Giacobbe Giusti, Mosaïque de la Dame de Carthage
Semis de roses de la mosaïque du Phénix sur un semis de roses du musée du Louvre
Artiste |
Inconnu
|
---|---|
Date |
ve siècle-vie siècle
|
Technique | |
Localisation |
La mosaïque de la Dame de Carthage est une mosaïqueromaine découverte sur le site archéologique de Carthage, lors de fouilleseffectuées en 1953 sur la colline de Sayda. Difficile d’interprétation car issue d’un contexte largement méconnu, l’œuvre, d’une « finesse d’exécution remarquable » selon l’historien de l’art Mohamed Yacoub1, est conservée au musée national de Carthage et en constitue l’un des joyaux.
La mosaïque a été découverte en 1953 dans une villa d’époque tardive fouillée à l’occasion de l’urbanisation du quartier. Cependant, il est complexe d’en préciser la datation car la villa n’a pu être fouillée en intégralité, le quartier de Sayda restant encore très largement méconnu. La datation de l’œuvre oscille entre l’époque vandaleet la reconquête byzantine, et ne saurait être antérieure au deuxième quart du ve siècle2. D’autres auteurs évoquent le ve siècle sans davantage de précision, voire la placent dans la seconde moitié de ce siècle comme Yacoub2,3. Les tenants de l’hypothèse d’une représentation de l’impératrice Théodora datent l’œuvre du vie siècle1.
Description
Giacobbe Giusti, Mosaïque de la Dame de Carthage
Le tableau constituait l’emblema (tableau) d’une mosaïque plus grande et mesure 1,08 mètre sur 1,024. Les tesselles sont en marbre et verre, vert, jaune et blanc. Même si le tableau a perdu des tesselles, l’ensemble est relativement bien conservé. Le reste de la mosaïque était constitué de rosesalternativement ouvertes et en boutons2,3.
Le tableau central est situé dans un cadre sur un fond rouge dans lequel sont alternés des losanges et des cercles, avec également des perles2.
Le personnage est présenté sous forme d’un buste. La tête, à la coiffe féminine munie d’un diadème, est entourée d’une auréole grise et possède de longues boucles d’oreille1. Les yeux du personnage sont très grands1 et fixent le spectateur. Les vêtements sont masculins : la personne est vêtue d’une tunique jaune et d’un manteau de pourpre attaché sur l’épaule par une fibule ; il tient de la main gauche un long sceptremuni d’une boule à son extrémité ; deux doigts (index le majeur) de sa main droite sont tendus alors que les autres sont repliés, par un signe de bénédiction2.
Interprétation
La mosaïque est originale par rapport aux découvertes de Carthage datables de la même époque, et on peut rattacher l’ouvrage des travaux réalisés en Orient. L’emblema a pu être importée de cette région ou réalisée par des artisans en provenance de cette région1.
Le tableau est considéré par la plupart des spécialistes comme le portrait d’une impératrice byzantine, Théodora5. Cependant, le fait de fouler le portrait impérial a pu être considéré comme un obstacle à cette interprétation, tout comme l’absence d’une fibule spécifique à la famille impériale2.
Certains historiens considèrent que le personnage est un ange byzantin4 même si l’absence d’ailes ainsi que la difficile identification sexuelle ne plaident pas dans ce sens2.
Cette identification sexuelle complexe semble devoir argumenter en faveur d’une personnification voire d’une allégorie, peut-être une représentation de la ville de Carthage elle-même5.
L’absence de signe religieux évident sur l’œuvre est symptomatique d’une époque où le christianisme n’a pas encore occulté le paganisme, et où l’ambigüité reste de mise1.
Le personnage, mélancolique et grave, est une pièce majeure de l’art mosaïcal de l’Antiquité tardive1. L’Antiquité tardive voit s’accentuer des caractères spécifiques, dont la stylisation et une posture hiératique6.
Notes et références
- Mohamed Yacoub, Splendeurs des mosaïques de Tunisie, éd. Agence nationale du patrimoine, Tunis, 1995, p. 360
- Collectif, De Carthage à Kairouan. 2 000 ans d’art et d’histoire en Tunisie, éd. Association française d’action artistique, Paris, 1982, p. 201
- Mohamed Yacoub, op. cit., p. 359
- Abdelmajid Ennabli, Georges Fradier et Jacques Pérez, Carthage retrouvée, éd. Cérès / Herscher, Tunis / Paris, 1995, p. 115
- Abdelmajid Ennabli, Georges Fradier et Jacques Pérez, op. cit., p. 118
- Abdelmajid Ennabli, Georges Fradier et Jacques Pérez, op. cit., p. 117
Voir aussi
Bibliographie
- Abdelmajid Ennabli, Georges Fradier et Jacques Pérez, Carthage retrouvée, éd. Cérès / Herscher, Tunis / Paris, 1995
- Colette Picard, Carthage, éd. Les Belles Lettres, Paris, 1951
- Mohamed Yacoub, Splendeurs des mosaïques de Tunisie, éd. Agence nationale du patrimoine, Tunis, 1995
- Collectif, De Carthage à Kairouan. 2 000 ans d’art et d’histoire en Tunisie, éd. Association française d’action artistique, Paris, 1982
Articles connexes
Le musée national de Carthage (المتحف الوطني بقرطاج) est un musée archéologique situé sur la colline de Byrsa au cœur de la ville de Carthageen Tunisie. C’est l’un des deux principaux musées archéologiques de Tunisie avec le musée national du Bardo.
Situé à proximité de la cathédrale Saint-Louis de Carthage, dans les locaux autrefois occupés par les Pères blancs, il permet au visiteur de se rendre compte de l’ampleur de ce qu’étaient les installations de la ville aux époques punique puis romaine1.
Certaines des plus belles pièces trouvées dans les fouilles depuis le xixe siècle s’y trouvent parmi lesquelles se trouve notamment une vaste collection de bétyles et de stèles provenant du tophet de Salammbô — les stèles de calcairefigurant des éléments sculptés, animaux, végétaux, voire humains sont particulièrement remarquables —, les sarcophages en marbre dits « du prêtre » et « de la prêtresse » (iiie siècle av. J.-C.) découverts dans la nécropole « des Rabs », du matériel funéraire comme des masques à motifs apotropaïques et des bijoux en pâte de verre, des mosaïques romaines dont la célèbre « dame de Carthage », pièce majeure de l’art mosaïcal de l’Antiquité tardive, des éléments sculptés caractéristiques de l’art officiel impérial, en particulier la tête dite de Julie et des représentations de Victoires du iie siècle, et une vaste collection d’amphores romaines.
Musée du Louvre
Le musée du Louvre, inauguré en 1793 sous l’appellation Muséum central des arts de la République dans le palais du Louvre, ancienne résidence royale située au centre de Paris, est aujourd’hui le plus grand musée d’art et d’antiquités au monde. Sa surface d’exposition est de 72 735 m26.
Fin 2016, ses collections comprenaient 554 731 œuvres, dont 35 000 exposées et 264 486 œuvres graphiques. Celles-ci présentent l’art occidental du Moyen Âge à 1848, celui des civilisations antiques qui l’ont précédé et influencé (orientales, égyptienne, grecque, étrusque et romaine), les arts des premiers chrétiens et de l’Islam.
Situé dans le 1er arrondissement de Paris, sur la rive droite entre la Seine et la rue de Rivoli, le musée se signale par la pyramide de verre de son hall d’accueil, érigée en 1989 dans la cour Napoléon et qui en est devenue emblématique, tandis que la statue équestre de Louis XIVconstitue le point de départ de l’axe historique parisien.
Jusqu’en 2015, avec environ 8,5 millions de visiteurs annuels, le Louvre était le musée le plus visité au monde. Il est le site culturel payant le plus visité de France. Parmi ses pièces les plus célèbres figurent La Joconde, la Vénus de Milo, Le Scribe accroupi, La Victoire de Samothrace et le Code de Hammurabi.
Le Louvre possède une longue histoire de conservation artistique et historique, depuis l’Ancien Régime jusqu’à nos jours. À la suite du départ de Louis XIV pour le château de Versaillesà la fin du xviie siècle, on y entrepose une partie des collections royales de tableaux et de sculptures antiques. Après avoir durant un siècle hébergé plusieurs académies dont celle de peinture et de sculpture, ainsi que divers artisteslogés par le roi, l’ancien palais royal est véritablement transformé sous la Révolution en « Muséum central des arts de la République ». Il ouvre en 1793 en exposant environ 660 œuvres, essentiellement issues des collections royales ou confisquées chez des nobles émigrés ou dans des églises. Par la suite les collections ne cesseront de s’enrichir par des prises de guerre, acquisitions, mécénats, legs, donations, et découvertes archéologiques.
Le musée compte pour sa gestion 2 091 employés (fonctionnaires, contractuels et vacataires), dont 1 232 agents de surveillance, un garde pour chacune des 403 salles d’exposition, que complètent les effectifs affectés aux 900 caméras du système de télésurveillance7.