Giacobbe Giusti, LEONARD de VINCI: La Belle Princesse
Portrait de Bianca Sforza dit
La Belle Princesse.
Artiste |
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Giacobbe Giusti, LEONARD de VINCI: La Belle Princesse
Le Portrait d’Isabelle d’Este est une œuvre réalisée en 1499-1500 par Léonard de Vinci et conservée à Paris, au département des arts graphiques du musée du Louvre (cote MI 753). Il s’agit d’un dessin (63 × 46,5 cm) à la pierre noire, sanguine et estompe, craie ocre, et rehauts de blanc qui représente Isabelle d’Este, marquise de Mantoue (1474-1539). Cette esquisse, restée inachevée, est un travail préparatoire pour un tableau que l’artiste n’a jamais peint.
Giacobbe Giusti, LEONARD de VINCI: La Belle Princesse
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Date |
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Matériau |
trois crayons, bois de chêne (d), encre et gouache sur vélin
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Dimensions (H × L) |
33 × 24 cm
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Mouvement |
Giacobbe Giusti, LEONARD de VINCI: La Belle Princesse
La Belle Princesse (en italien : La Bella Principessa) est un portrait du xve siècle de Bianca Sforza attribué par plusieurs experts reconnus à Léonard de Vinci1, mais son attribution demeure controversée.
Description
Il s’agit d’un dessin à trois crayons (pierre noire, craie blanche et sanguine) et à l’encre, réalisé sur un vélin, de petite taille (33 × 24 cm) en 1496 très probablement issu du codexSforziada et encollé sur un panneau de chêne.
Attribution à Léonard de Vinci
L’attribution à Léonard de Vinci peut faire encore l’objet d’une controverse d’experts en raison de son attribution, en 1998, à un artiste allemand du xixe siècle appartenant au groupe dit des Nazaréens, un peintre notamment connu pour avoir pastiché l’école italienne du xve siècle2. Mis en vente, le tableau a été adjugé pour une valeur de 21 850 $ à une galeriste new-yorkaise, Kate Ganz, qui l’a conservé sans mener de recherche particulière, jusqu’à ce que le portrait soit racheté à son tour 22 000 $ par Peter Silverman, un collectionneur qui avait déjà repéré le dessin lors de la précédente vente aux enchères chez Christie’s. C’est ce dernier qui mena l’enquête sur l’origine de ce tableau en faisant appel, notamment, au laboratoire de Lumière Technology3.
Une datation au carbone 14 n’infirme pas l’hypothèse d’une œuvre de la période de Léonard. Par ailleurs, Pascal Cotte a découvert, sur le portrait, une empreinte palmaire du maître italien, identique à celle qui avait déjà été relevée sur le Saint Jérôme, œuvre inachevée du Vatican4. Qui plus est, l’œuvre est clairement attribuable à un gaucher, particularité très rare chez les artistes de cette période de la Renaissance : on sait que Vinci était gaucher et tous ses disciples droitiers. Entre autres arguments, les retouches et les reprises sont semblables à celles du Portrait d’Isabelle d’Este.
Parmi les experts ayant examiné l’œuvre et convaincus de son authenticité figurent :
- Martin Kemp, professeur émérite d’histoire de l’art à l’université d’Oxford, qui attribue l’oeuvre à Léonard et la baptise « La Belle princesse » en octobre 20095, et qui a réédité en 2012 son ouvrage de référence, Leonardo, pour y inclure un chapitre sur La Belle Princesse ;
- Alessandro Vezzosi6, directeur du Museo Ideale Leonardo da Vinci à Vinci ;
- Cristina Geddo7, expert spécialiste de la période du xve siècle lombard. C’est elle qui, en 2008, fut la première à attribuer ce tableau à Léonard de Vinci8.
Leurs conclusions formelles sont aussi confirmées par :
- Le professeur Carlo Pedretti, spécialiste de Léonard9 qui reste néanmoins perplexe sur un détail : la manche ne comporte pas les lacets d’épaule, typiques de l’époque, qui rendaient les manches interchangeables ;
- Nicholas Turner, ancien conservateur des dessins et estampes du British Museum10 ;
- Mina Gregori, spécialiste des Florentins11 ;
- Le professeur Edward Wright.
L’attribution à Léonard de Vinci est contestée par12 :
- Klaus Schröder, directeur du musée Albertinaà Vienne. Il a refusé d’exposer le dessin 12 :
« Nous ne sommes pas convaincus que le dessin attribué à Leonardo soit un authentique. Il a été examiné par notre propre centre de recherche, nos conservateurs, notre service de restauration et par l’Académie des beaux-arts de Vienne. Personne n’est convaincu que c’est un Leonardo »
— Klaus Schröder, Art News
- Pietro C. Marani, spécialiste de Léonard en Italie, qui a étudié le dessin à Paris et qui déclare : « Je n’ai pas trouvé sur ce dessin une compatibilité technique ou de style avec Leonardo. »
- Plus précisément, il s’inquiète du support vélin, inconnu chez Leonardo, la fermeté du trait, les pigments de la couleur sur les joues, la bouche et la carnation et l’absence de craquelures.
« Je suis donc d’accord avec Carmen Bambach, Everett Fahy, Nicholas Penny et Martin Clayton que cela ne peut être en aucun cas considéré comme un authentique dessin par Leonardo. »
— Richard Dorment 12
- Carmen Bambach, spécialiste des dessins de Léonard de Vinci et conservateur en chef au Metropolitan Museum of Art de New York ;
- Everett Fahy, conservateur, historien de l’Art et ancien président du Metropolitan Museum of Art de New York ;
- Nicholas Penny, conservateur, historien de l’Art et ancien directeur de la National Gallery de Londres ;
- Martin Clayton, spécialiste des dessins de Léonard et ancien conservateur en chef du département des dessins et des estampes des collections royales conservées au château de Windsor (Royal Library) ;
- Katarzyna Krzyżagórska-Pisarek, docteur en histoire de l’art, dont les nombreux arguments défavorables à l’authenticité ont été publiés dans son article « La Bella Principessa. Arguments against the Attribution to Leonardo », in Artibus et Historiae, n°71 (XXXVI), 2015, p. 61-90, ISSN 0391-9064 ;
- Jonathan Jones, critique d’art britannique13.
Bianca Sforza
Son association avec le codex de la Sforziada suggère que le portrait représente Bianca Sforza(1482-1497), la fille de Ludovico Sforza et d’une de ses maîtresses Bernardina de Corradis. Au moment de ce portrait elle avait à peu près treize ans. Léonard a peint trois autres portraits associés avec la famille ou la cour de Ludovico Sforza, la Dame à l’hermine, La Belle Ferronnièreet le portrait de Ginevra de’ Benci. En 1496, au mariage de Bianca Sforza à Galeazzo Sanseverino, le commandant militaire et ami de Ludovico Sforza, une copie de l’ouvrage de la Sforziada fut offert à Sanseverino comme cadeau de mariage. La Sforziada est actuellement à la Bibliothèque nationale, de Varsovie.
La feuille du portrait correspond exactement au format du vélin et à trois des cinq coutures de la reliure14, correspondant parfaitement à une page manquante de cet ouvrage15, 2 coutures ont été ajoutées après la dépose du portrait. Chaque feuille de l’ouvrage était pliée en deux, l’autre partie du portrait fait toujours partie de l’ouvrage et a été collée pour rester en place5.
L’œuvre aujourd’hui
L’œuvre est apparue dans une vente de Christie’sen 1998, où elle a été adjugée pour 21 850 $. Elle a été revendue 22 000 $ en 2007. Depuis, le propriétaire a déclaré avoir refusé une offre de 80 000 000 $. Depuis 2013, des médias ont annoncé que l’œuvre est estimée à plus de 100 000 000 $16.
En novembre 2015, un contrefacteur anglais célèbre Shaun Greenhalgh indique dans son livre A Forger’s Tale être l’auteur du tableau qu’il dit avoir peint en 1978 en s’inspirant du visage d’une caissière d’une supérette Co-op où il travaillait alors. Il affirme s’être servi comme toile d’un vélindatant de 1587 et l’aurait tourné de 90 degrés pour dessiner, afin d’imiter le style de gaucher de Léonard de Vinci16.
Les experts contestent les déclarations du faussaire en rappelant que, d’une part, né en 1961, le faussaire aurait alors réalisé son faux à l’âge de 17 ans, et que, d’autre part, des isotopes de plomb de pigment blanc retrouvés dans la joue du modèle prouvent que l’œuvre elle-même date d’au moins 250 ans16.
Notes et références
- Martin Kemp et P. Cotte, La Bella Principessa. The Profile Portrait of a Milanese Woman – The Story of the New Masterpiece by Leonardo da Vinci, Hodder & Stoughton, London, (2010), (ISBN 9781444706260)
- Catalogue de Christie’s, New York, 30 janvier 1998, lot 402
- Marie Kirschen, « LÉONARD DE VINCI À 150 MILLIONS D’EUROS… OU UN FAUX ? » [archive], sur liberation.fr, .
- avec AFP, « Un empreinte digitale révèle un nouveau tableau de Léonard de Vinci », Le Monde.fr, (lire en ligne [archive])
- Isabelle Audin, « “La belle princesse” serait un Léonard de Vinci. Une oeuvre qui divise le milieu de l’art. » [archive], sur francetvinfo.fr, .
- Leonardo Infinito, Scripta Maneant Edizioni, 2010, Bologne, Italie
- « Le « pastel » retrouvé ; un nouveau portrait de Léonard ? » in Revue Artes 2008-2009, p. 63-87
- Cristina Geddo, « [Conférence] Leonardo Da Vinci : La découverte extraordinaire du dernier portrait. Les pourquoi d’une authentification » [archive] [PDF]
- (en) Carlo Pedretti, « introduction to Alessandro Vezzosi, Leonardo Infinito, Scriptamaneant Editzioni – Bologna, Italy » [archive],
- (en) Nicholas Turner, « Statement concerning the portrait on vellum by Leonardo » [archive], (consulté le 19 novembre 2012)
- (en) Peter Silverman, « Re: The Mark of a Masterpiece – A letter in response to David Grann’s article (July 12 & 19, 2010) » [archive], The New Yorker’, , p. 3
- (en) Richard Dorment, « La Bella Principessa: a £100m Leonardo, or a copy? », The Telegraph.uk, (lire en ligne [archive])
- « Fake or fortune » [archive], Jonathan Jones, The Guardian, 13 décembre 2016.
- L’Énigme de la Belle princesse, documentaire, États-Unis, 2011
- (en) « Notice » [archive], sur Lumiere-technology.com
- Hélène Pagesy, « Un faussaire revendique La Belle Princesse de Léonard de Vinci », Le Figaro.fr, (lire en ligne [archive])
Voir aussi
Bibliographie
- Peter Silverman, La Princesse perdue de Léonard de Vinci, Arte Editions, 2012 (ISBN 9782753301498)
Documentaire vidéo
- L’Énigme de la Belle princesse, documentaire, États-Unis, 2011, 50 min (diffusé entre autres par ARTE le samedi 5 mai 2012 ainsi que le samedi 6 et le dimanche 7 décembre 2014 et le samedi 21 janvier 2017).