Giacobbe Giusti, Salvator Mundi de Léonard de Vinci
Giacobbe Giusti, Salvator Mundi de Léonard de Vinci
Giacobbe Giusti, Salvator Mundi de Léonard de Vinci
-
Gewandstudie Leonardo da Vincis für einen Salvator mundi, ca. 1504–08, Royal Library, Windsor
Giacobbe Giusti, Salvator Mundi de Léonard de Vinci
Giacobbe Giusti, Salvator Mundi de Léonard de Vinci
Salvator Mundi (Léonard de Vinci)
Artiste | |
---|---|
Date |
Vers 1500
|
Commanditaire | |
Type |
Peinture à l’huile sur panneau de bois de noyer
|
Technique | |
Dimensions (H × L) |
65,6 × 45,4 cm
|
Mouvement | |
Localisation | |
Propriétaire |
Salvator Mundi de Léonard de Vinci (le « Sauveur du monde », en latin) est une peinture à l’huile sur bois de noyer, sur le thème du Christ rédempteur, peint probablement vers 1500 pour le roi de FranceLouis XII et son épouse la reine Anne de Bretagne, et attribué par les experts à Léonard de Vinci1. Longtemps disparu et oublié, réapparu en 2005, restauré, et publié en 2011 lors d’une exposition à la National Gallery de Londres, il devient la peinture la plus chère du monde en 2017, lors de son acquisition pour 450,3 millions de dollars (382 millions €) par le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, lors d’une vente d’art aux enchères de Christie’s à New York2.
Le 6 décembre 2017, il est annoncé que le tableau sera exposé dans le tout nouveau musée du Louvre Abou Dabi3.
Thème
Le Salvator Mundi est un thème d’art chrétien, inspiré du Christ pantocrator (« Christ tout-puissant » en grec ancien), popularisé entre autres par les peintres d’Europe du Nord Jan van Eyck(1390-1441), Hans Memling (v. 1435-1494) et Albrecht Dürer (1471-1528)… Il représente le Christ en gloire, qui donne sa bénédiction de la main droite, avec un orbe (insigne royal) dans sa main gauche.
Description
Le tableau reprend ce thème, avec une figure du Christ vu de face, cadré à mi-corps. Il donne une bénédiction de la main droite (type benedictio latina, avec l’index et le majeur croisés). Cette main droite levée représente aussi le geste de celui qui enseigne, énonce la parole divine4. Jésus-Christ tient dans la main gauche une sphère de cristal transparente, variante de l’orbe (insigne royal), qui se laisse traverser par la lumière sans subir de réfraction importante1.
Il porte une tunique bleu-mauve finement brodée avec des garnitures en brocart d’or, et il a de longs cheveux bouclés. L’orbe et les deux bandes croisées ornées de motifs géométriques répétitifs, sur sa poitrine, sont des attributs caractéristiques des empereurs. L’arrière-plan est habituellement neutre5.
Histoire
Ce tableau aurait été commandé par le roi Louis XII vers 15006,7, peu de temps après la deuxième guerre d’Italie (1499-1500) par laquelle Louis XII conquiert le duché de Milan du duc Ludovic Sforza pour qui travaille Léonard de Vinci. Ce dernier quitte alors Milan pour Florence, d’où il est originaire, en 1500. On en possède une description par Giorgio Vasari et plusieurs esquisses préparatoires. Le travail récemment authentifié a autrefois appartenu à Charles Ier d’Angleterre et est enregistré dans sa collection d’art en 1649. En 1650, à la demande de sa veuve Henriette Marie de France, Wenceslas Hollar en réalise une copie gravée. Le tableau est vendu aux enchères par le fils du duc de Buckingham et de Normanby en 1763, puis sa trace se perd8.
Il ré-apparaît en 1900, quand il est acheté par un collectionneur britannique, Francis Cook, vicomte de Monserrate (en). Son attribution porte à débats, on pense alors à Giovanni Antonio Boltraffio. Les descendants de Cook l’ont vendu aux enchères en 1958 pour 45 £9. En 2005, le tableau a été acquis par un consortium de marchands d’art dont Robert Simon, spécialiste des maîtres anciens. Il a été gravement endommagé par des tentatives de restauration précédentes, a été fortement repeint et reverni, de sorte qu’il ressemblait à une copie. Une barbe et des moustaches ont été ajoutées, probablement après la Contre-Réforme, pour adapter l’image du Christ à la physionomie officielle. Il est alors décrit comme « une épave, sombre et lugubre »10.
Il a subi un long travail de restauration. Les ajouts manifestes comme la barbe et les moustaches, qui étaient absents de la peinture sous-jacente, ont été retirés. Puis il a finalement été authentifié comme un tableau de Léonard. Il a été exposé à la National Gallery de Londres pour l’exposition Leonardo da Vinci: Painter at the Court of Milano du 9 novembre 2011 au 5 février 201211,12. En 2013, le tableau a été vendu au collectionneur russe Dmitri Rybolovlev pour 127,5 millions de dollars, par l’intermédiaire du courtier et marchand d’art suisse Yves Bouvier, qui se retrouve au cœur d’une polémique13,14,15.
Vente record en 2017
Le , Salvator Mundi — seul tableau du maître à se retrouver encore entre des mains privées — passe à nouveau sous le marteau des commissaires priseurs, cette fois chez Christie’s New York16. Adjugé pour une somme finale de 450,3 millions de dollars, il est officiellement reconnu comme l’œuvre la plus chère ayant jamais été vendue aux enchères17. Ceci dépasse de loin le précédent record de vente aux enchères, Les Femmes d’Alger (version 0) de Pablo Picasso, vendue 179,4 millions de dollars en 201518. Même dans le cas où les rumeurs selon lesquelles un tableau de Paul Gauguin et un tableau de Willem de Kooning auraient chacun été vendus pour 300 millions de dollars lors d’une vente privée aux États-Unis en 2015 s’avéraient exactes, Salvator Mundi resterait tout de même le tableau le plus cher jamais vendu de l’Histoire18. La vente, emportée par un acheteur anonyme, est partie d’une mise à prix de 70 millions de dollars. Elle a passé 53 échelons en 19 minutes pour atteindre finalement les 400 millions de dollars (prix hors commissions et taxes)19.
Localisation
Le 6 décembre 2017, il est annoncé que le tableau sera exposé au musée du Louvre Abou Dabi, inauguré le 8 novembre précédent en présence du président Emmanuel Macron20.
Attribution[modifier | modifier le code]
La peinture a été comparée à plus de vingt autres versions du Salvator Mundi. Plusieurs caractéristiques ont conduit à l’attribution de Léonard : elle contient un certain nombre de repentirs évidents, la technique inhabituelle de dégradé, comparable au sfumato, sur le bord de la paume est typique de nombre de ses œuvres1. La manière dont les boucles de cheveux et les plis des vêtements ont été traités est également considérée comme révélatrice de son style. Les pigments et le panneau de noyer sur lequel la peinture a été exécutée sont compatibles avec d’autres de Léonard21. La réfraction optique produite sur le cristal est un morceau de virtuosité, témoin d’une étude approfondie tout à fait compatible avec les intérêts scientifiques de Léonard22.
Certains contestent cette attribution et considèrent certaines parties comme médiocres ; la tête paraît rigide et légèrement disproportionnée, le cou mal positionné et surtout le majeur de la main droite présente une posture impossible, ce qui paraît étrange pour un artiste si féru d’anatomie. Les boucles des cheveux sont également lourdes et figées. Toutefois, l’allongement de certaines parties du corps – qu’on retrouve sur les cous de la Vierge et Sainte Anne sur le tableau La Vierge, l’Enfant Jésus et sainte Anne – est une habitude chez Léonard de Vinci[réf. souhaitée].
En mai 2008, le tableau est envoyé à la National Gallery de Londres pour être comparé à La Vierge aux rochers qui pourrait dater de la même période. Plusieurs experts de Léonard sont invités à examiner la peinture, dont Carmen Bambach, David Alan Brown, Maria Teresa Fiorio, Martin Kemp, Pietro C. Maraniet Luke Syson. En 2010, enfin, le travail de restauration est terminé. Les experts réunis sont parvenus à la conclusion que ce tableau pourrait fort bien être un original authentique de Léonard de Vinci. Martin Kemp, l’expert de Léonard qui a aidé à authentifier l’œuvre, a dit qu’il a su, dès le premier coup d’œil sur le tableau restauré, que c’était une œuvre de Léonard : « Il y avait ce genre de ressenti de Léonard… cette inquiétante étrangeté que Léonard sait manifester dans sa peinture1. »
Iconographie
Études et tableau avant restauration
-
Étude de Léonard pour un Salvator Mundi(Royal Collection)
Copies du Salvador Mundi
-
Copie contemporaine par Cesare da Sesto
(1516–17)
Palais de Wilanów, Varsovie -
Copie, œuvre d’un des Leonardeschi
-
Estampe de Wenceslas Hollar(1607-1677)
Notes et références
- Andrew M. Goldstein, « The Male « Mona Lisa »?: Art Historian Martin Kemp on Leonardo da Vinci’s Mysterious « Salvator Mundi » » [archive], Blouin Artinfo, .
- « Le « Salvator Mundi » acheté par le prince héritier d’Arabie saoudite » [archive], sur FIGARO, (consulté le 7 décembre 2017)
- « Le « Salvator Mundi » de de Vinci ira au Louvre Abou Dhabi » [archive], Europe 1.fr, .
- Sabine Gignoux, « Le Salvator Mundi de Léonard de Vinci décrypté par François Bœspflug » [archive], sur la-croix.com,
- Laure Fagnart, Léonard de Vinci en France, Isd, , p. 359.
- « Salvator Mundi — The rediscovery of a masterpiece: Chronology, conservation, and authentication – Christie’s’ » [archive], sur Christies.com (consulté le 16 novembre 2017)
- Joanne Snow-Smith, The Salvator Mundi of Leonardo da Vinci, Seattle : Henry Art Gallery, University of Washington, 1982. (OCLC 8986183).
- Laure Fagnart, Léonard de Vinci en France, Isd, , p. 266.
- Vendu 50 euros, le tableau s’avère être un Leonard de Vinci [archive], Slate.fr, 3 juillet 2011.
- (en) Milton Esterow, « A Long Lost Leonardo », ARTnews, (lire en ligne [archive]).
- (en) BBC News, « Lost Leonardo Da Vinci painting to go on show » [archive], BBC, (consulté le12 juillet 2011).
- (en) « Scholars authenticate a painting that was missing for centuries » [archive], En.99ys.com (consulté le22 juillet 2013).
- Reyburn, Scott. Recently Attributed Leonardo Painting Was Sold Privately for Over $75 Million. New York Times. 3 March 2014. [1] [archive].
- (en) Bendor Grosvenor, « Salvator Mundi at heart of art fraud case » [archive], sur arthistory.com, Bendor Grosvenor (consulté le 12 mars 2015).
- Clémençon, Gilles. Accusé d’escroquerie, le « roi des ports francs » Yves Bouvier riposte. RTS Info. 22 mars 2015. [2] [archive].
- The last Da Vinci, Salvator Mundi [archive], Christies
- Le Christ de Vinci, la toile la plus chère du monde [archive], Le Monde
- « Quatre choses à savoir sur le « Salvator Mundi » de Léonard de Vinci, le tableau le plus cher jamais vendu aux enchères » [archive], sur francetvinfo.fr, (consulté le 16 novembre 2017).
- Le Monde.fr avec AFP et AP, « « Salvator Mundi », de Léonard de Vinci, devient la peinture la plus chère au monde » [archive], sur LeMonde.fr, (consulté le 16 novembre 2017).
- « Le Salvator Mundi de Vinci sera exposé au Louvre Abu Dhabi » [archive], sur ouest-france.fr.
- A closer look at Salvator Mundi by Leonardo [archive], Arthistory
- Martin Kemp, Christ to Coke: How Image Becomes Icon [archive], Oxford University Press (OPU), 2012, p. 37, (ISBN 0199581118)