnant le précédent bouclier de type argos et en modifiant les précédentes armures11.
Lorsque Rome s’agrandit et que les Romains s’unirent aux Sabins, Romulus décida de doubler l’effectif des troupes romaines pour qu’il comporte 6 000 fantassins et 600 cavaliers12.
Finalement, il semble que Romulus constitua une garde personnelle de trois cents cavaliers appelée celeres13, garde personnelle qui fut éliminée par Numa Pompilius14. Sous Auguste, soit sept cents ans plus tard, cette garde personnelle sera recréée sous le nom de garde prétorienne qui aura pour objectif la défense du Princeps senatus.
La réforme de Tarquin l’Ancien, cinquième roi de Rome, concerne seulement la classe des cavaliers où le roi décida de doubler le nombre de cavaliers en ajoutant, au-delà des Ramnenses, des Titienses et des Luceres, d’autres centuries auxquelles il donna un nom différent15. Les trois nouvelles centuriess’appelèrent posteriores16 ou sex suffragia17, donc à l’époque de Tarquin l’Ancien les equites étaient constitués de 1 800 cavaliers16. En outre, la réforme établit l’habillement que devaient avoir les fils des cavaliers pour les démarquer des gens normaux : il leur fut accordé le droit de mettre la toge prétexte18. Avec cette réforme, Tarquin l’Ancien voulait récréer les Celeres, projet auquel Attus Navius s’opposa. Donc, au lieu de créer un corps spécial de cavaliers comme au temps de Romulus, Tarquin l’Anciendécida d’augmenter le nombre d’equites pour simplement contourner l’opposition d’Attus Navius.
À l’époque monarchique fut effectuée, selon la tradition par Servius Tullius, sixième roi de Rome, une réforme monétaire qui divisa l’ensemble de la population romaine en cinq classes (six classes selon certaines sources19). Ces classes sont à leur tour divisées en trois catégories20 : seniores (plus de 46 ans), iuniores (entre 17 et 46 ans: qui sont les plus susceptibles de se battre : giovani) et pueri (âgés de moins de 17 ans : ragazzi) ; Les individus qui se situent dans la première classe, et qui sont donc les plus riches pouvaient se permettre l’achat d’équipement (le coût de la taxe sur les armes étant établi sur la base du cens21) d’un légionnaire, pendant que les classes inférieures avaient un armement de plus en plus léger. L’armée servienne avait besoin d’être formée par deux légions (une pour la défense de la ville et l’autre utilisée pour des campagnes militaires à l’extérieur22), soit un total de 193 centuries21 :
La première classe était composée de quatre-vingts centuries d’infanterie, les membres de cette classe devaient avoir un revenu de plus de 100 000 as. Elle était composée de quarante centuries de seniores et de quarante centuries de iuniores. Les seniores avaient la tâche de vérifier que personne ne s’attaque à la ville et de la défendre si cela s’avérait nécessaire (quand les iuniores étaient en exploration23). Les iuniores quant à eux devaient faire l’exploration23 et le combat à l’extérieur des villes24. Dans le cas d’une guerre, la première classe bénéficiait d’un respect plus important que les autres classes24,25. Cette classe était équipée d’un armement lourd constitué d’un casque, d’un bouclier rond (clipeus), d’une paire de cnémides et d’une armure en bronze. Leurs armes étaient le javelot, le pilum et l’épée24,23.
À la première classe, Servius Tullius décida d’ajouter dix-huit centuries d’equites constituées dans la même classe que celle des centurions illustres et créée à partir des douze centuriesauxquelles il faut ajouter six autres centuries (sur ce point les avis sur la création de cette unité divergent, certains pensent que c’est Servius Tullius qui la créa26, d’autres pensent que la création date d’un sex suffragia de Tarquin l’Ancien27). Les centuries de cette classe bénéficiaient d’un cheval pour un coût de 10 000 as pour l’État romain et les veuves devaient payer l’entretien des equites pour un coût de 2 000 as pour chaque centurie et chaque année. Le coût a ensuite été transmis aux classes les plus riches26. La première classe avait deux centuries de « réserve » (une d’iuniores et une de seniores car ils occupaient des catégories précises dans la classe). Elles n’étaient d’ailleurs pas armées. C’était des forgerons, des armuriers ou encore des ouvriers préposés à la guerre qui avaient par exemple le devoir de transporter les machines de guerre. D’autres sources mentionnent ces catégories comme faisant partie de la seconde classe25,19.
La légion de la République (iiie siècle av. J.-C.)
Lors des guerres puniques l’armée est réorganisée en manipules : la légion est alors composée de 30 manipules, chaque manipule comprend deux centuries, mais les centuries comprennent désormais 60 à 80 hommes, soit au total 4 200 hommes. Ces forces sont divisées en trois rangs légionnaires et les troupes légères : au 1er rang en ordre de bataille, on trouve les hastati — les plus jeunes, qui encaissent le choc, 1 200 hommes — au deuxième rang les principes — d’âge mûr, 1 200 h — et au 3e les triarii — les plus âgés, 600 h — et entre ces rangs ou au-devant pour les escarmouches s’intercalent les vélites— infanterie légère, plus pauvres, 1 200 h. Et à chaque légion est adjointe une unité de cavalerie de 10 turmes de 3 décuries, soit 300 cavaliers (30 turmes, soit 900 cavaliers, pour les légions de socii, les alliés). De plus, un cinquième de l’infanterie et un tiers de la cavaleriealliéesformaient une réserve spéciale, les Extraordinarii, sous le commandement direct des Consuls.
La légion à la fin de la République (iie et ier siècle av. J.-C.)
À la fin du iie siècle av. J.-C., Mariustransforme l’armée romaine en armée de métier. La légion comporte alors 10 cohortes de 3 manipules (un manipule de chaque rang : triarii, principes, hastati) et 2 centuries par manipule (centurie de 100 h), soit environ 6 000 hommes (chiffre vraisemblablement rarement atteint). Des troupes légères renforcent la légion, comme les Antesignani qui remplacent les Extraordinarii disparus, ou encore des éclaireurs (speculatores ou exploratores). Cependant, l’équipement n’étant plus payé par le légionnaire, mais fourni par le consul qui levait la légion, il se standardise et devient le même pour les trois rangs ; de plus, les légionnaires étant à cette époque des engagés volontaires, il n’y a plus non plus de différence d’âge entre les centuries, qui sont homogènes et de même valeur. Sous ce siècle, on comptait près de 55 légions romaines.
Durant le Haut-Empire l’effectif global de l’armée romaine est de 33 légions à partir de Septime Sévère(qui crée les Legiones I, II et III Parthica), soit entre 165 000 et 198 000 hommes. L’immense majorité des légions est cantonnée aux frontières, suivant ainsi le système de défense augustéen. Seule la Legio VII Gemina, isolée en Tarraconaise et la II Parthica à Albe, en Italie, qui constituent ensemble les seules réserves stratégiques de l’Empire, échappent à cette règle. La légion se compose toujours de 10 cohortes de 3 manipules (triarii, principes, hastati) de 2 centuries (de 60 à 80 h). La 1re cohorte verra ses effectifs doubler à partir de l’empereur Vespasien. La légion comprend également divers corps comme les antesignani, lanciarii, speculatores, exploratores, singulares, ainsi qu’une cavalerie légionnaire.
Sous le Bas-Empire, les effectifs changent. Dioclétien le premier modifie le nombre de soldats de chaque légion. Désormais, en sus des légions classiques (32 sous Dioclétien, car la VI Ferrata a disparu), il existe des légions d’environ 1 000 hommes. La réforme essentielle appartient cependant à Constantin. Il crée une armée de manœuvre puissante et d’un bon niveau, le comitatensis. Celle-ci contient des légions, aux effectifs changeants, mais aussi des ailes de cavalerie, ou tout simplement, des numeri, troupes sans effectif donné. À cet égard, la Notitia dignitatum donne des informations intéressantes, et entre autres le nombre respectable de 174 légions… La plupart n’ont pas un gros effectif. D’autres troupes, dont des légions de moindre valeur, sont cantonnées dans la défense des frontières de l’Empire, les limitanei. La légion n’est déjà plus la reine des champs de bataille, ni l’unité de base de l’armée.
Il n’y a pas de notion d’uniforme dans l’armée romaine. Cependant, les légionnaires portent souvent les mêmes types de pièces d’équipement. Durant le Haut-Empire, le casque est souvent de type impérial gaulois, impérial italique ou Weisenau, en fer ou en bronze. Ces casques ont la particularité de posséder de grands couvre-nuques (là où arrive la majeure partie des coups) et des couvre-joues rehaussés sur l’arrière pour parer les coups visant la jugulaire. Les oreilles, la bouche et les yeux sont bien dégagés, le soldat peut boire et manger sans enlever le casque et dispose d’une bonne vision périphérique et entend bien les ordres. Enfin, ces casques ont en commun de disposer d’un renfort métallique au-dessus des yeux de 1 à 3 centimètres de métal plein permettant de protéger le visage d’un coup direct et de décupler la puissance d’un éventuel coup de boule. L’armure la plus répandue est la cotte de maille, la lorica hamata, composée d’anneaux plats rivetés. On trouve aussi des lorica squamata, à écailles et segmentata, la cuirasse segmentée. Souvent une ceinture de force, appelée fascia ventralis, servait à maintenir les reins qui devaient supporter une lourde charge. Le bouclier hémicylindrique (en forme de tuile), le scutum, est composé de trois épaisseurs de bois lamellé-collé, recouvert de lin collé à partir de colles animales (poisson ou bœuf), le tout cerclé de cuir cousu dans le lin et le bois. La poignée est au centre du bouclier et horizontale, protégée par un bombement métallique, l’umbo. Le scutum est avant d’être une pièce défensive un outil offensif. Il est utilisé pour frapper les adversaires, les tenir à distance et s’utilise avant même le glaive. À l’intérieur se trouve parfois le nom du légionnaire, les numéros de cohorte et de légion étaient indiqués. En ajoutant une housse de cuir au bouclier et des bretelles en laine passant dans la poignée et des trous dans la housse, le légionnaire peut porter son bouclier comme un sac à dos en faisant un nœud avec les sangles devant. Il peut alors porter ses bagages, ses sarcinae sur une fourche en bois, la fourca qu’il pose sur le scutum. Le javelot lourd (pilum) a parfois un poids en plomb pour donner plus de force à l’impact. L’armement offensif compte aussi un glaive(gladius) de 70 cm de long. La lame ne dépassait pas les 50 cm de long, elle était fine. Le légionnaire donne des coups d’estoc, pas de taille, il suffit de « piquer » l’adversaire et de faire rentrer une longueur de 4 doigts dans le corps ennemi pour provoquer des blessures mortelles. Enfin un poignard (pugio) cependant, le poignard est surtout une arme de parade et d’apparat. Le gladius et le pugio sont attachés sur un ceinturon, le cingulum auquel est suspendu des lanières de cuirs terminées par des pendants et protégé par des plaques métalliques, le but étant de faire un maximum de bruit pour impressionner l’ennemi. Le glaive est porté côté droit (pour éviter de perturber la ligne de bataille ou de blesser un coéquipier en dégainant) et le pugio côté gauche par les légionnaires, et inversement pour les officiers. Tout légionnaire porte une tunique, la tunica, grand vêtement ample porté tout autour de la Méditerranée tant par les hommes que par les femmes et les enfants sous son armure. Il porte aussi un foulard pour se protéger du cisaillement lié à l’armure dans le cou. Sur les jambes, le soldat peut porter des bande molletières, appelées fasciae crurales pour se protéger de tout ce qui peut piquer – animal ou végétal – et peut rajouter des jambières, les ocreae, sortes de cnémides protégeant le tibia qui n’est pas couvert par le bouclier. Les légionnaires marchent dans des chaussures de cuir ouvertes, les caligae, ou fermées, les calcei. Elles ont en commun d’être cloutées pour assurer une excellente stabilité sur le sol en cas de choc avec l’ennemi. Les chaussettes en laine permettent quant à elles d’éviter les frottements. Pour se protéger de la pluie ou du froid le légionnaire peut porter un manteau, la paenula, ou un simple grand rectangle de tissu, le sagum, tous deux en laine bouillie, imperméable.
L’équipement du légionnaire de l’empire d’occident vers 360 n’a plus grand-chose à voir avec celui de ses ancêtres. Il porte un casque simplifié dont la bombe est composée de deux calottes soudées. Les gardes-joues, appelées paragnathides, sont rattachées à la bombe par une couture en cuir et il y a aussi sur la bombe des protège-nuque. Ce type de casque est conçu pour un fantassin adoptant une position accroupie face à son ennemi, le couvre-nuque placé dans l’axe du regard lui permettant de se baisser tout en relevant suffisamment sa nuque28. Il porte aussi une cotte de mailles simple qui ressemble à celle utilisée sous la république. Le bouclier ovale ou rond en bois comme l’épée longue (spatha) s’inspirent de l’armement des auxiliaires du Haut-Empire. Chaque unité a un emblème particulier (épisème). La lance remplace le javelot. Le légionnaire pouvait emporter des dards plombés (plumbata) qui, vers 300, étaient rangés à l’intérieur du bouclier dans la légion des Herculéens et dans celle des Joviens. Les braies à la mode gauloise et germanique reflètent la barbarisation de l’armée.
Déplacements
Giacobbe Giusti, Légion romaine
Légionnaires en formation de tortue, représentés sur la colonne Trajane
La discipline et l’entraînement des légions se manifestent également dans ses déplacements, et notamment dans ses cadences de marche. Les légionnaires marchaient par cycles d’une heure, avec 50 minutes d’effort et 10 minutes de récupération. La cadence normale est de 5 kilomètres en 50 minutes. Cette cadence est maintenue pendant 5 à 7 heuresde marche par jour. Il existe aussi une cadence accélérée à 7,2 kilomètres en 50 minutes, maintenue parfois pendant plusieurs heures (8 ou 9 exceptionnellement), en cas d’urgence (pour aller porter secours à une autre légion).
Cette rapidité de déplacement (inégalée jusqu’à la Révolution française) donne de grands avantages opérationnels à la légion romaine : elle permet de réunir deux fois plus de troupes que l’ennemi en un endroit déterminé, avant qu’il puisse réagir.
Les bagages réduisent d’un tiers cette vitesse (étape normale d’environ 20 kilomètres). Chaque soir, un camp fortifié est construit.
Sous l’Empire, cette cadence est possible grâce à un entraînement (ambulatura) ayant lieu au moins trois fois par mois, à date fixe (quel que soit le temps). Tous les militaires se chargent de tout l’équipement réglementaire (jusqu’à 40 kilogrammes) et font, via des itinéraires accidentés, une quarantaine de kilomètres, en alternant les deux cadences.
Évolution de la légion au cours du temps
République
Légionnaire romain
Sous la République, les légions sont constituées de soldats citoyens, qui quittent leurs activités ordinaires pour défendre la cité (et leurs biens propres). Pour procéder à la levée des légions, l’ensemble des citoyens romains est réuni, au printemps, sur le Champ de Mars.
Les citoyens se répartissent en 193 groupes en fonction de leur richesse, établie par le censeur lors des recensements qui avaient lieu tous les cinq ans (lustre). Les 98 premières classes censitaires sont considérées comme aisées et ont des effectifs peu élevés. Les suivantes sont constituées de paysans possédant leur terre, et plus ou moins prospères.
Le choix des citoyens devant constituer les légions est confié aux dieux, par tirage au sort. Chacune des classes censitaires évoquées plus haut doit fournir assez d’hommes pour constituer une centurie. Les classes étaient donc nommées centuries. On a donc, dans les centuries (censitaires) peu importantes numériquement de citoyens riches, une forte proportion qui est tirée au sort, pour constituer une centurie (militaire) complète. Inversement dans les centuries (groupes de citoyens) pauvres importantes numériquement, une faible proportion de la centurie (groupe de citoyens) qui est tirée au sort. Ce système se justifie de deux manières :
d’abord, du fait que les citoyens combattent pour défendre leurs biens, les riches ont évidemment plus à défendre que les pauvres, et donc il est considéré comme normal qu’ils les défendent eux-mêmes ;
ensuite, comme les citoyens payaient eux-mêmes leur équipement, il est plus facile à un homme aisé de parer à cette dépense. On a donc des légionnaires mieux équipés, et donc une légion plus valeureuse.
Lors du tirage au sort, chaque homme est appelé par son nom. Il sort alors des rangs, indique s’il peut ou non servir la légion cette année, donne son excuse qui est examinée immédiatement, et est acceptée ou non. Le tirage au sort continue jusqu’à ce que les légions soient au complet. Si l’on avait besoin de plus de légionnaires, on tire au sort plusieurs centuries militaires par centurie civique, en commençant par les centuries équestres et en finissant par la centurie prolétaire (qui peut fournir une centurie de moins que les autres).
Les dix-huit premières centuries fournissent la cavalerie. Les citoyens les composant sont les seuls à pouvoir fournir leur cheval. Ces centuries sont dites équestres pour cette raison.
Effectifs de l’armée républicaine
Sous la République, en temps ordinaire, 4 légions romaines et 4 légions alliées (voir socii) sont levées chaque année. Pendant la deuxième guerre punique, les effectifs sont de 6 légions en 218 av. J.-C. au début de la guerre et atteignent 23 légions en -211.
À la fin du iie siècle av. J.-C., les campagnes militaires étant plus longues et plus lointaines et les petits propriétaires se raréfiant, les consuls lèvent des troupes parmi les pauvres et leur versent une solde. C’est la fin de l’armée des soldats propriétaires citoyens.
L’armée romaine évolua peu jusqu’au milieu du iiie siècle, campant sur les acquis posés par Auguste puis par Hadrien. À l’apogée de l’empire, 350 000 hommes étaient suffisants pour couvrir une frontière de près de 10 000 km. Cet effectif, réparti en une trentaine de légions et corps auxiliaires, devait s’affairer à réduire une, voire deux forces ennemies sur une zone parfois restreinte. Mais ces conceptions tactiques répondaient de plus en plus mal à l’extrême mobilité des nouveaux ennemis. Au iiie siècle, une telle force ne suffisait plus à parer à la multiplicité des conflits qui s’ouvraient parfois simultanément sur toutes les frontières de l’empire. Une armée composée essentiellement de fantassins, flanquée d’une cavalerie réduite, restait impuissante face à un ennemi mobile, fuyant, pratiquant la guérilla et refusant le plus longtemps possible la bataille rangée en terrain découvert. La légion de 4 500 à 6 000 hommes, telle qu’elle pouvait encore apparaître à cette date, atteignait ses limites. Ce qui faisait sa force devenait son principal handicap. Trop lourde, trop lente, l’énorme logistique qu’une légion et ses auxiliaires impliquaient la freinait dans ses opérations. Une fois le rideau défensif (limes) forcé, plus rien ne pouvait arrêter les groupes barbares frontaliers dans leurs entreprises de pillage. La surprise, le changement brusque de direction les rendant imprévisibles, des villes entières tombèrent aux mains de l’envahisseur sans même user de poliorcétique ! Certains peuples barbares ne négligeaient pas d’observer leurs adversaires romains, et finissaient par pratiquer les mêmes techniques de combat. Tous ces facteurs contribuèrent en partie à rendre la légion ancienne obsolète. À cela s’ajoutaient la crise économique, l’inflation, la lenteur des communications et l’absence de coordination en temps de guerre civile et d’invasion. Une réforme profonde de l’armée devenait indispensable.
Yann Le Bohec, L’armée romaine sous le haut empire, Paris, Picard, , 3e éd.
Yann Le Bohec, Les légions de Rome sous le Haut-Empire, vol. 2 : bilan scientifique désormais incontournable, il s’agit des actes d’un colloque international destiné à mettre à jour l’article scientifique de référence sur les légions romaines par E. Ritterling, en allemand, dans laRealencyclopädie, 1925, Lyon,
(en) Peter Connolly, The roman fighting technique deduced from armour and weaponry, Maxfield V.A et Dobson M.J. (Exeter University Press), coll. « Roman Frontier Studies 1989 (Proceedings of the Fifteenth International Congress of Roman Frontier Studies) »,
The Circus of Maxentius (known until the 19th century as the Circus of Caracalla) is an ancient structure in Rome, Italy; it is part of a complex of buildings erected by emperor Maxentius on the Via Appia between AD 306 and 312. It is situated between the second and third miles of the Via Appia between the basilica and catacombs of San Sebastiano and the imposing late republican tomb of Caecilia Metella, which dominates the hill that rises immediately to the east of the complex.[1] It is part of the Parco Regionale Appia Antica (Appian Way Regional Park).
The Circus itself is the best preserved in the area of Rome, and is second only in size to the Circus Maximus in Rome.[2] The only games recorded at the circus were its inaugural ones and these are generally thought to have been funerary in character.[3] They would have been held in honour of Maxentius’ son Valerius Romulus, who died in AD 309 at a very young age and who was probably interred in the adjacent cylindrical tomb (tomb of Romulus). The imperial box (pulvinar) of the circus is connected, via a covered portico, to the villa of Maxentius, whose scant remains are today obscured by dense foliage, except for the apse of the basilical audience hall, which pokes out from the tree tops. The complex was probably never used after the death of Maxentius in AD 312 (archaeological excavations indicate the tracks were covered in sand already in antiquity).
The circus is constructed, after the fashion of many Roman buildings of this period, in concrete faced with opus vittatum.[4] The putlog holes which held the scaffolding are evident in many places in the walls, which stand several metres high in places. The modern-day visitor enters the circus from the west end, where the remains of the two still imposing towers are located. These would have contained the mechanism for raising the carceres (starting gates), which were positioned on an arcuated course between the towers. Once out of the gates, the chariots would race down the track, the full 503 metres (550 yd) length of which can still be seen. The track was excavated in the 19th century by Antonio Nibby, whose discovery of an inscription to the ‘divine Romulus’ led to the circus being positively identified with Maxentius.[5] The spina, the barrier running down the middle of the track, is exactly 1000 Roman feet(296 m) long, and would have been cased in marble. Its many ornaments, including cones, metae and obelisks, would have cast strange, Piranesi-esque shadows across the track in the late afternoon sun. In the centre stood the Obelisk of Domitian which Maxentius presumably had moved from the Isaeum as part of the tribute to his son. Covered in hieroglyphs and lying broken in five pieces it was much discussed during the Renaissance and engraved by Etienne du Perac among others. The Collector Earl of Arundel paid a deposit for the pieces in the 1630s and attempted to have them removed to London but Urban VIII forbad its export and his successor Innocent X had it erected in the Piazza Navona by Bernini.[6] The track’s outer walls were laid out to be wider at the start to allow the racers to spread out before reaching the spina, and were also made wider at the point of the turn, which accommodated the turning circle of the chariots. At the east end of the track is a small triumphal arch, in which exposed opus vittatum work can be seen. The judges’ box was located about two-thirds of the way down on the southern side of the track, where it would have been in clear sight of the finishing line. The imperial box, the remains of which are identifiable, was situated in the usual fashion to give the most dramatic views of the race. Directly opposite the imperial box, in the south track wall, there is a small arch, through which can be seen the Tomb of Caecilia Metella. From the height of the box the tomb would have been entirely visible, and it has been argued that the circus, which is curiously positioned relative to contemporary and existing structures, was purposely skewed in order to integrate the tomb into the Maxentian architectural scheme.[7]
The circus-complex of Maxentius as originally conceived can be partly understood as an elaborate imperial version of the type of elite residences that appear in Rome and throughout the provinces in late antiquity, whose pretensions are evidenced in the regular presence of large audience halls, familial tombs and circus-shaped structures – the Villa Gordiani, also in Rome, and the complex at Piazza Armerina in Sicily, are two examples.[8][9] The progenitor of these residences was of course the Palatinecomplex in Rome, where Maxentius himself made some alterations to the palace in which he played out public life.[10] The most instructive imperial parallel for the Via Appia complex is that of Maxentius’s contemporary Galerius at Thessaloniki, though Diocletian’s Palace at Split furnishes some useful comparisons.[11]
The complex may well have changed in use and character following the death of Romulus; the mausoleum, surely intended for Maxentius himself, as were the mausolea built by Galerius and Diocletian intended for themselves whilst still alive, now received as its occupant Maxentius’ only son.[11]The inaugural games became funeral games, and these, like the circus, were dedicated to the now deified Romulus. The pervasive emphasis of death and apotheosis has led to the argument that the whole complex became overwhelmingly funerary in character from this point, and that the memorial references generated by Romulus extend, spatially and ideologically, to the heart of Rome.[7] Maxentius died just three years after Romulus, at the Battle of the Milvian Bridge, when he was defeated by Constantine the Great, who then expropriated the property.
The circus is under the care of the Soprintendenza Archeologica di Roma, and is open to the public. It is accessible via a bus which runs regularly from the Metropolitana stop called Colli Albani, or by the 118 bus from Piazza Venezia. The most up-to-date guides, in English and Italian, are provided by Coarelli, but Claridge’s account is also clear and succinct, as well as being relatively recent. For in-depth research and references, volume one of Steinby’s Lexicon Topographicum Urbis Romae is the starting point.[12][13][14][15]
Jump up^For general size comparisons, see Humphrey, J H (1986) Roman Circuses: Arenas for Chariot RacingLondon: Batsford, pp. 56-131.
Jump up^For example, see Bertolotti, R. De Angelis (2001), « I Giochi Circensi », in R. De Angelis Bertolotti et al.(eds), La Residenza Imperiale di Massenzio. Rome: Fratelli Palombi, 60-64.
Jump up^See Adam, J.-P. and M. Fulford (1994). Roman Building Materials and Techniques. London: Batsford.
Jump up^CIL VI.1138; Nibby, A. (1825). Del Circo volgarmente detto di Caracalla. Rome: Tipografia delle Belle Arte.
Jump up^Edward Chaney, « Roma Britannica and the Cultural Memory of Egypt: Lord Arundel and the Obelisk of Domitian », in Roma Britannica: Art Patronage and Cultural Exchange in Eighteenth-Century Rome, eds. D. Marshall, K. Wolfe and S. Russell, British School at Rome, 2011, pp. 147–70.
^ Jump up to:abKerr, L. (2001). « A topography of death: the buildings of the emperor Maxentius on the Via Appia, Rome ». Proceedings of the Eleventh Annual Theoretical Roman Archaeology Conference, pp. 24-33. Oxford: Oxbow.
Jump up^Wilson, R. (1983). Piazza Armerina London: Granada.
Jump up^Carettoni, G. (1972). « Terme di Settimio Severo e terme di Massenzio in Palatio ». Archeologia Classica 24: 96ff.
^ Jump up to:abFor references to Galerius’ palace, which is scantily written about, see Vickers, M. (1973) Observations on the octagon at Thessaloniki Journal of Roman Studies 63, pp.111-20. The best shorter account of the history of Diocletian’s Palace is: Wilkes, J J (1993) Diocletian’s Palace, Split: Residence of a Retired Roman Emperor Sheffield: University Press.
Jump up^Coarelli, F. (2008). Rome and Environs. California: Berkeley University Press.
César affirmait avoir pour ancêtre Iule (ou Ascagne), fils d’Énée et de Créuse, amené en Italie par son père après la chute de Troie. Ce fondateur d’Albe la Longue était considéré comme le créateur de la vieille famille des Iulii qui, selon l’empereur Claude, se joignit ensuite aux patriciens de Rome6. Par ce lignage, César revendiqua, lorsqu’il prononça l’éloge funèbre de sa tante Julia, une ascendance remontant à Vénus7 dont il célébrera les vertus génitrices (Vénus Genitrix).
En réalité les Iulii historiquement connus furent une famille patricienne d’importance mineure, qui exerça quelques consulats mais ne faisait pas partie, au ier siècle av. J.-C., de la cinquantaine de familles de la nobilitas qui fournissaient la plupart des consuls. Les Julii connurent des revers de fortune, et Jules César grandit dans une insulaassez modeste du bas quartier de Subure, de mauvaise réputation8.
Selon Tacite, en mêlant dévouement maternel et ferme discipline, sa mère Aurelia donne à Caius et ses deux sœurs Julia une éducation exemplaire17. Cicéron attribuera à cette éducation familiale et à des études assidues l’élégance du latin de César et la qualité de son éloquence18. Plutarque et Suétone souligneront aussi son art des relations en société tout au long de sa vie : amabilité et politesse envers ses hôtes, prodigalité sans retenue, savoir-vivre et bonne tenue dans les banquets (Caton, qui pourtant le déteste, lui accorde qu’il est le seul ambitieux qui ne s’enivre pas), conversation brillante et cultivée19. Ces qualités de séduction seront ses premiers atouts dans la vie publique romaine.
La jeunesse de Jules César s’inscrit dans un contexte de violentes luttes politiques qui opposent les optimates aux populares. Les premiers maintiennent une ligne conservatrice et aristocratique qui place le sénat romain au cœur de la République. Les seconds veulent satisfaire les revendications sociales et accorder plus de place politique aux Italiens et aux provinciaux.
Jules César grandit ainsi au milieu de troubles sanglants (première guerre civile) : combats de rue à Rome en 88 av. J.-C. entre les partisans de Caius Marius, chef des populares, et ceux de Sylla, puis victoire des légions de Sylla sur les marianistes aux portes de Rome en 82 av. J.-C., suivie d’impitoyables chasses à l’homme contre les proscrits du camp adverse.
Ses relations familiales placent Jules César parmi les populares dans le jeu politique romain. Sa tante Julia fut l’épouse du consul Marius et lui-même épouse en 84 av. J.-C.Cornelia Cinna la fille de Cinna, successeur de Marius. Malgré ces alliances familiales, Jules César ne semble pas s’être joint aux marianistes les plus extrémistes lors de la guerre civile qu’ils menèrent contre Sylla. Il est possible que César ait suivi les modérés lorsqu’ils se rallient à Sylla22. En 84 av. J.-C. César est choisi (ou est candidat) au sacerdoce de flamen dialis (premier prêtre de Jupiter) à la suite du suicide de Lucius Cornelius Merula durant les proscriptions marianistes. Ce poste honorifique lui interdit toute activité guerrière, donc d’entreprendre le Cursus honorum.
Sylla exige que César divorce de Cornelia Cinnaet rompe ainsi ses derniers liens avec les marianistes. César refuse, et doit se cacher, jusqu’à ce que de puissants protecteurs, dont son oncle Aurelius Cotta, fassent fléchir Sylla et cesser la traque. Sylla lui a entre-temps bloqué sa nomination comme Flamen Dialis et les interdits qui l’accompagnaient (ainsi que la dot de sa femme et une partie de son héritage). Prudent, César quitte Rome23. Il s’enrôle vers 80 av. J.-C.dans l’armée et rejoint avec le préteur Marcus Minucius Thermus le théâtre d’opérations militaires en Asie, où Lucullus assiège Mytilène, capitale de Lesbos qui s’était ralliée à Mithridate VI. César reçoit mission de demander au roi de BithynieNicomède IV le renfort de sa flotte. Suétone se fait l’écho d’une rumeur sur la réputation de César, rapportant qu’il aurait eu à deux reprises des relations sexuelles passivesavec Nicomède, vice le plus méprisable aux yeux des Romains : il aurait servi d’échanson à la cour du roi et aurait partagé sa couche24. Cette suspicion, qui peut être une lourde et classique plaisanterie entre soldats, plutôt qu’une réalité indémontrable, suivra César, depuis les commentaires insultants de ses adversaires politiques jusqu’à son triomphe final, le brocardant du titre de « reine de Bithynie »25.
Lors de la prise de Mytilène, César accomplit un exploit que les historiens ne précisent pas, mais qui lui vaut en récompense une couronne civique, la plus glorieuse décoration militaire, habituellement décernée pour avoir sauvé au combat la vie d’un concitoyen. César sert encore en Cilicie sous les ordres de Servilius Isauricus, puis est démobilisé.
À la mort de Sylla en 79 av. J.-C., César demeure quelque temps en Asie. Selon Plutarque, lors de son trajet sur la mer Égée en 75 av. J.-C., il est enlevé par des pirates de Cilicie qui le font prisonnier durant 38 jours sur l’île de Farmakonisiet réclament une rançon de vingt talents d’or. César déclare en valoir cinquante, et promet de revenir exécuter les pirates après sa libération, ce qu’il fait effectivement : après avoir lancé quatre galères logeant 500 hommes armés, il les capture dans leur repaire et les fait crucifier26. Puis il perfectionne son éloquence auprès du célèbre rhéteur grec Molon de Rhodes27.
De retour à Rome, il débute sa vie publique par un coup d’audace : il attaque en justice le proconsulCnaeus Cornelius Dolabella qui vient d’achever son mandat en Macédoine, et l’accuse de concussion. Malgré l’éloquence de César et les nombreux témoins à charge qu’il cite, la cible a trop de poids politique : Dolabella est acquitté, probablement par solidarité de classe avec ses juges tous issus du Sénat28. César tente une seconde et brillante attaque contre Caius Antonius Hybrida, qui faillit réussir. Antonius dut recourir à l’intervention des tribuns de la plèbe pour échapper à une condamnation29.
César développe activement ses relations, dépensant beaucoup en réceptions, et entame le parcours politique classique (cursus honorum) : tribun militaire, questeur en 69 av. J.-C. en Espagne, puis édile en 65 av. J.-C., il capte la faveur du peuple en rétablissant le pouvoir des tribuns de la plèbe et en relevant les statues de Marius. Chargé de l’organisation des jeux, il emprunte massivement pour en donner de spectaculaires, alignant selon Plutarque le nombre record de 320 paires de gladiateurs30.
Parallèlement, César poursuit son activité judiciaire, pour des causes qui flattent le courant des populares. En 64 av. J.-C., il intente des procès contre d’anciens partisans de Sylla, fait condamner Lucius Liscius et Lucius Bellienus, payés pour avoir ramené la tête de proscrits. Mais il échoue contre Catilina, les jurés se refusant à condamner un membre de la vieille famille des Cornelii31. L’année suivante en 63 av. J.-C., avec l’aide du tribun de la plèbe Titus Labiénus, César tente un coup juridique extravagant en accusant de haute trahison le vieux sénateur syllanien Gaius Rabirius pour des faits anciens de trente-sept ans : le meurtre du tribun de la plèbeSaturninus. L’affaire est sans précédent depuis le légendaire procès d’Horace. Cicéron assure la défense de Rabirius (Pro Rabirio), mais les deux juges désignés par le préteur ne sont autres que César lui-même et son cousin Sextus. Rabirius est condamné, mais fait appel au peuple romain, son jugement devant les comices est reporté puis l’affaire est finalement abandonnée32.
César se fait élire en 63 av. J.-C. au titre de pontifex maximus grâce à une campagne financée par Crassus. Il dépense d’importantes sommes d’argent et contracte de nombreuses dettes, afin de remporter les suffrages des comices tributes, contre deux anciens consuls (Servilius Isauricus et Q. Catulus), plus âgés et expérimentés que lui33,34. Selon l’usage, César s’installe dans la demeure du pontife à la Regia, et exerce la fonction de grand Pontife jusqu’à sa mort.
Désigné préteur urbain pour l’année suivante au moment de la conjuration de Catilina (63 av. J.-C.)35, il ne fait rien pour la prévenir et est soupçonné de connivence36. Salluste, qui est un partisan de César, attribue ces soupçons à des manœuvres calomnieuses de Q. Catulus et C. Pison, adversaires politiques de César. Appienconsidère pour sa part que Cicéron n’ose pas mettre en cause César en raison de sa popularité37. Lors du vote au Sénat sur le sort des complices de Catilina, César s’oppose à leur exécution immédiate qu’il considère illégale, et propose de répartir les conjurés à travers les prisons des municipes, mais son avis est mis en minorité après l’intervention de Caton38.
Envoyé comme propréteur en Bétique (Espagne) en 60 av. J.-C., il ne peut partir qu’après avoir donné des cautions à ses créanciers39. Son départ précipité de Rome est motivé par sa volonté d’échapper à une action judiciaire éventuellement engagée à la fin de sa charge. César mène son premier commandement par une offensive contre les peuples ibères encore insoumis. Après avoir pacifié la province, il revient à Rome afin d’y défiler en triomphe pour son succès militaire puis de briguer le consulat. Mais les préparatifs du triomphe lui imposent de stationner hors de Rome, tandis qu’il doit y être présent pour poser sa candidature dans les délais. Il demande une dérogation, que Caton fait traîner en palabres. César doit choisir, et renonce à son triomphe pour viser le consulat40.
Triumvirat et Consulat
L’homme le plus en vue à cette date est Pompée, après sa victoire en Orient contre le roi Mithridate VI Eupator. Cette campagne a permis à Rome de s’étendre en Bithynie, au Pont et en Syrie. Pompée revient couvert de gloire avec ses légions mais conformément à la règle, il les licencie après avoir reçu le triomphe, en 61 av. J.-C..
Au faîte de la gloire, Pompée demande des terres pour ses anciens soldats et la confirmation des avantages qu’il a promis pour les cités et princes d’Orient, mais le Sénat refuse. César exploite opportunément la déception de Pompée, le rapproche de Crassus, et forme avec eux le premier triumvirat41. Cet accord secret scelle une alliance entre les trois hommes, chacun s’abstenant de réaliser des actions nuisibles à l’un des trois42. César renforce peu après cette alliance en mariant sa fille Julia à Pompée.
Grâce au financement de sa campagne électorale par Crassus, César est élu consul en 59 av. J.-C., en ralliant notamment à sa cause Lucius Lucceiusun de ses éventuels compétiteurs42. Durant son mandat, il ne laisse à son collègue le conservateur Marcus Calpurnius Bibulus qu’une ombre d’autorité. Bibulus et Caton multiplient les actions d’obstruction contre César, mais ils sont chassés du forum lors de la promulgation d’une loi agraire. À la suite de cet incident, Bibulus se retire chez lui jusqu’à la fin de son mandat, laissant le pouvoir à César qui l’exerce seul43,44. L’historien romain Suétone rapporte quelques vers décrivant la situation politique :
« Ce que César a fait, qui d’entre nous l’ignore ? – Ce qu’a fait Bibulus, moi je le cherche encore. »
César peut désormais légiférer comme un tribun, selon l’expression de Plutarque, satisfaire les revendications des populares, rendre des gages à Pompée et gagner de nouveaux soutiens auprès des chevaliers et des provinciaux : passant outre les protestations des sénateurs Lucullus et Caton, il fait ratifier les initiatives de Pompée qui avait réorganisé les principautés du Moyen-Orient sans demander l’avis du Sénat ; il promulgue plusieurs lois agraires : distribution aux vétérans de Pompée de parcelles des terres publiques (l’ager publicus), faisant de Capoue une colonie romaine, achat de terres à des particuliers qui sont ensuite distribuées à 20 000 citoyens pauvres. La diminution d’un tiers du fermage dû par les publicains à l’État est une aubaine pour les chevaliers, affairistes et banquiers (lex de publicanis)45. Sa loi contre la concussion (lex Iulia de repetundis) permet enfin de sanctionner d’amendes les gouverneurs de province qui monnayent leurs interventions ou se livrent à des exactions financières46. Enfin, il place le Sénat sous le contrôle de l’opinion publique, en faisant publier les comptes rendus de séance (Actus senatus)44.
Cette activité politique va de pair avec une activité mondaine soutenue : Suétone47 prête à César entre autres maîtresses les épouses de Crassus et Pompée, et, ce qui paraît mieux attesté, Servilia la demi-sœur de Caton48. Plus officiellement, César épouse Calpurnia, fille de Calpurnius Pison, consul désigné pour l’année suivante, ce qui lui assure une future protection politique. César se fait un autre allié dans la personne de Clodius Pulcher, qui avait pourtant courtisé sa précédente épouse, en satisfaisant une requête qui lui tenait à cœur : troquer son rang de patricien pour celui de plébéien et postuler ainsi à l’élection de tribun de la plèbe.
César profite de sa popularité pour préparer l’étape suivante de sa carrière : normalement, le Sénat prolonge le mandat d’un consul par le proconsulat d’une province pour un an. César contourne cette règle avec l’aide du tribun de la plèbePublius Vatinius : celui-ci fait voter par le peuple un plébiscite qui confie à César et pour cinq ans deux provinces, la Gaule cisalpine et l’Illyrie, avec le commandement de trois légions(lex Vatinia). Pour sauver une apparence d’autorité, le Sénat lui accorde en plus la Gaule transalpine et une quatrième légion49.
Suétone rapporte que César, se vantant devant le Sénat d’être enfin parvenu à ses objectifs, et promettant une victoire éclatante en Gaule, reçut un outrage d’un de ses nombreux adversaires qui s’écria « Cela ne sera pas facile à une femme ». César répliqua que cela n’avait pas empêché Sémiramis de régner sur l’Assyrie, et les Amazones de posséder jadis une grande partie de l’Asie49.
Proconsul en Gaule
Giacobbe Giusti, JULES César
Les campagnes militaires de Jules César en Gaule.
Giacobbe Giusti, JULES César
Denier commémorant les conquêtes gauloises de Jules César.Date : c. 48 AC. Description revers : trophée gaulois composé d’un grand bouclier ovale, d’un casque, d’une cuirasse, d’un carnyx et d’une hache à sacrifice surmontée d’une tête d’animal. Description avers : tête de Vénus ou de (Clementia) la Clémence laurée et diadémée à droite avec boucle d’oreille et collier.
Dès la fin de son consulat, César gagne rapidement la Gaule, tandis que le préteur Lucius Domitius Ahenobarbus et le tribun de la plèbe Antistius le citent en justice pour répondre à l’accusation d’illégalités commises pendant son mandat. En fin juriste, César fit objecter par les autres tribuns qu’il ne pouvait être cité en application de la loi Memmia50, qui interdisait toute poursuite contre un citoyen absent de Rome pour le service de la République. Pour éviter toute autre mise en cause devant la justice, César s’appliquera durant son proconsulat à demeurer dans ses provinces. Il passe ainsi chaque hiver en Gaule cisalpine, où il reçoit partisans et solliciteurs et s’assure chaque année d’avoir parmi les élus à Rome des magistrats qui lui soient favorables51. La gestion de ses affaires à Rome même est confiée à son secrétaire Lucius Cornelius Balbus, un chevalier d’origine espagnole, avec qui il échange par précaution des courriers chiffrés52.
Dès le début de son proconsulat, César engage la conquête de la Gaule en profitant de la migration des Helvètes en mars58 av. J.-C.. Cette expédition militaire est motivée par ses ambitions politiques, mais aussi par des intérêts économiques qui associent les Romains à certaines nations gauloises clientes de Rome (Éduens, Arvernes, etc.).
À Rome, les conservateurs réagissent à la guerre que mène César : son affrontement contre le germain Arioviste, qui a la qualité d’ami du peuple romain, accordée lors du consulat de César, scandalise Caton, qui proclame qu’il faut compenser cette trahison de la parole romaine en livrant César aux Germains57. Ultérieurement, César se justifiera longuement dans ses Commentaires en détaillant ses négociations préliminaires avec l’agressif Arioviste, lui faisant même dire que « s’il tuait [César], il ferait une chose agréable à beaucoup de chefs politiques de Rome, ainsi qu’il (Arioviste) l’avait appris par les messages de ceux dont cette mort lui vaudrait l’amitié »58.
En 56 av. J.-C., Lucius Domitius Ahenobarbus, candidat au consulat soutenu par Caton et par Cicéron, met à son programme la destitution et le remplacement de César. Toujours obligé de se cantonner en Gaule, César réunit à LucquesCrassus, Pompée et tous les sénateurs qui les soutiennent. Ils renouvellent tous trois leur accordet définissent un partage des provinces59. Ahenobarbus et Caton sont agressés en plein forum et empêchés de faire campagne. Pompée et Crassus profitent de l’appui de César pour remporter les élections et être élus pour un second consulat en 55 av. J.-C.60. Cicéron a des obligations envers Pompée, que celui-ci lui rappelle vertement par l’intermédiaire de son frère Quintus61. Cicéron s’incline et soutient la prorogation du gouvernement de César pour cinq nouvelles années62.
À l’issue de leur consulat en 54 av. J.-C., chacun reçoit le gouvernement d’une province : Crassus part en Asie chercher une gloire militaire qui égale celles de Pompée et de César, l’Espagne et l’Afrique sont attribuées à Pompée, qui préfère rester à Rome, centre du pouvoir, et envoie ses légats gouverner. Sur les quatre légions qui lui sont attribuées, Pompée en prête deux à César, qui a besoin de renforts60.
Pendant son second mandat, en 55 av. J.-C., César traverse la Manche et réalise une première incursion en Bretagne (l’actuelle Grande-Bretagne)63, terre inconnue et quasi mythique pour les Romains de l’époque64. Ultérieurement, il réalise un autre exploit par une démonstration militaire au-delà du Rhin. Mais à partir de l’hiver 54/53 av. J.-C., la situation en Gaule se détériore, et des révoltes se multiplient.
En 53 av. J.-C., la défaite et la mort de Crassus et de son fils Publius à la bataille de Carrhes contre les Parthes, et la mort de Julia, fille de César et épouse de Pompée, et de l’enfant qu’elle avait eu de Pompée défont les liens du triumvirat65,66. César propose à Pompée la main de sa petite-nièce Octavie, et demande en mariage la fille de Pompée, mais ces offres d’alliances matrimoniales n’aboutissent pas67.
Le début de l’année 52 av. J.-C. est difficile pour César : la révolte en Gaule se généralise sous l’impulsion de l’ArverneVercingétorix. À Rome, les désordres sont tels que Pompée est nommé consul unique, avec l’assentiment de Caton et des conservateurs. Pompée épouse Cornélie, la jeune veuve de Publius Crassus et la fille du conservateur Metellus Scipion, qu’il prend au milieu de l’année comme collègue au consulat68. Pompée est désormais le défenseur du clan des conservateurs.
Giacobbe Giusti, Romulus and Remus on the allegory of Tiber river in the Louvre Museum
Detail of Romulus and Remus on the allegory of Tiber
Livy discusses the myth in chapters 4, 5, and 6 of his work’s first book. p. 7 parentage 4 p. 8 survival. p. 8 the youth. 5 9–10 the struggle with Amulius. 6 p. 11 (the beginning only) the augury and fratricide.
Italy, Latium, Rome’s province, Palestrina, Museo archeologico prenestino, sculpture group with « Triade Capitolina » (Iuppiter, Iuno and Minerva) coming from a roman villa in Guidonia (160-180 d.C.)
Jupiter, the supreme Roman god of the sky, was the only deity represented in both Capitoline Triads.
The Capitoline Triad was a group of three deities who were worshipped in ancient Roman religion in an elaborate temple on Rome‘s Capitoline Hill (LatinCapitolium). Two distinct Capitoline Triads were worshipped at various times in Rome’s history, both originating in ancient traditions predating the Roman Republic. The one most commonly referred to as the « Capitoline Triad » is the more recent of the two, consisting of Jupiter, Juno and Minerva. The earlier triad, sometimes referred to in modern scholarship as the Archaic Triad, consisted of Jupiter, Mars and Quirinus and was Indo-European in origin. Each triad held a central place in the public religion of Rome during its time.
The three deities who are most commonly referred to as the « Capitoline Triad » are a group that supplanted the original Archaic Triad. This group, mirroring the Etruscan divine triad, consisted of Jupiter, the king of the gods; Juno(in her aspect as Iuno Regina, « Queen Juno »), his wife and sister; and Jupiter‘s daughter Minerva, the goddess of wisdom.
Unlike the earlier Archaic Triad, which was fairly typical of a trio of supreme divine beings, this grouping of a male god and two goddesses was highly unusual in ancient Indo-European religions. It is almost certainly derived from the Etruscan trio of Tinia, the supreme deity, Uni, his wife, and Menrva, their daughter and the goddess of wisdom.
Jupiter, Juno and Minerva were honored in temples known as Capitolia, which were built on hills and other prominent areas in many cities in Italy and the provinces, particularly during the Augustan and Julio-Claudian periods. Most had a triple cella. The earliest known example of a Capitolium outside of Italy was at Emporion (now Empúries, Spain).[1] According to Ovid, Terminus also had a place there, since he had a shrine there before it was built and, as the god of boundary stones, refused to yield.[2]
Although the word Capitolium (pl. Capitolia) could be used to refer to any temple dedicated to the Capitoline Triad, it referred especially to the temple on the Capitoline Hill in Rome known as aedesIovis Optimi Maximi Capitolini(« the temple of the Best, Greatest, Capitoline Jupiter »). The temple was built under the reign of Lucius Tarquinius Superbus, the last King of Rome prior to the establishment of the Roman Republic. Although the temple was shared by Jupiter, Juno and Minerva, each deity had a separate cella, with Juno Regina on the left, Minerva on the right, and Jupiter Optimus Maximus in the middle. It included a podium and a tetrastyle (four column) pronaos(porch).[3]
Another shrine (sacellum) dedicated to Jupiter, Juno Regina and Minerva was the Capitolium Vetus on the Quirinal Hill. It was thought to be older than the more famous temple of Jupiter Optimus Maximus on the Capitoline Hill, and was still a landmark in Martial‘s time, in the late 1st century.[4]
The Archaic Triad
The original three deities thus worshipped, now more commonly referred to as the Archaic Triad, were Jupiter, Mars and Quirinus. This structure was no longer clearly detectable in later times, and only traces of it could be identified from various literary sources and other testimonies.
Georg Wissowa, in his manual of the Roman religion, identified the structure as a triad on the grounds of the existence in Rome of the three flamines maiores, who carry out service to these three gods. He remarked that this triadic structure looks to be predominant in many sacred formulae which go back to the most ancient period and noted its pivotal role in determining the ordo sacerdotum, the hierarchy of dignity of Roman priests: Rex Sacrorum, Flamen Dialis, Flamen Martialis, Flamen Quirinalis and Pontifex Maximus in order of decreasing dignity and importance.[5] He remarked that since such an order did no longer reflect the real influence and relationships of power among priests in the later times, it should have reflected a hierarchy of the earliest phase of Roman religion.[6]
Wissowa identified the presence of such a triad also in the Umbrian ritual of Iguvium where only Iove, Marte and Vofionus are granted the epithet of Grabovius and the fact that in Rome the three flamines maiores are all involved in a peculiar way in the cult of goddess Fides.[7]
However Wissowa did not pursue further the analysis of the meaning and function of the structure (which he called Göttersystem) he had identified.
Dumézil’s analysis using the Trifunctional Hypothesis
Georges Dumézil in various works, particularly in his Archaic Roman Religion[8] advanced the hypothesis that this triadic structure was a relic of a common Proto-Indo-European religion, based on a trifunctional ideology modelled on the division of that archaic society. The highest deity would thus be a heavenly sovereign endowed with religious, magic and legal powers and prerogatives (connected and related to the king and to priestly sacral lore in human society), followed in order of dignity by the deity representing braveness and military prowess (connected and related to a class of warriors) and lastly a deity representing the common human worldly values of wealth, fertility, and pleasure (connected and related to a class of economic producers). According to the hypothesis, such a tripartite structure must have been common to all Indoeuropeanpeoples on accounts of its widespread traces in religion and myths from India to Scandinavia, and from Rome to Ireland. However it had disappeared from most societies since prehistoric times, with the notable exception of India.
In Vedic religion the sovereign function was incarnated by Dyaus Pita and later appeared split into its two aspects of uncanny and awe inspiring almighty power incarnated by Varuna and of source and guardian of justice and compacts incarnated by Mitra. Indraincarnated the military function and the twins Ashvins (or Nasatya) the function of production, wealth, fertility and pleasure. In human society the raja and the class of the brahmin priests represented the first function (and enjoyed the highest dignity), the warrior class of the kshatriya represented the second function and the artisan and merchant class of the vaishya the third.
Similarly in Rome Jupiter was the supreme ruler of the heavens and god of thunder, represented on earth by the rex, king (later the rex sacrorum) and his substitute, the Flamen Dialis, the legal aspect of sovereignty being incarnated also by Dius Fidius, Mars was the god of military prowess and a war deity, represented by his flamen Martialis; and Quirinus the enigmatic god of the Roman populus (« people ») organised in the curiae as a civilian and productive force, represented by the Flamen Quirinalis.
Apart than from the analysis of the texts already collected by Wissowa, Dumezil stressed the importance of the tripartite plan of the regia, the cultic centre of Rome and official residence of the rex. As recorded by sources and confirmed by archeological data it was devised to lodge the three major deities Iupiter, Mars, and Ops, the deity of agricultural plenty, in three separate rooms.
The cult of Fides involved the three Flamines Maiores: they were carried to the sacellum of the deity together in a covered carriage and officiated with their right hand wrapped up to the fingers in a piece of white cloth. The association with the deity that founded divine order (Fides is associated with Iupiter in his function of guardian of the supreme juridical order) underlines the mutual interconnections among them and of the gods they represented with the supreme heavenly order, whose arcane character was represented symbolically in the hidden character of the forms of the cult.
The spolia opima were dedicated by the person who had killed the king or chief of the enemy in battle. They were dedicated to Jupiter in case the Roman was a king or his equivalent (consul, dictator or tribunus militum consulari potestate), to Mars in case he was an officer and to Quirinus in case he was common soldier.[9] The sacrificial animals too were in each case the ones of the respective deity, i. e. an ox to Jupiter, solitaurilia to Mars and a male lamb to Quirinus.
Besides Dumézil analysed the cultural functions of the Flamen Quirinalis to better understand the characters of this deity. One important element was his officiating on the feriae of the Consualiaaestiva ( of the Summer), which associated Quirinus to the cult of Consus and indirectly of Ops (Ops Consivia). Other feriae on which this flamen officiated were the Robigalia, the Quirinalia that Dumezil identifies with the last day of the Fornacalia, also named stultorum feriaebecause on that day the people who had forgot to roast their spelt on the day prescribed by the curio maximusfor their own curia were given a last chance to make amends, and the Larentalia held in memory of Larunda. These religious duties show Quirinus was a civil god related to the agricultural cycle and somehow to the worship of Roman ancestry.
In Dumézil’s view the figure of Quirinus became blurred and started to be connected to the military sphere because of the early assimilation to him of the divinised Romulus, the warring founder and first king of Rome. A coincident facilitating factor of this interpretation was the circumstance that Romulus carried with himself the quality of twin and Quirinus had a correspondence in the theology of the divine twins such the Indian Ashvins and the Scandinavians Vani. The resulting interpretation was the mixed civil and military, warring and peaceful personality of the god.
A detailed discussion of the sources is devoted by Dumézil to showing that they do not support the theory of an agrarian Mars. Mars would be invoked both in the Carmen Arvaleand in Cato’s prayer as the guardian, the armed protector of the fields and the harvest. He is definitely not a deity of agricultural plenty and fertility.
It is also noteworthy that according to tradition Romulus established the double role and duties, civil and military, of the Roman citizen. In this way the relationship between Mars and Quirinus became a dialectic one, since Romans would regularly pass from the warring condition to the civil one and vice versa. In the yearly cycle this passage is marked by the rites of the Salii, they themselves divided into two groups, one devoted to the cult of Mars (Salii Palatini, created by Numa) and the other of Quirinus (Salii Collini, created by Tullus Hostilius).
The archaic triad in Dumézil’s view was not strictly speaking a triad, it was rather a structure underlying the earliest religious thought of the Romans, a reflection of the common Indoeuropean heritage.[10]
This grouping has been interpreted as a symbolic representation of early Roman society, wherein Jupiter, standing in for the ritual and auguralauthority of the Flamen Dialis (high priest of Jupiter) and the chief priestly colleges, represents the priestly class, Mars, with his warrior and agricultural functions, represents the power of the king and young nobles to bring prosperity and victory through sympathetic magicwith rituals like the October Horseand the Lupercalia, and Quirinus, with his source as the deified form of Rome’s founder Romulus and his derivation from co-viri (« men together ») representing the combined military and economic strength of the Roman people.
According to Georges Dumézil‘s trifunctional hypothesis, this division symbolizes the overarching societal classes of « priest » (Jupiter), « warrior » (Mars) and « farmer » or « civilian » (Quirinus). Though both Mars and Quirinus each had militaristic and agricultural aspects, leading later scholars to frequently equate the two despite their clear distinction in ancient Roman writings, Dumézil argued that Mars represented the Roman gentry in their service as soldiers, while Quirinus represented them in their civilian activities. Although such a distinction is implied in a few Roman passages, such as when Julius Caesarscornfully calls his soldiers quirites(« citizens ») rather than milites(« soldiers »), the word quirites had by this time been dissociated with the god Quirinus, and it is likely that Quirinus initially had an even more militaristic aspect than Mars,[citation needed] but that over time Mars, partially through synthesis with the Greek godAres, became more warlike, while Quirinus became more domestic in connotation. Resolving these inconsistencies and complications is difficult chiefly because of the ambiguous and obscure nature of Quirinus’ cult and worship; while Mars and Jupiter remained the most popular of all Roman gods, Quirinus was a more archaic and opaque deity, diminishing in importance over time.
References
Blagg, T.F.C. (1990). « The temple at Bath (Aquae Sulis) in the context of classical temples in the western European provinces » (pp. 426–427). Journal of Roman Archaeology 3 (pp. 419–430).
Ovid, Fasti 2.667–676: « What happened when the new Capitol was being built? Why, the whole company of gods withdrew before Jupiter and made room for him; but Terminus, as the ancients relate, remained where he was found in the shrine, and shares the temple with great Jupiter. Even to this day there is a small hole in the roof of the temple, that he may see naught above him but the stars. From that abide in that station in which thou hast been placed. Yield not an inch to a neighbour, though he ask thee, lest thou shouldst seem to value man above Jupiter. »
Fishwick, Duncan (1987). « Seneca and the Temple of Divus Claudius » (pp. 253–254). Britannia 22 (pp. 137–141).
Richardson, L. (1992). A New Topographical Dictionary of Ancient Rome (p. 70). Baltimore and London: The Johns Hopkins University Press. ISBN0-8018-4300-6.
Wissowa cited the following sources as supporting the existence of this triad: Servius ad Aeneidem VIII 663 on the ritual of the Salii, priests who use the ancilia in their ceremonies and are under the tutelage of Jupiter, Mars and Quirinus; Polybius Hist.III 25, 6 in occasion of a treaty stipulated by the fetials between Rome and Carthage; Livy VIII 9, 6 in the formula of the devotio of Decius Mus; Festus s.v. spolia opima, along with Plutarch Marcellus 8, Servius ad Aeneidem VI 860 on the same topic.
G. Wissowa Religion und Kultus der Roemer Munich 1912 pp. 23 and 133-134.
Dumézil, G. (1966, 1974 2nd) La religion romaine archaique, part I, chapters 1 & 2. Paris.
Festus s.v. spolia opima p. 302 L 2nd who has Ianus Quirinus, which let it possible an identification of Quirinus as an epithet of Ianus.
G. Dumézil La religion romaine archaique Paris 1974 part I chapt. 6 end; It. tr. Milano 1977 p. 252.
Le Panthéon de Rome est un édifice religieux antique situé sur la piazza della Rotonda (Rome), bâti sur l’ordre d’Agrippa au Ier siècle av. J.-C., endommagé par plusieurs incendies, et entièrement reconstruit sous Hadrien (début du IIe siècle). À l’origine, le Panthéon était un temple dédié à toutes les divinités de la religion antique. Il fut converti en église au VIIe siècle et est aujourd’hui la basiliqueSanta Maria ad Martyres. C’est le plus grand monument romain antique qui nous soit parvenu en état pratiquement intact, du fait de son utilisation ininterrompue jusqu’à nos jours. Il a donné son nom à un quartier de Rome.
Le nom du Panthéon est issu de l’adjectif grec πάνθειον / pántheion, qui signifie « de tous les dieux ». La plupart des auteurs latins le nomment sous la forme grécisante Pantheon. La forme latinisée Pantheum est attestée chez Pline l’Ancien.
Le Panthéon supporte la plus grande coupole de toute l’Antiquité avec 150 pieds romains soit 43,30 m de diamètre à l’intérieur[1],[2] (ou 43,44 m[3]), qui reste la plus grande du monde en béton non armé. Après presque deux millénaires, cette construction remarquable ne présente pas de signe de faiblesse de sa structure en dépit des mutilations volontaires et des mouvements telluriques répétés[4].