Giacobbe Giusti, JULES César
Giacobbe Giusti, JULES César
Giacobbe Giusti, JULES César
Jules César (latin : Caius Iulius Caesar IV à sa naissance, Imperator Iulius Caesar Divus après sa mort) est un général, homme politique et écrivain romain, né à Rome le ou le et mort le (aux ides de mars)5, dans la même ville.
Son destin exceptionnel marqua le monde romain et l’histoire universelle : ambitieux et brillant, il s’appuya sur le courant réformateur et démagogue pour son ascension politique ; stratège et tacticien habile, il repoussa les frontières romaines jusqu’au Rhin et à l’océan Atlantique en conquérant la Gaule, puis utilisa ses légions pour s’emparer du pouvoir. Il se fit nommer dictateur à vie, et fut assassiné peu après par une conspiration de sénateurs. Il fut divinisé et son fils adoptif Octave, vainqueur de Marc Antoine, acheva la réforme de la République romaine, qui laissa place au principat et à l’Empire romain.
Biographie
Origine
César affirmait avoir pour ancêtre Iule (ou Ascagne), fils d’Énée et de Créuse, amené en Italie par son père après la chute de Troie. Ce fondateur d’Albe la Longue était considéré comme le créateur de la vieille famille des Iulii qui, selon l’empereur Claude, se joignit ensuite aux patriciens de Rome6. Par ce lignage, César revendiqua, lorsqu’il prononça l’éloge funèbre de sa tante Julia, une ascendance remontant à Vénus7 dont il célébrera les vertus génitrices (Vénus Genitrix).
En réalité les Iulii historiquement connus furent une famille patricienne d’importance mineure, qui exerça quelques consulats mais ne faisait pas partie, au ier siècle av. J.-C., de la cinquantaine de familles de la nobilitas qui fournissaient la plupart des consuls. Les Julii connurent des revers de fortune, et Jules César grandit dans une insulaassez modeste du bas quartier de Subure, de mauvaise réputation8.
Caius Julius César naît vers 100 av. J.-C., fils de Caius Julius Caesar III et d’Aurelia Cotta, également d’origine patricienne. Malgré les sources historiques, la date précise de cette naissance reste incertaine : le 9 ou le 10 100 av. J.-C.11,12,13,14 ou 102 av. J.-C.15,16.
Selon Tacite, en mêlant dévouement maternel et ferme discipline, sa mère Aurelia donne à Caius et ses deux sœurs Julia une éducation exemplaire17. Cicéron attribuera à cette éducation familiale et à des études assidues l’élégance du latin de César et la qualité de son éloquence18. Plutarque et Suétone souligneront aussi son art des relations en société tout au long de sa vie : amabilité et politesse envers ses hôtes, prodigalité sans retenue, savoir-vivre et bonne tenue dans les banquets (Caton, qui pourtant le déteste, lui accorde qu’il est le seul ambitieux qui ne s’enivre pas), conversation brillante et cultivée19. Ces qualités de séduction seront ses premiers atouts dans la vie publique romaine.
Son père, Caius Julius Caesar III, ne dépasse pas, dans sa carrière politique, le rang de préteuren 92 av. J.-C., et meurt subitement un matin en mettant ses chaussures20 ; César est alors âgé de quinze ans21. Son oncle, Sextus Julius Caesar III, obtient le consulat en 91 av. J.-C. mais meurt au siège d’Asculum lors de la Guerre sociale.
La jeunesse de César
La jeunesse de Jules César s’inscrit dans un contexte de violentes luttes politiques qui opposent les optimates aux populares. Les premiers maintiennent une ligne conservatrice et aristocratique qui place le sénat romain au cœur de la République. Les seconds veulent satisfaire les revendications sociales et accorder plus de place politique aux Italiens et aux provinciaux.
Jules César grandit ainsi au milieu de troubles sanglants (première guerre civile) : combats de rue à Rome en 88 av. J.-C. entre les partisans de Caius Marius, chef des populares, et ceux de Sylla, puis victoire des légions de Sylla sur les marianistes aux portes de Rome en 82 av. J.-C., suivie d’impitoyables chasses à l’homme contre les proscrits du camp adverse.
Ses relations familiales placent Jules César parmi les populares dans le jeu politique romain. Sa tante Julia fut l’épouse du consul Marius et lui-même épouse en 84 av. J.-C. Cornelia Cinna la fille de Cinna, successeur de Marius. Malgré ces alliances familiales, Jules César ne semble pas s’être joint aux marianistes les plus extrémistes lors de la guerre civile qu’ils menèrent contre Sylla. Il est possible que César ait suivi les modérés lorsqu’ils se rallient à Sylla22. En 84 av. J.-C. César est choisi (ou est candidat) au sacerdoce de flamen dialis (premier prêtre de Jupiter) à la suite du suicide de Lucius Cornelius Merula durant les proscriptions marianistes. Ce poste honorifique lui interdit toute activité guerrière, donc d’entreprendre le Cursus honorum.
Sylla exige que César divorce de Cornelia Cinnaet rompe ainsi ses derniers liens avec les marianistes. César refuse, et doit se cacher, jusqu’à ce que de puissants protecteurs, dont son oncle Aurelius Cotta, fassent fléchir Sylla et cesser la traque. Sylla lui a entre-temps bloqué sa nomination comme Flamen Dialis et les interdits qui l’accompagnaient (ainsi que la dot de sa femme et une partie de son héritage). Prudent, César quitte Rome23. Il s’enrôle vers 80 av. J.-C.dans l’armée et rejoint avec le préteur Marcus Minucius Thermus le théâtre d’opérations militaires en Asie, où Lucullus assiège Mytilène, capitale de Lesbos qui s’était ralliée à Mithridate VI. César reçoit mission de demander au roi de Bithynie Nicomède IV le renfort de sa flotte. Suétone se fait l’écho d’une rumeur sur la réputation de César, rapportant qu’il aurait eu à deux reprises des relations sexuelles passivesavec Nicomède, vice le plus méprisable aux yeux des Romains : il aurait servi d’échanson à la cour du roi et aurait partagé sa couche24. Cette suspicion, qui peut être une lourde et classique plaisanterie entre soldats, plutôt qu’une réalité indémontrable, suivra César, depuis les commentaires insultants de ses adversaires politiques jusqu’à son triomphe final, le brocardant du titre de « reine de Bithynie »25.
Lors de la prise de Mytilène, César accomplit un exploit que les historiens ne précisent pas, mais qui lui vaut en récompense une couronne civique, la plus glorieuse décoration militaire, habituellement décernée pour avoir sauvé au combat la vie d’un concitoyen. César sert encore en Cilicie sous les ordres de Servilius Isauricus, puis est démobilisé.
À la mort de Sylla en 79 av. J.-C., César demeure quelque temps en Asie. Selon Plutarque, lors de son trajet sur la mer Égée en 75 av. J.-C., il est enlevé par des pirates de Cilicie qui le font prisonnier durant 38 jours sur l’île de Farmakonisiet réclament une rançon de vingt talents d’or. César déclare en valoir cinquante, et promet de revenir exécuter les pirates après sa libération, ce qu’il fait effectivement : après avoir lancé quatre galères logeant 500 hommes armés, il les capture dans leur repaire et les fait crucifier26. Puis il perfectionne son éloquence auprès du célèbre rhéteur grec Molon de Rhodes27.
De retour à Rome, il débute sa vie publique par un coup d’audace : il attaque en justice le proconsul Cnaeus Cornelius Dolabella qui vient d’achever son mandat en Macédoine, et l’accuse de concussion. Malgré l’éloquence de César et les nombreux témoins à charge qu’il cite, la cible a trop de poids politique : Dolabella est acquitté, probablement par solidarité de classe avec ses juges tous issus du Sénat28. César tente une seconde et brillante attaque contre Caius Antonius Hybrida, qui faillit réussir. Antonius dut recourir à l’intervention des tribuns de la plèbe pour échapper à une condamnation29.
L’ascension de César
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César développe activement ses relations, dépensant beaucoup en réceptions, et entame le parcours politique classique (cursus honorum) : tribun militaire, questeur en 69 av. J.-C. en Espagne, puis édile en 65 av. J.-C., il capte la faveur du peuple en rétablissant le pouvoir des tribuns de la plèbe et en relevant les statues de Marius. Chargé de l’organisation des jeux, il emprunte massivement pour en donner de spectaculaires, alignant selon Plutarque le nombre record de 320 paires de gladiateurs30.
Parallèlement, César poursuit son activité judiciaire, pour des causes qui flattent le courant des populares. En 64 av. J.-C., il intente des procès contre d’anciens partisans de Sylla, fait condamner Lucius Liscius et Lucius Bellienus, payés pour avoir ramené la tête de proscrits. Mais il échoue contre Catilina, les jurés se refusant à condamner un membre de la vieille famille des Cornelii31. L’année suivante en 63 av. J.-C., avec l’aide du tribun de la plèbe Titus Labiénus, César tente un coup juridique extravagant en accusant de haute trahison le vieux sénateur syllanien Gaius Rabirius pour des faits anciens de trente-sept ans : le meurtre du tribun de la plèbeSaturninus. L’affaire est sans précédent depuis le légendaire procès d’Horace. Cicéron assure la défense de Rabirius (Pro Rabirio), mais les deux juges désignés par le préteur ne sont autres que César lui-même et son cousin Sextus. Rabirius est condamné, mais fait appel au peuple romain, son jugement devant les comices est reporté puis l’affaire est finalement abandonnée32.
César se fait élire en 63 av. J.-C. au titre de pontifex maximus grâce à une campagne financée par Crassus. Il dépense d’importantes sommes d’argent et contracte de nombreuses dettes, afin de remporter les suffrages des comices tributes, contre deux anciens consuls (Servilius Isauricus et Q. Catulus), plus âgés et expérimentés que lui33,34. Selon l’usage, César s’installe dans la demeure du pontife à la Regia, et exerce la fonction de grand Pontife jusqu’à sa mort.
Désigné préteur urbain pour l’année suivante au moment de la conjuration de Catilina (63 av. J.-C.)35, il ne fait rien pour la prévenir et est soupçonné de connivence36. Salluste, qui est un partisan de César, attribue ces soupçons à des manœuvres calomnieuses de Q. Catulus et C. Pison, adversaires politiques de César. Appienconsidère pour sa part que Cicéron n’ose pas mettre en cause César en raison de sa popularité37. Lors du vote au Sénat sur le sort des complices de Catilina, César s’oppose à leur exécution immédiate qu’il considère illégale, et propose de répartir les conjurés à travers les prisons des municipes, mais son avis est mis en minorité après l’intervention de Caton38.
Envoyé comme propréteur en Bétique (Espagne) en 60 av. J.-C., il ne peut partir qu’après avoir donné des cautions à ses créanciers39. Son départ précipité de Rome est motivé par sa volonté d’échapper à une action judiciaire éventuellement engagée à la fin de sa charge. César mène son premier commandement par une offensive contre les peuples ibères encore insoumis. Après avoir pacifié la province, il revient à Rome afin d’y défiler en triomphe pour son succès militaire puis de briguer le consulat. Mais les préparatifs du triomphe lui imposent de stationner hors de Rome, tandis qu’il doit y être présent pour poser sa candidature dans les délais. Il demande une dérogation, que Caton fait traîner en palabres. César doit choisir, et renonce à son triomphe pour viser le consulat40.
Triumvirat et Consulat
L’homme le plus en vue à cette date est Pompée, après sa victoire en Orient contre le roi Mithridate VI Eupator. Cette campagne a permis à Rome de s’étendre en Bithynie, au Pont et en Syrie. Pompée revient couvert de gloire avec ses légions mais conformément à la règle, il les licencie après avoir reçu le triomphe, en 61 av. J.-C..
Au faîte de la gloire, Pompée demande des terres pour ses anciens soldats et la confirmation des avantages qu’il a promis pour les cités et princes d’Orient, mais le Sénat refuse. César exploite opportunément la déception de Pompée, le rapproche de Crassus, et forme avec eux le premier triumvirat41. Cet accord secret scelle une alliance entre les trois hommes, chacun s’abstenant de réaliser des actions nuisibles à l’un des trois42. César renforce peu après cette alliance en mariant sa fille Julia à Pompée.
Grâce au financement de sa campagne électorale par Crassus, César est élu consul en 59 av. J.-C., en ralliant notamment à sa cause Lucius Lucceiusun de ses éventuels compétiteurs42. Durant son mandat, il ne laisse à son collègue le conservateur Marcus Calpurnius Bibulus qu’une ombre d’autorité. Bibulus et Caton multiplient les actions d’obstruction contre César, mais ils sont chassés du forum lors de la promulgation d’une loi agraire. À la suite de cet incident, Bibulus se retire chez lui jusqu’à la fin de son mandat, laissant le pouvoir à César qui l’exerce seul43,44. L’historien romain Suétone rapporte quelques vers décrivant la situation politique :
« Ce que César a fait, qui d’entre nous l’ignore ? – Ce qu’a fait Bibulus, moi je le cherche encore. »
César peut désormais légiférer comme un tribun, selon l’expression de Plutarque, satisfaire les revendications des populares, rendre des gages à Pompée et gagner de nouveaux soutiens auprès des chevaliers et des provinciaux : passant outre les protestations des sénateurs Lucullus et Caton, il fait ratifier les initiatives de Pompée qui avait réorganisé les principautés du Moyen-Orient sans demander l’avis du Sénat ; il promulgue plusieurs lois agraires : distribution aux vétérans de Pompée de parcelles des terres publiques (l’ager publicus), faisant de Capoue une colonie romaine, achat de terres à des particuliers qui sont ensuite distribuées à 20 000 citoyens pauvres. La diminution d’un tiers du fermage dû par les publicains à l’État est une aubaine pour les chevaliers, affairistes et banquiers (lex de publicanis)45. Sa loi contre la concussion (lex Iulia de repetundis) permet enfin de sanctionner d’amendes les gouverneurs de province qui monnayent leurs interventions ou se livrent à des exactions financières46. Enfin, il place le Sénat sous le contrôle de l’opinion publique, en faisant publier les comptes rendus de séance (Actus senatus)44.
Cette activité politique va de pair avec une activité mondaine soutenue : Suétone47 prête à César entre autres maîtresses les épouses de Crassus et Pompée, et, ce qui paraît mieux attesté, Servilia la demi-sœur de Caton48. Plus officiellement, César épouse Calpurnia, fille de Calpurnius Pison, consul désigné pour l’année suivante, ce qui lui assure une future protection politique. César se fait un autre allié dans la personne de Clodius Pulcher, qui avait pourtant courtisé sa précédente épouse, en satisfaisant une requête qui lui tenait à cœur : troquer son rang de patricien pour celui de plébéien et postuler ainsi à l’élection de tribun de la plèbe.
César profite de sa popularité pour préparer l’étape suivante de sa carrière : normalement, le Sénat prolonge le mandat d’un consul par le proconsulat d’une province pour un an. César contourne cette règle avec l’aide du tribun de la plèbe Publius Vatinius : celui-ci fait voter par le peuple un plébiscite qui confie à César et pour cinq ans deux provinces, la Gaule cisalpine et l’Illyrie, avec le commandement de trois légions(lex Vatinia). Pour sauver une apparence d’autorité, le Sénat lui accorde en plus la Gaule transalpine et une quatrième légion49.
Suétone rapporte que César, se vantant devant le Sénat d’être enfin parvenu à ses objectifs, et promettant une victoire éclatante en Gaule, reçut un outrage d’un de ses nombreux adversaires qui s’écria « Cela ne sera pas facile à une femme ». César répliqua que cela n’avait pas empêché Sémiramis de régner sur l’Assyrie, et les Amazones de posséder jadis une grande partie de l’Asie49.
Proconsul en Gaule
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Dès la fin de son consulat, César gagne rapidement la Gaule, tandis que le préteur Lucius Domitius Ahenobarbus et le tribun de la plèbe Antistius le citent en justice pour répondre à l’accusation d’illégalités commises pendant son mandat. En fin juriste, César fit objecter par les autres tribuns qu’il ne pouvait être cité en application de la loi Memmia50, qui interdisait toute poursuite contre un citoyen absent de Rome pour le service de la République. Pour éviter toute autre mise en cause devant la justice, César s’appliquera durant son proconsulat à demeurer dans ses provinces. Il passe ainsi chaque hiver en Gaule cisalpine, où il reçoit partisans et solliciteurs et s’assure chaque année d’avoir parmi les élus à Rome des magistrats qui lui soient favorables51. La gestion de ses affaires à Rome même est confiée à son secrétaire Lucius Cornelius Balbus, un chevalier d’origine espagnole, avec qui il échange par précaution des courriers chiffrés52.
Dès le début de son proconsulat, César engage la conquête de la Gaule en profitant de la migration des Helvètes en mars 58 av. J.-C.. Cette expédition militaire est motivée par ses ambitions politiques, mais aussi par des intérêts économiques qui associent les Romains à certaines nations gauloises clientes de Rome (Éduens, Arvernes, etc.).
Tout en menant ses campagnes, César maintient ses relations avec la classe politique romaine : Quintus, frère de Cicéron, commande une légion en Belgique53 ; Publius et Marcus, les fils de Crassus, interviennent en Belgique puis en Aquitaine54 ; Lucius Munatius Plancus55 et Marc Antoine seront à Alésia56.
À Rome, les conservateurs réagissent à la guerre que mène César : son affrontement contre le germain Arioviste, qui a la qualité d’ami du peuple romain, accordée lors du consulat de César, scandalise Caton, qui proclame qu’il faut compenser cette trahison de la parole romaine en livrant César aux Germains57. Ultérieurement, César se justifiera longuement dans ses Commentaires en détaillant ses négociations préliminaires avec l’agressif Arioviste, lui faisant même dire que « s’il tuait [César], il ferait une chose agréable à beaucoup de chefs politiques de Rome, ainsi qu’il (Arioviste) l’avait appris par les messages de ceux dont cette mort lui vaudrait l’amitié »58.
En 56 av. J.-C., Lucius Domitius Ahenobarbus, candidat au consulat soutenu par Caton et par Cicéron, met à son programme la destitution et le remplacement de César. Toujours obligé de se cantonner en Gaule, César réunit à LucquesCrassus, Pompée et tous les sénateurs qui les soutiennent. Ils renouvellent tous trois leur accordet définissent un partage des provinces59. Ahenobarbus et Caton sont agressés en plein forum et empêchés de faire campagne. Pompée et Crassus profitent de l’appui de César pour remporter les élections et être élus pour un second consulat en 55 av. J.-C.60. Cicéron a des obligations envers Pompée, que celui-ci lui rappelle vertement par l’intermédiaire de son frère Quintus61. Cicéron s’incline et soutient la prorogation du gouvernement de César pour cinq nouvelles années62.
À l’issue de leur consulat en 54 av. J.-C., chacun reçoit le gouvernement d’une province : Crassus part en Asie chercher une gloire militaire qui égale celles de Pompée et de César, l’Espagne et l’Afrique sont attribuées à Pompée, qui préfère rester à Rome, centre du pouvoir, et envoie ses légats gouverner. Sur les quatre légions qui lui sont attribuées, Pompée en prête deux à César, qui a besoin de renforts60.
Pendant son second mandat, en 55 av. J.-C., César traverse la Manche et réalise une première incursion en Bretagne (l’actuelle Grande-Bretagne)63, terre inconnue et quasi mythique pour les Romains de l’époque64. Ultérieurement, il réalise un autre exploit par une démonstration militaire au-delà du Rhin. Mais à partir de l’hiver 54/53 av. J.-C., la situation en Gaule se détériore, et des révoltes se multiplient.
En 53 av. J.-C., la défaite et la mort de Crassus et de son fils Publius à la bataille de Carrhes contre les Parthes, et la mort de Julia, fille de César et épouse de Pompée, et de l’enfant qu’elle avait eu de Pompée défont les liens du triumvirat65,66. César propose à Pompée la main de sa petite-nièce Octavie, et demande en mariage la fille de Pompée, mais ces offres d’alliances matrimoniales n’aboutissent pas67.
Le début de l’année 52 av. J.-C. est difficile pour César : la révolte en Gaule se généralise sous l’impulsion de l’Arverne Vercingétorix. À Rome, les désordres sont tels que Pompée est nommé consul unique, avec l’assentiment de Caton et des conservateurs. Pompée épouse Cornélie, la jeune veuve de Publius Crassus et la fille du conservateur Metellus Scipion, qu’il prend au milieu de l’année comme collègue au consulat68. Pompée est désormais le défenseur du clan des conservateurs.